Situation industrielle du Laos et rôle des forces externes - article ; n°51 ; vol.13, pg 621-632
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Description

Tiers-Monde - Année 1972 - Volume 13 - Numéro 51 - Pages 621-632
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jocelyne Lejars
Situation industrielle du Laos et rôle des forces externes
In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°51. pp. 621-632.
Citer ce document / Cite this document :
Lejars Jocelyne. Situation industrielle du Laos et rôle des forces externes. In: Tiers-Monde. 1972, tome 13 n°51. pp. 621-632.
doi : 10.3406/tiers.1972.1875
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1972_num_13_51_1875INDUSTRIELLE DU LAOS SITUATION
ET ROLE DES FORCES EXTERNES
par Jocelyne Lejars*
La situation industrielle du Laos s'inscrit dans un contexte géographique,
politique et économique contraignant et limitatif. Pays enclavé, Etat tampon
imbriqué dans un conflit qui divise sa terre et son peuple, le Laos se trouve
actuellement sous la dépendance politique et économique de voisins proches
et de puissances éloignées.
La zone contrôlée par les forces gouvernementales et sur laquelle portera
principalement cette étude comprend la moitié de la population totale, estimée
à 3 ooo ooo d'habitants, et le tiers d'un territoire de 236 000 km2.
La défense absorbe 50 % du budget national et les ressources locales sont
loin de pouvoir pallier ces dépenses. Avec une balance commerciale défici
taire à 90 % (1), des recettes fiscales insignifiantes, le budget connaît un déficit
chronique qui s'élevait en 1968 à 8,5 milliards de kips (2) et que l'aide étran
gère, à 90 % américaine, se charge de renflouer.
Mais le secteur monétaire ne concernerait, d'après les estimations officielles,
que 10 % de la population et deux tiers de la production intérieure brute
seraient autoconsommés. Le Laos reste donc un pays profondément rural
où 80 % de la active vit d'une agriculture d'autosubsistance. Son
PNB, un des plus bas du monde, est évalué à 59 $/hab. et tes possibilités de
développement se trouvent contrariées par des conflits endémiques.
L'industrie occupe donc une place bien modeste dans l'économie natio
nale et se situe à un niveau extrêmement bas, comme l'illustre l'arrêté minist
ériel du 30-7-1966, définissant les normes de l'établissement industriel :
« Appartient au secteur industriel tout établissement employant plus de
50 ouvriers sans force motrice ou 20 ouvriers avec une puissance installée
supérieure à 20 kWh. » Malgré cette échelle réduite, le secteur industriel se
démarque assez nettement du secteur artisanal. De par ses sources de finan-
* Diplômée d'Etudes supérieures.
(1) Le déficit « se réduit » à 75 % si l'on tient compte des trafics illicites d'or et d'opium.
(2) 1 $ = 500 kips au cours réel en 1971.
621 Route en construction
D U-TO N Kl N
THAÏLANDE
_ des équipements rares \ vers Bangkok
Voies ferrées
( inexistantes au Laos)
Routes -*^- Aéroports
Trafic du fret
(Milliers de tonnes)
Entrées ^=r-^ Sorties
_ des conditions naturelles difficiles --»-«..*»"•'•-. — •*
Partie non navigable du Mékong
>."•:•:•>] Relief supérieur à 1000 m
_ des troubles politiques v. Phnom Penh \
Zone sous contrôle Pathet Lao С A M В О G E \
(début 1970) r i
Carte i. — Population active employée dans l'industrie en 1968
622 DOCUMENTATION
cement, d'approvisionnement et la destination de ses produits, il appartient
au circuit moderne, tandis que le secteur artisanal reste, dans sa grande majorité,
intégré au circuit traditionnel.
Quels sont donc les principaux caractères de la situation industrielle
laotienne ?
Le premier trait qui apparaît nettement sur la carte i est la faiblesse
quantitative et qualitative générale de l'industrie (i). Cette activité ne concerne
qu'un très faible pourcentage de la population : la population active secondaire
ne représente que 2,7 % de la active totale, soit 1,4 % de la popul
ation laotienne.
Les activités industrielles, excepté les entreprises d'extraction (mines
d'étain de la Nam Pathene), se situent principalement dans les villes et leur
faiblesse est proportionnelle à celle de l'armature urbaine : 10 % seulement
de la population habitent en ville.
Vientiane, capitale administrative, domine largement et fait figure, avec
ses 150 000 habitants, de ville relativement « macrocéphale », dont le contrôle
s'étend officiellement sur 1 500 000 habitants. Elle seule possède un parc
industriel diversifié où des branches de la production autres que les scieries
et les rizeries sont représentées (2). D'autre part, elle voit se concentrer la
majeure partie des nouvelles implantations puisque, de 1966 à 1970, 50 %
à 90 % des investissements industriels ont été réalisés dans les environs de
Vientiane.
Le deuxième caractère est le manque d'attaches spatiales de ces industries
qui n'établissent guère de liens avec le milieu rural environnant et les autres
régions laotiennes, mais sont en étroite relation avec l'étranger.
Si la faible inscription spatiale de l'industrie se marque dans le paysage
par des bâtiments anonymes isolés dans une clairière ou dans un quartier
urbain résidentiel, elle se manifeste bien plus profondément par la quasi-
inexistence des courants d'échange à l'intérieur du pays. Les produits indust
riels sont principalement écoulés sur le marché urbain proche et les campagnes
ne fournissent pas, mis à part le bois, le riz et le tabac, les matières premières
utilisées par l'industrie. La dégradation des relations est manifeste : il y a
trois ans, la région de Paksé subvenait encore aux besoins en soja de Vientiane.
Aujourd'hui, cette denrée est importée de Thaïlande. D'autres exemples,
concernant le riz ou le café, témoignent d'une paupérisation réelle de l'économie
locale.
(1) L'élaboration de cette carte repose sur des documents officiels, seuls existant sur ce
sujet, dont la véracité est souvent douteuse, mais dont l'intérêt est incontestable.
(2) Savannakhet possède également des industries alimentaires (boissons) qui, tout
comme les activités industrielles de Luang Prabang, ne sont pas mentionnées sur les
documents officiels.
623 MONDE TIERS
L'industrie laotienne se tourne donc vers l'étranger pour s'appro
visionner en matières premières et s'équiper de matériel moderne. Le
rôle consommateur de l'industrie est des plus importants. Les achats de
machines — i 287 800000 kips en 1968 — comptent pour 10 % du total
des importations et vont en progressant : ils occupaient la cinquième place
en 1961 dans la liste des produits importés et sont à la troisième place depuis
1965. L'origine des équipements se distribuait ainsi en 1969 :
PAYS OCCIDENTAUX PAYS ASIATIQUES
Щ
:>*>#: états uni s '•:■ THAÏLANDE TAIWAN
1 г l 20 30 40 50 0% 10 60 70 80 90 100%
FlG. I
D'autre part, les « matières premières » alimentant les établissements indust
riels sont d'un coût élevé. Ce sont, en fait, des produits semi-finis ou déjà
finis, auxquels « l'industrie » locale n'apportera qu'une très faible transforma
tion ou qu'elle se contentera parfois de conditionner : rouleaux de plastique
découpés ensuite en sacs, gaz mis en bouteille, ingrédients de boissons ou
d'aliments qu'il suffit de dissoudre dans l'eau, etc.
Le troisième caractère n'étonnera pas après l'énoncé précédent : la product
ion industrielle se signale par sa très faible valeur ajoutée. Des estimations faites
en 1 966 évaluent la production brute à 4 milliards de kips ; la part des petites
industries dans la formation des revenus bruts des entrepreneurs privés
s'élèverait à 3,5 %, celle de l'artisanat à 8 % et celle de l'agriculture à 81 %.
Les principales industries créatrices de valeur ajoutée étaient celles du bois :
25 millions de kips et celles des cigarettes et des chaussures : 10 millions
de kips. Comme le notait, en 1967, un rapport de la Banque de Développement
du Laos : « Les réalisations industrielles ne sont pas créatrices de valeur
ajoutée, mais restent cantonnées au secteur de l'industrie de consommation
dont la rentabilité est rapide. »
Par ailleurs, les bénéfices des industriels sont difficiles à évaluer. Les
comptes d'exploitation accusent souvent un lourd et étrange d

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