Un historien et anthropologue sénégalais : Shaikh Musa Kamara. - article ; n°109 ; vol.28, pg 89-116

David Robinson

Description

Cahiers d'études africaines - Année 1988 - Volume 28 - Numéro 109 - Pages 89-116
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: CAHIERS_D-ETUDES_AFRICAINES
• Publié le: 01 janvier 1988
• Nombre de lectures: 120
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur David Robinson
Un historien et anthropologue sénégalais : Shaikh Musa
Kamara.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 28 N°109. 1988. pp. 89-116.
Abstract
D. Robinson — A Senegalese Historian and Anthropologist : Shaikh Musa Kamara.
The author draws the historical background and the geographical setting of Shaikh Musa Kamara's life and regrets that,
notwithstanding his being a prolific historian of the Fuuta Tooro, he be so unrecognized. Robinson recounts his life and divides it
in three large periods: the thirty initial years, with a studious youth and three marking influences; the time at the beginning of the
colonial period, which is not very well known; and the twenty-five last years when he took up writing. The article presents
Kamara's works, their characteristics and topics. A complete list of his manuscripts and a detailed table of contents of his
materpiece, the Zuhur, are appended.
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Robinson David. Un historien et anthropologue sénégalais : Shaikh Musa Kamara. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 28
N°109. 1988. pp. 89-116.
doi : 10.3406/cea.1988.2153
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1988_num_28_109_2153David Robinson
Un historien et anthropologue
sénégalais Shaikh Musa Kamara*
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Je tiens particulièrement remercier Moustapha Kane et Fary Kâ pour leurs
commentaires sur le fond et la forme de cet article ainsi que Jean Schmitz qui
assuré la transcription des termes pulaar suivant les règles officielles des
langues nationales au Sénégal excepté pour les noms de lieux qui eux gardent
leur orthographe administrative Les noms communs ne sont mentionnés au
singulier
Amadou Hampâté Bâ dans un entretien enregistré Abidjan le 18 sep
tembre 1976 indique que Shaikh Musa sachant il avait pas héritier
intellectuel dans sa propre famille décidé de faire don de ses manuscrits
Cahiers tudes africaines -rop XXVIII-i 1988 pp ä-è DAVID ROBINSON CO
La création littéraire de Shaikh Musa tient dans les vingt-cinq der
nières années de sa vie Sa pièce maîtresse celle relative ethnohistoire
intitulée Zuhur al-Basätin rîkh al-Sawâdîn Fleurs des jardins sur
histoire des Noir fut rédigée entre 1920 et 1925 années pendant
lesquelles Kamara était en relations suivies avec Henri Gaden alors gou
verneur de la Mauritanie Par la suite il écrivit un certain nombre de
traités sur des thèmes plus circonscrits souvent sur la base de larges
extraits de son Zuhur est le cas pour ouvrage sur al-Hajj Umar
Kamara 1970 et pour al-Nafîs. Recueil précieux sur his
toire de quelques chefs maures et peuls et le Tanqiyat al-Afham. Puri
fication des idées sur les incertitudes des préjugé0 qui discutent des
affirmations de certains Maures et Haaipulaar quant leurs origines ou
encore de deux autres manuscrits dont les traductions fran aises ont été
publiées par Amar Samb Islam et le Christianisme Kamara 1973
et Condamnation de la guerre sainte ibid 1976 Fort utiles aux cher
cheurs non arabisants ces traductions souffrent cependant de absence
une annotation sérieuse et une édition critique du texte arabe
Tout examen de uvre de Kamara qui veut être rigoureux et systéma
tique doit prendre en compte le contexte dans lequel se situe auteur
ses dimensions géographique sociale et religieuse notamment une
manière générale Kamara faisait rarement état de ses origines Il est
vrai il se démarqua beaucoup plus de ses contemporains que ne le
firent ses ancêtres Mais dans un Fuuta Tooro très hiérarchisé et préoccupé
de questions de statut social il avait toutes raisons de laisser ce problème
dans ombre Une partie au moins de sa famille viendrait du Gidimaxa et
se serait installée dans la partie orientale du Fuuta au début du xixe siècle
et ses parents auraient été des esclaves ou des affranchis Cette tradition
orale courante dans certains milieux au début du xxe siècle et encore
hui accorde mal avec autres indices dont ceux donnés par
Shaikh Musa lui-même selon lesquels son père était déjà un marabout
respecté au milieu du xixe siècle2 Quoi il en soit Musa naquit vers 1864
Ahmad aï-Habib et de Mariam Dado Gourild localité sise environ
quarante kilomètres au sud-est de Matam
IFAN Hampâté Bâ collaboré au classement du fonds Kamara Pour la
composition de celui-ci voir Annexe
Archives de la république islamique de Mauritanie infra ARIM 52
année 1913 Pour ce qui est des allégations relatives aux origines inférieures
de Shaikh Musa voir 1981 Quant au prestige dont jouissait la famille
Kamara au milieu du xixe siècle voir Zuhur al-Basatîn infra Zuhur) vol II
fï 54-55 Institut fondamental Cheikh Anta Diop IFCAD) Fonds
Shaikh Musa Kamara Cahier DIALLO 1966 93 Pour le plan détaillé de ce
manuscrit se reporter Annexe SHAIKH MUSA KAMARA HISTORIEN ET ANTHROPOLOGUE CI
Gouriki est au centre du Damga province la plus orientale du Puuta
Tooro la moyenne vallée du fleuve Sénégal Dans le Damga on se trouve
déjà la frontière du Puuta cf Carte) là où dans certaines communautés
effectue la transition du pulaar au soninke et où se sont instaurés des
rapports de parenté et des liens historiques unissant désormais entre elles
les populations du Gajaaga du Gidimaxa du Buundu et de la ville
de Bakel Gouriki et le village voisin de Ganguel où Shaikh Musa devait
passer la majeure partie de sa vie sont situés dans un milieu dominé
par les Peul Deeniyankoobe souverains du Puuta la fin du
xvine siècle avant être refoulés dans la région extrême-orientale sous
le régime islamique ou almamiat Leurs fiefs étaient constitués un ali
gnement de villages dits daande maayo au bord du fleuve et situés
dans la riche plaine inondable le waalo De part et autre du fleuve
étend le jeeri haute terre >) est-à-dire la zone de culture sous pluie
Robinson 1975a i975b)
De la fin du xvnie siècle la conquête fran aise de la fin du xixe siècle
le Damga fut le théâtre de toute une série de tentatives de rénovation
de la société musulmane de constitution de fiefs de razzias et de contre-
razzias Suleymaan Baal et Abdul Kaader Kan fondateurs de almamiat
engagèrent la lutte contre les satigi souverains deeniyankoooe Abdul
le premier almaami mit fin cette lutte par le compromis qui confina
les Deeniyankoobe sur les rives du fleuve Par la suite une coalition étran
gère dirigée par les Bambara Massasi souverains du Kaarta se ligua
avec des mécontents de intérieur pour affaiblir almamiat battre
almaami et assassiner en 1807 Gouriki De nombreux Fuutankoooe
considèrent Gouriki comme un lieu de martyre le rêve un régime isla
mique fort et juste semblait être évanoui avec assassinat du premier
almaami la faveur du vide laissé par la mort Abdul Kaader les
Massasi continuèrent exercer une forte influence tandis que des coali
tions locales rivales se disputaient le contrôle du Damga Vers 1820 le
groupe dirigé par almaami Yuusuf Lih eut le dessus et installa un certain
Joom Aliu Bah comme chef de Gouriki et des villages voisins
La région du Damga connut une période acc