Sur la pratique jacobine : la mission de Couthon à Lyon - article ; n°1 ; vol.254, pg 510-543
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1983 - Volume 254 - Numéro 1 - Pages 510-543
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie-Madeleine Sève
Sur la pratique jacobine : la mission de Couthon à Lyon
In: Annales historiques de la Révolution française. N°254, 1983. pp. 510-543.
Citer ce document / Cite this document :
Sève Marie-Madeleine. Sur la pratique jacobine : la mission de Couthon à Lyon. In: Annales historiques de la Révolution
française. N°254, 1983. pp. 510-543.
doi : 10.3406/ahrf.1983.1071
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1983_num_254_1_1071SUR LA PRATIQUE JACOBINE :
LA MISSION DE COUTHON A LYON *
Le 29 mai 1793 à Lyon, le conflit larvé entre Girondins et
Montagnards aboutit à un mouvement insurrectionnel anti-jacobin
particulièrement violent. Mais à l'inverse de l'affrontement parisien
des 31 mai et 2 juin, il tourne en faveur des contre-révolutionnaires.
Les Girondins mis au ban de la Convention, les insurgés lyonnais
s'intègrent à la résistance fédéraliste et tentent de rallier à eux les
départements hésitants. Ainsi sollicitée, la direction départementale
du Puy-de-Dôme est bien près de s'engager dans ce complot, si
proche de ses aspirations politiques. Une correspondance suivie avec
la métropole lyonnaise, des tractations secrètes avec leurs émissaires
et la rédaction d'une adresse désapprobatrice envoyée à la Convent
ion suscitent de violentes protestations de la part des plus patriotes
de ses administrés (1).
Pendant ce temps, Dubois-Crancé, envoyé par le gouvernement
pour écraser la rébellion, fait appel au concours armé des dépar
tements avoisinants. A ce titre, celui du Puy-de-Dôme est requis,
par l'arrêté du 25 juillet, de fournir un contingent de 2.000 hommes.
Mais l'incertitude politique et la négligence des autorités constituées
se combinent à la mauvaise volonté patente de la population,
indifférente aux enjeux fédéralistes et obstinée dans son refus de
répondre aux réquisitions, pour créer une confusion totale malgré
l'arrivée du général Nicolas chargé de commander les recrues.
Seuls les deux chefs-lieux de district, Thiers et Ambert, alarmés
par l'attitude menaçante des communes limitrophes, en Rhône-et-
Loire, acquises au fédéralisme, organisent un système de défense et
(*) L'article de M. -M. Sève avait été égaré comme cela a été signalé dans le
précédent numéro. Nous nous en excusons à nouveau.
(1) Sur la tentative fédéraliste du département voir, Esprit public et police
générale dans le district de Clermont-Ferrand Ouin 1793 - été 1794), par G. Gerbaud,
dans La Révolution dans le Puy-de-Dôme, sous la direction d'A. Soboul, Paris,
Commission d'Histoire économique et sociale de la Révolution française, 1972. LA PRATIQUE JACOBINE 511 SUR
de surveillance pour se préserver de toute intrusion armée de la part
de ces « faux patriotes », qualifiés de « muscadins » au cours du
mois d'août 1793. Les documents révèlent que ce terme, apparu à
Lyon en 1792, connaît une grande fortune chez les Auvergnats au
cours de leur participation à la répression de Lyon (2). Mais ils
révèlent aussi que Thiernois et Ambertois n'hésitent pas à emprunter
le vocabulaire de la chasse pour assimiler ces muscadins à un gibier
malfaisant : tels les substantifs « loups », « rage » et les verbes
« débusquer », « pister », « traquer »...
Aussi, réclamant sans cesse des secours, Thiernois et Ambertois
ressentent la nécessité d'un pouvoir déterminé et d'un « rabatteur »
de premier plan capable de contenir l'assaut du fauve fédéraliste.
C'est l'objet même de la mission de Couthon.
Le Puy-de-Dôme offrant une situation politique aussi confuse,
la Convention hésite à ajouter foi aux protestations patriotiques des
administrations du département. L'assemblée doit décider rapide
ment, déléguer ses pouvoirs à un homme de confiance, déterminé et
responsable devant elle des actes commis en son nom. Couthon
s'impose à la Convention.
Les relations privilégiées de Couthon avec son département
d'origine sont bien connues des conventionnels pour lesquels il
apparaît comme le guide spirituel et politique de ses compatriotes.
Soigneux de cette image, sans doute, mais davantage soucieux de
diffuser son enthousiasme révolutionnaire, il a toujours entretenu
une correspondance régulière avec les administrations auvergnates,
les informant des événements parisiens, expliquant le processus
révolutionnaire et les raisons de ses choix politiques. Lors des étapes
politiques décisives, il a souvent sollicité des approbations écrites
conformes aux vœux de l'assemblée, contraignant ainsi le Puy-de-
Dôme à sortir d'une apathie qu'il pressentait généralisée (3). Informé
au premier chef puisqu'il connaît l'existence de l'adresse départe
mentale coupable par le seul des administrateurs non-signataire,
Noyer-Dubouy, Couthon multiplie ses démarches.
(2) Dès le mois d'août 1792, le journal de Lyon parle de « grenadiers musqués ».
Le qualificatif muscadin est utilisé par Chalier dans une lettre datée de février 1793. Il
devient alors un terme de mépris dans la bouche des Jacobins. Adopté par les
muscadins eux-mêmes, les assiégeants l'emploient pour désigner tous les insurgés
lyonnais, puis tous les rebelles de Rhône-et-Loire. Le 19 août, Ambert dénonce la ville
de Montbrison qui enferme « une armée de muscadins ».
(3) La municipalité de Clermont répond à son attente en envoyant, le 3 février
1793, une adresse à la Convention « pour lui exprimer ses sentiments sur la marche
vigoureuse qu'elle a tenue en prononçant la mort du tyran ». (F. Mège, le Puy-de-
Dôme en 1793 et le proconsulat de Couthon, Clermont-Fd, 1877, p. 9). 512 MARIE-MADELEINE SÈVE
Au cours de l'été 1793, malgré, ou à cause des soupçons
fédéralistes qui pèsent sur le département du Puy-de-Dôme, il ne
manque pas d'utiliser ses talents oratoires à l'assemblée pour relever
les mérites de ses concitoyens. La ville de Clermont, siège de toutes
les équivoques, reçoit particulièrement la sollicitude de son représent
ant. On ne sait par quelle habileté Couthon obtient de la Convention
qu'elle décrète, le 4 juin 1793, que la « ville a bien mérité de la
patrie », alors que l'adresse ainsi honorée, si elle réclamait, quant à
la lettre, l'élaboration rapide d'une Constitution, blâmait, à
l'esprit, les divisions et l'« anarchie » du gouvernement. Couthon
profite des bonnes dispositions de ses collègues pour faire l'éloge des
Clermontois déjà réquisitionnés pour les armées et « jamais Clermont
n'a demandé un sou au Trésor » (4). Attitude précieuse pour les
finances de la République : Le 6 août, Couthon récidive et n'hésite
pas à présenter lui-même une adresse particulière de la Société popul
aire de Clermont proclamant son adhésion à la constitution de 1793.
Mention honorable est portée sur le registre des procès- verbaux. . .
Depuis le 30 mai 1793, Couthon est membre du Comité de Salut
Public où il s'emploie à exercer son influence, même s'il y paraît peu.
Cette fonction lui permet d'avoir connaissance de la correspondance
gouvernementale. Or, depuis le mois de juillet, les rapports
impatients de Dubois-Crancé s'accumulent, les dénonciations de
Basire et de Rovère accusant les administrateurs du département de
faire cause commune avec les Lyonnais inquiètent le Comité qui est
près de proposer à la Convention de mettre le Puy-de-Dôme au rang
des départements rebelles. Fort de ses appuis jacobins et d'un
commun accord avec les autres députés du département, Couthon
propose de rédiger une adresse aux habitants du Puy-de-Dôme. Le
Comité, méfiant (5), n'accepte de suspendre sa décision qu'à la
condition expresse que deux représentants du Puy-de-Dôme partent
en mission pour faire exécuter l'arrêté du 25 juillet.
La Convention ne peut désavouer ce marché conclu par devers
elle et désigne Couthon.

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