Rafael
98 pages
Français

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Description

En troisième secondaire, Rafael sait depuis longtemps qu’il est autiste. Cette différence ne l’a cependant jamais empêché de mener une vie relativement normale.
Assez pour passer une nuit à l’extérieur de chez lui lors d’une classe neige? Pas sûr... Heureusement, il a toute l’année scolaire pour se préparer.
Aussi, Rafael entreprend les démarches pour l’obtention de la garde d’un chien d’assistance. Grâce au Programme d’aide canine, Rafael gagnera beaucoup plus qu’un chien: il se fera un nouvel ami et vivra des expériences formidables!
«Tout ce que je raconte ici, ce sont mes parents qui me l’ont dit il y a quelques années, lorsqu’ils m’ont expliqué c’était quoi l’autisme. Et que j’étais autiste, par le fait même.
Aujourd’hui, à presque 14 ans, j’aimerais ça, moi aussi, avoir une blonde, chiller avec ma gang au skatepark, être invité aux partys, en organiser, tiens, pourquoi pas ! Être normal, quoi. Même si j’ai tendance à dénigrer ceux qui le sont. C’est paradoxal, non ? Mais je n’ai aucune chance que ça arrive, tout ça.»

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782897587536
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Guy Saint-Jean Éditeur
4490, rue Garand
Laval (Québec) Canada H7N 5Z6
450 663-1777
info@saint-jeanediteur.com
saint-jeanediteur.com
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Données de catalogage avant publication disponibles à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à Bibliothèque et Archives Canada.
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Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
© Guy Saint-Jean Éditeur inc., 2019
Révision : Fanny Fennec
Correction d’épreuves : Johanne Hamel
Conception graphique de la couverture et infographie : Christiane Séguin
Photo de la page couverture : © Depositphotos/serezniy
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2019
ISBN : 978-2-89758-752-9
ISBN EPUB : 978-2-89758-753-6
ISBN PDF : 978-2-89758-754-3
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait de ce livre, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Toute reproduction ou exploitation d’un extrait du fichier EPUB ou PDF de ce livre autre qu’un téléchargement légal constitue une infraction au droit d’auteur et est passible de poursuites pénales ou civiles pouvant entraîner des pénalités ou le paiement de dommages et intérêts.

Guy Saint-Jean Éditeur est membre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

À Mattias, mon beau-fils préféré ;) Et bien sûr, à la mémoire de Simon Beauregard…
Prologue
Pas mal tout le monde sait que je suis autiste. J’habite dans une petite ville, tout le monde se connaît depuis la garderie, même si on est tous rendus au secondaire – en 2 e , pour ma part. Mes parents sont ultra-sociables alors, ils connaissent les parents de beaucoup de jeunes du coin. Parce qu’ils sont extrêmement polis – ou trop mous –, ils continuent même de parler aux parents de mes anciens amis, ceux qui m’ont complètement mis de côté au primaire. En même temps, je ne peux pas les blâmer ; ils sont normaux, eux. Ils ont besoin de contacts sociaux, ils n’aiment pas les conflits et aiment plaire aux autres. J’ai vu passer une bonne blague à ce sujet sur un groupe de personnes autistes en ligne. Ce que je viens de décrire de mes parents, c’est ce qu’on appelle : le syndrome neurotypique ! Ha ha ! Je l’ai bien rie, cette expression, quand je l’ai lue la première fois. Et la deuxième… et puis, j’avoue, même après 1000 fois, je la trouve toujours aussi drôle. Après tout, peut-être que c’est nous, les personnes autistes, qui sommes normales et les neurotypiques, c’est-à-dire ceux qui n’ont pas de diagnostic, qui ne le sont pas ?
Ça serait quoi si le monde était majoritairement autiste ? Les quelques neurotypiques capoteraient comme nous, on capote à essayer de s’adapter sans cesse à une réalité qui n’a pas été pensée par et pour nous.
Dans un monde de rêve, il y aurait : Moins de lumière AUCUN foutu néon ( ! ! ! ! !) Moins de bruits Moins de gens Moins de contacts physiques obligés, genre serrer la main probablement même pas lavée après être allé à la toilette ou donner deux becs – d’ailleurs, QUI donne vraiment des becs sur les joues aux personnes qu’il rencontre ? Pas moi ! Ça m’écœure ! En fait, je pense que je ne suis pas le seul, car presque tout le monde fait « mouah ! » avec sa bouche en effleurant à peine son interlocuteur de la joue (même pas de la bouche) Moins de discussions vides de sens Pas du tout de vêtements inconfortables (bye bye les jeans rigides, les tricots de laine qui piquent et les maudits bas avec des coutures) Pas d’obligation de dire « Allô » ou « Bye » Pas d’obligation de dire « merci » quand VISIBLEMENT, on est reconnaissant de recevoir quelque chose (comme un morceau de brownie chaud avec du coulis au chocolat au resto ou la nouvelle console de jeux à Noël)
Bref, tout ça pour dire que mes parents sont bel et bien neurotypiques et clairement, pas moi. Ils font de gros efforts pour mieux me comprendre, pour s’adapter à mes besoins et tout et tout, mais bon. Ils ne sont pas dans ma tête. Ils ne sont pas comme moi.
Et que moi, avec les néons, le bruit incessant, les clics et tous les codes sociaux qui viennent avec, ça me tombe sur les nerfs. Non seulement ça me rappelle à chaque instant à quel point l’école n’est pas faite pour moi, mais en plus, je n’aime même pas tant que ça apprendre tout un tas de trucs complètement inutiles. Pour de vrai, ça va me servir à quoi, de connaître en ordre alphabétique tous les philosophes des Lumières ? Le théorème de Pythagore ? De lire Animal Farm de Orwell ? D’apprendre les vers du fameux poème To be or not to be de Shakespeare ? D’avoir à élaborer un texte argumentatif de pourquoi c’est important de réduire sa consommation de déchets ? On le sait tous, qu’on est en train de détruire notre planète !
Pourquoi pas apprendre à faire un budget, hein ? À faire du lavage ? À se trouver un emploi ? À élaborer son CV ? À cuisiner une lasagne ? À se faire cuire un œuf ? Aucune chance qu’on apprenne ça à l’école. Pourtant, c’est de ça qu’on a besoin dans la vie pour… vivre.
Heureusement, je réussis académiquement sans trop d’efforts. Oh ! Ça a fait grincer des dents certains profs que je ne fasse pas mes devoirs. J’en ai eu des retenues pour travaux non faits, justement. Mais je m’en fous : j’ai une moyenne générale de 92 % pareil dans toutes les matières, même celles que je n’aime pas (OK, je n’en aime aucune, mais celles que j’aime encore moins, mettons).
Mais ça, mes parents neurotypiques ont du mal à le comprendre. Ils souhaiteraient que je m’intéresse plus à l’école et à ce que j’y apprends. Quand ils me demandent « Comment s’est passée ta journée ? », je leur réponds un laconique : « Bien », alors qu’ils espéreraient que je développe à propos de mon horaire de la journée, des personnes à qui j’ai parlé, des choses que j’ai appréciées, des aspects nouveaux que j’ai découverts. Pour ma part, comme pour beaucoup de jeunes autistes, une fois que j’ai terminé quelque chose, je passe à autre chose. Et j’ai du mal à recréer la séquence de ma journée. Je vis plutôt dans le moment présent. N’est-ce pas d’ailleurs ce que souhaiteraient être en mesure de faire bon nombre d’adultes ?
Chapitre 1
Au rythme de mes inspirations et de mes expirations, je sens mon corps se détendre. Une technique d’apaisement apprise lors de mes nombreuses séances d’intervention animées par l’éducatrice spécialisée du centre en autisme que j’ai fréquenté jusqu’à l’an dernier. Les yeux fermés, je ne vois que des ombres valser derrière mes paupières closes. Des branches d’arbre, j’imagine.
Avec un sens en moins, j’ai l’impression que tous les autres sont décuplés. Je goûte mieux la cerise artificielle sur ma langue, laissée par un suçon que j’ai terminé plus tôt. Je ressens davantage le vent automnal contre mon visage et j’entends de manière plus intense le piaillement des oiseaux qui migrent vers le sud en vue de l’hiver ainsi que le petit ruisseau qui passe tout près. L’odeur de la terre jonchée de feuilles rouges, orange et brunes parvient mieux à mes narines, aussi.
Doucement, j’entrouvre les yeux. Mon repaire. L’endroit où je me réfugie chaque fois que la vie – ma vie – devient trop. Trop intense, trop folle, trop rapide, trop tout.
Ici, quelque part sous un énorme saule pleureur planté depuis des années dans le parc tout près de chez moi, c’est le seul endroit où je me sens apaisé. Le seul lieu où le brouhaha extérieur ne vient pas jusqu’à moi, où mon chaos intérieur se calme. Ici, plus rien ne peut m’atteindre, pas même ma peur de tout et de rien. Ces autres qui ne me comprennent pas, qui ne saisissent pas le fonctionnement de mon cerveau, ses rouages et ses détours. Ces mêmes autres qui me font sentir extraterrestre, alors que pour moi, ce sont eux, les aliens . Les étranges, tous pareils, programmés de la même façon à penser de manière identique, à s’habiller avec les mêmes vêtements, à se coiffer de la même manière. Les petits moutons qui suivent, sans le savoir, un gros méchant loup : la société de consommation. Se conformer, ne pas se poser de questions, posséder plus, « avoir l’air ». Se moquer de tous ceux qui n’entrent pas dans le moule, alors qu’au fond, ils meurent d’envie, eux aussi, d’être libres d’être qui ils sont réellement.
Je n’ai pas de mérite :

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