Rôle de la fréquence relative des différentes acceptions d homographes lors de l accès au lexique - article ; n°2 ; vol.82, pg 353-377
26 pages
Français

Rôle de la fréquence relative des différentes acceptions d'homographes lors de l'accès au lexique - article ; n°2 ; vol.82, pg 353-377

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
26 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1982 - Volume 82 - Numéro 2 - Pages 353-377
Résumé
Les deux expériences présentées étudient le traitement de phrases non ambiguës contenant soit l'acception la plus courante, soit une acception plus rare de mots-critiques ambigus (homographes). Dans une tâche de détection d'ambiguïté (expérience I), les phrases induisant l'acception fréquente de l'homographe ont donné lieu à un nombre plus élevé d'erreurs que les phrases induisant l'acception rare, mais on n'a mis en évidence aucune différence dans les temps de détection. Lors de jugements d'acceptabilité (expérience II), les phrases induisant l'acception usuelle des homographes engendrent à la fois moins d'erreurs et des temps de compréhension plus courts que les phrases induisant l'acception rare. Ces résultats suggèrent que la « récupération » des différentes acceptions d'un item ambigu dépend, au moins en partie, de leur fréquence relative, dont on envisage le rôle dans la période qui suit immédiatement l'accès au lexique.
Mots clefs : accès au lexique, ambiguïté lexicale, fréquence des significations.
Summary : The role of the relative frequency of different meanings of homographs in lexical access.
Processing of unambiguous sentences with either the more frequent or the less frequent meaning of critical ambiguous words (homographs) was examined in two experiments. In an ambiguity detection task (experiment I) sentences inducing the more frequent meaning of homographs produced more errors than sentences inducing the less frequent meaning, but no difference was found in the detection times. In a meaning-classification task (experiment II), sentences inducing the more frequent meaning led to fewer errors and shorter comprehension times than those inducing the less frequent meaning. These results suggest that the meanings of an ambiguous word tend to be retrieved according to their relative frequency. The role of relative frequency in lexical immediate post-access is discussed.
Key-words : lexical access, lexical ambiguity, frequency of meanings.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Marquer
J. Le Nestour
Madeleine Léveillé
J. Welitz
Rôle de la fréquence relative des différentes acceptions
d'homographes lors de l'accès au lexique
In: L'année psychologique. 1982 vol. 82, n°2. pp. 353-377.
Résumé
Les deux expériences présentées étudient le traitement de phrases non ambiguës contenant soit l'acception la plus courante,
soit une acception plus rare de mots-critiques ambigus (homographes). Dans une tâche de détection d'ambiguïté (expérience I),
les phrases induisant l'acception fréquente de l'homographe ont donné lieu à un nombre plus élevé d'erreurs que les phrases
induisant l'acception rare, mais on n'a mis en évidence aucune différence dans les temps de détection. Lors de jugements
d'acceptabilité (expérience II), les phrases induisant l'acception usuelle des homographes engendrent à la fois moins d'erreurs et
des temps de compréhension plus courts que les phrases induisant l'acception rare. Ces résultats suggèrent que la «
récupération » des différentes acceptions d'un item ambigu dépend, au moins en partie, de leur fréquence relative, dont on
envisage le rôle dans la période qui suit immédiatement l'accès au lexique.
Mots clefs : accès au lexique, ambiguïté lexicale, fréquence des significations.
Abstract
Summary : The role of the relative frequency of different meanings of homographs in lexical access.
Processing of unambiguous sentences with either the more frequent or the less frequent meaning of critical ambiguous words
(homographs) was examined in two experiments. In an ambiguity detection task (experiment I) sentences inducing the more
frequent meaning of homographs produced more errors than sentences inducing the less frequent meaning, but no difference
was found in the detection times. In a meaning-classification task (experiment II), sentences inducing the more frequent meaning
led to fewer errors and shorter comprehension times than those inducing the less frequent meaning. These results suggest that
the meanings of an ambiguous word tend to be retrieved according to their relative frequency. The role of relative frequency in
lexical immediate post-access is discussed.
Key-words : lexical access, lexical ambiguity, frequency of meanings.
Citer ce document / Cite this document :
Marquer Pierre, Le Nestour J., Léveillé Madeleine, Welitz J. Rôle de la fréquence relative des différentes acceptions
d'homographes lors de l'accès au lexique. In: L'année psychologique. 1982 vol. 82, n°2. pp. 353-377.
doi : 10.3406/psy.1982.28424
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1982_num_82_2_28424L'Année Psychologique, 1982, 82, 353-377
Laboratoire de Psychologie expérimentale
Université René-Descarles et EPHE 3e section,
associé au CNRS1
RÔLE DE LA FRÉQUENCE RELATIVE
DES DIFFÉRENTES ACCEPTIONS D'HOMOGRAPHES
LORS DE L'ACCÈS AU LEXIQUE
par Pierre Marquer, Jeannine Le Nestour,
Madeleine Leveillé et Joëlle Welitz
SUMMARY : The role of the relative frequency of different meanings of
homographs in lexical access.
Processing of unambiguous sentences with either the more frequent or
the less frequent meaning of critical ambiguous words (homographs) was
examined in two experiments. In an ambiguity detection task (experiment I)
sentences inducing the more frequent meaning of homographs produced
more errors than sentences inducing the less frequent meaning, but no
difference was found in the detection times. In a meaning-classification
task (experiment II), sentences inducing the more frequent meaning led
to fewer errors and shorter comprehension times than those inducing the
less frequent meaning. These results suggest that the meanings of an
ambiguous word tend to be retrieved according to their relative frequency.
The role of relative frequency in lexical immediate post-access is discussed.
Key-words : lexical access, ambiguity, frequency of meanings.
Dans l'étude de l'accès au lexique, c'est-à-dire de la manière
dont le sujet peut localiser et récupérer l'information qu'il a
stockée à propos d'un item lexical, les mots ambigus présentent
un intérêt particulier. Les items qui, pour une même forme,
reçoivent au moins deux acceptions différentes et que nous
appellerons « ambigus » ou « homographes »2, permettent, plus
1. 28, rue Serpente, 75006 Paris.
2. Nous appelons « homographes » des items qui peuvent relever aussi
bien de la polysémie que de l'homonymie en nous référant uniquement,
pour juger de leur ambiguïté, à l'appréciation des usagers de la langue. 354 P. Marquer et coll.
facilement que d'autres, d'analyser de quelle manière les items
lexicaux sont traités et comment leurs sens sont activés. L'étude
du mode d'action de quelques-uns des facteurs mis en jeu dans
l'accès aux différentes acceptions d'un mot ambigu contribuerait
alors à la connaissance du processus général de l'accès au lexique.
Dans cette perspective, on peut se demander comment sont
organisés, dans le lexique interne, les rapports entre les diverses
acceptions des homographes, comment on accède à leurs différents
sens et dans quels délais. Peut-on mettre en évidence une diff
érence dans le temps de traitement nécessaire à la « récupération »
du sens des mots polysémiques et de ceux qui ne le sont pas ?
Les différentes acceptions d'un même item ambigu sont-elles
toutes aussi disponibles les unes que les autres ? Ou bien la
plus grande fréquence d'emploi de l'une des acceptions fait-elle
que celle-ci est accessible dans des délais plus courts ?
LES TROIS PRINCIPAUX « MODÈLES »
Schématiquement, on peut distinguer trois types de
« modèles » :
a) Dans le modèle de l'accès sélectif (unitary perception hypot
hesis de Garey, Mehler et Bever, 1970 ; prior decision model de
Foss et Jenkins, 1973, etc.), l'hypothèse est que seul le sens du
mot cohérent avec le contexte sera activé. C'est à une telle hypo
thèse que conduit l'observation « naïve » : le plus souvent, en
présence d'homographes ou d'homophones, les usagers de la
langue n'en remarquent pas l'ambiguïté, le contexte imposant
généralement l'une des acceptions.
b) Dans le modèle de l'accès non sélectif (encore appelé
choice-point decision model par Foss et Jenkins, 1973, ou exhaust
ive computation hypothesis par Carey, Mehler et Bever, 1970 ;
Conrad, 1974, etc.), on suppose au contraire que tous les sens
de l'item ambigu sont activés et rendus disponibles, avant que
le sujet n'effectue un choix.
L'hypothèse de Vaccès sélectif relatif permet de concilier ces
deux premiers modèles : la sélection d'une acception donnée
pour un terme ambigu dépendrait du degré de contrainte exercée
par le contexte : on accéderait à tous les sens de l'item ambigu
en l'absence de contexte ou lorsque le contexte n'est pas lié à l'un
des sens possibles, mais, lorsque le contexte induit l'une des accep
tions, on accéderait de manière préférentielle à cette acception. L'ambiguïté lexicale 355
c) Dans le modèle de Y accès hiérarchisé [ordered search de
Hogaboam et Perfetti, 1975) la sélection d'un sens donné dépend
de la hiérarchie des différentes acceptions du mot dans le lexique
interne : l'acception la plus fréquente serait la plus disponible et
donc la plus rapidement accessible. Cette conception a été
défendue notamment par Forster (1976) qui, à partir des travaux
de Rubenstein (Rubenstein, Garfîeld et Millikan, 1970 ; Ruben-
stein, Lewis et Rubenstein, 1971) comme à partir des siens
propres (Forster et Chambers, 1973 ; Forster et Bednall, 1976),
insiste sur le fait que l'accès au lexique ne se fait pas directement
mais nécessite toujours un processus de recherche, dans lequel le
facteur fréquence joue un rôle important.
On peut assimiler à ce modèle d'accès hiérarchisé la conception
qualifiée par plusieurs auteurs (par exemple Garrett, 1970) de
garden path hypothesis : l'accès aux items ambigus se ferait de
manière univoque jusqu'à ce que le sens sélectionné, le plus
fréquent, se révèle incompatible avec des informations ultérieures
provenant du contexte. Les expériences faisant appel à des
jugements de compatibil

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents