Les symboles d une stèle khmère du VIIe siècle - article ; n°1 ; vol.16, pg 111-117
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Description

Arts asiatiques - Année 1967 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 111-117
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Filliozat
Les symboles d'une stèle khmère du VIIe siècle
In: Arts asiatiques. Tome 16, 1967. pp. 111-117.
Citer ce document / Cite this document :
Filliozat Jean. Les symboles d'une stèle khmère du VIIe siècle. In: Arts asiatiques. Tome 16, 1967. pp. 111-117.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arasi_0004-3958_1967_num_16_1_978SYMBOLES D'UNE STÈLE KHMERE LES
DU VIIe SIÈCLE
Par Jean FILLIOZAT
M. Au Chhieng (1) vient de rappeler l'attention sur une inscription khmère
publiée en 1915 par Louis Finot (2) et rééditée en 1942 par M. Cœdès (3). Il s'agit
de K. 66, actuellement conservée au Musée de Phnom Penh (6. 183, D I 42) et qui
provient de Snay Pol dans la province de Prei Ven. Elle n'est pas datée mais son
style paléographique la fait reconnaître comme étant du vne siècle. Elle est gravée
sur les deux faces d'une stèle brisée par le milieu et elle est formée de deux textes de
même écriture, l'un sur une face énumérant des serviteurs donnés à la déesse par un
certain Monseigneur Srï ââlagrâmasvâmin, l'autre, sur l'autre face indiquant la
fondation de « Bhagavati » et la donation à « Bhagavati » de serviteurs par un certain
Àdityasvâmin qui porte le titre de mralân. En haut de la première face est gravée
l'image d'une coquille, en haut de la seconde celle d'une roue dentée à huit rayons.
Finot et jusqu'ici tous les auteurs qui se sont occupés de cette inscription ou,
comme Parmentier (4) par exemple, y ont fait allusion, ont vu dans la première
image celle d'un sâlagrâma, dans la seconde celle d'un soleil, ces images apparaissant,
selon l'expression de Finot, comme les « armes parlantes » respectivement de
Sâlagrâmasvâmin et d'Âdityasvâmin, puisqu'Âditya est un nom du Soleil et qu'elles
sont placées chacune juste au-dessus de l'inscription portant le nom correspondant.
La correspondance de ces images avec ces noms paraît à première vue trop
évidente pour être attribuable au hasard. Pourtant, si la roue évoque bien le Soleil
avec les rayons qui sortent de sa circonférence sous forme de dents, l'identification
du coquillage avec le sâlagrâma fait difficulté car son image est exactement celle,
tout à fait usuelle, du sankha, de la conque de Visnu, couramment représentée en
(1) Études de philologie indo-khmère IV, J.A. 1966, p. 152-153.
(2) Note (Tépujraphie XIX-XX, DEFEO XV, 2, 1915, p. 21-22 et pi. 3.
(3) Inscriptions du Cambodge vol. II 1942, p. 51-53. Voir bibliographie correspondante dans G. Cœdès,
Inscriptions du Cambodge, vol. VIII, p. 87 (sous K. 66).
( 4) DEFEO, XXXV, 1935, p. 33. J. FILLIOZAT 112
même temps que son disque (cakra) sous la forme d'une roue et parce que les sâlagrâma
proprement dits ne sont jamais représentés et ne peuvent l'être sous l'aspect de la
conque, n'étant pas des conques.
Les sâlagrâma sont en effet des empreintes fossiles d'ammonites et non les
les ammonites elles-mêmes. Les pierres portant de telles empreintes sont trouvées
le plus souvent dans le lit de la rivière Gandakï qui les charrie depuis son cours supé
rieur dans les montagnes du Nepal et les roule en galets. Il s'en trouve aussi à Dvârakâ
au Gujrât. La coquille des ammonites n'est pas enroulée en hélice mais sur elle-même
de façon qu'elle est symétrique par rapport au plan passant par le point central de
la spire et coupant la bouche par le milieu. La spire est donc déprimée en son centre
et les empreintes, qui en forment un moule, se présentent comme celles d'une spire
en léger relief coupées de stries transversales, lesquelles correspondent aux lignes
d'accroissements successifs du mollusque.
Les empreintes sont bien entendu plus ou moins complètes. La conque du Visnu
est au contraire une vraie conque, une turbinelle (1), à spire élevée enroulée en hélice
avec une bouche terminée du côté opposé à la spire par un siphon allongé, formé lui-
même de deux lèvres ou en gouttière effilée à son extrémité distale. Si on tient la
spire en haut et le siphon en bas, regardant la coquille du côté de la bouche, celle-ci
est asymétriquement placée soit à droite, soit à gauche, le mollusque pouvant
s'enrouler dans un sens ou dans l'autre. La coquille est dite « dextre » quand la bouche
est à droite, « sénestre » quand elle est à gauche. C'est la coquille sénestre, la plus
rare, qui est spécialement le sankha de Visnu (2) et dans les représentations indiennes
ordinaires de la conque tenue verticalement la spire en haut, c'est bien à gauche
qu'est figurée la bouche. Dans certaines représentations plus rares, la conque sénestre
est figurée tenue la spire en bas, la bouche est alors à droite. C'est le cas dans l'image
du Visnu couché de Sultanganj que M. Sahai publie ici-même (p. 57). Mais les
représentations abondent où la conque n'est pas la sénestre mais la dextre ordinaire.
Au Cambodge, le siphon de la conque au lieu de se terminer en pointe comme
celui de la coquille naturelle, est souvent figuré avec les deux lèvres allongées et
allant en s'élargissant. Mais sur la stèle qui nous occupe, c'est la forme classique qui
se présente schématisant exactement la coquille naturelle dextre. Il est donc certain
que la représentation est celle du sankha et non du sâlagrâma comme l'a déjà remarqué
M. K. Bhattacharya, tout en admettant qu'il s'agissait d'un sâlagrâma revêtant ainsi
exceptionnellement l'aspect d'une conque (3).
(1) Cf. Arnould Locard, Les coquilles sacrées dans les religions indoues, Ann. Musée Guimet, t. VII, Paris,
1884, p. 291 et suivantes.
(2) En tamoul une coquille du type que nous appelons « sénestre » se nomme valampuriccanku « coquille
qui tourne à droite ». Si, en effet, on considère la coquille sénestre en tenant la spire en bas, au lieu de la tenir
en haut, les tours de spire apparaissent comme allant dans le sens du pradak«ina, circumambualtion autour
d'un objet en lui présentant la droite.
(3) Les religions brahmaniques dans l'Ancien Cambodge, Publ. E.F.E.O. XLIX, Paris, 1961, p. 119. SYMBOLES D'UNE STÈLE KUMËRE DU VIIe SIÈCLE 113 LES
A notre avis, il n'est pas même possible de penser que la conque peut représenter,
fut-ce à titre exceptionnel, le éâlagrâma. C'est la notion répandue communément que
le éâlagrâma est une coquille fossile qui fait admettre aisément qu'on ait pu le figurer
par une conque. Mais cette notion, fournie par les voyageurs et les dictionnaires
européens, est en désaccord avec l'observation des éâlagrâma eux-mêmes et avec les
données des textes indiens.
En 1 782, Sonnerat cité par M. J. Gonda ( 1 ) comme mettant en rapport neuf nuances
différentes que les Indiens selon lui, trouvaient dans les éâlagrâma avec les neuf
incarnations de Visnu, avait rapporté de l'Inde un de ces que Sonnini a
examiné et où il a reconnu qu'il ne s'agissait pas d'une coquille fossile mais qu'il a
décrit comme un « schiste argileux dans lequel une ammonite a fait sa cavité » (2).
Il en est de même de ceux que j'ai pu examiner personnellement (3). Surtout les
textes décrivant les éâlagrâma comme des pierres portant des marques de cakra et
non pas de éankha. Ces textes, quoique l'un des principaux d'entre eux, celui du
Vârâhapurâna, ait été reproduit in extenso dans le Sabdakalpadruma (sous le mot
éâlagrâma) ont été longtemps négligés, même des auteurs qui ont utilisé pour leurs
propres dictionnaires cette mine encyclopédique de la culture classique indienne.
Or le Sabdakalpadruma définit le éâlagrâma comme une sorte d'image de Visnu et
comme une « pierre provenant de la Gandakï et pourvue du cakra fait par un taret
et comme une pierre analogue provenant de Dvârakâ (4). M. Rasik Vihari Joshi a
résumé le texte du Vârâhapurâna et plusieurs autres d'où il ressort que, selon les
caractéristiques données à ces pierres par leur forme, leur couleur, les cercles et les
trous et autres marques qu'elles portent, elles représentent différentes formes de
Visnu (5). Les principaux textes relatifs au éâlagr

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