Si la violence existe, discours du violent - article ; n°3 ; vol.1, pg 291-308
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Déviance et société - Année 1977 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 291-308
S'il est un trait caractéristique de notre époque, c'est qu'on dénonce toujours la violence sans réellement la définir et qu'on met sous ce terme des phénomènes pour le moins hétérogènes. Il en ressort que la violence est le mal social, qu'elle est transgression non seulement de lois écrites mais encore de normes profondes d'une socialite considérée comme valeur positive, du consensus social, tabou dans nos sociétés démocratiques. Faute d'une définition préalable, qui se devrait d'être exhaustive, du bien et du mal, la définition de la violence, son étude scientifique restent impossibles. Ce qui, en revanche, est objectivable et étudiable, c'est la prolifération de la violence, le volume croissant du discours sur elle, de sa dénonciation. Les auteurs, à propos d'une situation de violence collective, mettent en évidence l'utilisation par l'Etat de l'étiquette violence comme arme idéologique et, dans le public, des attitudes qui vont de l'incompréhension radicale à une certaine compréhension en passant par la victimisation du violent et la fascination par la violence. Toutes ces attitudes sont ambivalentes. La valorisation de la violence existe mais, refoulée, elle n'apparaît qu'indirectement.
Het is kenmerkend voor deze tijd dat de thematiek geweld steeds weer ter sprake wordt gebracht zonder te definieren wat daaronder moet worden verstaan, terwijl men met dit begrip de meest uiteenlopende fenomenen bedoelt.
Daaruit volgt dat geweld wordt gelijkesteld met sociaal kwaad, met het overschrijden niet enkel van de geschreven regels maar ook van de fundamentele normen van maatschappelijkheid die als een positieve waarde wordt beschouwd, en tevens het breken van de sociale consensus, wat sen table is in onze democratische samenleving.
Bij gebrek aan een voorafgaandelijke exhaustieve bepaling van goed en kwaad is echter ook de definiëring van geweld en de wetenschappelijke analyse ervan onmogelijk.
De proliferatie van geweld en de steeds maar aanzwellende stroom van duidingen ervan is in tegenstelling hiermee wel onjectiveerbaar en bestudeerbaar.
Met betrekking tot het collectief geweld benadrukken de auteurs het gebruik door de stoat van het etiket geweld als ideologisch wapen. Zij belichten de diverse houdingen van het publiek, die gaan van totaal onbegrip naar een zekere mate van begrip. Daarbij besteden zij ook aandacht aan de geweldpleger als slachtoffer en aan de grote indruk die van het geweld uitgaat.
Al deze houdingen zijn ambivalent. De valorisatie van het geweld bestaat maar wordt versluierd en komt slechts indirect tot uiting.
A characteristic feature of our times is the ever-going denunciation of violence without truly defining the concept which thus serves to embrace diverse phenomena. The end result is that violence is perceived as a social wrongdoing, inobservance of written rules as well as prevailing norms of a sociability regarded as a positive value, of social consensus, a taboo in our democratic societies. Short of an apriory definition, hopefully a comprehensive one of wrong or right-doing, the definition of violence and its scientific study are bound to remain impossible. That, on the other hand, which may be objectively studied, is the ground-swell of violence, the growing volume of homilies on it and its denunciation.
The writers, in the face of collective violence, highlight the use made by the State of the label Violence as an ideological weapon, and how the public takes attitudes ranging from total misunderstanding to a limited perception, going through victimisation of the violent and fascination by violence.
All these are ambiguous attitudes; the adulation of violence persists, but it emerges only indirectly when repressed.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dric Martin
Monsieur Raymond Fichelet
Madame Monique Fichelet
Si la violence existe, discours du violent
In: Déviance et société. 1977 - Vol. 1 - N°3. pp. 291-308.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Dric, Fichelet Raymond, Fichelet Monique. Si la violence existe, discours du violent. In: Déviance et société. 1977 - Vol. 1
- N°3. pp. 291-308.
doi : 10.3406/ds.1977.952
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1977_num_1_3_952Résumé
S'il est un trait caractéristique de notre époque, c'est qu'on dénonce toujours la violence sans
réellement la définir et qu'on met sous ce terme des phénomènes pour le moins hétérogènes. Il en
ressort que la violence est le mal social, qu'elle est transgression non seulement de lois écrites mais
encore de normes profondes d'une socialite considérée comme valeur positive, du consensus social,
tabou dans nos sociétés démocratiques. Faute d'une définition préalable, qui se devrait d'être
exhaustive, du bien et du mal, la définition de la violence, son étude scientifique restent impossibles. Ce
qui, en revanche, est objectivable et étudiable, c'est la prolifération de la violence, le volume croissant
du discours sur elle, de sa dénonciation. Les auteurs, à propos d'une situation de violence collective,
mettent en évidence l'utilisation par l'Etat de l'étiquette violence comme arme idéologique et, dans le
public, des attitudes qui vont de l'incompréhension radicale à une certaine compréhension en passant
par la victimisation du violent et la fascination par la violence. Toutes ces attitudes sont ambivalentes.
La valorisation de la violence existe mais, refoulée, elle n'apparaît qu'indirectement.
Het is kenmerkend voor deze tijd dat de thematiek geweld steeds weer ter sprake wordt gebracht
zonder te definieren wat daaronder moet worden verstaan, terwijl men met dit begrip de meest
uiteenlopende fenomenen bedoelt.
Daaruit volgt dat geweld wordt gelijkesteld met sociaal kwaad, met het overschrijden niet enkel van de
geschreven regels maar ook van de fundamentele normen van maatschappelijkheid die als een
positieve waarde wordt beschouwd, en tevens het breken van de sociale consensus, wat sen table is in
onze democratische samenleving.
Bij gebrek aan een voorafgaandelijke exhaustieve bepaling van goed en kwaad is echter ook de
definiëring van geweld en de wetenschappelijke analyse ervan onmogelijk.
De proliferatie van geweld en de steeds maar aanzwellende stroom van duidingen ervan is in
tegenstelling hiermee wel onjectiveerbaar en bestudeerbaar.
Met betrekking tot het collectief geweld benadrukken de auteurs het gebruik door de stoat van het etiket
geweld als ideologisch wapen. Zij belichten de diverse houdingen van het publiek, die gaan van totaal
onbegrip naar een zekere mate van begrip. Daarbij besteden zij ook aandacht aan de geweldpleger als
slachtoffer en aan de grote indruk die van het geweld uitgaat.
Al deze houdingen zijn ambivalent. De valorisatie van het geweld bestaat maar wordt versluierd en
komt slechts indirect tot uiting.
Abstract
A characteristic feature of our times is the ever-going denunciation of violence without truly defining the
concept which thus serves to embrace diverse phenomena. The end result is that violence is perceived
as a social wrongdoing, inobservance of written rules as well as prevailing norms of a sociability
regarded as a positive value, of social consensus, a taboo in our democratic societies. Short of an
apriory definition, hopefully a comprehensive one of wrong or right-doing, the definition of violence and
its scientific study are bound to remain impossible. That, on the other hand, which may be objectively
studied, is the ground-swell of violence, the growing volume of homilies on it and its denunciation.
The writers, in the face of collective violence, highlight the use made by the State of the label "Violence"
as an ideological weapon, and how the public takes attitudes ranging from total misunderstanding to a
limited perception, going through victimisation of the violent and fascination by violence.
All these are ambiguous attitudes; the adulation of violence persists, but it emerges only indirectly when
repressed.Déviance et Société, Genève, 1977, vol. 1, No 3, p. 291-306
SI LA VIOLENCE EXISTE *
discours du violent
Dric MARTIN, Monique FICHELET, Raymond FICHELET
Nous aurons eu violence dans la tête, ces temps-ci, d'une présence
si flagrante, insistante, épineuse, si répétée en écho, en miroir, dans la
tête des autres, dans leurs discours, dans la presse, à la radio et à la
télévision, qu'on est littéralement forcé, au bout du compte et si l'on ne
veut pas en devenir la victime, de se demander ce que cette présence
veut dire, ce que signifie cette irruption.
Le problème n'est pas facile, car il est sournoisement double : il
est nécessaire, sous peine de la plus grande confusion, de distinguer
entre LES violences réelles (tel ou tel phénomène précis, concret, telle
agression, telle manifestation dure, telle rixe, tel viol) et LA violence.
Le même mot, "violence", se rapporte en effet à deux sortes de
phénomènes qui existent dans deux registres différents. Nous disti
nguerons donc entre :
— un registre réel, celui DES violences concrètes, subies ou agies; ces
violences réelles sont depuis toujours familières à l'homme, qui les
constate dans la réalité du monde sensible : violence du vent, du
tonnerre, d'autrui ou de soi-même; agies ou subies, elles sont
connaissables à la fois objectivement, par leurs effets, et subject
ivement, par leur vécu particulier, très affectif, très corporel, très
peu réfléchi;
— un registre imaginaire, celui de LA violence, qui existe dans notre
pensée comme existe une figure allégorique, personnage ivre qui
enfonce les portes, une grenade dégoupillée dans chaque main.
Les problèmes posés par la violence réelle et par la violence
imaginaire ne sont pas les mêmes.
La violence réelle pose des problèmes de dynamique (car elle est
énergie matérielle en action) qui concernent chacun de nous en tant que
producteur ou consommateur d'énergie, comme ils concernent aussi le
Ce texte s'appuie sur les résultats d'un programme de recherches psychosociologiques
effectué avec l'aide de la Délégation Générale à la Recherche Scientifique et Technique
(D.G.R.S.T.) (contrats No 72 7 0459 et 73 7 1434). Ces travaux ont fait l'objet de deux
rapports de recherche : Faugeron, C, Fichelet, M., Fichckt, R., Mossuz, J., Violence et
culture urbaine, Paris, juin 1973. — M., Fichelet, R., Martin, Y)., Dire la violence :
analyse d'un discours social, Paris, juin 1976.
291 pouvoir politique, l'Etat, en tant qu'il est régulateur des énergies col
lectives : ces violences réelles, comment les éviter, ou les utiliser ? De la
réponse découlent conservation ou changement d'équilibre mais de
toute façon ces violences réelles sont objectivables, sont mesurables, ne
serait-ce que dans leurs effets, elles sont matérielles.
Quant à la violence imaginaire, pour peu qu'on l'isole de l'autre, ce
sont des problèmes de signification qu'elle pose, c'est de mécanismes
psychosociaux, collectifs qu'elle relève. Pourquoi sa présence s'impose-
t-elle maintenant, traînant dans son sillage des idées de chaos, de
mort ? Serait-ce tout simplement parce qu'elle n'est que le reflet
conceptuel de violences réelles de plus en plus multipliées ? Distinguer
la violence imaginaire des violences réelles serait en ce cas inutile, seules
ces dernières ayant portée pratique.
L'absence de distinction en tout cas crée certainement la confus
ion, empêche toute étude sérieuse de la violence tout court, dont elle
rend impossible, pour commencer, toute définition.
Qu'on juge plutôt des définitions qu'on nous en propose :
— si l'on suit les Codes, la violence c'est, d'une part, une contrainte
exercée sur la volonté d'une personne pour la forcer à contracter;
d'autre part, c'est la casse de la loi anti-casseurs; définition mani
festement trop courte;
— les dictionnaires restent courts eux aussi; le Larousse nous pro
mène sans résultat : la violence y est "l'état de ce qui est violent",
à "violent" on trouve : "qui a une forme impétueuse*', à "impé
tueux" : "(de impetus : impulsion) qui se meut d'un mouvement
violent (et rapide)"', la boucle est rapidement bouclée, ne nous
proposant qu'impulsion, pulsion, pouls; le simpl

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