La Seguia el Hamra
124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La Seguia el Hamra , livre ebook

-

124 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

La Seguia el Hamra est la partie septentrionale du territoire du Sahara Occidental. Sa préhistoire est méconnue, tout comme son histoire récente, qui s'illustre dans la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance. Ce livre comble une partie de cette méconnaissance en abordant trois aspects : les résultats de campagnes de prospection, le récolement actualisé des sites rupestres, enfin l'inventaire des constructions monumentales. Il replace la préhistoire de la Seguia el Hamra dans son contexte saharien.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296471078
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Seguia El Hamra
Alain Rodrigue


LA SEGUIA EL HAMRA

Contribution à l’étude de la Préhistoire
du Sahara Occidental


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56232-5
EAN : 9782296562325

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
I AVANT-PROPOS
Ce livre est la synthèse de trois approches différentes de la préhistoire de la Seguia el Hamra, secteur septentrional du territoire du Sahara Occidental. La première approche est le résultat de trois campagnes de prospection, de 2001 à 2004, sur deux sites majeurs à industries lithiques et l’étude de cette industrie. La seconde approche consiste en un récolement bibliographique de tous les sites à manifestations rupestres signalés à ce jour dans les limites géographiques de la Seguia el Hamra, qu’une partie de cette zone se trouve en secteur occupé par le Maroc ou qu’elle se trouve en zone contrôlée par le Polisario et constituant momentanément le territoire de la République Arabe Saharaouie Démocratique (R.A.S.D., à la suite). La troisième démarche enfin tente de restituer, grâce au logiciel Google Earth, la localisation, le type et la distribution des monuments lithiques actuellement visibles par imagerie satellite.
Cette synthèse a ses limites. Elle ne prétend pas résumer la préhistoire d’un territoire, ni dans ses dimensions géographiques, encore moins dans ses différentes séquences chronologiques. Sa raison d’être est de rendre publics trois aspects de cette préhistoire et de faciliter les futures études et les monographies, si l’avenir de ce territoire torturé le permet un jour.
Cependant, ces trois démarches se révèlent être complémentaires. Toutes trois mettent l’accent sur l’aspect très original de la préhistoire de la Seguia el Hamra. Si les images gravées s’avèrent être assez semblables à celles du Sud Marocain ou du Sud Oranais, qu’elles prolongent, elles marquent leur différence par des images particulières qui traduisent un contexte faunique ainsi qu’un environnement socio-culturel plus proches du monde saharien que du monde maghrébin ou atlasique. Cette puissante influence saharienne se retrouve dans l’analyse des industries lithiques, celles-ci offrant des faciès rappelant indubitablement les ensembles lithiques mauritaniens, marquant de ce fait une très nette rupture avec les industries nord-atlantiques.
Quant aux monuments lithiques, même si leur inventaire est fragmentaire et biaisé, du seul fait que leur découverte et leur recensement résultent du bon vouloir du logiciel de Google ainsi que de la distribution des bandes de haute résolution (B. H. R., à la suite), leur typologie montre qu’ils ont joué un rôle intéressant, servant de lien entre les types de monuments lithiques connus au Sahara central par des prospections de terrain et ceux du Sahara nord-occidental, en affirmant cependant leur originalité par des types inédits.
Au-delà de la restitution de ces trois démarches, un autre aspect est fortement souligné tout au long de ce livre. En effet, l’étude de la préhistoire de la Seguia el Hamra n’a jamais été très développée. À peine abordées durant les années de la colonisation espagnole, ces études ont été totalement occultées lors de l’invasion marocaine en 1975. Après le cessez-le-feu de 1991, les recherches archéologiques coordonnées ont repris, timidement d’abord et du seul fait de nos collègues espagnols de l’Université de Gérone et des chercheurs du gouvernement basque. De l’enthousiasme dont ont fait preuve ces chercheurs ont résulté d’excellents travaux et les publications qui ont suivi ont montré l’extraordinaire richesse du patrimoine archéologique du Sahara Occidental. Ces recherches ponctuelles sur le terrain ont surtout mis en évidence l’urgente nécessité de reprendre intégralement les travaux anciens, que ce soit dans l’étroit quadrilatère que nous abordons à peine ici ou dans d’autres vastes secteurs du Sahara Occidental, le Tiris, le Zemmour ou encore les bandes côtières.
C’est ce formidable enthousiasme que nous souhaitons alimenter avec ce livre. Dans les pas de nos aventureux collègues espagnols viendront à leur tour, un jour, nous en sommes convaincu, les archéologues saharaouis. Ce livre jouera alors son rôle : celui d’une simple borne qui guidera ces chercheurs dans leur quête, toujours renouvelée, de leurs origines, leur singularité, leur liberté.
II RAPPEL GÉOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE
La zone de la Seguia el Hamra est la partie septentrionale du Sahara Occidental, tel que reconnu par l’O.N.U. (inscrit sur la liste des territoires non autonomes sous le nom de Western Sahara). Avec la zone méridionale, le Rio de Oro, ces territoires constituent l’ancienne colonie du Sahara espagnol. Du fait des cartographies des nations colonisatrices du 19e et du 20e siècle, le Sahara Occidental est délimité par des frontières rigoureusement rectilignes (sur les cartes tout au moins). Ainsi, la Seguia el Hamra est délimitée au nord par le parallèle 27°40'N, au sud par le parallèle 20°47'N, à l’est par le méridien 08°40'O. Elle est bordée, à l’ouest, par l’Océan Atlantique (Fig. 1).
Trois villes importantes s’y trouvent : El Aioun, à quelques kilomètres de l’océan et environ deux cent kilomètres des Canaries, considérée comme capitale de province par les Marocains et capitale d’état par les nationalistes saharaouis ; Smara, une des villes les plus anciennes du territoire (quelques constructions et une mosquée existaient avant l’arrivée des Européens), considérée comme la capitale intellectuelle et religieuse par les Saharaouis ; Boujdour (ex- Cabo Bojador), située sur la côte atlantique et à près de 200 km d’El Aioun. C’est un des trois ports de pêche du Sahara Occidental. D’autres villages existaient dans cette zone (Hawsa, Farsia…) mais ils ont été rasés pendant la guerre entre le Maroc et le Polisario, entre 1976 et 1991 (Polisario : plus exactement, Frente Por la Liberación de la Seguia el Hamra i el Rio de Oro). Ces villages n’abritent plus aujourd’hui que quelques garnisons de l’armée marocaine.
Au sud-est du mur de défense marocain, les villages de Tifariti, Bir Lahlou, Meherize, se trouvent en zone contrôlée par le Polisario (zone libérée), constituant, jusqu’à la libération de la totalité de la zone annexée, le territoire de la République Arabe Saharaouie Démocratique, (R.A.S.D.). Bir Lahlou est par ailleurs la capitale provisoire de la R.A.S.D. Ces bourgades ont été partiellement reconstruites et elles abritent des forces du Polisario, des postes d’observation de la Mission des Nations Unies pour un Référendum au Sahara Occidental (MINURSO) ainsi que quelques nomades.



Fig. 1 – Carte du Sahara Occidental.

Le territoire de la Seguia el Hamra, que nous détachons artificiellement, pour les besoin de notre propos, du Sahara Occidental, fait bien évidemment partie intégrante de l’ancienne colonie, celle-ci étant considérée par les nationalistes saharaouis comme une entité à part entière, économiquement viable et politiquement unifiée. Le parallèle 27°40' marque la frontière avec le Maroc au nord. À l’est et au sud, les voisins sont l’Algérie, sur une centaine de kilomètres, et la Mauritanie. La Seguia el Hamra est coupée, du nord-est au sud-ouest, par le mur de défense érigé par les forces armées marocaines (F.A.R.), pour se protéger des incursions du Polisario, pendant les années de guerre. Le "mur" est constitué d’une levée de terre (berme), renforcée de loin en loin par des retranchements (artillerie et postes d’observation et d’écoute radar). Les approches en sont abondamment minées.
Du point de vue de sa géologie, la partie occidentale de la Seguia el Hamra est constituée d’une puissante couverture de terrasses tertiaires (calcaire arénacé), surmontant des grès du Crétacé supérieur, entaillés dans la vallée de l’oued, au moins jusqu’à El Aioun. Cette partie du territoire est par endroits recouverte de bandes de dunes vives. L’un de ces champs de dunes (le Draa Afrafir), sensiblement orienté nord-sud sur plus de 200 km, envahit régulièrement la route d’El Aioun à la mer. Une deuxième bande de dunes, plus à l’intérieur, n’intéresse que la partie septentrionale de la zone considér

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents