Le chemin éternel

Bernard Pozier

Description

Bernard Pozier nous convie à une réflexion sur notre présence au monde et sur la présence du monde en nous. Traversant à la fois les époques, les pays, les deuils innombrables et les souvenirs qui s’y rattachent, il répond également à l’appel d’un présent qui nous invite à prendre part à la société des vivants, à prendre terre ici. Convoquant poètes et amis, passé et présent, paysages et odeurs, usant du clin d’œil et d’une variété de styles, l’auteur nous offre à la fois son regard particulier sur le monde et une méditation sur les traces fugitives que nous laissons dans la poussière du temps.

Sujets

• Poetry
• Canadian

Informations

• Publié par: Écrits des forges
• Date de parution: 18 mai 2023
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782896454617
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

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Le
chemin
éternel /* Script */ /* Script */ /* Script */
Les Écrits des Forges, fondés par Gatien Lapointe en 1971, bénéficient
de l’appui financier du Conseil des arts du Canada et de la Société de
développement
des
entreprises
culturelles
du
Québec
(SODEC).
Illustration de couverture: Federico Bottos , unsplash.com
Dépôt
légal:
premier
trimestre
2023
(papier)
                   
deuxième
trimestre
2023
(epub)
Bibliothèque
et
Archives
nationales
du
Québec
Bibliothèque
et
Archives
Canada
ISBN: 978-2-89645-429-6
(papier)
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(epub)
©
2023,
Écrits
des
Forges
992-A,
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Royale
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2023,
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Caractères
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En
librairie:
Diffusion
Prologue
1650,
boul.
Lionel-Bertrand
Boisbriand
(Québec)
J7H
1N7
[e-mail]

Le
chemin
éternel

Avec
la
participation
du
gouvernement
du
Canada

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BERNARD
POZIER

Le
chemin
éternel

Membre
de
l’Académie
Mallarmé

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La réalité se précipite dans une aventure où les trottoirs les
plus
irréguliers
indiquent
la
piste
d’où
nous
envoler
Claude
Beausoleil
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ARRÊTS
BLEUS
Sur
la
rue
des
arrêts
bleus
On
numérote
les
fleurs
Plutôt
deux
fois
qu’une
Faisant
des
freins
au
temps
Alors
les
signes
nous
déroutent
Au
milieu
du
chemin
Deux
arbres
seuls
ou
un
Comptent
les
voitures
Frôlant
leurs
flancs
Tels
les
chevaux
d’antan
Les
vétustes
pavés
Secouent
les
échines
Tordant
pieds
et
pneus
Comme
jadis
les
sabots
et
les
roues
Sur
la
rue
des
arrêts
bleus
Quelques
trois
secondes
Ici
et
là
quelquefois
Ainsi
nous
passons
Comme
le
disait
l’autre
Sous
la
pluie
rouge
et
lilas
Des
bougainvilliers
Et des jacarandas

9 /* Script */ /* Script */ /* Script */
FRÉGATES
Là
où
les
frégates
sont
des
oiseaux
C’est
dans
le
ciel
que
naviguent
les
yeux
Cherchant
à
décrypter
ces
lettres
mobiles
Qui
vont
vers
où
Tout
le
temps
qu’elles
ont
Comme
nos
mots
dits
ou
écrits
Sur
l’aire
du
vent
Ou
sur
des
restes
d’arbres
Petits
envols
Que
l’on
émet
Que
l’on
empile
Sans
souci
En
désirs
d’avenirs
Que
forcément
nous
allons
déshabiter
En
migrateurs
qui
ne
retrouveront
jamais
Le
chemin
du
retour
Frégates
naufragées
Voguant
volant
sur
le
bleu
Vers
une
île
Possible

10 /* Script */ /* Script */ /* Script */
LA
VALLÉE
DES
MIROIRS
Si
tu
grimpes
sur
la
bonne
montagne
Le
bon
jour
à
la
bonne
heure
Tu verras que les hommes vivent en paix avec                  
les
animaux
Dans
les
champs
Tu
verras
que
les
arbres
ouvrent
les
bras
aux
oiseaux
Sur
les
lacs
Et
si
tu
te
penches
bien
et
fronces
les
sourcils
Tu
pourras
entrevoir
tout
au
creux
Le
fond
secret
du
ciel
Si
tu
grimpes
sur
la
même
montagne
Le
même
soir
à
la
bonne
heure
Tu
verras
le
soleil
se
mirer
plusieurs
fois
Entre
les
champs
Et
caresser
de
couleurs
le
dos
usé
des
montagnes
Et
la
crinière
des
plantes
séchées
Et
si
tu
te
penches
et
fronces
les
sourcils
Tu
pourras
entrevoir
tout
au
creux
Le
fond
profond
de
la
nuit
Et
parfois
certains
soirs
Si
tu
regardes
avec
le
bon
œil
Et
si
la
magie
est
bonne
Au
cœur
de
la
vallée
des
miroirs
Tu
verras
le
fond
de
toi

11 /* Script */ /* Script */ /* Script */
VERNISSAGE
De
noir
vêtue
fourrure
et
boa
Telle
une
star
du
temps
du
muet
Qui
parlerait
sans
arrêt
Les
escarpins
pailletés
bien
plantés
Au
milieu
du
siècle
dernier
Des
bijoux
jusqu’en
haut
du
chapeau
Parmi
ses
tableaux
elle
apparaît
Sans
que
l’on
ne
sache
jamais
Duquel
elle
sort
ou
dans
lequel
elle
entrerait
À
grands
coups
de
maquillage
À
même
son
propre
visage
Elle
peint
son
autoportrait

12 /* Script */ /* Script */ /* Script */
ELLE A TROIS PLUMES DANS LES CHEVEUX
Elle
a
trois
plumes
dans
les
cheveux
La
petite
Nahua
Au
cœur
du
marché
Entre
le
four
et
ses
clients
Chaque
après-midi
Les
yeux
rutilants
Les
dents
pétillantes
La
voix
invitante
Auréolée
des
odeurs
de
tous
les
condiments
Elle
butine
ainsi
jusqu’à
l’addition
Où elle puise machinalement dans sa chevelure                  
d’encre
noire
Un
des
trois
stylos
Bic
plantés
dans
sa
queue
de
cheval

13 /* Script */ /* Script */ /* Script */
MORT
D’UNE
MORTE
On
a
déposé
son
chapeau
au
milieu
du
patio
Près
de
la
terre
afin
que
n’en
meurent
les
fleurs
Les
plumes
vers
le
haut
que
s’envolent
les
oiseaux
Le
boa
vers
le
bas
pour
que
serpentent
nos
peurs
On
a
plié
soigneusement
sa
longue
robe
de
bal
Remisée
dans
un
vieux
tourne-disque
bancal
Pour
qu’elle
écoute
les
vieux
chanteurs
en
récital
Félix
Leclerc
Pedro
Infante
Alys
Robi
ou
Rocío
Dúrcal
On a un à un placé méticuleusement ses os dans                  
le
corps
du
piano
Qu’ils résonnent en frappant les cordes en tempo                  
et
en
crescendo
Et le sieur Posada le premier est venu jeter quelque                  
larme
salée
Sur le corps de la défunte Catrina au crâne souriant et      
à
l’âme
sucrée

14 /* Script */ /* Script */ /* Script */
MOSAÏQUES
Ta
maison
Que
moi
je
vois
très
bien
Pourtant
Ne
fait
qu’une
toute
petite
tache
Dans
la
toile
impressionniste
de
la
ville
presque
infinie
Ta
fenêtre
Que
je
vois
bien
aussi
Participe
à
la
mosaïque
urbaine
N’y
ajoutant
qu’un
simple
carreau
de
plus
Et
même
ton
visage
Derrière
la
vitre
de
ta
fenêtre
Malgré
les
rideaux
grands
ouverts
Ne
serait
qu’une
mince
nuance
du
décor
Si
l’on
en
croit
les
yeux
des
passants
Eux
qui
ne
savent
Et
ne
connaissent
rien

15 /* Script */ /* Script */ /* Script */
MURALITÉS
Les
murs
n’ont
pas
d’oreilles
Si
nous
ne
chantons
pas
pour
eux
Car
nous
ne
sommes
que
des
voyeurs
Voyageurs
devant
eux
Les
murs
ont
des
odeurs
Quand
ils
viennent
du
passé
Et
portent
leur
histoire
Sur
leur
propre
dos
Les
murs
ont
des
images
Pour
que
nous
ayons
des
yeux
En
silence
ils
projettent
des
couleurs
Au
cœur
de
nos
pupilles
Ainsi
la
vie
s’étale
À
son
rythme
On
la
regarde
passer
Au
nôtre
Question
de
goût
À
vue
d’œil
À
vue
de
nez
Et
défense
de
toucher

16 /* Script */ /* Script */ /* Script */