L évolution de l agriculture européenne au Maroc - article ; n°236 ; vol.42, pg 175-185
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L'évolution de l'agriculture européenne au Maroc - article ; n°236 ; vol.42, pg 175-185

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Description

Annales de Géographie - Année 1933 - Volume 42 - Numéro 236 - Pages 175-185
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 75
Langue Français

Extrait

Marcel Amphoux
L'évolution de l'agriculture européenne au Maroc
In: Annales de Géographie. 1933, t. 42, n°236. pp. 175-185.
Citer ce document / Cite this document :
Amphoux Marcel. L'évolution de l'agriculture européenne au Maroc. In: Annales de Géographie. 1933, t. 42, n°236. pp. 175-185.
doi : 10.3406/geo.1933.10588
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1933_num_42_236_10588175
L'ÉVOLUTION DE L'AGRICULTURE EUROPÉENNE
AU MAROC
I. — Le problème agricole
On a dit que le Maroc vivait des revenus des phosphates ; c'est
exact en ce qui concerne l'économie européenne ; la crise mondiale
a mis ce fait en lumière, en troublant, par la diminution de plus de
moitié des exportations de phosphates, toute la vie économique du
Protectorat. Il ne faut pas oublier cependant que l'élément européen
de la population est infime par rapport à l'élément indigène, et que
ce dernier est rural pour plus des quatre cinquièmes ; l'agriculture
tire aussi son importance de ce qu'elle représente pour nous le seul
moyen de peupler ce pays. Le Maroc a toujours été considéré par la
Métropole comme une terre de peuplement plus que d'exploitation ;
il est donc juste que les questions agricoles soient pour les pouvoirs
publics une préoccupation dominante et que ceux-ci dirigent leurs
efforts vers la solution la meilleure et la plus rapide des problèmes
qui se posent. L'agriculture indigène n'évolue presque pas, d'abord
à cause de la routine des cultivateurs, ensuite parce que les services
du Protectorat ont sur elle très peu de moyens d'action ; il en va
tout différemment de la culture européenne.
Le trait le plus frappant de l'agriculture marocaine est la monoc
ulture des céréales ; suivant les années, 90 à 95 p. 100 des surfaces
cultivées sont consacrées aux céréales, orge et blé dur chez les indi
gènes, blé dur, blé tendre et avoine chez les Européens. L'Administ
ration n'est pas étrangère à cet état de choses ; elle a, par exemple,
introduit le blé tendre au Maroc et l'a favorisé par des primes import
antes.
Les conditions naturelles ne prédisposent pourtant pas le Maroc
à une telle spécialisation. Sans doute, plusieurs régions offrent des
sols assez fertiles (Gharb et Sebou, Chaouïa, Abda, Doukkala) ; mais
partout, sauf dans le Nord, l'irrégularité des pluies et leur insuffi
sance trop fréquente, les invasions d'acridiens, les maladies sont les
sources de nombreux aléas. Les voies de communication sont, enfin,
encore insuffisantes, dès que l'on s'éloigne des centres européens. En
conséquence, les meilleures récoltes elles-mêmes ne connaissent que
des rendements très médiocres. 176 ANNALES DE GÉOGRAPHIE
Voici par exemple les rendements, en quintaux à l'hectare, dune
bonne et d'une mauvaise année :
1980 1981
Blé tendro 4,3 9
Blé dur 5 7,3
Orge 6,3 9,8
La qualité des grains laisse encore beaucoup à désirer. Les prix
de revient sont partout assez élevés et souvent s'y grèvent des frais
de transport, très onéreux. La culture des céréales pour l'exportation,
en particulier du blé, aurait été depuis longtemps abandonnée, — et
aurait encore plus de raisons pour l'être aujourd'hui, devant le fl
échissement des prix agricoles mondiaux, — sans la protection de la
Métropole et le régime des contingentements.
La France, soucieuse de ne pas voir annihilés ses efforts agricoles
au Maroc, accorde à ce pays (comme à l'Algérie et à la Tunisie) l'entrée
en franchise de contingents déterminés de certains produits. Une fois
sur le territoire métropolitain, à l'abri de notre protection douanière,
ils peuvent être écoulés à des prix très supérieurs aux prix mondiaux ;
le blé marocain, profitant en France du droit protecteur de 80 fr. par
quintal, est vendu 80 francs plus cher qu'il ne le serait sur d'autres
marchés ; le Maroc naturellement prohibe sur son territoire l'entrée
des blés exotiques, et les cours des céréales s'y établissent à peu près
au niveau des cours français, compte tenu des frais de transport et
de manutention. Le régime du contingentement s'applique à un grand
nombre d'articles marocains ; c'est pour le blé qu'il présente le plus
d'intérêt, car les exportations des autres produits n'atteignent pas
(sauf exception occasionnelle) les contingents autorisés. Ce contin
gentement des blés avait été fixé en 1928 à 1 700 000 qx par cam
pagne. En 1931, par suite de l'abondance de la récolte et devant la
menace de voir vendre au cours mondial, c'est-à-dire à perte,
l'excédent inexportable en France, le Maroc entreprit de longues
négociations avec la Métropole, dont il obtint un contingent suppléa
mentaire. Pour 1932-1933 et les cinq campagnes ultérieures, la con
férence des contingents a prévu l'entrée en franchise de 1 800 000 qx
de blés marocains en France1.
Le producteur marocain de blé profite donc, au môme titre que le
paysan français, des barrières élevées qui abritent celui-ci de la con
currence des grands pays céréaliers d'outre-mer, — avec cette diffé
rence toutefois que notre agriculture continue, malgré la crise, à
gagner de l'argent, tandis que le colon marocain arrive tout juste à
rentrer dans ses frais, ou à ne pas perdre trop.... Le contingentement
1. Le Maroc peut en outre introduire en France en franchise 60 000 qx de semoules
do blé dur. L'AGRICULTURE EUROPÉENNE AU MAROC 177
généreusement accordé par la Métropole est un artifice dont le carac
tère provisoire aggrave encore le danger ; c'est sur lui pourtant que
repose toute la vie agricole européenne du Protectorat.
On comprend que nous protégions l'hévéa en Indochine ou l'ara
chide au Sénégal, parce qu'il s'agit de produits faisant complètement
défaut sur notre territoire et à la culture desquels ces colonies se sont
montrées, en temps normal, parfaitement appropriées. Il n'en est
pas de môme pour le blé, dont la Métropole n'a qu'un déficit rel
ativement faible, et dont le coût de production est au Maroc beaucoup
plus élevé qu'ailleurs ; rien n'empêcherait la France, un beau jour,
de supprimer les contingents accordés ces dernières années aux blés
d'Afrique du Nord, ou — ce qui aurait pour les colons marocains des
effets analogues — de diminuer ou d'abolir, sous la pression des con
sommateurs toujours désireux de voir baisser les prix, la protection
douanière contre les grains exotiques. La culture du blé au Maroc,
devant la disparition des prix élevés du marché français, serait com
plètement ruinée (sauf peut-être dans quelques coins de la Chaouïa
ou du Gharb où les rendements sont assez bons), et la colonisation
française ne survivrait pas à un tel coup.
On voit quel danger permanent présente pour le Maroc la culture
coûteuse des céréales, — en particulier du blé, qui présente seul un
fort excédent exportable et ne trouverait sur place qu'un débouché
très restreint, — maintenue par l'artifice d'une protection peut-être
éphémère ; au point de vue strictement économique, nous assistons
ici à une hérésie certaine, surtout dans un pays neuf.
II. — Les. réactions de l'agriculture
Pour remédier à ce problème dont la crise mondiale vient d'accen
tuer la gravité, l'agriculture marocaine n'a que deux moyens : soit
améliorer les conditions de sa monoculture céréalière et chercher à
obtenir avec d«s rendements meilleurs des prix de revient plus inté
ressants, — soit diversifier la production agricole, en s'orientant vers
des cultures nouvelles plus rémunératrices.
L'amélioration de la production. — C'est principalement à l'État,
directement ou par l'intermédiaire des coopératives agricoles, qu'i
ncombe la lourde charge de remédier à la négligence de la production
agricole marocaine. L'œuvre à réaliser demanderait, pour atteindre
le but cherché, un effort dépassant peut-être les forces du Maroc :
mais cela reste un des moyens de pall

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