Subversion dans la reproduction scolaire - article ; n°1 ; vol.39, pg 71-91
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Description

Revue économique - Année 1988 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 71-91
The longitudinal study of two panels of students followed for eight years 1962- 1970 1973-1981) shows the persistence of reproduction phenomena in the school system early determination of success and failure hierarchization of the streams advantages and handicaps related to social background. In eleven years the overall increase in the chances for success has not changed the social hierarchyin any way. However very important transformation is taking place in the inert world of the school spectacular progress in feminine scholastic achievement in all social strata. The path to success for girls does not follow the masculine pattern the advantages acquired in the early years are partially lost through later orientations as if girls weaker competitiveness were actually an advantage at the beginning of their studies. To coin term for this paradox let us use term subversion
Subversion dans la reproduction scolaire
L'étude longitudinale de deux cohortes d'élèves, suivis pendant huit années (1962-1970 ; 1973-1981), met en évidence la persistance des phénomènes de reproduction dans le fonctionnement de l'école : détermination précoce de l'échec et de la réussite, hiérarchisation des filières, avantages et handicaps lié à l'origine sociale. En onze années, l'accroissement global des chances de succès s'est accompli dans le maintien des structures.
Pourtant, une transformation de première importance bouleverse l'univers inerte de l'école : la progression spectaculaire de la réussite scolaire des filles dans tous les milieux sociaux. La voie féminine du succès scolaire ne suit pas le modèle masculin : les avantages, conquis dans les premières années, sont partiellement perdus dans les orientations ultérieures, comme si la moindre agressivité dans la compétition constituait au début un avantage. Pour nommer ce paradoxe, on propose le terme de « subversion ».
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 240
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Roger Establet
Subversion dans la reproduction scolaire
In: Revue économique. Volume 39, n°1, 1988. pp. 71-91.
Abstract
The longitudinal study of two panels of students followed for eight years 1962- 1970 1973-1981) shows the persistence of
reproduction phenomena in the school system early determination of success and failure hierarchization of the streams
advantages and handicaps related to social background. In eleven years the overall increase in the chances for success has not
changed the social hierarchyin any way. However very important transformation is taking place in the inert world of the school
spectacular progress in feminine scholastic achievement in all social strata. The path to success for girls does not follow the
masculine pattern the advantages acquired in the early years are partially lost through later orientations as if girls weaker
competitiveness were actually an advantage at the beginning of their studies. To coin term for this paradox let us use term
subversion
Résumé
Subversion dans la reproduction scolaire
L'étude longitudinale de deux cohortes d'élèves, suivis pendant huit années (1962-1970 ; 1973-1981), met en évidence la
persistance des phénomènes de reproduction dans le fonctionnement de l'école : détermination précoce de l'échec et de la
réussite, hiérarchisation des filières, avantages et handicaps lié à l'origine sociale. En onze années, l'accroissement global des
chances de succès s'est accompli dans le maintien des structures.
Pourtant, une transformation de première importance bouleverse l'univers inerte de l'école : la progression spectaculaire de la
réussite scolaire des filles dans tous les milieux sociaux. La voie féminine du succès scolaire ne suit pas le modèle masculin : les
avantages, conquis dans les premières années, sont partiellement perdus dans les orientations ultérieures, comme si la moindre
agressivité dans la compétition constituait au début un avantage. Pour nommer ce paradoxe, on propose le terme de «
subversion ».
Citer ce document / Cite this document :
Establet Roger. Subversion dans la reproduction scolaire. In: Revue économique. Volume 39, n°1, 1988. pp. 71-91.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1988_num_39_1_409045Subversion
dans la reproduction scolaire
Roger Establet
L 'étude longitudinale de deux cohortes d'élèves, suivis pendant huit années
(1962-1970 ; 1973-1981), met en évidence la persistance des phénomènes de
reproduction dans le fonctionnement de l'école : détermination précoce de
l'échec et de la réussite, hiérarchisation des filières, avantages et handicaps lié
à l'origine sociale. En onze années, l'accroissement global des chances de
succès s'est accompli dans le maintien des structures.
Pourtant, une transformation de première importance bouleverse l'univers
inerte de l'école : la progression spectaculaire de la réussite scolaire des filles
dans tous les milieux sociaux. La voie féminine du succès ne suit pas
le modèle masculin : les avantages, conquis dans les premières années, sont
partiellement perdus dans les orientations ultérieures, comme si la moindre
agressivité dans la compétition constituait au début un avantage. Pour
nommer ce paradoxe, on propose le terme de « subversion ».
DIACHRONIE ET CHANGEMENT
Condamnée à penser la société en termes de répétition, de dépen
dances fonctionnelles et d'équilibres massifs, la sociologie de la repro
duction passe pour incapable d'expliquer le changement social. On essaiera
de répondre à cette objection, en réfléchissant au changement majeur qui,
depuis le début du xxe siècle, affecte l'école : le développement des
scolarités féminines. L'accroissement du nombre des étudiantes en donne
une première mesure.
La période est marquée par l'accroissement des effectifs universi
taires ; mais, dans ce mouvement commun d'expansion, les croissances
féminines et masculines sont bien différentes. Et, d'abord, par leur
ampleur : on parle souvent de « rattrapage » . En voici un exemple, strict.
De 1899 à 1983, la croissance s'effectue au rythme de 3 % l'an pour
les hommes, de 8 % pour les femmes. Tout à fait minoritaires au début
du siècle, les étudiantes égalent en nombre les étudiants vers 1975, puis
les dépassent. En 1983-1984, la différence s'établit, au bénéfice des
étudiantes, aux alentours de 70 000 : soit l'effectif masculin total des
facultés de médecine ! On peut écrire, plus gaillardement : 1899, 1 étu
diante pour 43 étudiants ; 1983, 10 étudiants pour 12 étudiantes. Peu
71
Revue économique — N" 1, janvier 1988, p. 71-91. Revue économique
de choses, dans le monde social, se sont transformées aussi nettement et
aussi vite.
Les chronologies sont distinctes. La montée des effectifs masculins
est surtout le fait des décennies qui ont suivi la deuxième guerre mondiale :
de 1899 à 1983, le rythme de croissance est seulement de 1,5 %, et il
passe à 4 % entre 1949 et 1983. Pour les femmes, l'essor est plus
ancien : 9,5 % de 1899 à 1939 ; 7,0 % de 1949 à 1983. Dans les
années 1960, les fortes croissances concernent les deux sexes, mais ce
qui apparaît comme un décollage pour les hommes n'est qu'une simple
inflexion pour les femmes.
Graphique 1. Evolution de l'effectif des étudiants
000000
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100000 < «<««*««♦ ♦♦ c « ♦ garçons
10000 filles * 0
o o
1000 o
— \- 1- 1 1 1 y 1 1 100
1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990
Source : C. Baudelot, Bénoliel, Cukrowicz, R. Establet, Los étudiants, l'emploi, la crise, Paris,
Maspero, 1981.
Surtout, la croissance des effectifs féminins est beaucoup plus régul
ière. Faisant se succéder à-coups et paliers, le développement des scola
rités masculines semble commandé par des conjonctures externes et
n'exclut jamais les régressions (1935, 1936, 1939) ou, dans la dernière
période (1974-1983), la stagnation à un rythme inférieur à 1,0 % l'an.
La montée des étudiantes ignore les brusques fluctuations, ne connaît
aucune régression, et, si dans la dernière période, elle se ralentit quelque
peu, c'est encore à un rythme soutenu : 3,2 % entre 1974 et 1983. La
croissance des effectifs féminins est un fait social sui generis, doté d'une
régularité doublement durkheimienne : processus séculaire qui bouleverse
graduellement les données du problème scolaire e.t dont les effets
concernent tous les aspects de la vie sociale, mouvement autonome dont
la statistique marque nettement la trace dans la croissance générale des
scolarités. Changement social, s'il en fut.
Dans cette transformation au long cours, les années 1965-1975 ont
un intérêt particulier, puisqu'elles marquent le moment du rattrapage.
En 1969, le nombre des filles qui présentent le baccalauréat (90 972)
rejoint le nombre des garçons (90 494) ; en 1975, l'effectif des étudiantes
72 Roger Establet
(346 061) égale, à peu près, celui des étudiants (352 706). Rattra
pages irréversibles : depuis lors, les filles l'emportent dans les deux cas
sur les garçons.
REPRODUCTION ET SYNCHRONIE
La sociologie de la reproduction travaille de préférence sur des
suivis synchroniques. Bourdieu et Passeron ont d'abord mobilisé les
faits nécessaires pour répondre à la question : de quels groupes sociaux
proviennent les étudiants de 1961 (Les héritiers), puis ceux de 1965 (La
reproduction) ? Dans L'école capitaliste en France, puis dans L'école
primaire divise, Baudelot et Establet tentent de reconstituer la disloca
tion d'une génération dans son parcours scolaire. Suivre une génération
pour savoir d'où elle vient, où elle va, est le moyen privilégié pour const
ruire, dans la synchronie, le réseau de relations qui rattache, de façon
plus ou moins secrète, l'école à son environnement économique. On
comprend l'intérêt porté par la communauté sociologique au panel
historique de Bastide et Girard, où sont suivis, pour la première fois de
façon directe et sur un temps assez long, un échantillon d'élèves qui ont
quitté l'école primaire en 1962 ; plus tard, aux enquêtes « Formation
qualification professionnelle » ; aux panel

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