Les images de ?iva dans l Inde du Sud.  - article ; n°1 ; vol.19, pg 85-106
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les images de ?iva dans l'Inde du Sud. - article ; n°1 ; vol.19, pg 85-106

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Arts asiatiques - Année 1969 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 85-106
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Marguerite E. Adiceam
Les images de Śiva dans l'Inde du Sud.
In: Arts asiatiques. Tome 19, 1969. pp. 85-106.
Citer ce document / Cite this document :
Adiceam Marguerite E. Les images de Śiva dans l'Inde du Sud. In: Arts asiatiques. Tome 19, 1969. pp. 85-106.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1969_num_19_1_999IMAGES DE SIVA DANS L'INDE DU SCD LES
VII. — VRSAVSHANAMÎRTI I»
par Marguerite E. ADICEÂM
Siva qui a le taureau (Vrsa) pour monture (vâhana) est, avec Ardhanârïsvara (2),
une des formes du dieu le plus anciennement attestées. Peut-être est-ce même la plus
ancienne si l'on admet avec J. N. Banerjea (3) que c'est Siva qui se trouve représenté
sur une monnaie d'Ujjayinï (iiie-ne s. av. J.-C), où l'on voit un taureau tourné vers
un personnage debout tenant dans ses mains, à droite un bâton, à gauche un vase à
eau.
Quoi qu'il en soit, c'est bien Siva en compagnie du taureau que nous avons dans
de nombreuses monnaies Kusâna des Ier et 11e siècles après J.-C. (4). Or, aux premiers
siècles de l'ère chrétienne également, à l'autre extrémité de l'Inde, dans la littérature
tamoule du Sangam, Siva est justement désigné parfois comme « celui qui a pour
monture le taureau » ou « celui qui monte le taureau » (5).
Mais avant d'être sa monture, cet animal fut l'image de Siva lui-même ; comme
(1) La documentation a été réunie par le groupe de travail de l'Institut Français d'Indologieà Pondichéry
formé de MM. N. R. Bhatt, R. Dessigane, Nilakantha Sarma, P. Z. Pattabiramin et V. M. Subrahmanya
Aiyyar.
(2) Cf. Arts Asiatiques, 1968, Tome XVII, pp. 143-172 : Les Images de S"iva dans l'Inde du Sud : VI
Ardhanârïévara.
Sur l'ancienneté de cette mûrli, cf. J. N. Banerjea, The Development of Hindu Iconography, 2e éd., Calcutta,
1956, p. 181-2 (DM).
(3) DM, pp. 117, 153-4 et PI. I, fig. 13. Cf. aussi une petite statue de « éiva avec Nandi » trouvée avec
des ustensiles de terre cuite, des monnaies, etc. dans une fouille faite à Paithân au Sud d'Aurangabad, et qui
remonterait « to the Shatavahan era 2000 years ago » d'après Dr Moreshwar Dixit, directeur du « Archaeological
Department of Maharashtra Government * (The Hindu, 7/3/66).
(4) Cf. DM, p. 153, Inde Classique I, p. 515, par. 1059, et H. Goetz, Inde, Cinq millénaires d'art, Albin
Michel, 1959, p. 63.
(5) Cf. en particulier AkanâNùIïu 7, 10 ; PuranâNùliu, 1, 3, et un peu plus tard, Kalillokai, 150, 13 ;
Paripâtal, 8, 2, et Cilappatikâram, 30, 141. 86 MARGUERITE E. AD ICE AM
le montrent aussi les anciennes monnaies et les sceaux (1). Cette assimilation ne
disparaît pas lorsque, très tôt (ier s. av. J.-C. ou Ier s. après) (2), la forme humaine de
âiva se généralise : en devenant sa monture, le taureau est encore Siva. A l'occasion
même, ultérieurement, le dieu reprend la forme animale ; par exemple dans le
Sivamahâpurâna (adh. 22-23), où c'est sous cette forme qu'il détruit la progéniture,
désastreuse pour le monde et les dieux, que Visnu, après sa victoire sur les Asura
au temps du barattement de la mer de lait, a engendrée des Apsaras nées de Yamrla.
Ainsi dans cette perspective la monture de âiva est-elle l'un des multiples aspects
du dieu lui-même (3).
Mais pour la légende toute autre est son origine : le Mahâbhârata d'une part et le
Skandamahâpurâna de l'autre nous en proposent une explication bien différente.
Dans le Mahâbhârala nous avons deux versions de cette origine. La première
(1) Cf. J. N. Banerjea, Dill, p. 153, « âiva used to be represented mostly in his bull form in the Gandhara
region... » ; pp.51, 129, 188, 535 et PI. I, fig. 6 et 11. L'auteur signale également, p. 51, quelques vers du Ry Veda
où « Rudra... is called a bull — vfsabha » — Ailleurs, p. 1 12, il cite A. C. Coomaraswamy, History of Indian and
Indonesian Art, p. 45, qui souligne l'antériorité de la représentation thériomorphe de âiva sur sa représentation
anthropomorphe où le taureau est devenu sa monture.
(2) Cf. Dill, p. 535..
(3) Cf. K. Bhattacharya, les Religions brahmaniques dans Vancien Cambodge d'après Vepigraphie el
r iconographie, EFEO, Paris, 1961, où est citée, p. 87 et n. 5, une inscription cambodgienne du début du xie s.,
où cette même conception est exprimée.
Pour les Vïraéaiva d'autre part, Basava (le grand réformateur de la secte, xne s.) est une incarnation de
vfsabha (Basava = vrsabha en kannada) et en tant que tel il est considéré comme un «deuxième âiva» =
dvilïyasambhu (Cf. « Basaveévara in Sanskrit literature », par S. C. Nandimath, p. 418, in Sri Basavesvara,
Eighth Centenary Commemoration volume, Bangalore, 1967). Cette expression se trouve dans le Râmâyana
[dvillyah éahkarah, VIII, 16, 14, si. 16, cité par J. N. Banerjea, Dili, p. 535, n. 1) mais elle est appliquée à
Nandin, le gardien tout-puissant du palais de âiva.
Il y a en effet, très fréquemment, confusion entre la monture de âiva (vjmbha) et son « chambellan »
pour lequel seul, normalement, les textes emploient le nom de Nandin, « celui qui réjouit » (Cf. La Naissance de
Kumâra ( Kumârasambhava ) , traduit du sanskrit par Bernadette Tubini — Connaissance de l'Orient, Gallimard,
1958 — p. 80, n. 1, où la traductrice fait remarquer que « Kâlidâsa désigne toujours la monture de âiva en disant
« le taureau », alors que Nandin désigne « un serviteur attaché au service personnel de âiva »).
Ce chambellan Nandin (ou encore Nandïbvara, Nandikeévara ou Adhikâra-Nandin) est représenté soit
sous forme animale — et c'est pourquoi il est si souvent confondu avec Vfsabha (Notons que le taureau qui se
tient couché devant le sanctuaire de âiva est là en tant que monture et non comme « gardien », et qu'il est
couramment désigné sous le nom de Nandin devenu synonyme de vjsabha) ; soit sous forme humaine avec
certains des attributs et des caractéristiques de âiva (Cf. G. N. Rao, Elements of Hindu Iconography, II, 2,
pp. 155-458, et entre autres images : IFI. 1516. 10 TirumaLapâti, Dt. de TiruccirappaUi, haut-relief early-
CoLa; et 2186-12, Kôvintaputtûr, id., bronze du xie s.) ; soit enfin sous une forme hybride avec un corps
d'homme et une tête de taureau (Cf. IFI 318-10, Uttâttûr, Dt. de Tiruccirappajli pierre du xe-xie s. et 869-10
Cankarakôvil, Dt. de Tirunelvëli, bronze du xie-xne s.). Sous ce dernier aspect il est de préférence appelé
Adhikâranandin.
D'après C. Sivaramamurti (Parallels and Opposites in Indian Iconography, in Journal of Asiatic Society,
lettres, vol. XXI, n° 2, 1955, p. 78) cet Adhikâranandin peut être monture de éiva et il le rapproche de Garuda,
monture de Visnu, qui est, lui, le plus souvent représenté sous forme humaine avec bec et ailes d'oiseau. Il cite
à l'appui une très intéressante représentation du Musée de Djakarta (PI. Ill, fig. 5) où l'on voit en effet, à
côté d'un Visnu monté sur les épaules d'un garuda à forme humaine mais ailé et à bec d'oiseau, un âiva monté
sur les épaules d'un personnage anthropomorphe à tête de taureau, assis comme son voisin en padmâsana.
L'influence du premier sur le second semble évidente ici. Nous ne connaissons jusqu'à présent aucune représen
tation analogue dans le sud de l'Inde. Quoi qu'il en soit, monture ou chambellan, le vrsabha est toujours senti
comme un aspect de âiva lui-même. IMAGES DE ÉIVA DANS L'INDE DU SUD 87 LES
comprend deux récits : édition de Calcutta, Anusâsana Parvan, adh. 77, 10.29 —
cf. éd. de Kumbakônam, id., adh. 112, 1-30 — et adh. 141, 9-12 (trad. Dutt, II,
pp. 170-1 et 286). Dans l'un Bhïsma explique à Yudhisthira l'origine des vaches
Kapilâ — celles qui ont le pelage et la langue bruns et qui sont supérieures à toutes les
autres — , et à ce propos, il raconte l'épisode suivant : quand Daksa eut, sur l'ordre
de son père Brahmâ, créé les bovins, Siva, qui faisait pénitence sur la terre, fut inop
inément aspergé de la mousse de lait tombée des lèvres d'un veau qui tétait sa mère.
Pour apaiser la colère du Dieu, Daksa lui prouve d'abord que ce lait ne saurait être
impur, puis lui offre un taureau. Celui-ci est si agréable à Siva qu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents