LA COLOMBE BLANCHE
49 pages
Français

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Description

Guide pédagogique disponible
Alors que Marie-Ève a tout pour être heureuse, elle tente de se suicider. La difficulté d’être, la séparation de ses parents, un beau conteur ont brisé cette jeune fille joyeuse. Comment Marie-Ève s’en sortira-t-elle? Comment s’aider soi-même au bord de la déprime? Une réponse qui aidera plusieurs et qui guidera l’entourage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 janvier 2000
Nombre de lectures 1
EAN13 9782896117772
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La colombe blanche
La maison d dition remercie le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accord dans le cadre des subventions globales aux diteurs.

Dessin de la couverture : Philippe Dupas


Donn es de catalogage avant publication (Canada)
Lavoie, Michel, 1946
La colombe blanche
ISBN 2 921353 63 6
PS8573.A87575 C64 1999 jC843 .54 C99 920203 0 PZ23.L35 Co 1999
D p t l gal : 4 e trimestre 1999 Biblioth que nationale du Canada et Biblioth que provinciale du Manitoba
Directeur : Annette Saint Pierre et Georges Damphousse ditions des Plaines, 1999
Michel Lavoie
La colombe blanche
tous ces ados qui s imaginent tre les seuls souffrir...
L a nuit est sombre, le vent l ger.
Je traverse la rue Normandie, m arr te un instant pour jeter un dernier regard sur ma coquette maison qui scintille de splendeur. Des fleurs aux fen tres, un petit balcon l avant, un air champ tre. Une maison de riches tr nant dans le plus beau quartier de la ville. Une maison o j ai v cu seize ann es emplies d amour et de rires. Un lieu que je dois maintenant fuir pour viter de sombrer dans la folie.
Que m est il arriv pour que, soudain, tout bascule dans un gouffre sans fond Mon petit monde est il trop fragile pour r sister aux assauts de la temp te
Je le sais, je le sens dans tous les pores de ma peau. Rien ne sera plus comme avant. Je vais franchir un point de non retour, une fronti re invisible l oeil mais si pr sente qu elle an antit toute pr tention de recommencer neuf, de tenter le sort, d entrevoir une infime lueur d espoir
Ce soir, la d chirure est brutale. Depuis des mois, je m efforce de contr ler la fureur qui incendie mon me. Combien de fois me suis je r fugi e dans ma chambre pour pleurer silencieusement ma souffrance, de crainte d clater devant papa, inconscient du drame qui se joue ses c t s Je dois prot ger son bonheur puisque le mien s est tiol au fil de vains combats int rieurs contre cette douleur qui me ronge tout enti re.
Le Grand Mal qui ne pardonne pas...
Le vent s l ve. Un frisson agite mon corps. Je remonte le col de mon manteau puis j allonge le pas.
Marcher plus vite, ne plus r fl chir, laisser l air froid p n trer mes poumons, croire de nouveau que la vie tressaille en moi. M abandonner une fois de plus l inconnu, ces petits gestes furtifs qui risquent d blouir l attente de jours meilleurs.
Plus loin, beaucoup plus loin, il y a plus beau, beaucoup plus beau. Il faut qu il en soit ainsi, sinon mon existence n aurait plus aucun sens, les sourires s effaceraient, les petits bonheurs ne pourraient jamais devenir de grands bonheurs.
Marcher encore plus vite, m loigner grandes enjamb es de cette maison vid e de sa po sie, de cet homme agonisant dans sa propre haine, laideur omnipr sente.
Homme inhumain.
Traverser le parc, une rue et une autre rue, une infinit de rues, des espaces qui deviendront des lieux interdits, entre ici et ailleurs.
J ai le souffle court. La nuit me semble plus noire, violente de myst re.
Je per ois des pas. Non, c est impossible Je suis seule, je ne peux entendre des bruits imaginaires, m inventer des tres qui n existent pas, des monstres qui me donnent envie de d gueuler.
Et pourtant, je n imagine rien.
L homme est l , habile, puissant, dominateur.
Il s avance vers moi d un pas d cid . Je ne peux plus bouger, paralys e par la sc ne qui, in vitablement, se d roulera sous mes yeux. Mon c ur palpite se d chirer. J appelle la mort, ultime muraille contre cette blessure qui viendra pourfendre le minuscule courage qui m anime encore.
Soudain, un clair foudroyant me renvoie l image de lui, de cet homme, horrible, ex crable. Son visage se d fait chacun de ses pas. Il murmure des obsc nit s, ses bras s ouvrent pour m attirer lui, me r conforter... m an antir.
Il est tout pr s. Trop tard pour fuir, pour oser croire qu un sauveur viendra me prendre, me soulever de terre pour teindre l angoisse, me projeter dans un autre monde, l abri de la m chancet .
L homme pleure, de fines larmes ruissellent sur ses joues. J ai honte. Pourquoi lui faire tant de reproches Pourquoi le rendre coupable alors qu il ne demande que de l amour L amour n est il pas le sentiment le plus noble L amour n est il pas r dempteur des mis res humaines
Cet homme veut m aimer, et je le repousse. Ne suis je pas indigne d un tel tre
L homme se colle moi. Son haleine pue la moisissure. J essaie de m en d faire, pense mon ami Martin, dessine dans ma t te ses traits d adolescent, son sourire taquin, ses longs cheveux boucl s, le carrure athl tique d un sportif Je vibre au souvenir de ses caresses enivrantes lorsque, les parents absents, nous nous abandonnons notre intimit , laissons notre jeunesse go ter au plaisir de nos sens.
Je sursaute, replonge dans mon anxi t . Les mains de l homme me saisissent brusquement, parcourent mon corps de gestes rapides, saccad s, comme s il n arrivait pas assouvir son d sir.
Je ne dis mot, appelle la mort lib ratrice, voie unique. L homme susurre des sons plaintifs, des regrets, des promesses de ne jamais plus recommencer, puis il s esclaffe d un rire gras, maladif.
Alors, un clair fend le ciel, illumine la rue, happe l homme de plein fouet, lui ouvre largement le cr ne. En surgissent deux colombes qui s envolent au ciel ; l une est d une blancheur immacul e, l autre noire, purulente ; cette derni re s immobilise puis fonce toute vitesse sur l autre, l attrape et la d chire en lambeaux. Bain de sang purificateur.
Je me dresse dans mon lit, en sueur.
Maudit cauchemar
Toujours le m me...
M arie Eve H Ho Marie, la Terre appelle la Lune R pondez s il vous pla t
Son amie rel ve la t te. Des larmes fuient sur son visage ravag . Martin se penche sur elle, l interroge d un silence envahisseur. Ce n est pas la premi re fois qu il la surprend ainsi, ballott e entre ciel et terre, des vagues de tristesse dans son regard. Et, chaque occasion sa copine feint la fatigue. Mais Martin sent que dans les replis de cette me esseul e, la temp te fait rage.
Marie ve n est plus la fille qu il a si bien connue. Cette v rit le d truit.
Martin a d hausser le ton. Trois fois lui a t il r p t la m me demande. Son amie ne r pond pas, les yeux hagards, comme si elle vivait dans un enclos inaccessible.
Cette situation dure depuis des mois, depuis une ternit . Parfois, Marie ve est enjou e au point de l nerver. Elle n arr te pas de parler de tout et de rien, de s esclaffer la moindre remarque, de tournoyer autour de lui jusqu le rendre fou. Elle se fait alors c line, se blottit contre lui, l inonde de baisers, faisant na tre le d sir. Puis c est le mutisme, une absence imp n trable, comme si elle voulait se prot ger contre une menace omnipr sente ; son corps tremble, elle refuse toute aide et se r fugie si profond ment en elle qu il devient impossible de l atteindre.
Dans ces moments l , Martin essaie de respecter son intimit mais, parfois, il rage de ne pouvoir briser ce mur, de conna tre ses pens es pour venir son secours. Elle le repousse, et cela le blesse.
Martin passe son bras autour de ses paules et pose ses l vres sur sa joue froide. Elle sursaute, aux aguets, et demande :
Quelle heure est il
Sans attendre de r ponse, elle se l ve brusquement.
Je vais tre en retard
Martin la prend par le bras, la retient.
Qu est ce qui se passe, Marie ve Tu n es plus la m me avec moi. Tu es perdue dans tes pens es. Tes amies me disent que c est la m me chose l cole. Tu les ignores, tu manges seule la caf t ria et tes r sultats scolaires...
Marie ve se rebiffe.
Martin Lavigne Ce n est pas de tes affaires
Elle le fixe, semble regretter ses paroles puis se met courir, de plus en plus vite, de plus en plus loin.
L a cloche sonne. Les portes s ouvrent toutes grandes, la meute d l ves s lance vers les casiers dans un vacarme infernal.
Richard Bertrand doit se jeter le long du mur pour ne pas se faire pi tiner. Les jeunes De vrais chars d assaut. Dans son temps, le respect avait encore de son importance. Alors qu aujourd hui...
Il acc l re le pas. Il doit rencontrer un client treize heures trente et il est d j midi. Il n en finit plus de longer les corridors du vieil difice. Pourquoi l avoir choisi pour en faire une cole Les jeunes sont assez perdus d avance sans leur compliquer davantage l existence. " Vous montez au deuxi me tage, vous tournez gauche trois fois, puis droite une fois. Vous allez voir, c est bien simple. Le 465 D se trouve tout pr s du 214 C qui, lui, voisine le 815 E. Tr s simple, vous verrez.
Simple, en effet
Finalement, il arrive au bout de son p riple, non sans s tre arr t pour demander de nouveau sa direction.
La travailleuse sociale l accueille chaleureusement. Sa beaut fait fondre en lui sa mauvaise humeur.
Lise Lanct t s assoit confortablement puis, pesant chacun de ses mots, explique le but de leur rencontre. Son regard baisse l g rement pour tenter d att nuer le malaise qui l accable. Cet homme a du charme, mais il s en d gage un vague agacement sans qu elle ne puisse en d finir les raisons.
Marie ve a des probl mes... Je l ai rencontr e en trois occasions, mais elle refuse obstin ment de s ouvrir moi. Vous comprendrez, monsieur Bertrand, que nous voulons faire preuve de discr tion lorsqu il s agit de la vie personnelle de nos l ves, surtout qu leur ge ils prot gent tous des secrets. Cependant, les r sultats scolaires de votre fille sont en chute libre. Et, de plus, elle s che des cours.
Pardon Marie ve s che des cours Vous dites qu elle s absente de l cole sans ma permission Mais c est impossible Personne ne m a t l phon ce sujet. Je l inscris dans une cole pri

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