La Joconde, Léonard de Vinci
26 pages
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Description

Walter Isaacson, auteur best-seller de « Steve Jobs », tisse dans cet ouvrage unanimement salué par la critique un récit de la vie intime et publique de Léonard de Vinci, basé sur les milliers de pages des carnets qu’il a laissés et de nouvelles découvertes sur sa vie et son oeuvre. Il dépeint l’émergence de son génie, alimenté par une curiosité passionnée, une capacité d’observation de tous les instants et une imagination sans limites.
https://www.editionsquanto.com/produit/14

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Informations

Publié par
Publié le 05 février 2019
Nombre de lectures 21
EAN13 9782889152636
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

A C
I
L a biog r aph ie
V
S O N
L T E R
É O N A
B E S T-S E L L E RT I M E SN E W Y O R K ST E V E JO B SE T E I N ST E I N PA R L’AU T E U R D E
L
I S A
W A
N C I
R
D E
D
B E S T-S E L L E RY O R K N E W T I M E S
Extrait de la biographie de Léonard de Vincipar Walter Isaacson
+d’infos
IL A ÉTÉ LEGÉNIELE PLUS CRÉATIF DE L’HISTOIRE. QUELSSECRETSPEUT-IL ENCORE NOUS APPRENDRE ?
www.editionsquanto.com
IntroductionChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Sommaire
Remerciements
Personnages principaux
Monnaie de la Renaissance italienne
Remarque sur la première de couverture
Principales périodes de la vie de Léonard
Chronologie
Je suis aussi peintre Enfance Apprenti
Seul Milan Les carnets de Léonard
Amuseur de la cour Vie privée Homme de Vitruve
Le monument Sforza
Scientifique
Oiseaux et vol
Les arts mécaniques
Mathématiques
La nature de l’homme
7 9 11 11 11 12
17 25 37 79 101 115 121 137 147 165 175
185 193 203 215
6
Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Chapitre 25Chapitre 26Chapitre 27Chapitre 28Chapitre 29Chapitre 30Chapitre 31Chapitre 32ChapitreChapitre 33Épilogue
Léonard de Vinci
Vierge aux rochers
Les portraits milanais
La science de l’art La CèneBouleversements personnels
Retour à Florence
Sainte Anne
Peintures perdues et retrouvées
César Borgia
Léonard hydraulicien
Michel-Ange et les Batailles perdues
Retour à Milan
Anatomie, deuxième période
Le monde et ses eaux Rome Montrer la voie La JocondeFrance Conclusion « Décris la langue du pivert »
Abréviations des sources fréquemment citées Notes Crédits des illustrations Index Sur l’auteur
225 237 259 277 291 297 313 321 333 345 353 377 389 419 437 455 467 485 505 513 515 521 565 567 592
Fig. 134
La Joconde.
Chapitre 31La Joconde
L’apogée
Et voici enfinLa Joconde(fig. 134). Le chapitre sur la pièce de résistance de Léonard aurait pu être placé plus tôt dans ce livre, car l’artiste commence à travailler sur cette œuvre en 1503 quand il retourne à Florence après avoir quitté son poste auprès de César Borgia. Cependant, au moment où il regagne Milan en 1506, il n’a pas encore achevé le tableau. En fait, il ne se séparera jamais de cette œuvre et continuera à y travailler durant toute sa seconde période à Milan, puis durant ses trois années passées à Rome. Il l’emportera même en France dans la dernière étape de son chemin de vie, y ajoutant de petites touches et de légères couches jusqu’en 1517. La peinture sera retrouvée dans son atelier à sa mort. Il est donc logique de considérerLa Jocondeune œuvre de la comme fin de sa carrière et de la voir, dans chacun de ses détails, comme l’apogée d’une vie dédiée au perfectionnement d’une aptitude à associer art et nature. Le panneau de peuplier recouvert de multiples couches de glacis d’huiles légères, appliquées au fil des années, matérialise les nombreuses dimensions du génie de Léonard. Ce qui est au départ le portrait de la jeune épouse d’un marchand de soie se mue en une double quête : la représentation de la com-plexité des émotions humaines, rendue de façon marquante par le mystère d’un sourire suggéré, et l’évocation des liens entre notre nature et l’univers qui nous entoure. Deux paysages s’entrelacent, celui de l’âme de Mona Lisa et celui de l’âme de la nature. Quarante ans avant d’apporter ses dernières touches àLa Joconde, alors qu’il travaille encore au sein de l’atelier de Verrocchio à Florence, le jeune Léonard honore une autre commande, le portrait d’une femme, Ginevra de’ Benci (fig. 14). À première vue, les deux tableaux présentent des simi-litudes. Leurs modèles sont toutes deux les nouvelles épouses de drapiers florentins et posent devant une rivière, le buste de trois quarts. Néanmoins, les diérences entre ces deux œuvres sont proprement saisissantes. Elles montrent les progrès accomplis par Léonard en tant que peintre et, plus
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important encore, la maturité qu’il a acquise comme scientifique, philosophe et humaniste.Ginevra de’ Benciest le fruit du travail d’un jeune artiste aux éblouissants dons d’observation.La Jocondeest l’œuvre d’un homme qui a utilisé ces dons sa vie durant pour nourrir ses passions intellectuelles. Les recherches consignées au fil de milliers de pages dans ses carnets – rayons lumineux frappant des objets aux formes courbes, dissections de visages humains, volumes géométriques transformés en nouvelles formes, flux d’eaux turbulentes, analogies entre la terre et le corps humain – l’ont aidé à com-prendre comment représenter subtilement les mouvements et les émotions. « Sa curiosité insatiable et ses bonds incessants d’un sujet à l’autre sont entrés en harmonie dans une seule et même œuvre », note Kenneth Clark à propos deLa JocondeLa science, les compétences picturales, l’obsession pour la. « nature, la clairvoyance psychologique sont toutes présentes et si parfaitement 1 équilibrées que nous en sommes à peine conscients au premier abord . »
La commande
Giorgio Vasari ore une description captivante deLa Jocondedans sesVies, publiées pour la première fois en 1550 et dont le volume IV est en partie consacré Léonard. La véracité n’est pas le point fort de Vasari, et il est peu pro-bable qu’il ait jamais vu le tableau (bien que cela soit plausible si l’on retient l’hypothèse selon laquelle Salaï l’aurait rapporté à Milan après la mort de Léonard, comme le suggère peut-être l’inventaire très brouillon de son patri-moine établi en 1525, avant que le tableau ne soit vendu au roi de France). Il est plus vraisemblable que Vasari a vu, au mieux, une copie ou a écrit à partir de descriptions de seconde main en s’autorisant quelques licences littéraires. Quoi qu’il en soit, plusieurs découvertes ultérieures tendent à confirmer une bonne part de son récit, qui constitue donc un point de départ convenable pour relater l’histoire du chef-d’œuvre.
Léonard se mit à peindre, pour Francesco del Giocondo, le portrait de Mona Lisa, sa femme […]. Quiconque souhaitait savoir à quel point l’art peut imiter avec exactitude la nature était en mesure de le com-prendre quand il voyait ce portrait […]. Les yeux avaient cet éclat et cette brillance aqueuse que l’on peut voir dans la vie réelle et étaient entourés de teintes rosées et nacrées qui, au même titre que les cils, ne peuvent être représentées que dans une grande subtilité […]. Le nez, de par ses belles narines tendres et rosées, avait l’apparence d’un organe
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vivant. La bouche, avec son ouverture, ainsi que ses commissures unies aux teintes de la chair du visage par ses lèvres rouges, avait en vérité l’apparence de la chair et non celle de simples couleurs. Au creux de la gorge, si l’on regardait intensément, nous pouvions voir le battement du cœur.
Vasari fait référence à Lisa del Giocondo, née en 1479 au sein d’une branche mineure de l’éminente famille Gherardini, dont les racines de pro-priétaires terriens remontent à l’époque féodale, mais dont la fortune n’avait pas résisté à l’épreuve du temps. À 15 ans, elle entre par le mariage dans la famille Giocondo, d’un rang inférieur mais qui a fait fortune dans le com-merce de la soie. À court de liquidités, son père a dû céder l’une de ses fermes pour constituer sa dot, mais ce mariage entre une noblesse terrienne aaiblie et une classe marchande montante se révèle bénéfique pour les deux parties. Son nouveau mari, Francesco del Giocondo, a perdu sa première épouse huit mois plus tôt et a un fils de deux ans à élever. Devenu le fournisseur de soie des Médicis, il voit sa fortune croître considérablement, compte des clients dans toute l’Europe et achète quelques femmes maures dans le nord de l’Afrique pour en faire des esclaves domestiques. Tout porte à croire qu’il est amoureux de Lisa, ce qui, à l’époque, ne rentrait généralement pas en ligne de compte dans ce genre de mariage. Il l’aide à subvenir aux besoins de sa famille et, dès 1503, elle lui a déjà donné deux fils. Leur famille s’agrandit et leurs excellentes perspectives financières leur permettent de quitter le toit des parents Giocondo et de s’acheter une maison. C’est à cette époque que Francesco passe commande à Léonard d’un portrait de sa femme, qui est sur 2 le point de fêter ses 24 ans . Pourquoi Léonard accepte-t-il ce mandat? À cette époque, il repousse les suppliques incessantes d’Isabelle d’Este, qui est pourtant un mécène bien plus riche et en vue. Il est également si absorbé par ses recherches scienti-fiques que tout le monde sait qu’il rechigne à prendre un pinceau. Peut-être que l’une des raisons pour lesquelles Léonard accepte cette com-mande tient au fait qu’elle émane d’amis de la famille. Son père a long-temps travaillé comme notaire pour Francesco del Giocondo et l’a représenté plusieurs fois dans des litiges juridiques. Leurs familles partagent un lien étroit avec la basilique de la Santissima Annunziata. Trois ans auparavant, Léonard a emménagé dans l’un des bâtiments du cloître avec son entourage après avoir quitté Milan pour Florence. Son père est le notaire de l’église, et Francesco del Giocondo, qui la fréquente assidûment, prête de l’argent
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à l’institution et y fera édifier une chapelle familiale. Marchand vif d’esprit et parfois querelleur, Giocondo entre quelquefois en conflit avec la com-munauté, et il incombe à Piero de Vinci de régler les diérends. L’un de ces conflits, survenu en 1497, porte sur une facture de Giocondo contestée par les frères de la Santissima Annunziata ; Piero trouve un arrangement dans 3 l’atelier de soie de Giocondo . Piero, alors déjà âgé de 76 ans, intervient donc probablement pour que son célèbre fils accepte la commande. Non seulement il rend service à un client et ami de la famille, mais il prend probablement aussi soin de son fils. Même si à ce moment-là Léonard est déjà largement reconnu comme artiste et ingénieur, il a commencé à puiser régulièrement dans l’épargne qu’il a rapatriée de Milan. Cependant, je soupçonne que la vraie raison pour laquelle Léonard décide de faire le portrait de Lisa del Giocondo est tout simplement qu’il souhaite la peindre. Il est intéressé par son air mystérieux et, puisqu’elle n’est ni une noble célèbre ni même la maîtresse d’un noble, il est libre de peindre son portrait comme il l’entend. Il est dispensé de répondre aux caprices ou de respecter les consignes d’un client puissant. Plus important encore, Lisa est belle et séduisante, et son sourire est charmant.
Mais est-ce vraiment Lisa ?
e Vasari et d’autres chroniqueurs, y compris l’écrivain du XVI siècle Raaello Borghini, semblent armer sans ambiguïté queLa Jocondeest un portrait de Lisa del Giocondo. Vasari connaît Francesco et Lisa, qui sont encore vivants lorsqu’il se rend à maintes reprises à Florence entre 1527 et 1536. Il se lie d’amitié avec leurs enfants, qui étaient probablement la source de certaines informations. Lorsque la première édition de son livre est imprimée en 1550, les enfants sont encore en vie, et Vasari vit quasiment en face de la Santis-sima Annunziata. Si Lisa s’était révélée ne pas être le sujet de la peinture, de nombreux membres de la famille et amis auraient pu lui suggérer de corriger la seconde édition de son ouvrage, imprimée en 1568. Or, l’histoire deLa 4 Joconderestera inchangée malgré le grand nombre de corrections apportées au volume. Cependant, comme toujours lorsqu’il s’agit de Léonard, les mystères et les controverses ne manquent pas. Des questions se posent déjà avant même que Léonard n’achève l’œuvre. En 1517, il reçoit la visite dans son atelier en France d’Antonio de Beatis, secrétaire du cardinal Louis d’Aragon, qui note dans son journal qu’il a vu trois peintures :Saint Jean Baptiste,Vierge
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à l’Enfant avec sainte Anneet un portrait d’une « ».certaine dame florentine Jusqu’ici, tout va bien. Léonard informe apparemment Antonio de Beatis qu’il ne s’agit pas du portrait d’une riche marquise ou de la maîtresse d’un notable éventuellement connue de ce dernier, mais d’une dénommée Lisa del Giocondo, qui n’est pas assez célèbre pour que son nom soit mentionné. Néanmoins, la phrase suivante est pour le moins déconcertante : le tableau, rapporte Antonio de Beatis, est « peint d’après un modèle vivant, à la demande pressante[instantia] du dernier Julien de Médicis ». Voilà qui est déroutant. Quand Léonard commence à peindre, Julien n’a pas encore emménagé à Rome et n’est pas encore patron du peintre. En 1503, il est condamné à l’exil par les dirigeants républicains de Florence et réside à Urbino et à Venise. Si Julien de Médicis avait «instigué » Léonard à peindre ce tableau, aurait-il commandé le portrait de l’une de ses maîtresses, comme certains l’insinuent ? Toujours est-il qu’aucune de ses maîtresses connues n’était une «dame florentine », et ces dernières étaient assez célèbres pour qu’Antonio de Beatis reconnaisse celle qui aurait servi de modèle à Léonard. Cependant, il existe une possibilité aussi plausible que délicieuse que Julien ait poussé d’une manière ou d’une autre Léonard à peindre un portrait de Lisa del Giocondo ou à poursuivre son travail sur un tel portrait. Julien et Lisa naissent la même année, en 1479. Ils se connaissent du fait des liens existant entre leurs familles respectives, qui appartiennent toutes deux au petit monde de l’élite florentine. La belle-mère de Lisa est notamment la cousine de Julien. Lisa et Julien ont tous deux 15 ans lorsque ce dernier est contraint à quitter Florence. Quelques mois plus tard, Lisa épouse Francesco, veuf et plus âgé qu’elle. Peut-être sont-ils, tels des héros shakespeariens, des amants maudits. Julien, adolescent, est peut-être l’amoureux transi de Lisa ou son soupirant platonique, comme l’était Bernardo Bembo pour Ginevra de’ Benci. Il est aussi possible que, durant le séjour de Léonard à Venise en 1500, Julien lui demande de lui faire savoir, quand il sera à Florence, si la jolie Lisa mène une belle vie et à quoi elle ressemble désormais. Il est même possible qu’il exprime le désir de se procurer un portrait d’elle. Ou, quand Léonard arrive à Rome avec l’œuvre inachevée, son nouveau patron, Julien, perçoit peut-être sa beauté universelle en devenir et presse l’artiste de finir le tableau. Ces considérations ne doivent pas nécessairement remplacer le scénario d’une commande passée par Francesco del Giocondo. Elles peuvent au contraire compléter ce récit, fournir une potentielle raison supplémentaire pour laquelle Léonard accepte le mandat, voire contribuer à expliquer pour-5 quoi il ne livrera jamais le tableau à Francesco .
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