Syntaxe logique et sémantique : leur pertinence linguistique - article ; n°2 ; vol.1, pg 42-57
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Description

Langages - Année 1966 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 42-57
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Noam Chomsky
Syntaxe logique et sémantique : leur pertinence linguistique
In: Langages, 1e année, n°2, 1966. pp. 42-57.
Citer ce document / Cite this document :
Chomsky Noam. Syntaxe logique et sémantique : leur pertinence linguistique. In: Langages, 1e année, n°2, 1966. pp. 42-57.
doi : 10.3406/lgge.1966.2333
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1966_num_1_2_2333CHOMSKY N.
SYNTAXE LOGIQUE ET SÉMANTIQUE :
LEUR PERTINENCE LINGUISTIQUE
L'article de Bar-Hillel dont on vient de lire une traduction a été
l'objet, à peine paru, ďune réponse très vive de Chomsky.
Bien que le texte de Chomsky apparaisse avant tout comme une
critique, on notera qďil ne remet pas en question une des suggestions
les plus originales (vu la date de la controverse) de l'article qu'il dis
cute. Chomsky nous semble admettre qu'il y a, entre les éléments d'une
langue, des relations proprement linguistiques, qui ne se réduisent pas
pourtant à la simple co-occurrence dans un corpus : Bar-Hillel les avait
appelées trans formationnelles, en englobant dans ce terme la syno
nymie, l'inférence, le rapport actif-passif, etc. Tout ce que nie Chomsky,
c'est que les théories de Carnap (la syntaxe et la sémantique logiques)
puissent servir à repérer dans l'expérience, et même simplement à
décrire, ces relations. On peut penser que la théorie des grammaires
génératives — élaborée par Chomsky par la suite — vise à fournir un
cadre où Von peut décrire, de façon simple et formelle, certaines au
moins des relations transformationnelles. Quant à leur repérage empir
ique, le reproche fait par Chomsky à Bar-Hillel, est couramment fait,
aujourd'hui, aux grammaires génératives; on regrette qu'elles n'ap
portent pas de critères précis justifiant qu'Un énoncé soit considéré
comme dérivé d'un autre, et qu'elles s'en remettent pour cette justifi
cation à « un sentiment linguistique » dont les linguistes européens
dénoncent volontiers l'imprécision. Pour nous résumer, Chomsky,
s'il refuse la solution de Bar-Hillel, accepte ses problèmes; il tentera
plus tard de résoudre l'un d'entre eux (celui de la description) et se
verra reprocher de n'avoir pas su résoudre le second (celui du repé
rage empirique).
Dans un article récent, Bar-Hillel г a traité du rapport entre
1. « Logical syntax and semantics », Language, 30 (1954), pp. 230-237. [Traduit
ici pp. 31-41. N. d. Г.] 43
linguistique et logique; les linguistes, y disait-il, faute d'avoir tenu
compte des acquisitions de la syntaxe logique et de la sémantique,
avaient limité trop étroitement leurs recherches, et étaient tombés
dans plusieurs erreurs. En particulier, affirme Bar-Hillel, ils ont
essayé d'obtenir les relations de synonymie, et les règles dites « de
transformation » (comme la relation entre l'actif et le passif), à
partir d'études purement distributionnelles, et ils ont hésité à
s'appuyer, dans l'analyse linguistique, sur des considérations rela
tives à la signification. S'il s'agit d'évoquer l'intérêt que présentent
pour les linguistes la signification ou les règles de transformation,
personne ne trouvera rien à y redire; mais que la syntaxe logique
et la sémantique 2 (du moins dans la mesure où nous les connais
sons) puissent convenir à leur étude, on peut en douter fortement.
Je pense qu'en examinant de plus près les hypothèses et les objets
de la syntaxe logique et de la sémantique, on verra que l'espoir
d'appliquer les résultats obtenus dans ces domaines à la solution
de problèmes linguistiques est illusoire.
Bar-Hillel résume l'essentiel de son propos, lorsqu'il présume,
dans ce qui suit, l'existence de liens entre la linguistique et la
syntaxe logique (pp. 236-237) :
II existe une conception de la syntaxe, due à Carnap, qui est
purement formelle (structurale) et adéquate en un sens où la concep
tion dominante chez les linguistes structuralistes américains ne
l'est pas. Cette conception entraîne une certaine fusion entre gram
maire et logique, la grammaire traitant, pour parler schématique-
ment, la partie formationnelle de la syntaxe, et la logique sa partie
transformationnelle. La relation de commutabilité peut être une
base suffisante pour l'analyse formationnelle, mais l'analyse trans
formationnelle exige des relations supplémentaires, comme celle
de conséquence formelle.
Plus loin, il exhorte les linguistes à « suivre l'exemple de Car
nap », et même à le dépasser, en introduisant des notions sémant
iques, en vue d'aboutir, sans doute, à une théorie encore plus
adéquate 3.
2. Qu'il soit clair que, dans ce qui suit, les critiques ne s'adressent pas à la syntaxe
logique et à la sémantique en tant que telles, mais qu'elles sont dirigées contre la
thèse selon laquelle ces disciplines fourniraient des solutions aux problèmes linguis
tiques. Je me suis librement inspiré de différents exposés critiques de la théorie de la
signification, parmi lesquels je citerai : W. V. Quine, From a logical point of view,
particulièrement les chap. 2, 7, 8 (Cambridge, Mass., 1953); M. G. White, « The analytic
and the synthetic : Ад untenable dualism », John Dewey : Philosopher of science and
freedom (New York, 1950), pp. 316-330, réédité dans Linsky, Semantics and the philo
sophy of language (Urbana, 1952), pp. 272-286.
3. Je ne discuterai pas séparément ces différents projets, puisque, comme j'essaierai
de le montrer, ils échouent pour les mêmes raisons. 44
La manière, affirme-t-il en particulier, dont la majorité des
linguistes conçoit la syntaxe, ne peut permettre de définir et d'ana
lyser avec fruit des relations telles que la relation entre oculiste
et médecin des yeux, et la relation entre l'actif et le passif; les concep
tions de la syntaxe logique conviendraient au contraire, selon lui,
à ces fins. D'où vient cette « adéquation plus grande » de l'approche
proposée? Elle résulte de če que cette approche ajoute certaines
notions primitives à celles qu'utilise ordinairement la théorie li
nguistique. (Les notions primitives d'une théorie sont celles qui ne
sont pas analysées à l'intérieur de la théorie mais qu'on tient pour
accordées, pour bâtir ensuite sur elles la théorie.) Mais que sont
en fait ces notions primitives? L'une est celle de conséquence for
melle, par exemple la relation entre l'actif et le passif. Or si nous
tenons la relation de conséquence pour une relation primitive non
analysée qui se présente précisément dans les cas que nous vou
drions considérer comme des « transformations grammaticales » *,
(comprenant par exemple le cas de l'actif-passif), comment s'éton
ner alors si la conception de la syntaxe fondée sur cette notion
primitive se révèle propre à fournir des relations comme celles de
l'actif-passif? En fait, il suffira de poser cette seule notion primi
tive; point n'est besoin d'y ajouter une élaboration théorique sup
plémentaire. De même, si une de nos notions primitives est la
notion : « synonyme », et si elle se vérifie précisément dans les cas
où nous voulons qu'elle le soit, par exemple, entre oculiste et médec
in des yeux, mais non entre Washington et la capitale des États-
Unis, alors, certes, on n'aura aucune difficulté à établir que oculiste
et médecin des yeux sont liés par cette relation. Mais, on le voit sur-
le-champ, il n'est guère à propos ici de s'en référer à Carnap, à la
syntaxe logique, et à la sémantique. En fait, on n'emprunte à
Carnap aucun de ses résultats; on retient seulement sa croyance
à une clarté intrinsèque de notions comme « conséquence formelle »
et « synonymie », croyance qui l'autorise à construire des théories
variées où ces notions jouent le rôle de termes primitifs dont l'ana
lyse n'est pas requise. Naturellement, une fois qu'on a construit
sur elles, en les prenant comme notions primitives, un système
4. Ainsi, pour Ваг-Hillel, pas de doute que l'interprétation exacte de cette relation
sera telle que Marie était vue par Jean dérive de Jean voyait Marie, mais non Ce gaz
était à telle et tel

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