Itinéraire et combats d une avocate israélienne
168 pages
Français

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Itinéraire et combats d'une avocate israélienne , livre ebook

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Description

Israélienne originaire d'Asie centrale, femme, communiste et propalestinienne, autant d'ingrédients qui rendent le parcours de Tamar Pelleg-Sryck, de la guerre de 48 à nos jours, exceptionnel. Son témoignage est celui d'un des rares Israéliens qui se sont engagés très concrètement au côté des Palestiniens. Cet itinéraire nous fait découvrir ce qu'étaient les villes juives d'Europe orientale, les sovkhozes d'Asie centrale et les premiers kibboutz.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2006
Nombre de lectures 151
EAN13 9782336279305
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Itinéraire et combats d'une avocate israélienne

Olivier et Claire Bertrand
www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2006
9782296009400
EAN : 9782296009400
L’histoire humaine, c’est l’histoire des crimes, des folies et des malheurs, mais aussi l’histoire de la lutte des hommes contre ces crimes, ces folies et ces malheurs.
J’aspire à la victoire de la justice, mais il se peut que la justice ne triomphe pas. Ce qui ne veut pas dire pour autant que je doive cesser d’y aspirer, d’y œuvrer. La lutte est en elle-même indispensable.

Yechayahou Leibovitz La mauvaise conscience d’Israël Entretiens avec Joseph Algazy, Le Monde Editions, 1994
TAMAR « LA JUSTE »
Née dans une ville alors polonaise dont la population juive majoritaire allait être exterminée par les nazis, Tamar Pelleg-Sryck se trouve transférée de 1939 à 1943 dans un sovkhoze au Kazakhstan avant d’émigrer en Israël en passant par l’Iran. Itinéraire qui peut nous paraître exceptionnel, mais qui est emblématique de ce qu’aura été à la fois la condition juive et celle de nombreuses populations qui ont fui la misère, les persécutions, la guerre et la mort au cours de ce siècle. Grand et terrible aura été le XXe siècle ! Itinéraire et vie qui nous rappellent qu’il faut aussi relire - écrire - l’histoire du XXe siècle à travers le prisme de l’exil. Exil qui vaut aussi pour le peuple palestinien, ce que découvrira Tamar.
Après avoir rejoint la Haganah et participé à la « guerre d’indépendance » de 1947-48 qui accompagne la naissance de l’Etat d’Israël, Tamar, devenue citoyenne d’Israël, fait des études supérieures en Israël et en France. Revenue en Israël, c’est la dure discipline du kibboutz où elle pratique son métier d’éducatrice. Estimant non sans raison que sa vie et celle de ses parents ont été sauvées par les soviétiques, elle garde une reconnaissance permanente à l’égard de l’URSS, elle milite au parti communiste israélien, ce qui lui donne en même temps accès à la « question arabe » en Israël, qui d’ailleurs va diviser fortement le « Parti ». Elle y acquiert ce qu’elle appelle une identité israélienne anticonformiste.
A près de 60 ans, Tamar reprend ses études pour devenir avocate et ne tarde pas à se consacrer systématiquement la défense des populations contre la « justice » israélienne, une justice très particulière et dictée par les autorités militaires pour les Territoires occupés.
L’exercice de sa nouvelle profession débute en même temps que la première Intifada, qui la met en état de choc et qui la lancera définitivement dans la solidarité juridico-politique avec les Palestiniens. Par son action opiniâtre, elle contribue à faire évoluer certaines associations israéliennes de défense des droits de l’homme en faveur des Palestiniens poursuivis.
Réalisant une sorte de plongée dans le système répressif israélien mis en place dans les Territoires palestiniens, Tamar mène une activité incessante, toujours sur le terrain, en contact direct avec les persécutés, luttant pied à pied pour arracher des miettes de liberté pour les détenus palestiniens. Raji Sourani, l’inlassable défenseur palestinien des droits humains à Gaza trouve en elle une alliée précieuse et bientôt une amie fidèle.
A partir de sa pratique de terrain, elle fait une analyse impitoyable des accords d’Oslo et des conséquences de la primauté que donnent les Israéliens à l’exigence sécuritaire au détriment du problème politique de fond qu’est la fin de l’occupation.
Dans un climat de démobilisation générale, provoqué par l’espoir d’une paix proche, Tamar va se consacrer à la défense des adversaires politiques des accords d’Oslo, simultanément ou presque réprimés par le gouvernement israélien, mais aussi par l’Autorité palestinienne récente - qu’Israël voudrait bien transformer en « collaboratrice ».
La deuxième Intifada, en aggravant la pression répressive d’Israël, oblige Tamar à continuer son combat dans des conditions rendues encore plus difficiles, éprouvantes et parfois désespérantes...
Face à ce parcours militant hors pair, on peut s’interroger sur les motivations profondes qui ont pu pousser Tamar à un tel apostolat.
Au centre de sa personnalité, d’un point de vue biographique, politique et idéologique, c’est la traversée de l’« expérience » israélienne dont elle est partie prenante qui conditionne son engagement. A sa manière — rigoureuse — elle s’est toujours située dans le cadre légal fixé par le système juridique israélien. On pourrait considérer Tamar comme une protagoniste militante de la culture politique et juridique européenne du XXe siècle. Cette même culture qui, en Israël, a abouti à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une doctrine juridique offrant une forte légitimation et des instruments efficaces au système politique israélien.
Tamar a pu constater avec colère et amertume l’application « militaire » de la législation israélienne dans les Territoires palestiniens. Cette construction juridique raffinée - parfois assortie de législations antérieures, ottomane, britannique, jordanienne - appliquée aux Palestiniens pourrait être interprétée comme un concept de légalité simplement fonctionnel servant au maintien du contrôle permanent et totalisant de la population palestinienne par le pouvoir israélien. Pire, c’est en raison même de cette apparence de légalité sur laquelle s’appuie la répression israélienne que la bureaucratie civile et militaire (israélienne) obéit aveuglément et automatiquement à l’Etat, perçu comme seule source légitime du droit.
Cette traversée de la légalité étatique israélienne avec son application perverse aux Palestiniens constitue la trame existentielle fondamentalement tragique de la vie de Tamar et met cruellement à jour l’ambiguïté constitutive de l’Etat israélien, fondé à la fois sur le droit et sur sa négation.
Peut-être faut-il alors s’interroger sur les motivations profondes qui ont pu pousser Tamar à s’attaquer à ce système. Une sensibilité de femme d’abord, pour qui les droits ne sont pas seulement liés à leur fondement juridique et politique, mais aussi à toutes les vies personnelles palestiniennes brisées sous ses yeux par une répression sans cesse renouvelée ? Une culture de matrice communiste de la solidarité internationaliste ?
D’évidence, mais peut-être faudrait-il aller plus loin et hasarder une hypothèse liée au meilleur de la culture juive ou plutôt judéo-marxiste : c’est bien sûr Walter Benjamin avec sa « philosophie de l’histoire » qui resurgit alors à travers son concept de rédemption libératrice. Pour que cette rédemption de l’humanité, d’un peuple, ou d’un individu puisse avoir lieu, il faut la « réparation » de la souffrance des générations vaincues, c’est-à-dire finalement la réalisation des objectifs pour lesquels elles ont lutté et qu’elles n’ont pu atteindre. Ne serait-ce pas cette leçon benjaminienne — historico-messianique — de regarder le monde et l’histoire qui animerait Tamar ?
Par son activité inlassable pour le droit de l’opprimé par son propre peuple, Tamar « la juste » réalise le choix le plus précieux pour la mémoire et pour l’avenir : un potentiel politique concret, un acte de réconciliation dans l’égalité, condition sine qua non de la paix inséparable de la justice.
Bernard Ravenel
Historien, Président de l’Association France-Palestine Solidarité (AFPS)
Sommaire
Page de titre Page de Copyright TAMAR « LA JUSTE » AVANT-PROPOS CHAPITRE 1 - ENFANCE CHAPITRE 2 - EXIL CHAPITRE 3 - PALESTINE : L’INTEGRATION ET LA GUERRE DE 1948 CHAPITRE 4 - EDUCATRICE ET MILITANTE CHAPITRE 5 - NOUVEAU DEPART ET PREMIERE INTIFADA CHAPITRE 6 - LA DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME CHAPITRE 7 - LES ACCORDS D’OSLO ET LEURS CONSEQUENCES CHAPITRE 8 - DE LA DEUXIEME INTIFADA AU MUR CHAPITRE 9 - UNE REVOLTE CONTRE L’INJUSTICE ET LA SOUFFRANCE DES OPPRIMES ANNEXE
AVANT-PROPOS
Durant l’été 2004, on a pu entendre sur une chaîne très populaire de télévision libanaise un Palestinien parler de sa fille Tamar. L’animateur sR

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