Vocabulaires de Quarante-Huit. Correspondances et classements - article ; n°1 ; vol.222, pg 536-555
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1975 - Volume 222 - Numéro 1 - Pages 536-555
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Salem
Maurice Tournier
Vocabulaires de Quarante-Huit. Correspondances et
classements
In: Annales historiques de la Révolution française. N°222, 1975. pp. 536-555.
Citer ce document / Cite this document :
Salem André, Tournier Maurice. Vocabulaires de Quarante-Huit. Correspondances et classements. In: Annales historiques de la
Révolution française. N°222, 1975. pp. 536-555.
doi : 10.3406/ahrf.1975.992
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1975_num_222_1_992VOCABULAIRES DE QUARANTE-HUIT
CORRESPONDANCES ET CLASSEMENTS
Les études de vocabulaire ne consistent pas à comparer
n'importe quels mots n'importe comment. L'hypothèse de
comparaison une fois posée, il faut préalablement à l'analyse
résoudre deux problèmes : sur quelles données travailler, à
quelle méthode recourir ? Ces deux problèmes résolus, il ne
reste plus qu'à appliquer la méthode aux données pour voir
dans quelle mesure les résultats obtenus confirment ou
infirment l'hypothèse.
De quels « modèles lexicaux » le vocabulaire ouvrier de
la Révolution de 1848 est-il le plus proche ? Nous avons posé
par hypothèse qu'il pouvait exister des rapports quantitatifs
intéressants entre l'usage fait du lexique par différents inter
venants ouvriers de cette révolution, et l'usage propre à
d'autres intervenants ou d'autres traditions. Soyons précis :
un échantillonnage relativement ample, puisqu'il contient
presque 220 000 occurrences de 16 700 termes (1), nous permet
d'envisager la confrontation de dix sources documentaires.
Cinq d'entre elles sont ouvrières :
1) 53 pétitions à signataires ouvriers (écrites de mars à
juin 1848), prélevées pour l'essentiel dans les dossiers C 2232
et C 2233 des Archives nationales;
2) 45 chansons populaires politiques à rédacteurs ouvriers
(février-juin 1848), sélectionnées parmi les feuilles volantes
recueillies à la Bibliothèque nationale sous la cote Ye 7185;
(1) La technique et les matériaux de cet échantillonnage seront
exposés en détail dans la l're partie d'un ouvrage en voie d'achèvement :
Un vocabulaire ouvrier en 181&. Essai de lexicométrie (à paraître dans la
Collection « Travaux et Recherches de Science politique »). VOCABULAIRES DE QUARANTE-HUIT 537
3) 25 extraits des Carnets, lettres, brochures et articles
du Représentant du peuple de Proudhon, datant également
quant à leur écriture de février à juin 1848;
4) un sondage systématique opéré dans toutes les livrai
sons de L'Atelier, parues entre le 27 février et le 20 juin 1848,
numéros 6 et 19 inclus (B.N., Le2 1474) ;
5) un rassemblement de textes mutuellistes ou compa-
gnonniques à usage externe, datant des années 1830 (exact
ement de 1828 à 1839), cités par divers historiens du mouvement
ouvrier (Aguet, Chauvet, Rude, Kessel, Dolléans, Gossez...).
Face à ces échantillons admis comme représentatifs
chacun d'un certain courant d'écriture, cinq sources non
ouvrières fournissent des documents comparables :
1) 18 extraits des discours de Lamartine prononcés entre
le 24 février et le 12 juin 1848;
2) 18 extraits des Carnets et des discours de Victor Hugo
(23 février-20 juin);
3) 21 extraits des discours de Louis Blanc prononcés
soit au Luxembourg (1er mars-29 avril), soit à l'Assemblée
(6 mai-13 juin) ;
4) 45 échantillons de textes issus des clubs « rouges »
ou signés par des militants des anciennes sociétés secrètes
républicaines, plus particulièrement représentatifs des tendanc
es Blanqui et Barbes (extraits des Affiches Rouges et des
Murailles Révolutionnaires, recueils de la B.N., ou bien des
œuvres publiées de Blanqui, Raspail...) ;
5) les trois derniers discours de Robespierre à la Convent
ion datant de 1793 (17 novembre, 5 décembre et 25 décembre).
Notre matériau de départ consiste donc en huit échant
illons quarante-huitards (quatre ouvriers et quatre non
ouvriers), et en deux recueils de textes supposés représentatifs,
soit de la tradition jacobine (le Robespierre de fin 1793), soit
d'une certaine tradition mutuelliste (citations des années
1830 d'origine ouvrière).
Le premier problème (sélection des données en fonction
de l'hypothèse de comparaison) étant ainsi résolu, reste le
second : quelle méthode d'analyse choisir ?
Comparer 16 700 formes de vocabulaire d'après les
fréquences qu'elles prennent chez dix émetteurs, peut se
résoudre de plusieurs manières. On peut élire une forme-témoin
(la plus fréquente des lexicales, par exemple) et broder autour 538 A. SALEM ET M. TOURNIER
d'elle des commentaires quant à ses différents emplois :
c'est ce que nous avons fait pour le terme « peuple » (2).
On peut sélectionner une norme de vocabulaire commun et,
par des comparaisons par couple d'émetteurs, remonter à un
classement de leurs parentages : c'est ce que nous avons
tenté à l'aide de coefficients de corrélation (3).
On peut enfin avoir l'ambition de traiter toutes les
variables ensemble de manière systématique et de dégager les
axes de classement sur lesquels les rapports des vocabulaires
s'expriment le mieux : à cette fin, la statistique fournit les
outils bien rodés de l'analyse factorielle des correspondances
et de l'analyse hiérarchique. Nous passerons sur les aspects
mathématiques de ces analyses. Ils ont été évoqués ailleurs,
et en parfait « langage d'honnête homme », soit par A. Prost
(4), soit par M. Demonet et P. Lafon dans notre ouvrage
collectif sur le vocabulaire des tracts de mai 1968 (5).
L'intérêt majeur de ces démarches réside dans leur
objectivité et dans l'image décantée qu'elles donnent des
confrontations opérées. Par leur application brutale en
machine, elles éliminent au maximum l'influence souvent
néfaste des idées a priori que le chercheur peut avoir sur son
corpus. Partant du tableau à double entrée (nombre des formes
X nombre des sources) issu du comptage des occurrences de
chaque forme lexicale dans chacune des dix sources, les
méthodes d'analyse des données vont tenter de mettre en
évidence, hors de toute intuition, les similitudes et les grandes
oppositions qui existent entre ces différentes sources du point
de vue du stock de vocabulaire qu'elles emploient.
L'analyse factorielle des correspondances, à laquelle nous
aurons recours en premier, permet d'établir (outre les valeurs
de proximité qui mettent en correspondance les formes
lexicales entre elles d'une part, et les sources entre elles
d'autre part) une valeur de proximité qui concerne à la fois
les sources et les formes. Aussi l'ordinateur propose-t-il des
(2) Cf. « Le mot Peuple en 1848 : désignant social ou instrument
politique ? », Romantisme, 1975, n° 9, p. 6-20.
(3) Cf. « Le vocabulaire des pétitions ouvrières de 1848 : étude des
parentages statistiques », paru en annexe à R. Robin, Histoire et linguis
tique. Paris, A. Colin, 1973, p. 261-303.
(4) Cf. Le des proclamations électorales de 1881, 1885 et
1889. Paris, P.U.F., 1974, p. 77-91 et sq. Pour un exposé proprement
mathématique de ces analyses, voir J.-P. Benzécri, L'analyse des données.
Paris, Dunod, 1973-74, 2 vol.
(5) Des tracts en Mai €8. Mesures de vocabulaire et de contenu.
Paris, Fondation nationale des Sciences politiques et A. Colin, 1975,
p. 41-46 et p. 170-183. VOCABULAIRES DE QUARANTE-HUIT 539
graphiques où en principe une forme lexicale se trouvera
dans le voisinage des émetteurs qui ont tendance à la suremp
loyer; deux sources seront d'autant plus proches qu'elles
utilisent les mêmes mots dans les mêmes proportions; deux
formes d'autant plus proches qu'elles sont abondantes ou
defectives chez les mêmes émetteurs. Les programmes four
nissent en outre une série de documents qui permettent
d'apprécier avec exactitude la qualité de la représentation
simplifiée que l'on obtient en projetant l'ensemble des données
sur le plan des axes factoriels les plus explicatifs.
Objectivité, clarté et fiabilité, tels sont aussi les intérêts
de l'analyse hiérarchique. Partant du même tableau de données,
on peut se fixer pour but de réunir

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