Mon Ange
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Mon Ange , livre ebook

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Description

Mon ange
Jean-Jacques Ronou
Texte de 182 000 caractères, 30 000 mots, 150 pages en équivalent papier.
Lors d'un voyage sur l'île de Kós en Grèce, Jean, un chubby de soixante ans et Gabriel, son amoureux, un jeune homme, de trente ans, né au Burkina Faso, vont être confrontés à un monde en plein marasme.
Le passeport de Gabriel disparaîtra lors d'une journée de visite en Turquie et tout basculera pour lui, pendant que Jean vivra une expérience étrange sur l'île de Patmos.
Entre la menace d'un virus mortel, et une histoire d'espionnage, où est la réalité dans le rêve ; où est la prémonition ?


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029404146
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon Ange
 
 
 
Jean-Jacques Ronou
 
 
 
 
 
 
« Quand tu seras sur le point de mourir, tu t'en iras vers les demeures bien construites d'Hadès.
À droite, il y a une source près de laquelle se tient un cyprès blanc.
C'est là que les âmes des morts descendent et qu'elles s'y rafraîchissent.
De cette source surtout ne t'approche pas, car tu en trouveras une autre,
en face, d'où s'écoule l'eau fraîche qui vient du lac de Mnémosyne.
Au-dessus d'elle se trouvent les gardiens, ils te demanderont du plus profond de leur coeur,
ce que tu fais, et où tu vas, cherchant, dans les ténèbres du sombre Hadès.
Dis : je suis fils de Terre et de Ciel étoilé, mais je suis desséché par la soif et je meurs.
Donnez-moi vite l'eau fraîche qui s'écoule du lac de Mnémosyne.
Alors par le vouloir du roi des enfers, ils te traiteront avec bienveillance et te laisseront boire à la source de Mémoire.
Alors tu chemineras sur la voie sacrée, parmi les autres Mystes, dans la gloire de Dionysos. »
 
Texte, traduit du grec, des lamelles d’or découvertes en 1965
dans la nécropole d'Hipponion,
en Italie du Sud.
 
 
 
1
 
 
 
Ce fut comme si une bombe nucléaire était tombée sur Wuhan en Chine. En décembre 2019, une terrible épidémie virale s’abattit sur la ville. Des journaux nous montraient des rues vides, des cliniques débordées, des malades entassés les uns à côté des autres dans des hangars de fortune, construits en dix jours, baptisés hôpitaux pour faire joli. Le confinement absolu de la ville fut décrété par la dictature chinoise et les autorités ne réagirent absolument pas dans le monde. Les journalistes faisaient reportage sur reportage en détaillant les pertes humaines, les morts qui frappaient l’Iran alors que tous les vols vers l’Asie au départ de l’Europe restaient effectifs comme si cela n’avait aucune importance. On assistait médusés à l’impuissance, face aux compagnies de tourisme, des hommes et femmes politiques qui, censés protéger leur peuple, jouaient aux autruches. Incapables de mesurer le risque d’une pandémie, ils s’accrochaient à des experts incompétents qui leur conseillaient de ne surtout pas menacer l’économie, que les indices allaient s’écrouler, les bourses s’effondrer et le chômage exploser si des mesures énergiques étaient enfin prises. Notre président Macron décrétait que des mesures d’attente étaient nécessaires, et se promenait en public dans les théâtres. Pendant ce temps, cent quarante-cinq pays étaient touchés par la pandémie avec plus de sept mille morts en mars 2020 et cent soixante-quinze mille malades dans le monde.
J’ai assisté, comme tout le monde, à cette décomposition politique où les politiciens de pacotille qui avaient sous-estimé l’épidémie se retrouvaient justement avec une bourse en crise qui perdit des milliards en quelques jours, des entreprises fermées qui licenciaient du personnel en chômage technique, et des enseignants aux pneumonies virales contaminés par leurs élèves venus gentiment crachouiller sur leur bureau.
Aujourd’hui le dix-sept mars 2020, le polichinelle qui nous sert de président a annoncé hier, enfin, le passage au niveau trois du stade épidémique, avec l’obligation absolue de rester chez soi, la fermeture de tous les cafés et restaurants, et la nécessité d’une feuille d’autorisation de déplacement assez nulle qui sert de passeport de sortie, sur laquelle on coche la raison officielle de son déplacement. Muni de ce document, j’ai roulé jusqu’à un Drive de supermarché pour m’apercevoir que j’étais seul, totalement seul. Paris est déserté et ressemble aux photos de l’exode de 1940. Les trottoirs sont remplis de clochards effarés qui ne comprennent absolument pas ce qui se passe. Des tentes vertes pour sans domicile fixe se multiplient un peu partout. Le long de la Seine jusqu’à Ivry-sur-Seine, j’ai dû rencontrer dix personnes.
La réaction allemande est plus étonnante encore : les avions de ligne seraient réquisitionnés pour un pont aérien si une pénurie alimentaire survient. Donc en France, on fuit Paris envahi, et à Berlin, on attend un pont aérien pour sauver le blocus. On se croirait en pleine guerre.
Mais le pire était que les peuples abusés par des politiciens, aux ordres des riches capitalistes, qui leur promettaient le changement, avaient voté en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis pour des populistes. Incapables d’initiatives radicales, tous avaient tardé à mesurer la gravité de l’épidémie. Le président français Macron avait affirmé, le six mars 2020, que sortir au théâtre était une bonne chose avant de confiner trop tard tout le pays au moment même où les contaminations explosaient. Le Premier ministre anglais Boris Johnson annonçait des mesures de précaution volontaires puis fermait les pubs, les restaurants, les cinémas et théâtres le 20 mars seulement. Le clown américain néofasciste Trump parlait de « virus chinois » alors même que son pays était déjà sérieusement frappé et que tout laissait prévoir un cataclysme à New York. Tous avaient, sous l’ordre des banques et des milliardaires à qui ils devaient leurs élections, étranglé financièrement les services publics de leur pays durant leur misérable mandat.
Fin mars, la presse soulevait enfin le problème des masques FFP2, de protection totale contre les virus, que n’avaient ni les policiers ni les docteurs de ville, ni les infirmières libérales, encore moins les civils à qui on n’avait répété, à l’envi, que cela était absolument inutile. Quatre cent cinquante morts par jour, plus de cinq mille hospitalisations et des centaines de milliers de contaminés non dépistés, car les tests n’étaient pas systématiques comme en Chine, en Allemagne ou en Corée du sud qui eux avaient maîtrisé la pandémie, grâce à ces tests.
Une lettre ouverte au ministre de la Santé, signée par des médecins, dénonçait le manque de masques et de tests sur la population, la gigantesque transhumance des villes vers les campagnes déclenchée par une déclaration de confinement incompétente du président Macron qui aura pour effet de faire exploser le virus en province ; la stratégie de laisser les contaminés chez eux sans leur fournir de masques, alors qu’il faudrait les isoler ; une gestion des gels hydroalcooliques totalement défaillante (d’ailleurs ils sont introuvables). Corinne Lepage, ancienne ministre, parla, elle, de l’une des plus grandes défaillances de l’état dans le journal en ligne Huffington Post. La situation était devenue catastrophique. Les politiciens voulaient protéger l’économie capitaliste et les petites entreprises et se fichaient éperdument des vivants. Ce qui cadrait assez bien avec les premières mesures prises de destruction des avantages sociaux : des assurances chômage, des retraites, des dotations d’hôpitaux et de services de santé, des aides au logement pour les plus pauvres que Macron avait décrétées et qui avaient soulevé des millions de travailleurs dans un pays en crise, déclenchant la plus longue période de manifestations et de grèves de l’Histoire de France. L’économie s’était déjà effondrée fin 2019 avec une croissance négative des derniers mois, en pleine période de fêtes.
Dans ce marasme épouvantable qui avait épuisé les fonctionnaires de police et de gendarmerie, et alors que tout le monde se demandait quand allait finir ce cauchemar ultralibéral ; une épidémie effroyable s’abattit sur nous, démunis, sans masque, sans test, ni mesure de protection. La terreur se lisait dans le comportement des gens qui faisaient des écarts de dix mètres autour de chaque piéton. La République en marche, slogan du parti du président était devenu La République en miettes.
Je ne pouvais plus rencontrer Gabriel.
 
 
 
2
 
 
J’avais reçu un message curieux sur un site gay en mars 2019, presque un an avant le confinement de la population pour cause de pandémie. Un jeune homme m’envoyait des fleurs, des bisous et des petits angelots dorés à mon avatar. À soixante ans, par jeu, j’avais laissé mes coordonnées sur un site de nounours, c’est-à-dire d’homosexuels gros et de leurs amateurs ; une photo peu claire où on ne voyait que mon ventre et un peu mes yeux. J’avais reçu des réponses de cinglés qui voulaient m’enchaîner à un poteau dans une usine désaffectée, me sodomiser à plusieurs dans un bois, me transformer en prostituée roumaine, ou m’humilier avant de me livrer à des pervers maîtres-chiens polymorphes, mais jamais des fleurs ni des angelots dorés.
Intrigué, je lui répondis par un bouquet moi aussi (en émoticône que fournissait le site pour illustrer nos propos amoureux). La photo montrait un jeune homme africain avec des cheveux de fou et vêtu bizarrement, comme d’un autre temps, d’un autre lieu ; comme d’une toge. Elle correspondait à quelqu’un qui n’était pas du tout l’homme que j’attendais, plutôt dans les soixante ans et aux cheveux gris. Les siens étaient anthracite, drus, et entouraient un visage rond et jovial qu’une bouche d’une rare sensualité éclairait magnifiquement. Mais quelle idée étrange lui avait fait choisir une telle photo prise dans la savane, en Afrique manifestement ? Personne ne serait séduit avec une telle image.
Finalement si : moi, j’allais lui répondre… Je pensais que je ne correspondais pas du tout à ses goûts et qu’il m’avait contacté par désœuvrement ou à la pêche au nounours en ligne, uniquement pour dialoguer en direct, c’est tout ; alors comme je ne chercherais ni à le séduire ni à devenir son amant, je pouvais bien être un passe-temps comme un autre, comme beaucoup le font en utilisant ces réseaux de rencontre. Je décidai d’entamer une conversation avec lui. Il s’appelait Gabriel et était né au Burkina Faso.
Avec toutes mes certitudes racistes imbéciles, je ne voyais pas comment un jeune homme qui faisait preuve d’une telle gentillesse en ligne pouvait être né en Afrique et posséder une telle maîtrise de la langue, des coutumes, des conventions françaises. Il m’envoyait des photos de plats divinement mijotés par lui, en gros plan, pour me séduire.
Cela dur

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