Laïcité, intégration : l école de la République en question ?
45 pages
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Description

Depuis maintenant plusieurs années, la question de la laïcité ne cesse de revenir sous les feux de l’actualité. De multiples débats surgissent, de ces mères voilées à qui on refuse l’accompagnement scolaire aux repas spécifiques dans les cantines. Ces conflits soulèvent la question de la place de la laïcité dans la sphère publique et en particulier dans l’école. Doit-on la voir comme une contrainte ou comme un facteur du « vivre ensemble » ?
L’Iréa a souhaité engager une vaste réflexion sur ce thème : au lycée Henri IV, à Paris, un colloque a été mené autour de la laïcité, de son histoire en France, de sa perception en Europe, questionnant sa contribution à l’intégration des élèves.
Universitaires, chercheurs, journalistes et syndicalistes ont apporté leurs différents éclairages. Tous ont mis en avant l’importance de cette laïcité, fondamentale dans une société en perte de repères.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304046854
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la coordination de Jean-Luc Villeneuve
Laïcité, intégration : l’école de la République en question ?
Les colloques de l’IRÉA
ISBN 9782304046854 © Septembre 2017 Éditions Le Manuscrit Paris


Dans la même collection
Évaluer l’évaluation , 2009
L’évaluation du travail des élèves , 2010
Autonomie des établissements du second degré , 2010
La formation initiale des enseignants en Europe : convergences, divergences, évolutions , 2011
Le socle commun en France et ailleurs , 2012
Filles-garçons en famille et à l’école : reproduction des inégalités ou éducation à l’égalité , 2012
École – Formation – Territoires : faire société ? , 2013
Enjeux éducatifs de la petite enfance , 2014
Actes du colloque organisé par l’Iréa Lycée Henri IV – Paris 5 e Mercredi 10 juin 2015


Avertissement
La coordination de cet ouvrage a été assurée par Jean-Luc Villeneuve.
Les textes de ces Actes reprennent les interventions des participants aux tables rondes. Ils ont tous été revus par leurs auteurs.
Nous remercions :
– les membres du conseil d’administration et du conseil scientifique de l’Iréa,
– Boris Anstett qui a réalisé le travail de transcription,
– Marie-Thérèse Nolais qui a assuré le travail de secrétariat,
– Le proviseur du lycée Henri IV à Paris qui nous a accueilli.


Conférence « Histoire de la laïcité »
Par Alain Bergounioux Inspecteur général honoraire de l’éducation nationale, membre de l’Observatoire de la laïcité.
Débat animé par Bruno Lamour, Secrétaire général de la Fep-CFDT.


La laïcité en perspective
Le problème des mères de famille avec un foulard dont l’accès à l’école est refusé, la question des crèches dans des bâtiments publics, l’affaire des repas dans les cantines, etc. Il n’y a pas une semaine sans que des débats ne surgissent mettant en cause des conceptions différentes de la laïcité. Il y a une crispation évidente dans une période où la société française doute de sa capacité d’intégration. L’opinion se divise face à une religion, l’Islam, qui, évidemment, n’a pas les mêmes codes que la religion chrétienne, catholique et protestante ou la religion juive parce que, notamment, elle est plus récente dans nos sociétés. On voit donc bien que nous sommes dans un moment où la question de la laïcité et de sa compréhension est un enjeu politique important et, par là même, un enjeu éducatif majeur. Il faut essayer de penser avec rigueur cette notion de laïcité parce que c’est une notion qu’on utilise un peu pour tout.
Or, la laïcité n’est pas un mot magique qui peut répondre à tous les problèmes de la société, la mixité sociale, le terrorisme, les inégalités sociales, etc… Il ne suffit pas de parler de laïcité pour avoir des solutions ! Donc il faut revenir à ce qui est fondamental quand on parle de laïcité. C’est à la fois des principes de droit et une valeur liée aux valeurs républicaines d’égalité, de liberté et de fraternité. Elle a la capacité de faire « vivre ensemble » les différentes convictions religieuses et philosophiques. C’est cela le fond de la chose, donc ne lui demandons pas de résoudre tous les problèmes de la société française.
Une fois dit cela, essayons de mettre les choses dans une perspective historique. Évidemment, on pourrait dire de la laïcité ce que Durkheim disait de l’individualisme : « On ne le voit pas mais il chemine ». Elle a des racines dans l’Histoire qui sont antérieures au XVIII e et XIX e siècle. Mais, quand même, si on veut être rigoureux, on sait que la laïcité est un mot qui n’apparaît véritablement comme concept que dans les années 1870. Avant, le mot « laïc » n’a pas le même sens. Même si c’est intéressant de voir l’histoire plus ancienne, de revenir aux guerres de religions, il est plus intéressant d’être, pour être plus juste, de partir de la période où on utilise véritablement la notion de laïcité. Vous savez qu’elle figure dans la constitution de la République française à partir de 1946 et est reprise dans celle de 1958. Le point fondamental, est que la laïcité émerge véritablement comme réalité, avant d’être affirmée comme concept, avec les Lumières et la Révolution française. L’apport des Lumières par rapport aux religions, c’est de penser qu’il faut exclure tout principe d’autorité d’un pouvoir ecclésiastique, quel qu’il soit sur les hommes. L’idée est que les hommes font leurs propres lois, d’où la thématique extrêmement forte de l’idée de « contrat » qui a été au cœur de la pensée politique du XVIII e siècle et qu’on retrouve chez les grands auteurs. L’idée est que les hommes sont autonomes et qu’il n’y a pas une hétéronomie qui organise les choix politiques des hommes et qu’ils vivent en société sur une base volontaire. Évidemment, les choses sont plus compliquées, mais cela reste le cœur des principes philosophiques des Lumières, malgré des différences notables entre les principaux penseurs des Lumières. Voltaire, dont on connaît la critique de la religion, trouvait, quand même que la religion était bonne pour maintenir le peuple dans l’obéissance… Et Rousseau, quant à lui, a porté la tentative d’une religion civile. On voit que le problème n’est pas si simple. Même si le fond des Lumières, pour résumer, était tout pour la raison, tout par la raison, il y a une réflexion différenciée sur la place des croyances.
La Révolution française a été un moment, évidemment, important, parce qu’avec elle, on a essayé un grand nombre de formules pour trouver une place à la religion dans la société. Quand vous y réfléchissez, la Révolution française commence par une « Constitution civile du clergé », l’État organise la religion et en profite pour confisquer des biens de l’Église… Mais il y a, aussi, un mouvement de déchristianisation dans la Révolution française, avec les « enragés » mouvement véritablement athée. Puis, avec Robespierre on a la tentation d’une religion civile avec le culte de l’Être suprême. Et, ce qui est souvent oublié, en 1795, sous le Directoire - souvent on arrête la révolution en 1794 -, Boissy d’Anglas porte un décret (de l’an III) qui institue pour la première fois la séparation de l’Église et de l’État, stipulant « nul ne peut être forcé aux dépenses d’un culte, la république n’en salarie aucun ». Vous voyez que, de ce point de vue, tout ne commence pas en 1905. La Révolution a hésité, en quelque sorte, entre plusieurs formules et n’a pas trouvé la bonne.
Celui qui a pensé trouver la solution, c’est celui qui a voulu aussi terminer la Révolution française, Napoléon Bonaparte, et qui lui, pour réconcilier les Français, conclut le Concordat, en 1800, qui réinstaure des liens entre l’Église et l’État et fait du catholicisme non pas la religion de l’État mais celle de la « majorité des Français ». En même temps, si j’ose dire, c’est la « synthèse » du Premier consul, il ne revient pas sur la déchristianisation de la société française, notamment l’état civil retiré à la religion et un certain nombre d’avancées dans la laïcisation, mais il établit alors la religion catholique comme celle de la « majorité des Français ». Ce que croyait vraiment Napoléon, lui-même, est un grand débat. Mais vous connaissez sa formule, qui était, elle, sa vision de la société, il disait « mes préfets, mes évêques, mes gendarmes »… Les choses étaient donc claires de ce point de vue, pour lui il s’agissait essentiellement d’un principe d’ordre social et un moyen de réconcilier les Français après les déchirures de la Révolution. À partir de là, le Concordat reconnaît à l’État le droit d’intervenir dans l’organisation des religions. On connaît l’organisation de la religion juive avec la création du Consistoire, l’organisation du protestantisme et une intervention polit

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