Unité et dualité de la conception du mal chez les Bantou orientaux - article ; n°8 ; vol.2, pg 551-569
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1962 - Volume 2 - Numéro 8 - Pages 551-569
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 67
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Miklos Veto
Unité et dualité de la conception du mal chez les Bantou
orientaux
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 2 N°8. 1962. pp. 551-569.
Citer ce document / Cite this document :
Veto Miklos. Unité et dualité de la conception du mal chez les Bantou orientaux. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 2 N°8.
1962. pp. 551-569.
doi : 10.3406/cea.1962.3256
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1962_num_2_8_3256MIKLOS VETO
St College Oxford
Unité et dualité de la conception du mal
chez les Bantou orientaux
Le temps des grandes monographies sur les coutumes sociales
et religieuses est définitivement révolu Ces monuments érudition
rassemblant des faits culturels empruntés des sociétés profondément
hétérogènes sans on occupe de leur rôle dans leur structure socio-
religieuse respective ont cédé la place des travaux consacrés la
structure une seule société Le réalisme culturel traitait les
coutumes comme des entités indépendantes tandis que ethno
logie moderne efforce éclairer la trame entière des relations et des
rôles qui constituent une société En analysant de près les institutions
des sociétés primitives on arrive en dégager les valeurs sociales
fondamentales qui dirigent la conduite de individu et des groupes
en déterminant la dialectique profonde de ordre social Cependant
cette conceptualisation pré-philosophique des ethnologues se refuse
traiter la vie sociale et religieuse des primitifs et les conceptions qui
leur sont sous-jacentes en termes proprement philosophiques2 La peur
être accusé ethnocentrisme semble paralysante puisque les caté
gories de pensée des primitifs ne sont pas les mêmes que les nôtres
puisque le Bantou est pas arrivé au stade abstraction propre aux
Européens on tendance considérer comme dépourvue de sens toute
tentative de parler une philosophie bantou car on estime que des
recherches conduites selon des critères extra-bantou ne pourraient que
mouler les idées et les valeurs bantou dans des concepts qui leur sont
étrangers Cependant il ne faut pas oublier que effort le plus modeste
de ethnologue dès il tend dégager des valeurs sociales gou-
Evans-Pritchard Social Anthropology Londres 1951 92
Nous avons connaissance que de deux exceptions concernant aire
culturelle bantou Placide Tempels La philosophie bontone Paris 1949
et Alexis Kagame La philosophie bantou-rwandaise de tre Bruxelles 1956 MIKL VETO 552
vernant la vie socio-spirituelle un peuple primitif ne peut se
passer hypothèses de travail fondées sur des conceptions étrangères
la société en question de même quand on veut dégager le système
de pensée des primitifs partir de leur vie socio-spirituelle les
termes familiers de la pensée occidentale ne doivent servir que comme
point de départ et ils pourront se trouver remplis un contenu entière
ment nouveau Quand on essaye de reconstruire ou de construire la
pensée de peuples préphilosophiques tels que les anciens gyptiens
ou les Grecs de époque homérique on part des textes religieux ou
épiques le point de départ est donc toujours un monument élaboré et
comme rendu indépendant de la société Chez les Bantou orientaux
ceux du Ruanda-Urundi et de Ouganda4 prières dictons proverbes
mythes sont des sources précieuses pour la compréhension des idées
mais le monde spirituel est encore mieux compréhensible travers les
rites et coutumes socio-religieux qui pénètrent toute leur vie Interdits
familiaux et post-mortuaires coutumes et règles juridiques rites
concernant le roi symbolisme des couleurs etc. toute la dialectique
des relations sociales est révélatrice de ce monde mental explicitant
non pas dans les systèmes philosophiques élaborés mais dans une
dialectique hautement compliquée des relations sociales
Une analyse partant des relations sociales est particulièrement
favorable pour éclairer la conception du mal La société pour le pri
mitif est une forteresse contre les puissances mauvaises qui guettent
homme et veulent le dérouter et le briser univers est loin être
neutre pour le Bantou il est un champ de bataille entre les forces du
bien et celles du mal et homme ne se sent en sécurité en enfer
mant derrière les remparts de la société La société est pas pour le
Bantou une réalité démographique ou administrative mais un milieu
cosmique où sa vie prise tous ses niveaux se déroule et qui une
emprise quasi totale sur lui Bien et mal ne sont con us travers
ordre et harmonie de univers social cette incarnation de forces pro
pices et secourables et toutes les normes pour éviter le mal et assurer
le bien se comprennent en fonction de équilibre social
Le monde bantou est peuplé de forces au fond il est un
ensemble de forces cependant il ne agit pas une simple collection
de ces forces mais de leur hiérarchie organisée Coutumes et croyances
se découvriront comme exprimant une conception du monde dyna
mique substituant la force être On ne peut pas dire un être est
Un bel exemple analyse de ces valeurs sociales est Forde éd.) African
Worlds Studies in the cosinolo gical ideas and social values of African peoples
Londres 1954
Des faits culturels provenant autres sociétés bantou Baluba et Bakongo
du Congo Nyoro et Chiga Ouganda Kikuyu et Kamba du Kenya
Banyamwezi du Tanganyika ne feront que compléter nos analyses LA CONCEPTION DU MAL CHEZ LES BANTOU ORIENTAUX 553
agi par une force mais il est force5 Une notion statique de être
comme absolument au-delà de tout devenir est étrangère au Bantou
Le Ruandais par exemple ne dira jamais un être qu il est Il
dira qu il est grand ou bien qu il est de autre côté de la rivière
mais le verbe être ne emploie jamais sans un attribut ou sans un
complément de lieu de temps etc Contrairement au verbe être
le verbe exister se suint On peut dire que animal existe sans
préciser quoi que ce soit sur les modalités de son existence On forme
le verbe exister en ajoutant adverbe ho == là un des radicaux
du être -li -ni ou -ba Donc exister être là mais ce
verbe être là jamais un sens localisateur6
être est force avons-nous dit pourtant cela ne signifie
aucunement un être individuel soit une sorte de tube traversé par
une force universellement répandue qui agit Chaque être son indi
vidualité la force qui anime et il est est pas une parcelle de
mana diffus et indéfinissable mais un existant indépendant
homme lui aussi est une force qui agit et sa fin est de prospérer
de épanouir donc de se maintenir dans son existence cette mainte
nance est pas une simple conservation de soi car être est la force et
existence est toujours dynamique Il agit de la vie non comme un
état mais comme une série activités ininterrompues et constantes
Ce qui sert la fin de homme le bien est donc la conservation de la
vie le mal est affaiblissement de la vie et anéantissement de la vie
La prière générale et la plus fréquente des Baluba du Kasaï est
très simple
Dieu des cieux Seigneur
Donne-moi force de vie pour que je sois fort prospère)7
Il ne agit pas une richesse purement matérielle ou de forces seule
ment physiques augmentation des forces un être signifiera que
cet être est accru en tant être sa nature est fortifiée augmentée
vivifiée
interdépendance des forces de différents ordres constituées en
une hiérarchie hautement organisée est profondément ressentie par le
Bantou Un des personnages un conte luba dit Dieu
Vous avez en effet créé toutes les choses et vous avez bien fait. et donné
chaque chose sa propre place
Tempels op cit. 35
Kagame op pp 128-131
Van Caeneghem La notion de Dieu chez les Baluba du Kasaï Bruxelles
1956 87
Tempels op cit. 39
Van op cit. 136 MIKLOS VETO 554
La tâche de Dieu comme celle de son continuateur homme est de
mettre de ordre dans le monde 10 Le but de toute activité divine ou
humaine est de bâtir cette hiérarchie compliquée et précaire est la
société Toute atteinte son équilibre accuse les attributs du mal Il
est hautement significatif que la misère la souffrance et inégalité
entrèrent dans le monde lors de la furie de Rwuba le personnificateur
du mal qui renversa tous les pots de lait et tous les ustensiles Imana
Dieu avait placés en ordre Ce premier désordre déclencha une
avalanche de maux et fut responsable de tous les malheurs qui arri
vèrent ou qui arriveront11

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