Prisonniers de guerre français et polonais : fraternité, expériences, témoignages - article ; n°2 ; vol.75, pg 271-284
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Description

Revue des études slaves - Année 2004 - Volume 75 - Numéro 2 - Pages 271-284
French War Prisonners and Polish People : Brotherhood, Experiences, Testimonies
In 1940, a significant number of French prisoners got in touch with Polish soldiers, themselves prisoners, or with Polish civilians with whom they mixed in the 'kommandos' to which scores of them were dispersed. Those forced encounters influenced the way the two nationalises perceived each other, and the spiritual brotherhood, born under arms, lasted after the defeat. With the advance of the Soviet army, French and Polish prisoners had shared common experience. If the stories of the ex-KG returning to France were ignored, contained or scorned owing to the political and social strength of the French Communist Party, the fact remains, nevertheless, that this moment of shared history Polish and French provided a basis for the profound sympathy that links the two nations.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Louis Panné
Prisonniers de guerre français et polonais : fraternité,
expériences, témoignages
In: Revue des études slaves, Tome 75, fascicule 2, 2004. pp. 271-284.
Abstract
French War Prisonners and Polish People : Brotherhood, Experiences, Testimonies
In 1940, a significant number of French prisoners got in touch with Polish soldiers, themselves prisoners, or with Polish civilians
with whom they mixed in the 'kommandos' to which scores of them were dispersed. Those forced encounters influenced the way
the two nationalises perceived each other, and the spiritual brotherhood, born under arms, lasted after the defeat. With the
advance of the Soviet army, French and Polish prisoners had shared common experience. If the stories of the ex-KG returning to
France were ignored, contained or scorned owing to the political and social strength of the French Communist Party, the fact
remains, nevertheless, that this moment of shared history Polish and French provided a basis for the profound sympathy that
links the two nations.
Citer ce document / Cite this document :
Panné Jean-Louis. Prisonniers de guerre français et polonais : fraternité, expériences, témoignages. In: Revue des études
slaves, Tome 75, fascicule 2, 2004. pp. 271-284.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_2004_num_75_2_6891PRISONNIERS DE GUERRE FRANÇAIS ET POLONAIS
FRATERNITÉ, EXPÉRIENCES, TÉMOIGNAGES
PAR
JEAN-LOUIS PANNE
Éditions Gallimard, Paris
Mon intervention présente un caractère un peu particulier. Je m'intéresse
ici à une question en marge de l'histoire de la captivité des prisonniers français
(Kriegsgefangenen, KG en abrégé) durant la Seconde Guerre mondiale : quelles
étaient la nature et la qualité des relations que ces soldats vaincus de 1940 ont
pu nouer avec d'autres vaincus - militaires ou civils - de 1939.
Cette question n'est abordée qu'incidemment dans les grandes études por
tant sur la captivité de ces Français. C'est la raison qui me conduit à la qualifier
de « marginale », mais il suffit de changer d'angle de vue, de modifier son
approche pour se rendre compte qu'il s'agit d'un épisode important d'une ques
tion plus générale : celle des relations franco-polonaises et, plus précisément,
des relations de société à société.
Tout au long des années de ľ après Seconde Guerre mondiale, les sent
iments des Français envers la Pologne ont été façonnés pour une grande part
d'entre eux par cette expérience concrète, cette rencontre forcée sur fond d'al
liance et de défaite commune. J'ai le souvenir d'une lettre envoyée par un
ancien prisonnier français après le 13 décembre 1981 dans laquelle il rappelait la
solidarité dont il avait bénéficié de la part des Polonais pendant sa captivité pour
expliquer sa volonté d'être à son tour - en retour - solidaire de ceux qui avaient
été attentifs à son sort.
Le lien simplement établi entre deux époques, la réminiscence d'une expé
rience ancienne le portant à la sympathie envers les Polonais, étaient frappants.
*
Le 16 juin 1940, le maréchal Pétain demande l'armistice. Depuis le déclen
chement de l'offensive allemande le 10 mai précédent, les forces françaises
n'ont pu arrêter la progression des panzers allemands. L'armée française est
Rev. Étud. slaves, Paris, LXXV/2, 2004, p. 271-284. • s
ď
Les camps de prisonniers français.
Carte extraite du rapport publié en 1945 par le Commissariat aux prisonniers, déportés et réfugiés,
dirigé par Henri Fresnay. PRISONNIERS DE GUERRE FRANÇAIS ET POLONAIS 273
prise de vitesse et se disloque1. Très rapidement nombre de soldats sont faits
prisonniers. Et, si les combats ne cessent que le 24 juin dans les Vosges, ce sont
à la date du 16 juin des centaines de milliers de militaires de tous grades qui ont
été capturés. On considère que 1 850 000 soldats et officiers sont tombés aux
mains des Allemands. Ils furent 1 575 000 à être immatriculés dans les camps -
l'écart entre les deux chiffres s 'expliquant par les évasions des premières
semaines et des libérations circonstancielles. Ils seront 950 000 à subir la
captivité jusqu'en 1945.
Après un regroupement dans des camps improvisés sans infrastructures
sanitaires le plus souvent et un ravitaillement déficient, après des marches épui
santes, après des tris successifs, cette masse d'hommes est transportée en train
de marchandises jusque dans des camps installés sur le territoire du IIIe Reich.
La plupart de ces camps se situent dans les limites de l'Allemagne d'avant 1938
mais plusieurs - ou prisons - sont installés sur le territoire de la Pologne
occupée.
Dans les régions, numérotées de I à XX, se trouvent plusieurs grands
camps désignés par des lettres. On a ainsi une nomenclature I A, I B, II A, II B,
etc. Autour de ces camps, une multitude de commandos est organisée : début
1941, ils sont 82 000, de taille variable, comme une myriade de satellites autour
d'un astre. Leur fonction consiste à faire travailler les simples soldats, selon la
convention de Genève. Après une période de transit au camp principal, ils sont
répartis dans ces commandos, unités de moindre importance de la petite
industrie par exemple ou le plus souvent auprès de fermiers. Ce dernier type
d'emploi destiné à pallier les effets de la mobilisation représente la moitié des
affectations des prisonniers français.
Le Stalag I B, situé à Hohenstein - aujourd'hui Olsztynek - se trouve à
proximité du monument commémorant la victoire de Tannenberg remportée à
l'été 1914 par le maréchal Hindenburg sur les troupes russes. Il compte en sep
tembre 1941 sur un effectif total de 33 798 prisonniers seulement 924 d'entre
eux demeurant au camp lui-même. En mars 1943, ils ne sont plus que 477 sur un
effectif total de 28 7722.
Ces chiffres montrent que les autorités allemandes comptent contrôler la
population des prisonniers mais que les circonstances de la guerre (la nécessité
d'accroître la production) entraînent une dispersion qui va à l'encontre d'un
isolement total, même si la population allemande se voit interdire tout contact
autre que professionnel avec les prisonniers. L'isolement recherché s'avère
impraticable dans la réalité. D'abord, les Français ont été précédés dans les
stalags par 400 000 prisonniers polonais. Ensuite et en même temps que les
Français, il y aura les Belges, les Hollandais, etc.
1. Marc Bloch, l'Étrange défaite, Paris, Gallimard (Folio), 1990, p. 67 : « Les All
emands ont fait une guerre d'aujourd'hui, sous le signe de la vitesse. Nous n'avons pas
seulement tenté de faire, pour notre part, une guerre de la veille ou de l'avant-veille. Au
moment même où nous voyons les Allemands mener la leur, nous n'avons pas su ou pas
voulu en comprendre le rythme, accordé aux vibrations accélérées d'une ère nouvelle. »
2. Yves Durand, la Vie quotidienne des prisonniers de guerre dans les stalags, les
oflags et les commandos, 1939-1945, Paris, Hachette, 1987, 305 p. (voir p. 299). En 1960, les
autorités polonaises ont fait ériger une stèle à la mémoire des prisonniers morts en captivité.
On peut y lire : « À la mémoire des hommes qui ont souffert ici de quelques nationalités
qu'ils soient, victimes de la barbarie hitlérienne. » 274 JEAN-LOUIS PANNE
Les tout premiers prisonniers français capturés à l'automne 1939 furent
donc envoyés dans des camps peuplés de soldats et d'officiers polonais.
L'obstacle bien réel de la langue est souvent surmonté grâce aux Polonais fran
cisants. À cette difficulté de communication pouvait s'ajouter une méfiance réc
iproque fruit de la défaite brutale de la Pologne ou, a contrario, un ressentiment
né de l'inaction flagrante du grand allié en septembre 1939. Prisonnier au Sta
lag XII A, Raymond Plaa raconte :
J'ai été fait prisonnier le 27 novembre 1939. [...] De là, nous avons été
transportés au Stalag de Limbourg, qui s'appelait à l'époque le XII A. C'était
déjà un Stalag où une grande partie de l'armée polonaise était prisonnière. Nous
avons été mélangés, comme nous étions très peu nombreux comme p

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