LA Peur vous va si bien
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LA Peur vous va si bien , livre ebook

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Description

Après quelques jours de vacances, Ying prend la route, heureux à l’idée de retrouver ses amis. Ça ne se produira pas. Un accident le catapulte dans un autre monde. Un monde parallèle où la peur fait naître les plus bas instincts. Alex et Ariane sont inquiets. Ils partent à sa recherche.
Ce qu’ils découvrent est une machination d’une ampleur inégalée. La boussole de la science s’est déréglée. Des spécialistes ont découvert une faille dans le cerveau humain. Si l’expérience est concluante, ils détiendront un pouvoir absolu.
Les Reporters associés n’ont pas l’habitude d’être les sujets de leur propre enquête. Cette fois, Ariane, Alex et Ying n’ont pas le choix. Leurs vies sont en jeu. Leurs vies et celles de milliards d’êtres humains. Le complot a une dimension planétaire et des ramifications jusqu’aux plus hauts niveaux de la société. Ils ne peuvent faire confiance à personne.
Ils sont seuls et ils ont peur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782925117711
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0548€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

1
La route
Ying porte son sourire des grands jours. Sur un rang de campagne, son automobile roule à vive allure en direction de la route 117. Les rayons du soleil font luire la rosée, fraîchement déposée sur le bitume. Malgré l’heure matinale, la chaleur se fait déjà sentir. Depuis quelques jours, la canicule se paye une traite d’automne. Le vent s’engouffre par les fenêtres ouvertes et tourbillonne dans sa chevelure. Un rap joue à tue-tête dans les haut-parleurs, mais avec tout ce bruit, il l’entend à peine. Ça ne fait rien. Il chante. Les quelques maisons qu’il croise semblent à peine sorties de la brume de la nuit, à l’image des habitants devant leur café matinal. La route est à lui.
Il imagine la tête que feront Ariane et Alex lorsqu’il leur racontera ses histoires de pêche, ses randonnées de survie et ses virées de kayak. Lui qui adore la bonne bouffe, il en a été privé depuis trop longtemps. Il salive à l’idée de retrouver ses amis devant un souper gastronomique chez Sana. Selon son fin palais, il s’agit du meilleur restaurant indien en ville. Sa mémoire lui rappelle le parfum des caris et le piquant des tandooris. Au diable les galettes de sarrasin et les fèves au lard en conserve qu’il a mangées durant les deux dernières semaines !
Le jeune homme s’était lancé le défi de passer ses vacances en solitaire dans une cabane en bois rond d’une forêt des Laurentides. Il a d’abord été surpris par l’exiguïté des lieux. Non pas qu’il soit grand seigneur : il habite dans un modeste appartement. Mais tout de même. Le chalet qu’il avait loué ne possédait qu’une seule pièce, servant à la fois de cuisine et de salon. Sur les murs, des tablettes étaient fixées pour accueillir les denrées non périssables et les boîtes de fer blanc, préservant ainsi les aliments secs des insectes et des bestioles. La nuit venue, une échelle encordée à une poulie permettait de monter à une étroite mezzanine, sur laquelle un lit prenait tout l’espace : attention aux réveils trop brusques, car le plafond était à portée de tête. Il en a fait l’expérience à plus d’une reprise. Évidemment, le puits et sa pompe étaient à l’extérieur, tout comme la toilette sèche, qui dégageait une odeur inhabituelle pour un museau urbain comme le sien. Tout compte fait, ses objectifs de dépaysement et de nature étaient comblés.
L’idée de partir en forêt avec sa débrouillardise pour seule amie lui était venue en faisant des recherches sur ses ancêtres. Si sa famille vivait aujourd’hui en Amérique, c’était grâce à la persévérance et à l’acharnement de son arrière-grand-père. Partir de Chine, traverser le Pacifique, parcourir les plaines de l’Ouest, pour travailler à la construction du premier chemin de fer, était une aventure autrement plus déroutante que de louer un refuge dans les Laurentides. Les commodités de la vie moderne nous auraient-elles détournées de la véritable valeur des choses ? Ces questions lui étaient venues à l’esprit alors qu’il regardait le paysage grandiose se déployant devant lui. Au premier matin de son séjour, puis tous les jours suivants, Ying avait admiré le lever du soleil comme une œuvre d’art. Perché au sommet d’une montagne, le chalet lui offrait ce spectacle unique. Une grande fenêtre orientée vers l’est encadrait le tableau d’un grand maître. D’abord, la forêt s’éveillait dans une brume grise. Puis, le ciel annonçait les couleurs de la journée : rouge, orangé, violet et bleu. Les couleurs de la vie.
Après trois jours sans eau courante ni électricité, Ying a commencé à douter de sa persévérance et a presque renoncé à l’expérience. Puis, tout est devenu plus simple, plus clair. Malgré un sevrage particulièrement douloureux d’internet et de contacts humains, ses deux semaines de vacances ont finalement passé trop vite. Elles n’en ont pas moins rempli à ras bord sa besace d’anecdotes cocasses. La guerre qu’il a livrée à un gang de ratons laveurs, squatteurs de poubelles, est pour le moins mémorable. Il sourit. Il imagine déjà la soirée de rires qu’il passera avec ses amis. Le grand Alex lui demandera certainement comment il a fait pour traverser cette épreuve, malgré son physique délicat. Et l’indomptable Ariane le questionnera à n’en plus finir sur le pourquoi du comment il a tenté pareille expérience. Enfin, sur ce que cette dernière lui a apporté. Elle insistera, et Alex se fera un devoir de lui inventer des explications dont lui seul détient le secret. Ses compagnons de l’équipe des Reporteurs associés lui manquent et il a hâte de les retrouver.
D’une courbe à l’autre, par monts et par vaux, un paysage grandiose défile sous son regard. Des arbres, arbustes, pierres et rochers à la fois semblables et différents. Des verts, des jaunes, des rouges, mêlés ou emmêlés, colorent cette nature puissante et sauvage où Ying sent qu’il a pris racine. Il ne veut pas oublier de demander à Ariane comment s’est constituée la géographie de la région. Elle n’est pas géologue, mais sa formation en archéologie l’aidera certainement à répondre à plusieurs de ses questions. Partout autour de lui, des amas de pierres gigantesques sont plantés dans la terre. Seraient-ce les glaciers qui auraient chamboulé la géographie des Laurentides ? Est-ce pour cette raison que la colonisation du curé Labelle s’est heurtée à des champs de roches peu propices à l’agriculture ?
Sur le bord de la route, il lui semble voir un animal. Il braque son regard dans son rétroviseur. Rien. Peut-être un chevreuil ou un chevreau. Il y en a beaucoup dans les environs. Plusieurs panneaux indiquent leur passage sur la route. Ying lève son pied de l’accélérateur. Mieux vaut être prudent. Il a entendu des histoires terribles. Frapper un orignal de 500 kilos à 90 km/heure peut être fatal. D’autant plus que Ying ne se pardonnerait pas de tuer un animal de manière aussi brutale.
Au détour d’un virage particulièrement serré, une autre ombre se détache du décor. D’abord, Ying croit voir un énorme chien. Un chien sans queue ni tête, ça n’existe pas, et pourtant il est là. L’animal avance en déplaçant ses pattes articulées et se dresse au bord de la route. Un énorme flash aveugle Ying. Il freine, mais la voiture dévie sur la voie à contresens. Il lance ses lunettes de soleil sur le banc passager, croyant apaiser la douleur qui lui brûle les yeux. À peine recouvre-t-il la vue, qu’une autre bête se dresse devant lui. Le second flash lui fait perdre le contrôle. Sa voiture fait une embardée, s’écrase dans un fossé et poursuit sa course folle dans un champ. Des arbres et des rochers la frôlent, l’accrochent, la secouent. Sous la force de l’impact, le sac gonflable se déploie, puis se déchire. Il perd conscience. Son corps est mou telle une poupée de chiffon, ballottée entre les sangles de sa ceinture de sécurité.
Lorsqu’il s’éveille, sa voiture gît au fond d’un ravin où coule un ruisseau. Le pare-brise a éclaté en morceaux. Reprenant ses esprits, Ying recouvre ses sens et ses sensations. Sa gorge se noue et il a du mal à respirer. La panique s’installe dans son corps. Par à-coups, il parvient à reprendre son souffle. Du sang séché colle ses paupières et lui couvre le visage. Les coupures semblent superficielles. Depuis combien de temps est-il là ? Une intense douleur à la tête, puis une autre au poignet lui rappellent qu’il est toujours en vie.
Sa ceinture de sécurité est coincée. Il ne parvient pas à s’en défaire. Il se penche pour ramasser son sac qui traîne par terre. Un violent spasme se loge dans sa tête. Il saisit un couteau et son téléphone cellulaire. Il tranche la lanière, s’en dégage et tente d’ouvrir la portière. Elle est coincée. Il se rend compte qu’il a eu une sacrée chance. La carlingue de la voiture est éventrée, le toit est aplati de l’arrière à l’avant, lui laissant juste assez d’espace pour bouger. Il ne reste plus qu’un tas de ferraille, d’où proviennent un filet de fumée âcre ainsi qu’un sifflement aigu. Il lance son sac par la fenêtre et se hisse hors de l’engin disloqué.
Autour de lui, la forêt danse sous le vent. Un bruissement de feuilles couvre les bruits de la route, qui ne doit pas être loin. Le cellulaire de Ying s’allume enfin, après deux semaines d’inactivité totale. 15h48. Sa montre indique pourtant 17h24. L’accident a eu lieu au cours de la matinée. Si personne n’est venu à son secours depuis tout ce temps, c’est qu’il est passé inaperçu. Il tente d’appeler les secours, en vain. L’appareil est pourtant réputé pour sa longue portée. La pile est à plat, mais il reste suffisamment d’énergie pour faire un appel. Après cinq tentatives, il se résigne à chercher une autre solution.
Rejoindre la route. C’est la chose à faire. De là, il pour

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