Quelles perspectives pour la Coopération Industrielle Tripartite Est-Ouest-Sud ? - article ; n°4 ; vol.21, pg 127-137
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1990 - Volume 21 - Numéro 4 - Pages 127-137
Cooperation ?
What are the prospects for East- West-South Tripartite Industrial
During the seventies and the eighties, through Tripartite Industrial Cooperation (TIC), the countries of the East have become partners in the building of industrial complexes in developing countries. The participation of socialist Foreign Trade Organizations in the Western bidding on developing country contracts made it possible to lower the total cost of the projects.
It is an especially creative practice on the part of the Western firms to look to the East for the support necessary for answering invitations for international bidding. TIC also underlines the desire of the East to play an increased role in the International Division of Labour.
But at the same time, conflicts between the micro-economic interests of Western companies and the geopolitical interests of Western Nation-States might result. In fact, TIC is for the East an indirect means to extend its sphere of influence in the pro- West Third World (it is particularly the case when Western firms acting as leading partners gave the socialist FTOs the opportunity to diversify their mode of presence and involvement in the South).
In connection with the new emerging context, this paper has a twofold aim : a/ to appreciate to what extent the 1989 events have altered or not the geopolitical and political nature of the tripartite mechanism ?
b/ to check if the economic determinants of TIC are still valid at the beginning of the 1990s. In other words, is the micro-economic rationality of TIC — which up to now revolved around the setting of a supply price for industrial complexes — still at work in the present context ?
A travers la Coopération Industrielle Tripartite (CIT), les pays de l'Est sont devenus pendant les années soixante-dix et quatre-vingt co-réalisateurs d'ensembles industriels dans les pays en développement. L'inclusion de prestations effectuées par les centrales de commerce extérieur socialistes dans les soumissions occidentales permet en effet d'abaisser le coût global des projets que veulent réaliser les pays hôtes.
C'est une pratique particulièrement originale de la part des firmes occidentales que d'aller chercher à l'Est l'appui nécessaire pour enlever les appels d'offres internationaux. La CIT souligne aussi la volonté des pays de l'Est de jouer un rôle accru dans la Division Internationale du Travail.
Mais, en même temps, peuvent apparaître des contradictions entre les intérêts micro-économiques des entreprises occidentales et les intérêts géopolitiques de leurs États-Nations d'appartenance. En effet, la CIT constitue pour l'Est un moyen d'étendre sa sphère d'influence dans le Tiers-Monde pro-occidental (en particulier avec l'aide des firmes occidentales chefs de file qui donnent l'occasion aux centrales de commerce extérieur socialistes de diversifier leur mode de présence et d'engagement au Sud).
En relation avec le nouveau contexte, l'article a un double objectif :
a/ apprécier dans quelle mesure les bouleversements de 1989 ont altéré ou non la nature politique et géopolitique du mécanisme tripartite ;
b/ vérifier si les déterminants économiques de la CIT sont encore valables au début des années 1990. En d'autres termes, la rationalité micro-économique de la CIT — qui jusqu'à maintenant s'articulait autour de la fixation du prix d'offre des complexes industriels — est-elle toujours à l'œuvre dans le contexte actuel ?
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Patrick Gutman
Quelles perspectives pour la Coopération Industrielle Tripartite
Est-Ouest-Sud ?
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 21, 1990, N°4. pp. 127-137.
Citer ce document / Cite this document :
Gutman Patrick. Quelles perspectives pour la Coopération Industrielle Tripartite Est-Ouest-Sud ?. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 21, 1990, N°4. pp. 127-137.
doi : 10.3406/receo.1990.1479
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1990_num_21_4_1479Abstract
Cooperation ?
What are the prospects for East- West-South Tripartite Industrial
During the seventies and the eighties, through Tripartite Industrial Cooperation (TIC), the countries of
the East have become partners in the building of industrial complexes in developing countries. The
participation of socialist Foreign Trade Organizations in the Western bidding on developing country
contracts made it possible to lower the total cost of the projects.
It is an especially creative practice on the part of the Western firms to look to the East for the support
necessary for answering invitations for international bidding. TIC also underlines the desire of the East
to play an increased role in the International Division of Labour.
But at the same time, conflicts between the micro-economic interests of Western companies and the
geopolitical interests of Western Nation-States might result. In fact, TIC is for the East an indirect means
to extend its sphere of influence in the pro- West Third World (it is particularly the case when Western
firms acting as leading partners gave the socialist FTOs the opportunity to diversify their mode of
presence and involvement in the South).
In connection with the new emerging context, this paper has a twofold aim : a/ to appreciate to what
extent the 1989 events have altered or not the geopolitical and political nature of the tripartite
mechanism ?
b/ to check if the economic determinants of TIC are still valid at the beginning of the 1990s. In other
words, is the micro-economic rationality of TIC — which up to now revolved around the setting of a
supply price for industrial complexes — still at work in the present context ?
Résumé
A travers la Coopération Industrielle Tripartite (CIT), les pays de l'Est sont devenus pendant les années
soixante-dix et quatre-vingt co-réalisateurs d'ensembles industriels dans les pays en développement.
L'inclusion de prestations effectuées par les centrales de commerce extérieur socialistes dans les
soumissions occidentales permet en effet d'abaisser le coût global des projets que veulent réaliser les
pays hôtes.
C'est une pratique particulièrement originale de la part des firmes occidentales que d'aller chercher à
l'Est l'appui nécessaire pour enlever les appels d'offres internationaux. La CIT souligne aussi la volonté
des pays de l'Est de jouer un rôle accru dans la Division Internationale du Travail.
Mais, en même temps, peuvent apparaître des contradictions entre les intérêts micro-économiques des
entreprises occidentales et les intérêts géopolitiques de leurs États-Nations d'appartenance. En effet, la
CIT constitue pour l'Est un moyen d'étendre sa sphère d'influence dans le Tiers-Monde pro-occidental
(en particulier avec l'aide des firmes occidentales chefs de file qui donnent l'occasion aux centrales de
commerce extérieur socialistes de diversifier leur mode de présence et d'engagement au Sud).
En relation avec le nouveau contexte, l'article a un double objectif :
a/ apprécier dans quelle mesure les bouleversements de 1989 ont altéré ou non la nature politique et
géopolitique du mécanisme tripartite ;
b/ vérifier si les déterminants économiques de la CIT sont encore valables au début des années 1990.
En d'autres termes, la rationalité micro-économique de la CIT — qui jusqu'à maintenant s'articulait
autour de la fixation du prix d'offre des complexes industriels — est-elle toujours à l'œuvre dans le
contexte actuel ?Quelles perspectives pour la Coopération
Industrielle Tripartite Est-Ouest-Sud ?
Patrick GUTMAN*
INTRODUCTION
En juin 1989, avant les bouleversements intervenus en Europe de l'Est,
Claude Cheysson observait déjà que « l'intérêt objectif des forces du
marché ne portait pas les entreprises européennes vers le Tiers-Monde ».
Et il ajoutait « Je crains (...) que la polarisation sur la construction
européenne ou le libre jeu du marché n'amènent à ignorer grandement le
Tiers-Monde pour un temps. La vision politique réapparaîtra plus tard,
cette fois contrainte et forcée » '.
Aujourd'hui, un an après la vague qui a balayé la quasi-totalité des
régimes communistes d'Europe centrale et la multiplication des apports
financiers aux nouveaux pays démocratiques, on est en droit de se demand
er si l'ouverture à l'Est ne va pas conduire à marginaliser davantage le
Tiers-Monde, et notamment le Sud « pauvre » (Afrique, PMA).
Dans une étude récente 2, Jacques Adda et Roland Colin soulignent les
risques d'éviction pour le Sud face à l'ampleur de la mobilisation financière
au profit de la Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie et Bulgarie
— sans parler de l'ex RDA, ni même de l'aide que l'Union soviétique
* Université de Paris I. Roses, CNRS, URA — 1417. Ce texte est la version originale
d'une contribution présentée en anglais au IVe Congrès mondial d'études soviétiques et
est-européennes, Harrogate, 21-26 juillet 1990 sous le titre « What are the prospects for
Tripartite Industrial Cooperation ? » dans le cadre du Panel 17, « East-South economic
relations : competition or complementarity ».
1. Croissance des Jeunes Nations/juin 1989, d'après des propos cités par Roland-Pierre
Paringaux dans Le Monde, 28/11/89, p. 27.
2. J. Adda, R. Colin, « L'Europe entre l'Est et le Sud. L'ouverture à l'Est et les risques
d'éviction pour le Sud », Observations et diagnostics économiques, OFCE, n° 32, juillet
1990.
127 Patrick Gutman
pourrait être amenée à recevoir3. Ils ont calculé sur la base des mesures
annoncées jusqu'au 30 avril 1990, que d'ores et déjà, les cinq pays
mentionnés vont bénéficier de transferts nets de ressources globalement
équivalents à ceux dont a bénéficié l'Europe de l'Ouest après guerre avec
le plan Marshall.
Ils concluent « qu'à court terme, il est fort probable que les effets de la
mobilisation financière en faveur de l'Europe de l'Est soient assez nett
ement négatifs pour la plupart des pays en développement. Les arbitrages
budgétaires des pays industrialisés, explicites ou non, les tensions atten
dues sur les marchés financiers internationaux, les décisions probables de
relocalisation de certains projets d'investissement affecteront négativement
la croissance des régions les plus pauvres et/ou les plus endettées. A plus
long terme, les conséquences positives pour la croissance économique
mondiale, d'un développement réussi à l'Est, seraient évidemment bénéfi
ques pour ces régions » 4.
Dans le contexte actuel, où le Sud se sent de plus en plus délaissé et isolé,
il nous paraît intéressant d'examiner quel rôle pourrait jouer la Coopérat
ion Industrielle Tripartite Est-Ouest-Sud. En effet, même si cette modalité
n'a eu jusqu'à présent qu'un développement relativement modeste, — bien
que croissant dans les années quatre-vingt, notamment en raison d'une plus
forte implication de l'Union soviétique5 — elle demeure le seul mécanisme
de coopération et de transfert de technologie impliquant simultanément les
trois pôles de l'économie mondiale.
A ce titre, elle constitue une carte à jouer pour l'Europe en voie
d'élargissement : en effet, elle apporte concrètement la preuve que la mise
en place du Marché unique et l'ouverture à l'Est ne conduisent pas
nécessairement à délaisser le Sud. La Coopération Industrielle Tripartite
(CIT) offre la possibilité de faire d'une pierre deux coups : tout en
développant les relations avec l'Est, elle permet à l'Europe de l'Ouest
d'améliorer ses propres relations avec le Tiers-Monde.
L'enjeu apparaît clairement, mais il faut préalablement apprécier si les
changements de 1989, par leurs conséquences vont ou non modifier les
règles du jeu de la CIT, telle qu'elle a fonctionné dans les années soixante-
dix et quatre-vingt. E

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