Trois paradoxes althussériens. / Pensée magique et inconscient réel : jouissance et politique dans la psychanalyse chez Lacan et chez Deleuze/Guattari
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Le 16 novembre 1980, le théoricien marxiste Louis Althusser
(1918-1990) étrangle sa femme. Emoi considérable dans la presse et
dans la prestigieuse phalange intellectuelle: Foucault, Deleuze, Lacan,
Barthes, etc.

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Pensée magique et inconscient réel : jouissance et politique dans la psychanalyse chez Lacan et chez Deleuze/Guattari / Florent Gabarron-Garcia
http://lesilencequiparle.unblog.fr/2012/08/10/pensee-magique-et-inconscient-reel-jouis sance-et-politique-dans-la-psychanalyse-chez-lacan-et-chez-deleuzeguattari-florent-ga barron-garcia/ 
l’Emergence de l’inconscient réel chez Lacan et Deleuze/Guattari : Artaud et Joyce L’émergence de l’inconscient réel est indissociable chez Lacan d’une critique de l’œdipe. Lacan, dès 1962, critiqueTotem et tabouet prend des distances résolues avec Freud (1). L’œdipe ne« sert à rien aux psychanalystes », et le« pire »c’est qu’il« est contraire à l’expérience clinique »(2). Dans cette critique, Deleuze et Guattari trouvent le motif essentiel qui motivel’Anti-œdipeen 1972. C’est également à partir de Lacan qu’ils vont affirmer radicalement l’hypothèse de l’inconscient réel. Cette précipitation du sens de l’œuvre lacanienne permettra vraisemblablement à Lacan d’approfondir à son tour sa conception de l’inconscient (3). Car, dès la décennie suivante, son ton se fait plus virulent, et l’écart avec Freud plus net. Lacan n’hésite pas à renvoyer la notion de « père primitif » à la névrose de Freud, et parle à cet égard du« père orant », et du« pérorant outang »(4). Que s’est-il passé ? D’un point de vue interne à la doctrine lacanienne, le passage de la primauté du symbolique au Réel (à l’hypothèse de l’inconscient réel) peut rendre compte de ce mouvement. Mais il faut bien voir que ce mouvement est aussi bien épistémique que politique. Lacan, en délestant la psychanalyse du mythe de l’œdipe, peut à la fois repenser la psychose et approfondir son élaboration théorique de « l’objet a » qu’il va combiner à une analyse politique inspirée de Marx. C’est également dans ce sillage poststructural ouvert qu’il faut penser l’enjeu de la schizo-analyse. Il s’agit d’une réfutation du structuralisme psychanalytique qui se soutient de la primauté d’une conception du symbolique articulé à l’œdipe. Dès 72, D/G affirment en effet que« toute autre était la voie tracée par Lacan. Il ne se contente pas, tel l’écureuil analytique, de tourner dans la roue de l’imaginaire et du symbolique, de l’imaginaire œdipien et de la structure œdipianisante [...] »(5). N’est-ce pas en effet la raison pour laquelle Lacan a bien pris soin de rappeler en 1962 qu’il parlait non pas de l’œdipe mais de la « métaphore paternelle » dans « La question préliminaire » ? Le père a la fonction de métaphore par où tient le symbolique : il s’agira de se passer du « père », de son ordre ou de sa loi, « à condition de savoir s’en servir ». Seulement rien n’est moins sûr que ses disciples l’aient entendu. Les lacaniens sont clairement visés par D/G : « Ce n’est pas un hasard si l’ordre symbolique de Lacan a été détourné, utilisé, pour asseoir un œdipe de structure applicable à la psychose et pour étendre les coordonnées familialistes hors de leur domaine réel et même imaginaire. »(6) « [...] et même une tentative aussi profonde que celle de Lacan pour secouer le joug d’œdipe a été interprétée comme un moyen inespéré de l’alourdir encore, et de le refermer sur le schizo ». (7) Ils profiteraient des dernières élaborations structurales de Lacan afin de les détourner pour mieux réinstaurer œdipe et « l’exclusion du Schizo ». Cette critique est malheureusement loin d’être inactuelle : bien souvent la théorie de la forclusion ne dégage pas d’heuristique clinique (8) et, bien que cet aspect soit souvent négligé, la critique schizo-analytique ne se départit pas de la clinique (Guattari travaille à la
clinique psychiatrique de La Borde depuis les années 1950). Or, l’hypothèse du sinthome formulé par Lacan quelques années plus tard semble reprendre ces enjeux cruciaux. En effet, celle-ci ouvre en revanche de véritables perspectives. Elle s’appuie sur une transformation majeure de la conception de l’inconscient : le Symbolique va être destitué au profit du Réel. Les gains dans la clinique de la psychose (et de la névrose) sont immenses. On en tire encore les conséquences aujourd’hui (9). Dès 1972, c’est tout l’enjeu de ce que Deleuze appelle « l’inconscient machinique » dès la page suivante. Il s’agit bien pour D/G de mettre le Réel au centre des investigations analytiques, en même temps que de s’écarter du despotisme de « l’inconscient structural symbolique » : « Car l’inconscient lui-même n’est pas plus structural que personnel, il ne symbolise pas plus qu’il n’imagine ou ne figure : il machine, il est machinique. Ni symbolique, ni imaginaire, il est le Réel en lui-même, le “réel impossible” et sa production. »(10) On peut remarquer qu’une des catégories centrales de D/G réside certainement dans cette idée de « production » directement empruntée à Marx (11). Mais nous pouvons   d’ores et déjà noter que Lacan recourra, trois ans plus tard, également à l’œuvre de Joyce comme « production sinthomatique » de sa psychose (12). Comme chez D/G, l’œuvre réussie du schizo nous renseigne sur un rapport singulier qu’il entretient avec le Réel. C’est par son œuvre qu’il peut se faire un « escabeau », son « escabeaustration ». Ce néologisme n’est pas seulement un équivalent de la castration mais une opération par où Lacan met en exercice la lalangue dans la psychanalyse. Qu’est-ce à dire ? Lacan s’interroge sur la nomination au sujet de l’écriture deFinnegans Wakede Joyce. De son aveu, Joyce devient son guide. C’est que Joyce, par ses jeux de langues, indique directement les procédés de l’inconscient. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Lacan s’y arrête et s’y met à son tour : ,« LOM » « l’esp d’un laps », « l’une bévue », etc. L’artiste devient l’explorateur de l’inconscient… en avance sur le psychanalyste. Il illustre qu’en multipliant le jeu sur les signifiants, on fait sortir la langue ordinaire de ses gonds par une connexion avec la jouissance. De cette expérience Lacan tire un concept, la lalangue, qu’il définit comme :« [...] rien de plus que l’intégrale des équivoques que [l’]histoire [singulière] y a laissé persister. »(13) Cela ne signifie pas que la lalangue serait seulement la langue maternelle qui renverrait à la seule histoire singulière. Cette même année, Lacan définit en effet la « lalangue » :« C’est le lieu d’un dépôt, l’alluvion, la pétrification qui s’en marque du maniement par un groupe de son expérience inconsciente. »(14) La lalangue est le lieu des jouissances déposées dans la langue. C’est la raison pour laquelle l’artiste-psychotique et son œuvre deviennent exemplaires quant à l’investigation analytique. Son œuvre pose la question des formes agissantes ou productrices de l’inconscient dont est capable un sujet dans ses rapports à l’Autre. C’est de ce « rapport privilégié » à la lalangue que Joyce peut faire œuvre littéraire. Cette place tout à fait singulière de l’artiste, ou de la « psychose réussie », et de son rapport à la lalangue impliquent évidemment l’hypothèse d’un inconscient réel producteur, c’est- à-dire en prise avec les choses de l’Histoire. Si l’œuvre donne un nom à Joyce pour les « petits autres » en le réintroduisant à un rapport imaginaire, c’est aussi bien qu’elle a une incidence sur le symbolique. Dit autrement, la lalangue a des incidences sur la langue, c’est de là que l’artiste tire sa faculté créatrice ou plus exactement ses productions. C’est aussi en cela qu’il est l’éclaireur du psychanalyste. Tout cela, on le pressent, n’est pas sans implications politiques. Or, dès 1972, peu
avant Lacan, à partir d’Artaud, D/G proposent leur formalisation. Le recours à la figure « d’Artaud-le-schizo » et à son œuvre trouve précisément à s’articuler à l’hypothèse d’un « inconscient Réel producteur ». Voyons comment ils procèdent et quels concepts ils dégagent. S. Leclaire, dans un article, avait cherché à dégagerl’envers de la structure », «« l’Autre du signifiant ». Il l’avait défini« comme pur être de désir »où il voyait« une multiplicité de singularité pré-personnelles, où d’éléments quelconques qui se définissent par l’absence de liens »(15). C’est en s’appuyant sur cet article que D/G font l’hypothèse de ce qu’ils appellent« processus schizophrénique »(à ne pas confondre avec la maladie du même nom) ou« flux de désir ». Il s’agit d’approcher le moment où le langage« ne se définit plus par ce qu’il dit, encore moins par ce qui le rend signifiant mais par ce qui le fait couler, fluer, éclater ». C’est de ce point de vue, précisent D/G, que la littérature est tout à fait comme la schizophrénie :« Un processus et non pas un but, une production et non pas une expression. » Aussi, comme chez Lacan, il s’agira d’approcher le moment où le langage« ne se définit plus par ce qu’il dit, encore moins par ce qui le rend signifiant mais par ce qui le fait couler, fluer, éclater ». C’est ainsi que laBeat Génération, contre l’écriture d’un Hemingway, indexe son expérience de l’écriture à celle de la drogue en visant le hors-sens. Lacan pourra ainsi dégager le concept de joui-sens : l’usage de la drogue permettant de« rompre le mariage avec le phallus »(16). On sait que ce champ de la littérature anglo-saxonne représentait une investigation analytique majeure pour Deleuze et Guattari dès les années 1960 qui en font, comme Lacan, le paradigme de l’inconscient réel. Car de Thomas Hardy, de Lawrence à Lowry, de Miller à Ginsberg et Kerouac, c’est cette connexion possible avec la jouissance qui est en jeu. C’est d’un certain usage de cette dernière, parce qu’il a un rapport particulier au Réel, que l’artiste et son œuvre nous instruisent, quitte à ce que ça se passe sur son corps, quitte à ce qu’il risque sa vie même. Le rapport de l’artiste à son œuvre est le paradigme ou la loupe grossissante du Réel mais aussi bien, le lieu de toute fabrique possible des semblants. C’est ainsi que la science nosographique de la psychiatrie et de la psychopathologique, dont Artaud eut à subir les pratiques, s’effondre devant la vérité de l’œuvre littéraire d’Artaud et de ce qu’elle exemplifie comme puissance créatrice au nom même de sa schizophrénie, c’est-à-dire de son rapport au Réel : « Artaud est la mise en pièces de la psychiatrie précisément parce qu’il est schizophrène et non parce qu’il ne l’est pas. Artaud est l’accomplissement de la littérature précisément parce qu’il est schizophrène et non parce qu’il ne l’est pas. Il y a longtemps qu’il a crevé le mur du signifiant : Artaud le Schizo. Du fond de sa souffrance et de sa gloire, il a le droit de dénoncer ce que la société fait du psychotique en train de décoder les flux du désir (Van Gogh « le Suicidé de la société ») mais aussi ce qu’elle fait de la littérature quand elle l’oppose à la psychose au nom d’un recodage névrotique ou pervers [...]. »(17) Si le schizo comme l’artiste ont un rapport privilégié à la lalangue, c’est aussi bien que leur rapport au corps ne va pas de soi (comme il ne va pas de soi pour tout homme). Le « Corps sans organes » signifie la limite de toute organisation signifiante et même de toute organisation physique toujours déjà domestiquée par le symbolique et l’imaginaire. En effet, ce« corps-limite du schizo », rétif à toute organisation, est aussi bien la possibilité de faire un trou dans les codes. C’est à ce processus que se reconnaît la créativité où vient puiser l’artiste en général dont la littérature anglo-américaine est paradigmatique :
« Étrange littérature anglo-américaine : de Thomas Hardy, de Lawrence à Lowry, de Miller à Ginsberg et Kerouac, des hommes savent partir, brouiller les codes, faire passer des flux, traverser le désert du corps sans organes. Ils franchissent une limite, ils crèvent un mur, la barre capitaliste. Et certes il leur arrive de rater l’accomplissement du processus, ils ne cessent pas de le rater. Se referme l’impasse névrotique – le papa- maman de l’œdipianisation, l’Amérique, le retour au pays natal [...], ou pire un vieux rêve fasciste. Jamais le délire n’a aussi bien oscillé d’un de ses pôles à l’autre. Mais à travers les impasses et les triangles, un flux schizophrénique coule, irrésistible, sperme, fleuve, égout, blennorragie ou flot de paroles qui ne se laissent pas coder, libido trop fluide, et trop visqueuse : une violence à la syntaxe, une destruction concertée du signifiant, non-sens érigé comme flux, polyvocité qui vient hanter tous les rapports. »(18) On ne peut être plus clair : l’œuvre de l’artiste comme sa vie sont dans un rapport au Réel qui lui permet sa créativité par laquelle il dépasse les limites des prescriptions des codes de son époque, et par où, se déjouant des signifiants institués (ici les signifiants de l’œdipe et de sa norme), il les fait fuir pour leur imprimer de nouvelles formes. C’est « tout cet envers de la structure » que Lacan « avait découvert avec l’objet a », concluent Deleuze et Guattari. En effet, là encore on peut noter que D/G ont bien lu Lacan. C’est « l’objet a » qui permet de détrôner la suprématie familialiste de l’œdipe et de s’ouvrir sur le « dehors de la représentation ». « L’objet a », en tant qu’il pointe la jouissance, indiquait déjà le processus de l’inconscient réel à même le social et définit l’éthique du psychanalyste sous l’horizon historique du capitalisme. L’enjeu est en effet aussi bien politique puisqu’il s’agit d’éviter d’arraisonner l’inconscient au paralogisme du rabattement : ne pas réduire l’inconscient à la fonction du nom, mais s’ouvrir à la question du nom comme processus de production. Ne plus rabattre les noms de l’Histoire sur le nom du père : c’est la résistance spécifique qui se révèle chez l’artiste-psychotique, aussi bien que chez le chaman ou chez le chasseur-nomade. Florent Gabarron-Garcia Pensée magique et inconscient réel : jouissance et politique dans la psychanalyse chez Lacan et chez Deleuze/Guattari(extrait) Cliniques Méditerranéennesn°85 :la Pensée magique/ 2012 / Erès liens ajoutés par le Silence qui parle : lUnebévue
Ecole Lacanienne de Psychanalyse
Œuvre représentée : Zoulikha Bouabde l h / Two Lvers – La Roue, 2010 / Led Unique / @ 2010 Zoulikha Bouabdellah1 J. Laca n, Le Séminaire X, l’ngoisse (1962-1963), Paris, Le Seuil, 2004 cité ans G  eleuze, F. Gua t ri, l’Anti-œdipe, P ris, Éditions de Minuit, 1972, p. 62.2 Ibid., p. 389.3 F. Gaba rron-Garcia, « l’Anti-œdipe, un enfantfait par Dele z -Guattari dans le dos de Lacan,r ep èdu sinthome », Chimères, n° 72, 20 9 4 J. Lacan, « l’Etourdi », Scilicet, n° 4, Paris, Le e il, 1973, p. 1 . 5 G. Deleuze, F. G a tari, l’Anti-œdipe, op. cit., p. 65.6 Ibid., p. 431.7 Ibid., p. 206-207.8 F . Gabarr on-Garcia, « C i ique épisté ologique de la présentation clinique », Chimères, n° 74, 2011.9 G. Michaux, De Sophocle à Proust, de Nerval à Bulgakov : essai de psychanalyse lacanienn e, Touluse, Erès, 2008 ; G. Morel, La loi de la mère.Essai sur le sinthome sexuel, Paris, Économica- Anthropos, 2 08 ; F. Hulack, La lettre e l’œuvre dans la psychose, Tou ou e, érès, 2006.10 G. Deleuze, F. Guattari, l’Anti-œdipe, op. c it., p. 62.11 Sur ces questions, nous renvoyons à l’excellenotuvrage de G. Siber in Blanc,De l du désir, Paris, PUF, 2009.12uze et l’anti- œdipe, la produc ion . acan, Leéminaire XXII,Ile Sinthome (1975 19 6), Paris Le Seuil, 2003.13 J. Lacan, « l’Etourdit », op. cit., p. 490.14 J. Lacan, « La  roisième », Lettre de l’école freudienne, n°16, 1975, p. 9.15 S. Lecla ire, « La réalité du désir », Sexualités humaies, Paris, Aubier, Montaigne, p. 24 -249 (cité dans G. Deleuze, G. Guattari, l’Anti-œdipe, op. cit., p. 369).16 Il est d ’ailleurs curieux de lire certaines productions lacaniennes qui découvrent « avec hor reur » que le champ de la littérature américaine fut exploré par Lacan comme « envers de la c astration ». En effet, celles-ci voient « le pire » : soit certainement le signe de leur erreur structurale. « Mais le pire était à venir ave etc la Beat Generation sa volonté farouche d’écrire autrement qu’Hemingway ». Dominique Laurent, « nt oduction à la lecture du séminaire XIVII », Revue de la au e freudienne.
Trois paradoxes althussériens.*
*Louis Althusser compare la cure psychanalytique à une benne emplie de sable qui soulevée par des vérins laisse au début échapper quelques grains, pour ensuite, par pans entiers déverser son contenu jusqu'à ce qu'elle soit entièrement vide, signifiant par la même métaphore la fin de la cure. Or, une cure est infinie. Il y aura toujours du sable et même la benne verticale s'emplira à souhait du sel de l'inconscient tel un minéral inépuisable, éternel, universel.
*Le « Caïman de l'Ecole Normale » grand lecteur du philosophe Nicolas de Malebranche affirmait «qu' une lettre n'arrive pas toujours à son destinataire » comme des pluies perdues dans un désert aride, ou des grêles stériles sur la banquise des pôles se perdent en pure
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perte. L'image malebranchienne tend à démontrer que la nature ne remplit pas donc toujours son rôle salutaire ; la lettre est vociférante inutilité, comprenez : acte manqué, voir catastrophe.(instant catastrophique). Or, Lacan estime qu'un discours ne perd jamais, point de messages perdus car tous ces signes n'appellent peut-être pas à des décisions immédiates mais nourrissent l'inconscient subtilement ou secrètement et ce ne sera que dans l'avenir à travers les entrelacs d'âme que ces paradis perdus (démêlés par l'analyse ou pas) prendront non seulement une signification mais seront nécessités tel le pain, l'eau, le feu et l'air.
* « Le Prince Tamala » nous décrit le matérialiste comme un être qui prend un train dans une gare inconnue, pour quelque temps après redescendre dans une autre gare tout aussi aléatoire. Alors que l'idéaliste choisit une gare précise pour accomplir un trajet qui le mènera à une autre parfaitement déterminée comme l'objet de son idéal et de sa finalité.
Althusser : Le 16 novembre 1980, le théoricien marxiste Louis Althusser (1918-1990)étrangle sa femme. Emoi considérable dans la presse et dans la prestigieuse phalange intellectuelle: Foucault, Deleuze, Lacan, Barthes, etc. Reconnu irresponsable, soignédans un petit studio, Afficher la suite Frans Frans Tassigny c'est le témoignage d'une lutte au corpsàcorps avec la folie, un témoignage saisissant, hypnotique qui n'épargne personne, ni lacan, ni diatkine, ni foucault, ce philosophe "portait sa folie en lui comme une croix, comme si celle ci l... "
Aux antipodes de tout ce que l'on savait jusqu'ici et de l'image de lui-même qu'a laissée Louis Althusser, loin de cet « anti-humanisme » dont il a fait la théorie, voici le plus vibrant, le plus émouvant, le plus humain des témoignages. Les lettres de Louis à Hélène. Sa correspondance, pendant plus de 30 ans, avec la femme qu'il aima et qu'il finit par assassiner. Où l'on voit un Althusser amoureux, donc. Où l'on devine que le crime qu'il commettra sera, aussi, et paradoxalement, un crime d'amour et de passion. Et où l'on sent un homme, un grand homme, aux prises, des décennies durant, avec l'effroi mais aussi, de temps en temps, le pur bonheur d'exister. Ce livre choquera par la franchise de ses aveux. Il bouleversera par la force de l'histoire d'amour dont il est la chronique. Il stupéfiera ceux qui se faisaient une image sévère, hiératique, du maître de la rue d'Ulm. Il passionnera, enfin, les amateurs d'histoire des idées qui vont plonger dans les eaux profondes du débat intellectuel français des décennies 1950, 60 et 70. Ces Lettres à Hélène (accompagnées, pour la bonne compréhension de l'ensemble, d'extraits des lettres d'Hélène à Louis), nul ne connaissait leur existence. Mais les voici, retrouvées par l'IMEC (Institut Mémoires de l'édition contemporaine) et son directeur, Olivier Corpet. C'est un trésor englouti qui refait surface.
Déclaréirresponsable au lendemain du meurtre de sa femme, le philosophe L. Althusser n'a pas euàrépondre de ses actes devant un tribunal.«L'avenir dure longtemps»raconte son enfance, sa rencontre avec Hélène jusqu'à ce geste fatal.«Les faits»est une première autobiographie, inachevée,écrite en 1976.
« Il est probable qu'on trouvera choquant que je ne me résigne pas au silence après l'acte que j'ai commis, et aussi le non-lieu qui l'a sanctionnéet dont j'ai, suivant l'expression spontanée, bénéficié. Mais si je n'avais pas eu ce bénéfice, j'aurais dûcomparaître. Et si j'avais dûcomparaître, j'aurais euàrépondre. Ce livre est cette réponse àlaquelle autrement j'auraisétéce que je demande, c'est qu'on me l'accorde ; qu'on m'accordeastreint. Et tout maintenant ce qui aurait pu alorsêtre une obligation. Bien entendu, j'ai conscience que la réponse que je tente ici n'est ni dans les règles d'une comparution qui n'a pas eu lieu, ni dans la forme qu'elle y aurait prise. Je me demande toutefois si le manque, passéetàde cette comparution, de ses rjamais, ègles et de sa forme, n'expose pas finalement plus encore ce que je vais tâcher de direàl'appréciation publique etàsa liberté. En tout cas je le souhaite. C'est mon sort de ne penser calmer une inquiétude qu'en en courant indéfiniment d'autres. »Par ces mots qui ouvrent L'Avenir dure longtemps, un texte qu'il avait lui-même dactylographiéet soigneusement préservé, projetant sa publication de son vivant, Louis Althusser souligne l'enjeu essentiel de ces pages en grande partie rédigé: soulever la « pierre tombale du silence » poses en 1985 ée sur lui depuis le meurtre de sa femme en novembre 1980. Ce document, unique en son genre, et d'une intensitétragique exceptionnelle, est suivi d'une première esquisse autobiographique, Les Faits, rédigée en 1976. Le texte de ces deux autobiographies aété établi et présentépar Olivier Corpet et Yann Moulier Boutang.
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