Un exemple d'invasion polaire sur la région mauritano-sénégalaise - article ; n°489 ; vol.88, pg 521-548

Jean Leborgne

Description

Annales de Géographie - Année 1979 - Volume 88 - Numéro 489 - Pages 521-548
Genesis, evolution and effects of the polar air invasion that has produced rainfalls on Mauritania, Senegal, Mali and Guinea-Bissau from 16 to 22nd December 1976, of which the southward extension has been remarkable, are investigated with the help of surface and upper-air synoptic charts, of satellite pictures and of the isohyetes.
Likewise, the frequency of this pattern is calculated from the rainfalls recorded from 1931 to 1960. The variations in time and space of the total and the intensity of the falls are also considerated.
We come to the conclusion that the number of the falls is very variable from year to year. It is more important in the North than in the South and, during the last decade, an increase has been observed. The yearly mean is 5. As they are generally slight, these winter rains have an economical importance only on the North of Mauritania where they can reach to 28 % of the yearly amount. It is first in December and then in February that the most copious and the most severe rainfalls take place.
To conclude, it is emphasized on the far southward extent of some flows as the one that was described in the present paper. The importance of the middle and high latitudes circulation on the weather and on the genesis of the disturbances in the tropics is also pointed out.
La genèse, l'évolution et les effets de l'invasion polaire qui a provoqué, du 16 au 22 décembre 1976, sur la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et la Guinée-Bissau, des pluies dont l'extension vers le sud a été remarquable, sont étudiés à l'aide des cartes synoptiques de surface et d'altitude, des isohyètes ainsi que des photos de satellites.
La fréquence de ce type de temps est également calculée à partir des pluies enregistrées de 1931 à 1960. Sont examinées aussi les variations du total et de l'intensité des précipitations dans le temps et dans l'espace.
On en conclut que le nombre de passages pluvieux est très variable d'une année à l'autre. Il est plus important au nord qu'au sud et il en est noté une augmentation au cours de la dernière décade d'observation. La moyenne est de 5 par an. Faibles en général, ces pluies d'hiver n'ont de valeur économique que dans le nord de la Mauritanie où elles peuvent atteindre 28 % du total annuel. C'est en décembre, d'abord, en février, ensuite, qu'elles sont les plus abondantes et les plus intenses.
L'accent est mis, en conclusion, sur la grande extension vers le sud de certaines coulées, comme celle décrite dans cet article, et sur l'importance de la circulation des moyennes et hautes latitudes sur le temps et la genèse des perturbations des régions tropicales.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1979
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Jean Le Borgne
Un exemple d'invasion polaire sur la région mauritano-
sénégalaise
In: Annales de Géographie. 1979, t. 88, n°489. pp. 521-548.
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Le Borgne Jean. Un exemple d'invasion polaire sur la région mauritano-sénégalaise. In: Annales de Géographie. 1979, t. 88,
n°489. pp. 521-548.
doi : 10.3406/geo.1979.19893
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1979_num_88_489_19893Abstract
Genesis, evolution and effects of the polar air invasion that has produced rainfalls on Mauritania,
Senegal, Mali and Guinea-Bissau from 16 to 22nd December 1976, of which the southward extension
has been remarkable, are investigated with the help of surface and upper-air synoptic charts, of satellite
pictures and of the isohyetes.
Likewise, the frequency of this pattern is calculated from the rainfalls recorded from 1931 to 1960. The
variations in time and space of the total and the intensity of the falls are also considerated.
We come to the conclusion that the number of the falls is very variable from year to year. It is more
important in the North than in the South and, during the last decade, an increase has been observed.
The yearly mean is 5. As they are generally slight, these winter rains have an economical importance
only on the North of Mauritania where they can reach to 28 % of the yearly amount. It is first in
December and then in February that the most copious and the most severe rainfalls take place.
To conclude, it is emphasized on the far southward extent of some flows as the one that was described
in the present paper. The importance of the middle and high latitudes circulation on the weather and on
the genesis of the disturbances in the tropics is also pointed out.
Résumé
La genèse, l'évolution et les effets de l'invasion polaire qui a provoqué, du 16 au 22 décembre 1976, sur
la Mauritanie, le Sénégal, le Mali et la Guinée-Bissau, des pluies dont l'extension vers le sud a été
remarquable, sont étudiés à l'aide des cartes synoptiques de surface et d'altitude, des isohyètes ainsi
que des photos de satellites.
La fréquence de ce type de temps est également calculée à partir des pluies enregistrées de 1931 à
1960. Sont examinées aussi les variations du total et de l'intensité des précipitations dans le temps et
dans l'espace.
On en conclut que le nombre de passages pluvieux est très variable d'une année à l'autre. Il est plus
important au nord qu'au sud et il en est noté une augmentation au cours de la dernière décade
d'observation. La moyenne est de 5 par an. Faibles en général, ces pluies d'hiver n'ont de valeur
économique que dans le nord de la Mauritanie où elles peuvent atteindre 28 % du total annuel. C'est en
décembre, d'abord, en février, ensuite, qu'elles sont les plus abondantes et les plus intenses.
L'accent est mis, en conclusion, sur la grande extension vers le sud de certaines coulées, comme celle
décrite dans cet article, et sur l'importance de la circulation des moyennes et hautes latitudes sur le
temps et la genèse des perturbations des régions tropicales.ANNALES DE
OGRAPHIE
489 LXXXVHIe année Septembre-Octobre 1979
Un exemple invasion polaire
sur la région
sénégalaisel
Maître par Université Jean de conférences Le de Borgne Dakar
Du 16 au 22 décembre 1976 de nombreuses stations du Sénégal
et de Mauritanie enregistrèrent des précipitations abondantes pour
la saison exceptionnelles même pour certaines
Ainsi Moudjeria au sud de la Mauritanie re ut 40 mm en
jours soit 20 fois sa normale de décembre Rosso et Dakar
Hann il faut remonter 1956 pour retrouver en décembre des
totaux de 132 et 95 mm en 24 heures Mais est surtout en Casa-
mance que ces précipitations eurent un caractère absolument inha
bituel Les 91 mm mesurés le 19 décembre Bignona représentent
est amabilité de Bassirou D.iop chef de la station météorologique de Dakar
Yoff de Latrasse des prévisionnistes et du personnel de la section climatologique de
A.S.E.C.N.A que nous devons les principaux documents de cette étude Que chacun trouve ici
expression de notre gratitude
ANN DE OG LXXXVIII ANN 34 Fig.l CARTE DE POSITION DES STATIONS CITEES DANS LE TEXTE UN EXEMPLE INVASION POLAIRE 523
le record des pluies hiver recueillies dans cette station depuis
1953 date de son ouverture Il en va de même pour Oussouye avec
ses 117 mm du 19 Aucune pluie de saison sèche égalé ce
total journalier en 46 ans Quant aux 112mm du même jour
Ziguinchor on ne retrouve une chute de cet ordre en 1949
Depuis 1918 date du début des relevés on noté effet que
cas où le total journalier été égal ou supérieur 112 mm les
15 décembre 1949 188mm) février 1942 112mm) février
1931 12 mm et janvier 1924 36 mm)
Le caractère insolite de ces précipitations hiver et des mani
festations orageuses qui les accompagnent souvent étonnent tou
jours les habitants plus habitués en cette saison surprendre
quelques gouttes de pluie sur la poussière des pare-brise se
protéger de grosses averses qui sont le propre de hivernage
ignorance de leur origine valu un moment ces pluies appel
lation de pluies de petit hivernage terme particulièrement
impropre et qui ne peut que créer une confusion car ces précipita
tions ont des caractères différents et une toute autre origine que les
pluies hivernage liées elles la migration du front intertropical
On leur donne plus souvent et est sous ce terme elles sont le
plus connues le nom de pluie des mangues par analogie sans
doute avec les pluies des mangues de Inde qui sont des pluies
orage se produisant fin mars début avril Les langues africaines
très riches en nuances ont des termes particuliers pour les dési
gner bowoté en poular heug en wolof est précisément sous ce
dernier terme en parle Assane Seek 1962 dans étude il leur
consacrée le Heug ou pluie de saison sèche au Sénégal
Si ces pluies ont toujours un caractère inattendu et mystérieux
le mécanisme qui leur donne naissance est lui tout fait banal il
est lié une descente air polaire le long de la côte ouest de
Afrique
Quand la circulation hiver est zonale est-à-dire lorsque les
37 Mbour el Atrouss 19 Foundiougne
38 Mederdra 20 Gueneto Akjoujt
Baba Garage 21 Kabrousse 39 Moudjeria
Barata 40 Nema 22 Kaédi
Bakel 41 Nioro du Sahel 23 Kaolack
42 Nouadhibou Bamako 24 Kartiak
43 Nouakchott Banamba 25 Kayes
44 Oussouye Bignona 26 Kédougou
Bir Moghrein 45 Podor 27 Keur Momar Sarr
10 Bissau 46 Rosso 28 Khombole
11 Bolama 47 St-Louis 29 Kidira
12 Boutilimit 30 Kiffa 48 Sandare
13 Dakar 31 Kita 49 Tambacounda
14 Diagle 32 Kolda 50 Thiès
15 Dialakoto 33 Koussane 51 Tidjikja
16 Diourbel 34 Linguère 52 Vélingara
17 Fatick 35 uga 53 Yang-Yang
36 Matam 18 Fdérik 54 Ziguinchor UN EXEMPLE INVASION POLAIRE 525
anticyclones des ores et de Libye sont soudés ou séparés par un
seuil peu profond les perturbations polaires qui circulent au nord
de ces anticyclones sont rejetées sur la Méditerranée et Europe
occidentale
Par contre lorsque les deux centres action sont séparés par
un profond talweg la circulation de zonale elle était devient
méridienne Elle permet alors air polaire de se glisser le long de
la face orientale de anticyclone des ores et atteindre les
basses latitudes et air chaud equatorial de infiltrer vers le
nord sur autre face du talweg le long de la cellule libyenne
De telles advections air froid dans les tropiques nécessaires
équilibre thermique du globe ont été observées un peu partout
dans le monde en surface comme en altitude On sait que les
Nortes de Amérique du Nord peuvent atteindre la Floride les
Antilles et même Caracas En Amérique du Sud des coulées froides
ont été suivies jusque dans le bassin de Amazone Combinées avec
la radiation nocturne elles peuvent au Brésil comme en Afrique
du Sud provoquer des gelées sur les plateaux est de telles
irruptions air polaire que on doit les chutes de neige observées
en 1945 sur le versant sud du Piton des Neiges la Réunion et
sur le massif de Andringitra Madagascar en 1961 En juillet
1964 une coulée froide pu être suivie en surface grâce la
variation des points de rosée Dar es Salaam 53 sud
Dettwiller et Jalu en ont identifié une dans le Sahara 8-
10 nord Mais ce sont là des faits relativement rares car le plus
souvent les caractères originels altèrent rapidement sous effet
de la chaleur du sol et il est difficile de les suivre en surface au-
delà du 25e parallèle I