L AGRICULTURE EN FRANCE FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
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L'AGRICULTURE EN FRANCE FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

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Description

L'AGRICULTURE EN FRANCE FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE Jean-François Soussana, directeur scientifique pour l'environnement à l'INRA, coordonne, au sein de VAlliance de Recherche Mondiale sur les GES d'origine agricole, le groupe de travail sur le thème des cycles du carbone et de l'azote dans le sol. Il a répondu à nos questions... Le réchauffement climatique aura-t-il d'importantes répercussions sur l'agriculture en France? Le rapport 2007 du GIEC5, pour le siècle en cours, indique un réchauffement encore modéré de l'ordre de 2° C, si l'on réduit d'ici à 2015 les émissions mondiales de GES (gaz à effet de serre) ou, au contraire, dépassant les 4-5° C si l'on prolonge la tendance actuelle. Ce réchauffement s'accompagnerait d'une augmentation de la variabilité du climat et d'événements climatiques extrêmes (canicules et sécheresses estivales, précipitations hivernales intenses, voire tempêtes) dont les impacts devraient s'accentuer au cours des prochaines décennies.

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Publié le 17 août 2011
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L'AGRICULTURE EN FRANCE FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Jean-François Soussana, directeur scientifique pour l'environnement à l'INRA, coordonne, au sein de VAlliance de Recherche Mondiale sur les GES d'origine agricole, le groupe de travail sur le thème des cycles du carbone et de l'azote dans le sol. Il a répondu à nos questions...

Le réchauffement climatique aura-t-il d'importantes répercussions sur l'agriculture en France? Le rapport 2007 du GIEC5, pour le siècle en cours, indique un réchauffement encore modéré de l'ordre de 2° C, si l'on réduit d'ici à 2015 les émissions mondiales de GES (gaz à effet de serre) ou, au contraire, dépassant les 4-5° C si l'on prolonge la tendance actuelle. Ce réchauffement s'accompagnerait d'une augmentation de la variabilité du climat et d'événements climatiques extrêmes (canicules et sécheresses estivales, précipitations hivernales intenses, voire tempêtes) dont les impacts devraient s'accentuer au cours des prochaines décennies. Une cascade de répercussions du changement climatique sur les modes d'utilisation des terres, sur les besoins en eau, sur la qualité des sols, sur la pression de bio-agresseurs, sur les besoins en intrants et en énergie, sur l'origine, la qualité et la typicité des produits doit être envisagée, en analysant tout particulièrement les adaptations et les rétroactions sur les émissions de gaz à effet de serre, sur les ressources natu- relies et la biodiversité et, enfin, les conséquences pour la production alimentaire.

Le changement climatique va interagir avec d'autres changements et d'autres pressions sur les agro-écosystèmes (augmentation de la concentration atmosphérique en CO2, déposition atmosphérique d'azote, introductions d'espèces, changement d'usage des sols et de pratiques agricoles, etc.). Il faut donc s'intéresser aux effets conjoints de ces différentes modifications. De plus, les stratégies d'adaptation généreront des externalités (positives ou négatives) qu'il convient de mieux appréhender.

Un quart des GES d'origine agricole est émis par les pays développés. Dans quelle mesure l'agriculture française produit-elle des GES? En France, les émissions de GES d'origine agricole se sont élevées à 96 millions de tonnes d'équivalent CO2 (Mt COzeq) en 2005, soit 17% des émissions brutes et 19% des émissions nettes (sources moins puits). Les émissions comptabilisées recouvrent, d'une part, les émissions de protoxyde d'azote liées aux apports d'engrais azotées et aux effluents d'élevage, et, d'autre part, les émissions de méthane liées à la fermentation entérique, aux effluents d'élevage et à la riziculture. Les émissions dues aux consommations énergétiques de l'agriculture (10 MtOCheq) ne sont pas incluses ; elles sont imputées au secteur de l'énergie.

L'agriculture et la forêt jouent en outre un rôle important dans les variations des stocks de carbone dans les sols et la biomasse aérienne. Entre 1990 et 2005, les émissions françaises de GES d'origine agricole ont diminué de 11% et le puits lié au changement d'utilisation des terres (extension de la forêt) a fortement augmenté. Les secteurs agricoles et forestiers ont contribué, plus que proportionnellement, à la baisse des émissions totales de la France, mais il n'est pas acquis que cette tendance se poursuive. Il est donc nécessaire de renforcer les recherches pour réduire la contribution à l'effet de serre de ce secteur

La France coordonne, avec l'Australie, le groupe de recherche sur le cycle du carbone et de l'azote et la séquestration du carbone dans les sols. Qu'en est-il de la détérioration des puits de carbone dans le monde? Notre pays possède-t-il beaucoup de ces puits? Les sols peuvent être des puits ou des sources de carbone. La séquestration de carbone dans les sols agricoles constitue, selon le rapport du GIEC de 2007, la principale option pour réduire les émissions nettes de GES en agriculture.

En Europe, le projet Carbo Europe IP a estimé les flux de gaz à effet de serre en utilisant deux approches, la première basée sur les observations atmosphériques, la deuxième basée sur la mesure des sources et des puits des différents écosystèmes (cultures, prairies, forêts et tourbières). Les deux méthodes aboutissent à la même conclusion. Les émissions de méthane dues aux ruminants et les émissions de protoxyde d'azote liées à la fertilisation azotée sont compensées par les puits de carbone formés par les prairies et les forêts. Au niveau européen, les émissions nettes (sources moins puits) de l'ensemble des cultures, des prairies, des forêts et des tourbières sont donc nulles. Une intensification des pratiques agricoles et une exploitation accrue des forêts à des fins énergétiques pourraient faire de cet ensemble un émetteur net de GES à l'avenir.

A l'échelle mondiale, le bilan de carbone des sols n'est pas connu avec une précision suffisante, mais l'on estime qu'il y a un potentiel important de stockage de carbone, notamment en restaurant des sols qui ont été dégradés.

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