Une officine céramique d époque gallo- romaine à Pabu (Côtes-du-Nord) - article ; n°1 ; vol.78, pg 197-209
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Une officine céramique d'époque gallo- romaine à Pabu (Côtes-du-Nord) - article ; n°1 ; vol.78, pg 197-209

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Bretagne - Année 1971 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 197-209
13 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Bertrand Chiche
Une officine céramique d'époque gallo- romaine à Pabu (Côtes-
du-Nord)
In: Annales de Bretagne. Tome 78, numéro 1, 1971. pp. 197-209.
Citer ce document / Cite this document :
Chiche Bertrand. Une officine céramique d'époque gallo- romaine à Pabu (Côtes-du-Nord). In: Annales de Bretagne. Tome 78,
numéro 1, 1971. pp. 197-209.
doi : 10.3406/abpo.1971.2609
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1971_num_78_1_2609BERTRAND CHICHE
Une officine céramique d'époque
gallo-romaine à Pabu (Côtes-du-Nord) *
Pabu est une petite localité située à quatre kilomètres au
nord de Guingamp. L'argile y étant de bonne qualité, très
tôt des potiers s'y installèrent. Un acte de 1498 faisant
mention d'un droit prouve l'importance de l'industrie céra
mique de Pabu au xve siècle. Jusqu'à la guerre de 1914-1918,
ce village possédait l'une des premières manufactures bre
tonnes de poterie. Ses produits étaient diffusés dans toute
la région, et y jouissaient d'une solide renommée.
Il y a quatre ans, M. Yves Sourilais, cultivateur au
« Grand-Kermin », lieu-dit situé à l'est de la commune,
mettait au jour fortuitement un four dans un champ situé
en face de la ferme (1). La nouvelle de cette découverte se
répandit rapidement de façon officieuse dans les environs.
Peu de temps après, des personnes, plus curieuses que mal
intentionnées, le dégagèrent en partie. Poursuivant leur
activité clandestine, elles mirent au jour le départ d'un
second, puis remblayèrent le tout.
En 1969, un professeur du lycée de Guingamp m'informa
de ces faits et m'apporta quatre photographies des deux
fours que je pus ainsi identifier comme étant des fours
de potiers. Le risque de voir se renouveler ce type d'explo
ration, et le projet de mise en pâture de la parcelle, nous
décidèrent à faire une petite fouille de sauvetage sur ce site
du 23 au 30 mars 1970.
Il s'agissait certes d'un gisement rnultilé, mais du fait
* Les plan, coupe, et dessins illustrant cet article ont été réalisés par
M. J.-C. Faure, cartographe à l'I.G.N., Mlles A. Ruaudel, dessinatrice à
PI.G.N., et Ch. Nicomette. Nous les en remercions.
Outre l'auteur, directeur du chantier, ont participé à cette fouille :
MM. Boussard, Y. Cabaret, Ph. Camby, D. Huvet, .1. Larmet, P. Le Berre,
A. Menant et Y. Tripoz ; Mlles O. Le Bouder et A. Le Carrou.
(1) II s'agit de la parcelle cadastrale n° 174 de la section B. 198 OFFICINE CERAMIQUE GALLO-ROMAINE A l'ABU
même de leur rareté (2), il était important de redégager
ces fours pour les relever et les étudier. De plus, connais
sant d'après les photographies les limites du sondage clan
destin, nous pouvions prolonger notre fouille au-delà de
cette zone. Une longue tranchée de sondage de direction
ouest-est dans la partie haute du champ servit de point de
départ à notre quadrillage (fig. 1) :
PABU 19 70
le Grand Kermin
X
Fig. 1. — Plan de la fouille ail 30 mars 1970 OFFICINE CÉRAMIQUE GALLO-ROMAINE A PARU 199
I. — LES FOURS
Topographiquement le terrain présente une légère pente
en direction de l'est. Le substratum d'argile jaune compacte
est subjacent à une couche de terre végétale épaisse de
0,40 m. Les deux fours (fig. 1 et 2), excavés et orientés
ouest-est, sont de dimensions assez modestes. Leur forme
est sensiblement circulaire.
Fig. 2. — Coupe sud-nord montrant la structure verticale de FI et F2
— Le four 1 (fig. l et 2) a été très abîmé par la fouille clan
destine. La fosse de chaufferie sensiblement circulaire (dia
mètre : 1 m) est excavée. Sa profondeur est de 0,25 m. Des
blocs de granulite ont été enfoncés dans l'argile pour éviter
que celle-ci ne s'affaisse après le creusement. Elle contenait
des cendres provenant de la chambre à feu, d'où elles étaient
retirées, après chaque cuisson, à l'aide d'un ringard. Les
quelques tessons mêlés aux cendres ont dû tomber de la
chambre de cuisson dans la chambre à feu par un trou de
la sole. Ualandier est long de 1,50 m et large de 0,50 m.
Ses parois ont été détruites, mais quelques morceaux de
tuiles et des pierres en place suffisent à donner une idée des
matériaux utilisés pour leur élévation.Son sol est en pente
douce vers la fosse de chaufferie. Cette disposition particul
ière était sans doute destinée à faciliter le travail du rin
gard. Du fait de la disparition des piliers de l'alandier, le
mur de façade du four est également détruit. Plus à l'ouest,
la chambre à feu de forme cylindrique a un diamètre de
(2) Une récente fouille de sauvetage au Parc Saint-Martin à Rennes
a permis de dégager un four gallo-belge du milieu du 1er siècle. OFFICINE CÉKAMIQUE GALLO-HO.MAINE A PAIR' 200
.• • , '-v »»'-',../* t
— Le four 2 vu de l'est Fig. 3.
1,60 m. Sa paroi ne possède pas de rebord. La sole, et son
support central, ont disparu. Nous savons cependant qu'ils
existaient puisqu'une attache de pilier est encore visible
à la base du côté ouest de la chambre, dont on peut ainsi
évaluer la hauteur à 0,35 m. Par voie de conséquence, cela
montre que la chambre de cuisson était aux trois-quarts
enterrée. Pour construire les deux chambres, le potier a
creusé une fosse qu'il a enduite d'une couche de 0,02 m de OFFICINE CERAMIQUE GALLO-ROMAINE A PABU 201
glaise rapportée. Celle-ci, sous l'action répétée de feux
réducteurs (3), a pris une teinte grise.
Au total, nous ne savons pas comment était faite la sole
et la coupole terminale de ce four. Le contenu ancien de la
chambre à feu aurait pu nous apporter de précieuses indi
cations à ce sujet. Selon l'un des fouilleurs officieux, elle
était bourrée de tessons de poterie.
— Le four 2 (fig. 3 et -4) a également fait l'objet d'une
exploration clandestine. Malgré cela, il nous est parvenu
dans un meilleur état de conservation que le précédent,
dont il est éloigné de 1,15 m. Il est construit suivant la
Fig. 4. — Bloc diagramme montrant la structure du four 2
même orientation ouest-est. Mais ses dimensions sont plus
modestes : le diamètre est de 1 m, la profondeur de 0,55 m.
La fosse de chaufferie est piriforme. Ses dimensions sont
les suivantes : longueur : 1,85 m ; largeur : 0,30 m. Elle était
également emplie de cendres. Une coupe stratigraphique
levée à cet endroit (paroi est de A 1) montre qu'après l'aban-
(3) P. 202. 202 OFFICINE CÉRAMIQUE GALLO-ROMAINE A PABU
don de l'installation, on a remblayé les fours avec des maté
riaux de destruction : briques, terre cuite, tessons... L'alan-
dier, lui aussi excavé, est long de 1 m et devait avoir, à
l'origine, une hauteur de 0,80 m. Ses deux piliers ont été
construits avec des tuiles empilées rebords vers le bas en lits
horizontaux : au total, douze assises de tuiles scellées à la
glaise supportaient originellement les « tegulae » (4) de la
voûte, enlevées par la fouille clandestine. Le mur de façade
était formé par les tuiles de la couverture et les piliers Cte
l'alandier. La forme de la chambre de cuisson est également
cylindrique. Sa paroi ne possède pas de rebord, mais la sole
disparue reposait sur deux piliers cylindriques horizontaux
(0,50 m X 0,35 m) espacés de 0,10 m, et façonnés dans le
substratum lors du creusement de la chambre. Celle-ci est
entièrement excavée. Ses parois et celles de la chambre à
feu sont enduites d'une couche de glaise qui recouvre éga
lement les deux piliers centraux. Pareillement au four pré
cédent, la teinte grise de ce revêtement témoigne d'une pr
édominance des cuissons réalisées en atmosphère réductrice ;
des feux oxydants fréquents auraient en effet donné une
couleur rouge brique à l'enduit. A chaque cuisson on devait
surélever la chambre au moyen d'une coupole sans doute
percée en son centre d'une cheminée — comme les meules
de charbonnier. Il en reste un petit morceau à partir duquel
il est aisé de retracer le principe de son élévation d'ensemb
le. Sur une armature de branchages disposée au-dessus de
la chambre de cuisson, on a appliqué de la glaise. Le durci
ssement de la terre a été, ensuite

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents