Pour une mesure structurale de la gravité morale - article ; n°1 ; vol.16, pg 31-46
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Déviance et société - Année 1992 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 31-46
Cette étude empirique poursuit un double objectif : réinsérer la mesure de la gravité, classiquement limitée à celle des actes répréhensibles, dans le contexte plus large de revaluation morale; minimiser les différentes contraintes d'ordre métrique qui font de la gravité une dimension postulée, en questionnant son existence même et son statut. Les données recueillies par tri subjectif, analysées par échelonnement multidimensionnel, accomplissent le passage de la mesure dimensionnelle à la mesure structurale. Le double résultat, selon lequel la gravité s'exprime dans les évaluations spontanées mais que les items échelonnés ne s'organisent pas selon une seule dimension, conduit à souligner que la mesure structurale réalisée restitue le processus cognitif sous-jacent à l'évaluation de la gravité.
This empirical study has a double objective: to re-insert the measure of gravity, classically limited to that of reprehensive actions, in the wider context of moral valuation; minimize the different metrical constraints that make gravity a postulated dimension, by questionning its very existence and its status. The datas, collected by a subjective pick out, analysed by multidimensional echeloning, carry out the transition from dimensional measure to structural measure. The double result, according to which gravity expresses itself in spontaneous valuating but that the echeloned items do not organize themselves according to a sole dimension, leads ti underline that the structured measure so carried out reproduces the cognitive process lying under the valuation of gravity.
Diese empirische Studie verfolgt eine doppelte Zielsetzung: die Wiedereinfügung des Masses der Tatschwere, welches herkömmlicherweise auf das der vorwerfbaren Akte beschränkt ist, in einen weiteren Zusammenhang der mora- lischen Bewertung und die Minimalisierung der verschiedenen Beschränkungenmetrischer Art, die aus der Tatschwere eine notwendige Grosse machen; bei alledem wird ihre Existenz und ihr Stellenwert in Frage gestellt. Die in subjekti- ver Auswahl gesammelten Daten, die mittels multidimensional Abstufung analysiert werden, erlauben den Schritt vom dimensionellen zum strukturellen Massstab. Das doppelte Ergebnis, demzufolge die Tatschwere sich in spontanen Wertungen ausdrückt, während die abgestuften Punkte nicht nach einer einzigen Dimension organisiert sind, fiihrt zu der Schlussfolgerung, dass das angewandte Mass zur Wiederherstellung des Erkenntnisprozesses führt, der der Auswertung der Schwere zugrundeliegt.
Meestal bestaat het meten van de ernst erin de positie van (wettelijk) laak- bare handelingen te bepalen volgens één enkele dimensie, volgens de geschatte waarde van de gemiddelde ernst door een steekproef van personen. Deze traditionele werkwijze on de ernst te meten, wordt bekritiseerd. Een nieuwe structurele maatregel om deze ernst te bepalen, wordt voorgesteld als gevolg van een empirische studie die gebruik gemaakt heeft van een multidimensionele analyse.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joselyne Tournois
Pour une mesure structurale de la gravité morale
In: Déviance et société. 1992 - Vol. 16 - N°1. pp. 31-46.
Citer ce document / Cite this document :
Tournois Joselyne. Pour une mesure structurale de la gravité morale. In: Déviance et société. 1992 - Vol. 16 - N°1. pp. 31-46.
doi : 10.3406/ds.1992.1248
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1992_num_16_1_1248Résumé
Cette étude empirique poursuit un double objectif : réinsérer la mesure de la gravité, classiquement
limitée à celle des actes répréhensibles, dans le contexte plus large de revaluation morale; minimiser
les différentes contraintes d'ordre métrique qui font de la gravité une dimension postulée, en
questionnant son existence même et son statut. Les données recueillies par tri subjectif, analysées par
échelonnement multidimensionnel, accomplissent le passage de la mesure dimensionnelle à la mesure
structurale. Le double résultat, selon lequel la gravité s'exprime dans les évaluations spontanées mais
que les items échelonnés ne s'organisent pas selon une seule dimension, conduit à souligner que la
mesure structurale réalisée restitue le processus cognitif sous-jacent à l'évaluation de la gravité.
Abstract
This empirical study has a double objective: to re-insert the measure of gravity, classically limited to that
of reprehensive actions, in the wider context of moral valuation; minimize the different metrical
constraints that make gravity a postulated dimension, by questionning its very existence and its status.
The datas, collected by a subjective pick out, analysed by multidimensional echeloning, carry out the
transition from dimensional measure to structural measure. The double result, according to which
gravity expresses itself in spontaneous valuating but that the echeloned items do not organize
themselves according to a sole dimension, leads ti underline that the structured measure so carried out
reproduces the cognitive process lying under the valuation of gravity.
Zusammenfassung
Diese empirische Studie verfolgt eine doppelte Zielsetzung: die Wiedereinfügung des Masses der
Tatschwere, welches herkömmlicherweise auf das der vorwerfbaren Akte beschränkt ist, in einen
weiteren Zusammenhang der mora- lischen Bewertung und die Minimalisierung der verschiedenen
Beschränkungenmetrischer Art, die aus der Tatschwere eine notwendige Grosse machen; bei alledem
wird ihre Existenz und ihr Stellenwert in Frage gestellt. Die in subjekti- ver Auswahl gesammelten
Daten, die mittels multidimensional Abstufung analysiert werden, erlauben den Schritt vom
dimensionellen zum strukturellen Massstab. Das doppelte Ergebnis, demzufolge die Tatschwere sich in
spontanen Wertungen ausdrückt, während die abgestuften Punkte nicht nach einer einzigen Dimension
organisiert sind, fiihrt zu der Schlussfolgerung, dass das angewandte Mass zur Wiederherstellung des
Erkenntnisprozesses führt, der der Auswertung der Schwere zugrundeliegt.
Meestal bestaat het meten van de ernst erin de positie van (wettelijk) laak- bare handelingen te bepalen
volgens één enkele dimensie, volgens de geschatte waarde van de gemiddelde ernst door een
steekproef van personen. Deze traditionele werkwijze on de ernst te meten, wordt bekritiseerd. Een
nieuwe structurele maatregel om deze ernst te bepalen, wordt voorgesteld als gevolg van een
empirische studie die gebruik gemaakt heeft van een multidimensionele analyse.Déviance et Société, 1992, Vol. 16, No 1, pp. 31-46
POUR UNE MESURE STRUCTURALE
DE LA GRAVITÉ MORALE
J. TOURNOIS*
En criminologie, le recours à une échelle de gravité subjective est très fr
équent. Une telle échelle peut être obtenue, par exemple, en demandant à un
groupe de sujets d'estimer la gravité de délits sur une échelle de réponses gra
duée, les réponses moyennes constituant directement l'échelle de gravité des
délits. Quoique ce ne soit pas la seule démarche possible, cette démarche la plus
simple est certainement, et pour cette raison même, la plus pratiquée. La mesure
de la gravité a pourtant évolué et continuera probablement à le faire en étroite
dépendance avec l'évolution des modèles d'analyse de données.
L'analyse historico-critique de la mesure de la gravité, examinée à travers les
études les plus typiques, conduira pourtant au constat d'une double restriction:
l'une relative au domaine, l'autre relative à la mesure. La mesure de la gravité
correspond traditionnellement à une mesure dimensionnelle de la gravité des
actes légalement répréhensibles.
Les conséquences pour une nouvelle orientation de la mesure en seront
dégagées et l'étude empirique entreprise se donnera pour tâche d'effectuer ce
double élargissement: l'insertion de l'étude de la gravité dans l'étude de la
morale (extension du domaine d'étude) et le passage de la mesure dimensionn
elle à la mesure structurale (par élimination de toute contrainte
elle).
I. Evolution de la mesure de la gravité
Les études utilisant une mesure de la gravité étant très nombreuses, nous
avons, pour étudier cette matière, opté pour une sélection d'études dans lesquell
es la mesure de la gravité joue un rôle central, soit que son élaboration constitue
la finalité propre à l'étude, soit que l'étude poursuivant une toute autre finalité,
elle fasse preuve d'une originalité notoire dans la mesure introduite. Les études
présentées, qui peuvent être considérées comme des prototypes1 au plan de la
Université de Nancy IL
Nous considérons comme prototypique, c'est-à-dire comme représentative d'un grand type
d'approche, une étude majeure (qui aborde la mesure sous un angle original) et qui peut servir
d'exemple. Le plus souvent, il s'agit de la première étude en date à introduire cette approche,
les études ultérieures la prenant ensuite comme référence, soit en lui empruntant la technique
ou en n'introduisant plus que des variations mineures de celle-ci.
31 sont aussi largement célèbres et diffusées, de sorte que leur lecture critmesure,
ique pourra se concentrer sur les aspects qui nous préoccupent, à l'exclusion des
éléments qui peuvent être d'un intérêt autre.
IL Quatre mesures prototypiques de la gravité
1. Thurstone (1927) élabore une échelle de délits reposant, en termes de
collecte des observations, sur la technique de comparaison par paires à laquelle
il a attaché son nom, et en termes de modèle de mesure, sur la loi du jugement
comparatif. Au plan du domaine, il aboutit ainsi à une échelle de 19 délits se
rapportant aux trois groupes des voies de fait sur les personnes, des atteintes à
la propriété, et des délits sexuels: le domaine est clairement criminologique, ces
actes étant des délits. Au plan de la collecte, un désavantage de la technique des
comparaisons par paires est sa lourdeur de mise en œuvre, puisqu'elle réclame
la présentation de d'items. De plus, le critère d'évaluation, la gravité, est
introduit par la formule «a est plus grave que b», de sorte que l'uni-
dimensionnalité de l'échelle est postulée. Certes, ce genre de collecte permet
l'apparition d'éventuelles intransitivités2 dans les jugements formulés; celles-ci
doivent pourtant être éliminées pour aboutir à Punidimensionnalité de l'échelle,
la finalité de cette mise en œuvre étant la construction d'une échelle. Une autre
spécificité du modèle de mesure est d'être statistiquement entièrement fondé sur
la loi normale. Pour être efficace, cette réclame donc un consensus
dans les jugements.
2. Si le questionnaire de Crissman (1942, 1950) présente une originalité, c'est
certainement en termes de domaine: c'est un des rares questionnaires à étendre
l'étude du domaine à des «actions ou situations» autres que celles qui consti
tuent des atteintes légalement réprouvées; on y trouve aussi bien diverses attitu
des, croyances ou pratiques réprouvées par les codes moraux et/ou religieux
(«ne pas croire en Dieu», «ne pas tenir ses promesses») que des délits. Quant
à la technique de mesure, elle est classique puisqu'elle propose une échelle de
catégories ordonnées3 (dite échelle de «wrongness») dans laquelle la dimension
de gravité est présentée, au sens matériel du terme

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