Maître du jeu
60 pages
Français

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Description

Avec des mots proches du coeur, Aline Apostolska aborde la dure nécessité de renouer avec ses forces vives lorsque la vie nous semble trop lourde. Roman initiatique sur les tourments de l’adolescence et le dur passage à l’âge adulte, ce texte d’une grande richesse ne pourra laisser personne indifférent quant à la force des émotions évoquées.
Avec ce premier roman jeunesse, Aline Apostolska nous fait découvrir une nouvelle facette de son immense talent de conteuse avec une histoire touchante et criante de vérité.
Au moment de célébrer ses 14 ans, Benoît trouve la vie moche. Tout lui pèse et il ne voit tout simplement pas d’avenir devant lui. Il faut dire que le décès de son père alors qu’il avait sept ans et le deuil trop lourd à porter pour sa mère ne contribuent pas à créer un environnement où il peut s’épanouir. Il pourrait en finir maintenant, tout de suite, pour cesser de souffrir. Il y songe sérieusement. Étonnamment, c’est la détresse d’une copine de classe aux prises avec un grave problème d’anorexie qui lui permettra de s’accrocher à la vie. Il doit l’aider à s’en sortir, sa place en ce monde est ainsi justifiée. Pour stimuler sa guérison, il lui propose de participer à l’élaboration d’une pièce de théâtre s’inspirant des rites de passage chez les Grecs anciens. Qui sait si ces sages d’une autre époque pourront consolider l’identité de deux êtres écorchés par la vie ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764416969
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure
Jeunesse
Les Voisins pourquoi , Montréal, Québec Amérique, Coll. Bilbo, 2006.
 
 
 
Adulte
Les Larmes de Lumir , Paris, Mots d’homme, 1986.
Étoile-moi , Paris, Calmann-Lévy, 1987.
Sous le signe des étoiles , Paris, Balland, 1989.
Mille et Mille Lunes , Paris, Mercure de France, 1992.
Le Zodiaque ou le Cheminement vers soi-même , Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 1994 (série de 12).
La Treizième Lune , avec Raphaël Weyland, Gambais, Bastberg/Jeunesse, 1996.
Lettre à mes fils qui ne verront jamais la Yougoslavie , Cherbourg, Isoète, 1997 ; Montréal, Leméac, 2000.
Les Grandes Aventurières , Montréal, Stanké/Radio-Canada, 2000.
Tourmente , Montréal, Leméac, 2000.
Au joli mois de mai , Montréal, VLB éditeur/poésie, 2001.
De ma nuit naît ton jour , livre d’artiste avec Bernard Gast et Jacques Fournier, Montréal, Éditions Roselin, 2001.
L’homme de ma vie , coll. Littérature d’Amérique, Montréal, Québec Amérique, 2003.
 
COLLECTIF
La Maison du rêve , hommage aux libraires, Montréal, VLB éditeur, 2000.
Le Métro , Montréal, VLB éditeur, 2002.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
 
Apostolska, Aline
Maître du jeu
(Titan Jeunesse; 57)
9782764416969
I. Titre.
PS8551.P644M34 2004 jC843’.6 C2003-941993-2 PS9551.P644M34 2004


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Dépôt légal: 1 er trimestre 2004 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Révision linguistique: Diane Martin Mise en pages: Andréa Joseph [PageXpress]
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
 
© 2004 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
 
 
Imprimé au Canada
Sommaire
De la même auteure Page de titre Page de Copyright Dedicace Un Deux Trois Quatre Cinq Six Sept Huit Neuf Dix Onze Douze Treize Quatorze Quinze Seize Dix-sept Dix-huit Dix-neuf Vingt Vingt et un
Pour Louis, Raphaël, Gabrielle, Jean-Philippe, et leurs amis…
Un
Demain je fêterai mes vingt ans. Inévitablement, je penserai à mon quatorzième anniversaire, dont j’avais décidé qu’il serait le dernier. À quatorze ans, j’ai voulu mourir. Et chaque fois que j’apprends qu’un jeune a tenté, et même réussi, à se suicider, ça me fait une peine terrible. Quand on a eu envie de mourir un jour, cela laisse une traînée de cendres sur le cœur, on ne s’en remet jamais totalement. C’est comme quand vous avez découvert le goût d’un aliment. Votre palais ne l’oubliera plus et il suffit d’un rien, une image, une odeur, pour qu’il vous revienne sous la langue. On n’oublie pas le goût de la mort. Mais on peut apprendre à vivre avec. On peut même le transformer en goût de vivre. Avoir eu envie de mourir peut vous donner la rage de vivre.
Je dis ça aujourd’hui, mais à l’époque je pensais presque le contraire. Quand novembre revenait sur la ville, comme les feuilles je perdais toutes mes forces. J’entamais ma pire saison.
En plein été, quand la foule envahissait le parc et venait se faire dorer à moitié nue au bord du bassin, on ne pouvait pas dire que j’avais envie de me joindre à elle, mais au moins il y avait du mouvement, de la couleur, des gens qui riaient, qui avaient l’air, ne serait-ce qu’à cet instant, vraiment heureux de vivre.
En été, même ma mère paraissait un peu plus heureuse, un peu moins écrasée par sa condition de monoparentale au chômage, dont l’existence était une suite de chèques postdatés. Elle semblait croire que la vie pourrait reprendre le dessus, qu’elle pourrait louer une voiture, partir en vacances, trouver un bon chum . Elle s’obstinait à s’imaginer que les chums , comme les feuilles, repoussaient sur les branches au printemps. Il existait même des matins où elle se persuadait qu’une journée nouvelle apporterait un miracle, qu’elle pourrait se rendre à un entretien d’embauche sans se faire remercier au bout de cinq minutes. Alors elle desserrait les omoplates et ressortait ses robes des boîtes rangées n’importe comment dans le fond de la penderie. Elle remettait du rouge à lèvres. Ce n’était pas que ça lui allait vraiment bien, juste que ça mettait de la couleur sur sa tristesse.
Mais dès que les feuilles rougissaient, elle sentait venir la fin du sursis. Je l’observais décliner de jour en jour et je sentais alors qu’elle n’allait pas tarder à m’entraîner dans sa spirale de renoncements. J’avais beau me dire que la neige arriverait, que le parc serait blanc et les lumières abondantes aux fenêtres, je ne parvenais pas à me décoller de sa douleur. Au fil des semaines, je la voyais traîner en chemise de nuit d’une pièce à l’autre de notre petit quatre et demi.
Une chance qu’elle n’ait pas encore sombré dans la bière. J’étais curieux de savoir combien de temps elle y résisterait, à la bière, à la solitude, à l’indigence quotidienne. À l’époque, elle se contentait encore de café, noir, un gros pot qu’elle remplissait à mesure, plus vautrée qu’assise dans le fond du sofa à trois places, vestige du temps où nous étions encore une famille dite normale. Souvenir des moments passés avec mon père, avant qu’il ne lui fasse faux bond.
Des années auparavant – je veux dire, quand elle travaillait si dur qu’elle ne rentrait pas avant vingt-trois heures ou même minuit par le dernier autobus –, ma mère se plaignait de ne pas profiter du sofa. Sur ce point-là, au moins, elle avait progressé. Quand elle travaillait, elle se plaignait aussi de me voir trop peu, puis c’était devenu pire: même si je rentrais directement après les cours, elle ne me voyait plus. Sa douleur lui avait mis des lunettes opaques devant les yeux. Je les aimais bien, moi, ses yeux, pourtant. J’aimais leur ton de bleu, même un peu vaporeux. J’aurais aimé avoir les yeux de ma mère. Ses yeux, mais pas son regard. J’aurais préféré crever plutôt que de me rencontrer avec ce regard-là dans le miroir.
Nous étions donc au début de novembre et j’allais avoir quatorze ans. Tous les matins je partais à la noirceur. Je poussais mes bottes l’une devant l’autre sur le trottoir gelé. Je traversais le parc la tuque enfoncée jusqu’en bas du front, les mains gercées au fond des gants, les chaussettes jamais assez épaisses contre le vent.
Quand l’autobus finissait par arriver, j’étais immanquablement transi. Pendant le trajet, je me tassais avec les autres voyageurs, qui arboraient tous des faces de déterrés, le nez rouge, les yeux laiteux, la mine renfrognée comme s’ils allaient à l’abattoir. Les uns avec soulagement, les autres avec dépit, mais tous sans protester. Et je les haïssais.
Je me disais que si je devais prendre ce bus tous les prochains jours de ma vie ou risquer de ne plus le prendre pour rester vautré dans un sofa, j’aimais autant débarquer tout de suite. Ce n’était pas la peine que je poursuive mes études pour finalement briguer une quelconque université. Je ne savais pas si on me donnerait l’opportunité de me rendre jusque-là, je ne savais pas si j’en aurais jamais les moyens ni, surtout, l’envie. Ça ne valait pas la peine d’être un des meilleurs élèves d’une des meilleures écoles secondaires de la ville. Je n’avais rien d’autre à faire qu’essayer de devenir encore meilleur, mais plus je progressais, plus mes succès s’avéraient inutiles, trop précaires pour demeurer stimulants. Je savais qu’être travailleur, cultivé et attentif, ne rendait pas plus heureux. Pas plus que la perspective d’avoir un jour un bon

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