Thierry d Hireçon, agriculteur artésien (13..-1328) [premier article]. - article ; n°1 ; vol.53, pg 383-416
35 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Thierry d'Hireçon, agriculteur artésien (13..-1328) [premier article]. - article ; n°1 ; vol.53, pg 383-416

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
35 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1892 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 383-416
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jules-Marie Richard
Thierry d'Hireçon, agriculteur artésien (13..-1328) [premier
article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1892, tome 53. pp. 383-416.
Citer ce document / Cite this document :
Richard Jules-Marie. Thierry d'Hireçon, agriculteur artésien (13.-1328) [premier article]. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1892, tome 53. pp. 383-416.
doi : 10.3406/bec.1892.447703
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1892_num_53_1_447703THIERRY D'HIREÇON
AGRICULTEUR ARTÉSIEN
(13.. -1328).
Dans une étude sur Mahaut, comtesse d'Artois et de Bourgogne,
j'ai donné quelques pages à un homme qui, après avoir été le ser
viteur dévoué de Robert II d'Artois, et en diverses occasions
l'agent du roi Philippe le Bel, joua près de Mahaut le rôle de cons
eiller intime et écouté, à Thierry d'Hireçon. Sorti de la bourgade
du Berry dont il portait le nom, clerc au service de Robert II,
pourvu rapidement de nombreuses prébendes, prévôt de la collé
giale d'Aire, propriétaire de maisons à Paris, de terres en Artois,
dont il se plaît à augmenter chaque année le nombre et l'étendue,
très riche, très puissant, obligé de fuir devant la coalition de la
noblesse artésienne en 1315, réfugié à Avignon malgré sa part
prise aux missions de Nogaret près de Boniface VIII, rentré en
Artois après la pacification du pays, se décidant, déjà vieilli, à
recevoir la prêtrise, il est enfin élu à l'évêché d'Arras : au mois
de mars 1328, il prend possession de ce siège episcopal, et il meurt
le 17 novembre de la même année.
Des documents qui ne rentraient pas dans le cadre de cette
étude nous révèlent un autre aspect de la physionomie de cet
homme habile et ambitieux; ils nous le montrent menant de
front les affaires de la politique et les soins de ses domaines
ruraux, s'intéressant aux choses des champs, visitant tour à
tour ses diverses exploitations, recevant des comptes détaillés
des recettes et des dépenses annuelles. Sous cet aspect, Thierry
d'Hireçon nous apparaît comme un riche et intelligent agricul
teur des premières années du xive siècle.
Une grande partie de ses domaines, peut-être la meilleure, est THIERRY D^HIREÇON 384
cultivée par des gens à ses gages, et c'est surtout après la mort
de Philippe le Bel, après les troubles de l'Artois, qu'il appliqua
à ses terres ce mode d'exploitation personnelle où la direction du
maître est prépondérante, comme si l'intérêt des travaux agricoles
était venu charmer sa retraite et occuper les loisirs imposés par
les vicissitudes politiques, les changements de règnes et d'idées.
Aussi déserte-t-il souvent son hôtel de la rue Mauconseil à Paris * ,
pour aller résider en quelqu'une de ses maisons rurales : ses
comptes attestent de longs et fréquents séjours en Artois dans
cette dernière période de sa vie. Il y possède plusieurs habitations,
mais sa maison de Bonnières 2 paraît avoir été sa résidence pré
férée : elle était le centre d'un domaine important. On le voit
intervenir directement dans des marchés relatifs aux construc
tions rurales d'Équerchin, de Roquestor, de Gosnay; chaque
année, ses agents lui fournissent un compte précis et détaillé
comprenant jusqu'aux gages et aux noms des ouvriers employés
dans ses domaines, jusqu'aux plus petites dépenses d'alimentation
et d'outillage. C'est assez dire quel intérêt il portait à ses exploi
tations agricoles et comment il les dirigeait de son expérience et
de son autorité. Quelques jours avant sa mort, le 3 novembre
1328, il entend encore à Hesdin les comptes de Pierre Loisel
relatifs à son domaine de Bonnières.
De toute cette comptabilité, tenue avec un soin minutieux, il ne
reste malheureusement que des débris : un certain nombre de
comptes, parfois incomplets, rarement consécutifs, des domaines
de Bonnières et Roquestor, quelques débris pour d'autres terres;
à ces documents , on peut joindre quelques comptes du même
temps de l'hôpital de Gosnay, maison essentiellement rurale, que
Thierry avait fondée avec la comtesse Mahaut. A l'aide de ces
textes, il est possible de connaître dans une certaine mesure l'état
de l'agriculture dans les propriétés du prévôt d'Aire, ce qu'on y
récoltait, quels animaux on y élevait, quel matériel agricole y
était en usage, quels étaient les gages des serviteurs et des
ouvriers, quels prix atteignaient les céréales et les bestiaux.
Sans doute, si Ton voulait généraliser, il conviendrait de
1. Acheté en 1298 à Raoul de Beaumont et agrandi par l'acquisition de la
maison de Julien Bonnefille l'année suivante. (Archives du Pas-de-Calais,
A 872.)
2. Canton d'Auxi-le-Château, arrondissement de Saint-Pol. AGRICULTEUR ARTÉSIEN. 385
rechercher ailleurs, notamment dans les archives des nombreuses
abbayes d'Artois, les documents agricoles qui n'y manquent pas;
mais les restes d'une comptabilité rurale du commencement du
xive siècle y sont au moins très rares. En tout cas, dans cette
histoire future de l'agriculture artésienne au moyen âge, bien
digne de tenter un érudit, la figure de l'agriculteur Thierry d'Hi-
reçon ne devrait pas être oubliée, et l'étude de ses comptes ruraux
pourrait être consultée comme une modeste monographie.
I.
LES MODES D'EXPLOITATION.
Le fermage ou bail à cens à des conditions variées est le mode
d'exploitation le plus usité ; il convient, en effet, mieux que tout
autre aux propriétaires qui, pour mille raisons, ne veulent ou ne
peuvent s'occuper directement du soin de faire valoir leurs terres.
Tel était le cas des grands seigneurs dont la vie assez nomade
alors se passait souvent hors de leurs domaines. La plupart des
terres et des revenus de la comtesse d'Artois sont affermés ; Thierry
d'Hireçon afferme, lui aussi, une bonne partie de ses propriétés,
surtout avant 1320 ; les comptes mentionnent des censiers à Bon-
nières, à Caumont, à Goges, à Baisieu, à Equerchin, à Férières,
à la Garnoye, à Vis-en- Artois, etc. Une terre à Fouquestun, au
bailliage1 d'Aire, est affermée au prix de 12 sous la mesure; la
terre de Sailly-en-Ostrevent, qui plus tard 'fut soumise au mode
d'exploitation directe, était louée jadis à raison de 6 rasières de
blé par rasière de terre ensemencée, et de 5 rasières d'avoine par
rasière ensemencée de ce grain ; telles étaient les conditions du
bail accordé au censier, lorsqu'en 1310 Thierry avait acheté
cette terre aux moines de Marchiennes ; mais il s'était empressé
d'augmenter le prix du bail d'une demi -rasière de blé et d'une
demi-rasière d'avoine, ce qui provoquait, en 1316, une réclamat
ion du censier disant que cette aggravation jointe à divers déboires
entraînait pour lui des charges ruineuses.
On peut encore citer des terres du bailliage d'Hesdin affermées
1. Sur les bailliages d'Artois, voir Introduction au tome II de l'Inventaire
sommaire de la série A des Archives du Pas-de-Calais. (Tirage à part : in-4°;
Arras, 1886; impr. du Pas-de-Calais.) THIERRY D'HIREÇON 386
en 1321 à des prix variant de 4 sous 6 deniers à 7 sous le jour
nal ; la même année, 24 mencaudées sises au bailliage d'Arras
données à cens « toutes vuides » à 12 sous la mencaudée pour
trois années. Un peu plus tôt, en 1312, au même bailliage, on
afferme des terres à raison de 3 mencauds de blé par mencaudée
de terrain, quand elles sont ensemencées en blé, et un mencaud
seulement lorsqu'elles sont « au march, » c'est-à-dire ensemenc
ées avec les grains de printemps.
Dans un compte de 1329, on trouve une terre de la comtesse
Mahaut, au bailliage d'Aire, affermée au prix de 6 sous la mesure ;
une autre, située près de Mametz, d'une étendue de 10 mesures
est louée au prix de 10 livres 5 sous : on donne de plus au cen-
sier « plenté de maises terres et de ries que nuls ne veut prendre
ne ahaner, » et qu'il exploitera sans augmentation de prix1.
Le métayage est appliqué

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents