Une famille aux XIVe et XVe siècles : les Jossard de Lyon - article ; n°4 ; vol.9, pg 461-480
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1954 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 461-480
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Fédou
Une famille aux XIVe et XVe siècles : les Jossard de Lyon
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e année, N. 4, 1954. pp. 461-480.
Citer ce document / Cite this document :
Fédou René. Une famille aux XIVe et XVe siècles : les Jossard de Lyon. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e
année, N. 4, 1954. pp. 461-480.
doi : 10.3406/ahess.1954.2895
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1954_num_9_4_28951,61
UNE FAMILLE AUX XIVe ET XVe SIÈCLES :
LES JOSSARD DE LYON
« Les monographies de familles posent des problèmes plus rares, plus
délicats, plus particuliers (que les statistiques). Elles mettent mieux en
contact avec la vie. Elles provoquent des surprises, des étonnements. Elles
révèlent des accidents. Elles inquiètent. Elles font réfléchir.1 »
Ainsi s'exprimait il y a quelques années M. Lucien Febvre en tête d'un
article consacré par M. Ph. Wolff aux Ysalguier de Toulouse. En même
temps, l'éminent historien appelait de ses vœux le développement d'une
véritable enquête sur le type familial, convaincu de la « fécondité historique »
que ce genre peut comporter.
C'est dans cette perspective que nous voudrions placer l'étude qui va
suivre. Elle porte sur une famille dont le nom est resté dans l'histoire lyon
naise lié avant tout à une très ancienne exploitation de mines. Mais un exa
men attentif de ses destinées dégage bien d'autres centres d'intérêt et fournit
ample matière à réflexion2.
I. < — Le fondateur
Dès l'abord, cette famille offre un trait original : c'est le rôle extraordi
naire joué par un seul personnage, qui en un quart de siècle a rassemblé les
éléments essentiels d'une fortune prodigieuse, que sa descendance n'eut plus
qu'à exploiter de son mieux.
D'où sortait-il, ce Hugues Jossard qui accomplit pareil tour de force?
A 26 km. au Nord-Ouest de Lyon, non loin de l'abbaye de Saint-Martin-de-
d'Histoire 1. L. Febvre, Économique Ce et que Sociale, peuvent 1942, nous I, apprendre p. 32.' les monographies familiales, dans Mélanges
2. Sources principales : a) Aux Archives départementales du Rhône : Série E. (Familles, non-
inventoriées), qui nous a fourni quelques-unes des pièces les plus intéressantes : actes de vente,
— terrier Série ; — 48 Série H. (Fonds 4 G. (testamenta) de Malte) ; — ; — b) Série Aux Archives 10 G. (Fonds municipales du Chapitre de Lyon, de Saint-Jean), surtout la série passim C. G. ;
(Comptabilité de la Commune), et notamment С. С 2 et С. С. 3 (Nommées des habitants de
Lyon, comportant la liste de leur biens soumis aux tailles), С. С 342 (tout un procès Jossard) ;
publié par M. С Guigue, in-4°, Lyon, 1876 ; Mazures de l'Ile-Barbé de Cl. le Labour
eur, publié par M. С Guigue, 3 vol. in-4°, Lyon, 1887-1895 ; la série B. B. des Arch. тип.
publiée par M. С et G. Guigue pour la période étudiée : Registres consulaires, 2 vol. in-4°, Lyon,
1882-1926. o
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Savigny dont il dépendait, s'élevait le gros bourg fortifié de L'Arbresle1 :
posté au confluent de deux petites rivières qui ont pratiqué de précieuses
entailles dans les monts du Lyonnais, la Turdine et la Brévenne, à peu de
distance de l'endroit où celle-ci se déverse dans l'Azergues, ce site de pont
est aussi une position commerciale de premier ordre sur la vieille « via fran-
cisca » très fréquentée qui, par Tarare et Roanne, conduit de Lyon en Bour
bonnais, en Auvergne, en Berry. Petite ville active où le père de Hugues
habitait et où il tenait un commerce important, probablement un ouvroir
de drapier.
Il eut au moins trois, peut-être quatre enfants. Un léger doute peut en
effet subsister au sujet d'un Jean Jossard qui fut « prêtre de l'Ordre de
Saint-Jean de Jérusalem » et, à ce titre, curé de la paroisse de Chazelles-
sur-Lyon, puis, dans la grande ville, de celle de Saint-Georges, l'une et
l'autre étant en même temps centres de commanderies et églises paroissiales.
En ce dernier poste, où il resta de 1393 à 1425 au moins, il se signala par les
réparations qu'il fit ordonner à l'édifice, qui en avait, paraît-il, grand besoin.
Frère ou cousin, ce curé bâtisseur, cet homme actif et entreprenant était bien
en tout cas de la race des Jossard2.
La fille du commerçant de L'Arbresle habitait déjà Lyon en 1388. (Elle y
possédait une maison évaluée 80 fr. et qu'elle louait 6 fr. par an3.) A ce
moment, l'aîné de la famille, Hugues, était depuis six ans au moins citoyen
de Lyon, et son frère, un autre Jean Jossard, ne tarda pas à le devenir4.
Car le père avait rêvé pour ses fils un autre avenir que la continuation
du commerce familial. Celui-ci lui avait donné une aisance assez solide pour
qu'il pût les envoyer aux « estudes » — sans doute à Paris — avec l'espoir
que, dans la grande cité voisine, ils pourraient, nantis d'un grade, se lancer
avec succès dans la carrière du droit. L'époque était favorable : passés les
malheurs du milieu du siècle, grandes « mories », ravages des Tard-Venus,
les Lyonnais reprenaient goût aux affaires et, dans ce qu'on a pu appeler « le
bon temps de 1380 »6, le commerce connaissait un essor nouveau. L'aîné
arriva ainsi avec le titre de bachelier-en-lois, puis son jeune frère avec celui
de licencié. Mais Jean, après avoir pris part, en 1391, à l'acquisition des
mines, ne fit plus parler de lui. Sans doute mourut-il jeune. Désormais,
« Maistre » Hugues Jossard avait, du point de vue familial, les mains libres
pour réussir une carrière et rassembler une fortune.
***
Très vite, il avait manifesté avec ardeur le désir de se faire connaître,
nouant des relations avec les plus hauts bourgeois de la ville : ce n'est point
un hasard s'il apparaît dans l'histoire lyonnaise comme témoin au testament
1. L'Arbresle (Rhône), air. de Lyon, chef-lieu de canton.
2. Archives de la Loire, B. 1877, et Arch, du Rhône, 48 H. 2770-2789-2800. Cf. J. Tricou,
dans La Restauration Mémoires de V l'église Académie et de des la Commanderie Sciences, Belles-Lettres de Saint-Georges et Arts de Lyon à ; Lyon, la fin du 1945, XVe in-8°. siècle, —
Chazelles-sur-Lyon (Loire) air. de Montbrison, chef-lieu de canton.
3. Vaillant des habitants de Lyon en 1388, p. 138.
4. Arch, du Rhône, Testamenta, t. 18, i° 149, et série E. non inventoriée, 11 mai 1391.
5. A. Kleinclausz, Histoire de Lyon, 3 vol. in-4°, Lyon, 1939-1952, t. 1, p. 234. 464 ANNALES
d'un des plus illustres d'entre eux, Jean Le Viste1. En revanche, c'est à un
heureux concours de circonstances qu'il dut de s'imposer rapidement, mettant à
profit une habileté naturelle que sa formation juridique avait encore accentuée.
Au début, connaissant mal le milieu lyonnais, il s'était mis au service de
l'Église, qui offrait alors de nombreuses fonctions aux hommes de loi : en
1388 il était « procureur de Monseigneur de Lion »2. Mais il mesura à quel
point demeurait fort le ressentiment des bourgeois contre leurs anciens
maîtres, archevêque et chapitre cathedral. Il sentit qu'il ne serait auprès
d'eux persona grata que s'il changeait de voie et, se souvenant de la vieille
amitié qui les liait au roi de France, c'est vers les offices royaux qu'il
s'orienta : dès 1389 il avait forcé l'accès à une charge particulièrement enviée
en obtenant d'exercer à titre gratuit les fonctions de lieutenant du bailli de
Mâcon, sénéchal de Lyon. La manœuvre saute aux yeux : à la faveur du
•cumul sur une seule tête de deux bailliages, il proposait spontanément ses
services pour représenter à Lyon le plus haut fonctionnaire royal, et ce sans
qu'il en coûtât rien au Trésor. Il savait bien qu'un tel dévouement aurait
un jour sa récompense3.
C'est alors que la chance lui sourit. A ce moment, l'archevêque s'effor
çait de reconquérir une partie de son pouvoir temporel. En 1393, un arrêt
du Parlement en sa faveur supprimait le siège des ressorts de L

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