Camille 258

Charlotte Quelin

Description

Avril 2022. L'extrême droite remporte l'élection présidentielle sous les yeux de Camille et Bérénice.

10 ans plus tard, la France a bien changé. Les trajectoires de Camille et Bérénice ont, quant à elles, bifurqué. Camille est devenu un fonctionnaire zélé et patriote. Bérénice sort de prison et refuse la citoyenneté numérique qu'on tente de lui imposer.

Peuvent-ils encore se retrouver alors que Bérénice a besoin d'aide et que ses parents ont disparu ? Leur amour peut-il survivre aux forces contraires qui se dressent face à eux ? Et qui sont ces hommes qui les traquent ?

D'une grande puissance, Camille258 est un roman d'amour et de suspense. Il met en scène le destin bouleversé d'un homme et d'une femme qui, s'ils veulent se retrouver, devront remettre en cause le monde qui les entoure, surmonter leurs préjugés et se battre. L'autrice décrit une société dystopique qui n'est toutefois pas sans rappeler celle de la Russie d'aujourd'hui.

Charlotte Quelin a posé ses valises à Lyon il y a 20 ans. Entre son travail de juriste et sa famille, elle chante, joue et écrit. Camille 258 est son premier roman.

Sujets

• Policier & Thriller
• Thriller
• Science-Fiction
• Uchronie
• Dystopie
• Toute la Science-Fiction
• Romance policière
• Adventure
• Futur
• Romance
• Fiction
• Action
• Littérature

Informations

• Publié par: lorelei92132
• Date de parution: 01 décembre 2022
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782384390625
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Romance dystopique
 
 
 
Composition du livre : Valentine Flork / Les éditions d’Avallon
 
Distribution papier / numérique : SODIS & Immatériel
 
ISBN papier : 9782385150013
ISBN numérique : 9782384390625
 
1ère édition
 
Dépôt légal : décembre 2022
 
Loreleï
Une marque éditoriale des éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément de Rivière
 
© 2022 Loreleï / Les éditions d’Avallon
Soleil Noir
Charlotte Quelin
Soleil Noir
ROMAN
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
« Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu. »
 
Berthold Brecht
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À Juste, Aria et Honoré. Vivez libres.
 
Prologue
Elle se lève, transie de froid, s’habille en vitesse d’une longue blouse grise et tire sur son matelas une couverture en laine rêche. Sans bruit, elle se dirige vers la sortie du dortoir. Les autres filles dorment encore. Dans le couloir, quelques néons diffusent une lumière crue. Elle tourne à gauche et longe le mur nu. Au premier croisement, le carrelage froid remplace le lino craquelé. Elle poursuit son chemin. Elle entrouvre la porte qui donne sur l’extérieur et inspire une bouffée d’air frais. Un oiseau chante.
 
Elle referme la porte et revient sur ses pas. Elle s’arrête quelques minutes à la salle d’eau. Le miroir lui renvoie une image déformée. Ses yeux semblent occuper tout son visage, sa peau est terne. Ses cheveux emmêlés tombent sur ses épaules. Elle n’a plus de brosse pour les coiffer. Elle mouille son visage pour effacer les traces de la nuit. Elle laisse l’eau sécher.
 
Dans un coin de la pièce, elle se baisse et marque un bâton supplémentaire sur son calendrier. Elle a l’impression d’oublier le passage du temps. Elle se relève un peu vite et sa tête heurte le rebord du lavabo. Le bruit est assourdissant. Elle chancelle. Des étoiles dansent devant ses yeux. Elle pose la main sur sa tête, une bosse se forme sous ses doigts. Des larmes perlent. Elle les essuie d’un revers de manche avant de quitter la pièce.
 
Elle rejoint le réfectoire. Les tables sont isolées, les convives clairsemés. Elle attrape sa portion, un verre d’eau et une capsule nutritive. Elle n’a pas vu de pain frais depuis des mois. Elle s’installe, face à la vitre sale et avale.
 
Quand elle quitte sa place, la jeune femme est bousculée par un surveillant. Elle poursuit sa route. Le surveillant la suit. Elle sent sa présence dans son dos, son souffle dans son cou. Il pose une main sur son épaule, elle se glace. D’une pression, il l’entraîne vers une pièce vide, la pousse, entre à sa suite et verrouille la porte.
 
Jour 1 - 15 février 2030
Le petit garçon tient la main de ses parents, son père à gauche, sa mère à droite.
Leurs mains réchauffent les siennes, dans la grisaille de ce mois de novembre. Il n’a pas de gants, il a laissé sa nouvelle paire à la maison de peur de la perdre. Il porte un pantalon bleu, des chaussures noires et un blouson chaud, son préféré, gris avec le dessin d’un avion dans le dos. Ses joues sont rouges d’enthousiasme et de froid. Il sautille, parle sans arrêt. Penchés sur leur terminal, ses parents l’écoutent d’une oreille distraite.
 
Le petit garçon les secoue un peu. Il aimerait profiter de cette sortie. Elles sont rares. L’année dernière, il en avait été privé. Pas assez d’étoiles ! Cette année, il a travaillé dur pour en obtenir le nombre requis et gagner son billet. La maîtresse l’a félicité en lui remettant l’autorisation et en lui recommandant d’en faire bon usage.
Il est rentré chez lui aussi rapidement que possible pour partager la nouvelle avec ses parents. Ils ont à peine levé la tête de leur écran à son retour.
*
Pour la première fois, il va à la fête foraine pour son anniversaire. Il espère monter dans les montagnes russes. Ses parents le lui ont promis. Il leur parle un peu plus fort, pour couvrir le brouhaha de la fête : la musique, les cris des enfants, les manèges.
 
À l’entrée, il reste un moment immobile face au spectacle, avant de courir vers les auto-tamponneuses. Son billet lui donne droit à trois attractions et un goûter. Le choix est difficile. Il revient vers ses parents et reprend sa place. Ils se promènent dans les allées et achètent un cornet de beignets chauds. Ils le partagent, assis sur un banc un peu à l’écart des autres. Il finit sa part, les lèvres barbouillées de sucre.
De sa place, le petit garçon observe et essaie de choisir. Il pose des questions, remarque les couleurs et les sons autour de lui. Mais ses parents ne l’écoutent déjà plus, plongés dans leur écran. Il n’ose pas les déranger.
 
Le petit garçon aperçoit une camarade d’école. Il se lève pour la saluer. La politesse peut lui rapporter encore un bonus à la fin du mois. Il en a besoin pour Noël. Il a repéré une petite voiture rouge qui lui permettrait de compléter sa collection. Ce nouveau modèle a le capot qui s’ouvre et on peut voir les détails du moteur. Il n’a jamais vu de voiture aussi belle.
 
Il revient vers ses parents. Tous trois déambulent parmi la foule et prennent leur tour pour les montagnes russes. La file d’attente est longue, mais le petit garçon a l’habitude. C’est comme au magasin officiel. Il reste tranquille, leur tour est proche. Il frissonne. Cependant, il ne va pas monter dans le manège. Au moment où le wagon s’arrête devant sa famille, un coup de sifflet retentit. Le manège s’interrompt. Les bruits de la fête foraine s’arrêtent et la foule s’immobilise.
Elle s’écarte et laisse passer les forces spéciales de la police en uniforme noir.
 
Le petit garçon reste à sa place. Cette interruption l’empêche de faire son tour. Il baisse la tête. Il ne veut surtout pas qu’on le voie en colère ; il perdrait des étoiles.
 
Trois policiers s’approchent. Le petit garçon les observe à la dérobée et essaie de voir leur visage. Mais ils sont masqués ; à peine peut-il apercevoir les yeux. L’un des visages capte son regard. Le petit garçon se cache dans son écharpe.
 
L’équipe est maintenant juste devant ses parents. Une des personnes saisit son père, l’autre sa mère. Aucune résistance. Tout le monde ignore l’enfant. Les forces spéciales les poussent vers la sortie de la fête foraine en direction d’un camion garé de l’autre côté de la rue.
Le garçon ne comprend pas. Il court, appelle, crie plus fort. Personne ne vient.
 
Un homme dans la foule, les dents serrées, vêtu d’une combinaison grise, fait mine de s’interposer. Mais il est trop loin. L’enfant essaie de les rejoindre, mais une main se pose sur son épaule et l’entraîne dans une autre direction. Un véhicule noir attend. Il a un drapeau sur la portière. La personne lui parle doucement : ses parents ont fait des bêtises, il va être confié à une famille qui prendra soin de lui, tout va bien se passer…
Le petit garçon ne l’écoute pas. Il est perdu. Les larmes coulent sur son visage, se mélangeant aux miettes de beignet qui tombent sur le trottoir. Un pigeon s’approche de lui et picore.
Paris, France
Camille258 se réveille en sursaut. C’est toujours ce même cauchemar qui se répète.
 
Il a trente ans aujourd’hui. Rien n’a changé depuis la veille.
Il est toujours de la même taille, plutôt grand. Autour de son visage mince et aux traits encore enfantins, des cheveux blond foncé forment des épis. Ses yeux clairs lui donnent un air plutôt nordique. Ce matin, il n’a pas besoin d’un miroir pour voir les cernes qui lui dévorent les yeux. Elles sont là depuis presque cinq années.
 
Il sort de son lit, le replie. Le capteur de mouvement réagit à sa présence et la cellule de vie s’éclaire. Camille258 effectue les enchaînements de gymnastique obligatoires. Il enfile une combinaison de travail équipée d’un circuit intégré et d’un ensemble de sondes et de capteurs.
 
Les nouvelles du jour s’affichent au mur. Après le traditionnel message de propagande qui accueille l’ensemble des citoyens connectés, le portrait officiel de la Présidente apparaît en fond d’écran. Camille258 consulte le fil d’actualité du ministère du Budget. Les indicateurs sont en baisse. Quelques milliers de personnes dont le comportement n’est pas approprié. C’est le plus mauvais taux de l’année.
 
Il ferme les yeux. Les déviances sont tracées automatiquement et transmises chaque nuit au système central. Les citoyens concernés reçoivent au petit matin la visite d’une équipe du ministère pour un rappel à l’ordre. C’est un incident mineur qui sert souvent d’exemple auprès des écoliers. Mais on ne leur parle jamais des incidents majeurs et de la façon dont ils sont traités.
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