L'AUTRE 150E

Gilles Laporte, Michel Sarra-Bournet

Description

Le 150e anniversaire de la Confédération, en 2017, aura été l’occasion pour les citoyens du Canada de redécouvrir l’histoire de leur pays, une histoire dont ils s’étaient, ces dernières années, largement désintéressés. Alors que la grande flamme fédérative rejaillissait de ses braises a mari usque ad mare, la tentation a été forte de ne commémorer que les moments les plus glorieux de notre passé collectif. Une équipe d’historiens chevronnés s’est donc donné pour mission de rendre aux faits historiques leur poids originel. À la suite des célébrations ayant souligné les « grandes réussites » accomplies en un siècle et demi, L’Autre 150e, fruit d’un patient travail d’exhumation et de vérification factuelle, jette un éclairage neuf, parfois cru, sur des événements que le Canada gagnera à ne pas laisser sombrer dans l’oubli.

Les historiens Michel Sarra-Bournet et Gilles Laporte, directeurs de L’Autre 150e, ont choisi de verser leurs redevances à la Fondation Lionel-Groulx, dont la mission est d’œuvrer à la promotion de l’histoire, de la langue et de la culture de la nation québécoise.
Avec les Autochtones, les francophones hors Québec sont ceux qui paieront le plus lourd tribut à la suite de l’adoption de la loi constitutionnelle de 1867. C’est encore pis quand on tient compte de l’hostilité qui règne, à l’époque, envers ceux de confession catholique.
Le 5 mai 1871, le Parlement néo-brunswickois fait adopter la Common School Act, qui vise à mettre sur pied l’enseignement public dans cette province. Prétextant ainsi déconfessionnaliser le réseau, c’est en fait l’enseignement catholique qu’on cible, en privant l’enseignement confessionnel de toute subvention. On contribuait de cette façon à exclure les Acadiens des écoles publiques et à les contraindre à l’un des taux d’analphabétisme les plus élevés de tout l’Empire britannique.

Sujets

• Post-Confederation
• Histoire
• History

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 01 novembre 2017
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782764435557
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 8 Mo

Extrait

Direction éditoriale : Éric St-Pierre
Conception graphique et mise en pages : Nathalie Caron et Nicolas Ménard
Révision linguistique : Line Nadeau
En couverture : stockvault/Freepik.com
Illustrations de l’intérieur : Francis Bissonnette
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
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Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Laporte, Gilles L’autre 150e : l’histoire derrière l’anniversaire
ISBN 978-2-7644-3523-6 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3554-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3555-7 (ePub)
1. Relations fédérales-provinciales (Canada). 2. Canada - Anniversaires. 3. Controverses fédérales-provinciales (Canada). I. Sarra-Bournet, Michel. II. Titre. III. Titre : Autre cent cinquantième.
JL27.L36 2017 321.020971 C2017-941456-9
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2017.
quebec-amerique.com



PRÉFACE de Jean-François Lisée
À l’aube du 150 e anniversaire de la fédération canadienne, nous avons été saisis d’un doute lancinant. Se pourrait-il que les célébrations organisées par le gouvernement canadien, sa vision de l’histoire du Canada, soient – comment dire ? – sélectives ? Que certains épisodes de notre histoire – qui est une épopée – restent dans l’ombre ?
Nous ne pouvions pas prédire que la série télévisée présentée par Justin Trudeau lui-même, The Story of Us , commettrait suffisamment de péchés envers la vérité historique pour que ses producteurs, son diffuseur la CBC et le gouvernement canadien lui-même doivent se confondre en excuses. Ni qu’une compilation des meilleures 150 chansons canadiennes n’en compterait aucune en français. Nous doutions, mais pas à ce point.
Nous avons conçu L’Autre 150 e un peu comme l’antivirus de la tentative fédérale de vendre l’oubli sélectif plutôt que la vérité historique.
Mon collègue Stéphane Bergeron et moi avons demandé à des historiens de mettre en lumière 150 événements « à risque » d’être occultés par les célébrations officielles. Des événements qui forment la trame réelle de notre histoire collective, avec ses pétales et ses ronces. On y retrouve les motivations réelles des fondateurs du Canada, comme leurs conséquences. On y retrouve le cheminement québécois dans l’aventure canadienne, parfois désolant, souvent admirable. Il y a là une volonté d’être soi, de sortir du cadre, qui transcende les générations et forme le cœur d’une volonté nationale inextinguible.
Au fil de l’année, un cercle toujours plus grand de collaborateurs venant de tous les horizons s’est constitué. Économistes, politiques, historiens, sociologues, citoyens lésés ; nombreux sont celles et ceux qui ont voulu que l’histoire, toute l’histoire, soit racontée.
Ne boudons pas notre plaisir. Les débats qui ont agité le Canada depuis un siècle et demi et que nos collaborateurs ont sélectionnés sont passionnants : place des francophones, des Métis, réactions à l’arrivée massive de main-d’œuvre chinoise et japonaise, attractivité des États-Unis, ajout de nouvelles provinces, montée des sentiments et des mouvements indépendantistes dans les maritimes puis au Québec, conscriptions, chaque rebondissement, comme relaté par nos historiens bénévoles, vaut le détour.
De plus, ces 150 instantanés venus du passé éclairent le présent et l’avenir. Le lecteur y retrouvera des problématiques qui persistent encore aujourd’hui, sous une forme à peine modifiée, et avec de nouveaux acteurs. La trame qui se dégage progressivement lorsqu’on survole l’histoire permet de mieux saisir que des tensions qui peuvent sembler conjoncturelles sont en fait structurelles. Que le Québec est prisonnier d’une dynamique qui draine une partie de son énergie, plutôt que de lui permettre de s’épanouir ou de se dépasser.
Il appartiendra au lecteur de tirer ses propres conclusions. Lors de l’élection fédérale de 1867, seule une fraude massive, les menaces de damnation du haut clergé et les traficotages ont permis aux forces pro-canadiennes de l’emporter. Si la volonté populaire s’était vraiment exprimée, le Québec n’aurait pas pris son ticket pour le long voyage canadien. Nous aurions une toute autre histoire à raconter.
Mais aujourd’hui que ces 150 ans de présence québécoise dans le Canada sont derrière nous, on peut en tirer un bilan et se poser une question pour l’avenir. Devrions-nous signer un autre bail canadien de 150 ans ? Ou décider souverainement que cet épisode est derrière nous ? Que l’indépendance est devant nous ? Que c’est bien gentil de nous le proposer mais que, tout bien considéré, nous ne souhaitons pas vivre un Autre 150 e ?


AVANT-PROPOS d e Stéphane Bergeron
Je considérerai toujours comme un réel privilège le fait d’avoir pu, au cours de cette année du 150 e anniversaire de la fédération canadienne, assumer la coordination de l’ Opération , désormais mieux connue sous l’appellation L’Autre 150 e . Féru d’histoire, je voyais là l’occasion de me replonger à fond de train dans celles du Canada et du Québec. J’aurai été servi…
Nous ne connaissions pas, au départ, l’orientation que le gouvernement fédéral entendait donner à ses « célébrations ». Allait-il s’agir, comme dans le cas de la guerre de 1812, sous les conservateurs, d’un panégyrique éminemment discutable visant à mousser artificiellement un quelconque sentiment de fierté, quitte à gommer certains aspects ou à en amplifier indûment certains autres ou, comme dans le cas du 375 e anniversaire de Montréal, de mettre davantage l’accent sur les festivités, quitte à perdre de vue l’objet même de la fête (car n’oublions pas que le pacte fédératif de 1867 était d’abord et avant tout une affaire de « tories », les « Rouges » y étant alors viscéralement opposés ; dans les circonstances, il était légitime de penser que les libéraux d’aujourd’hui pourraient ne pas être très enclins à en faire outre mesure l’apologie, préférant davantage souligner la réforme constitutionnelle de 1982, qui était de leur cru, ainsi que les valeurs qui, à leurs yeux, la sous-tendent) ?
Le fait d’avoir vu de monstrueux géants mécaniques arpenter les rues de la capitale fédérale a fini de nous convaincre que l’histoire allait être la grande oubliée des « célébrations » de ce 150 e anniversaire. Sans vouloir jouer les trouble-fêtes, il nous est donc apparu important de parler de l’histoire derrière cet anniversaire. Parler d’histoire, certes, mais en nous appuyant sans cesse sur les faits, afin de jeter un éclairage différent, voire inusité, ou plus complet sur cette histoire dont certains auraient probablement voulu n’évoquer que les aspects les plus glorieux, les plus aseptisés, les moins controversés ou encore pour contrer les interprétations partiales ou fragmentaires (comme nous avons notamment pu le voir avec la polémique entourant la série télévisée The Story of Us , diffusée sur les ondes de CBC).
Soutenue, animée et inspirée par un groupe d’historiens chevronnés, qui ont bénévolement offert leur temps et leur expertise depuis l’automne 2016, la petite équipe de L’Autre 150 e a abattu un travail formidable, et ce, avec des moyens extrêmement limités. Nous avions bien peu à opposer, en effet, aux centaines de millions de dollars engloutis par le gouv