Mon meilleur ami, son mariage et sa soeur
64 pages
Français

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Mon meilleur ami, son mariage et sa soeur , livre ebook

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Description

Lola n’avait pas prévu de rentrer au bercail pour les fêtes. Déjà, parce que les flics endurcies et solitaires ne fêtent pas Noël, mais aussi parce qu’elle déteste le trou où elle a grandi.


Seulement, quand Fred, son meilleur ami, lui annonce qu’il compte profiter de l’occasion pour passer à la mairie, elle n’a d’autre choix que d’accepter. Ce serait quand même moyen de laisser le marié en plan devant monsieur le Maire, sans sa témoin. Pour lui, elle est prête à regarder ses pires années droit dans les yeux.


Sauf que Lola n’avait pas prévu de tomber sur un drôle de petit lutin en la personne de Titi. Une rencontre au bar, une nuit magique alors qu’il ne neige même pas encore et... c’est le début des emmerdes.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 décembre 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782493709004
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon meilleur ami, son mariage et sa sœur
Charly Reinhardt
 
Au kibboutz,
parce qu’on m’a fait remarquer qu’il
y avait beaucoup de nous là-dedans.
 
Chapitre 1
Foutue interdiction de fumer dans les lieux publics… Lola regretterait à jamais les bars enfumés, imprégnés jusque dans les murs de l’odeur du tabac froid. À l’époque, avant toutes ces conneries de santé publique, un certain charme se dégageait de ces atmosphères brumeuses, à couper au couteau. Une sorte de flou qui enveloppait les inconnus, les rendait plus séduisants, nimbés de leur mystère. Plus maintenant. Les secrets des inconnus s’étaient évaporés en même temps que la fumée des Camel et tout était devenu trop net.
Le pied posé sur la barre cuivrée du comptoir, Lola suivait distraitement les allées et venues des hommes et des femmes peuplant les lieux. Les spots au-dessus du zinc accrochaient des reflets paresseux dans les cheveux et sur les peaux. Claires, sombres, dorées, noires. Roux, bruns, blonds, rasés, grisonnants, carrément dégarnis…
Sa dégaine à elle dissuadait les tentatives d’approche. Tant mieux. Ce soir-là, elle avait envie de passer du temps en tête à tête avec son cafard. Comme tous les autres soirs, Minus. Ou alors, peut-être qu’elle n’en avait pas envie, mais juste l’habitude. Possible. Probable.
Pourtant, elle était revenue dans ce foutu bled pour la bonne cause. Pour se réjouir. Après tout, on n’est pas tous les jours le témoin de mariage de son meilleur ami, avec lequel on a partagé conneries et cuites.
Bien que la vie ait géographiquement éloigné Lola et Fred, la perspective de cette union baignait la jeune femme d’une pointe de mélancolie. Tout ça flairait un peu la fin d’une époque. Celle des virées dans les bars jusqu’à pas d’heure, des week-end improvisés, des nuits passées devant des redif' de catch et des matchs de foot…
Toutefois, il fallait bien que les époques se terminent et que même les adolescents attardés basculent comme par inadvertance dans l’âge adulte. Il n’était même pas question de jalousie. Lola était sincèrement heureuse que Fred ait décidé de poser ses valises à côté de celles de Gwen. Après des relations plus ou moins aléatoires avec des meufs qui l’étaient encore plus, son meilleur ami avait enfin fait le bon calcul. Gwen était ce genre de jolie fille, talentueuse en prime, à qui tout réussit. Même la gentillesse et la modestie.
Lola ne comprenait donc pas pourquoi elle ruminait autant, seule au bar. Elle était arrivée une nuit plus tôt que prévu, sans prévenir personne. Sans doute avait-elle besoin de ce palier de décompression pour renouer avec la ville de son enfance, reconnecter la flic dure à cuire qu’elle était devenue avec l’ado en colère, complètement paumée, qui avait fui ce bled sans se retourner, quinze piges plus tôt. D’ailleurs, si ce n’avait été pour le mariage de Fred, pas dit qu’elle serait un jour revenue au bercail.
Engluée dans sa morosité, elle buvait son verre de Bourgogne de manière automatique, sans même le savourer, comme si elle descendait une quelconque piquette à la place de ce premier cru.
Ce comptoir était trop familier, trop chargé de souvenirs. Lola l’avait usé, de quinze à dix-sept ans, essayant de truander un barman qui n’était pas dupe afin de se faire servir un peu de tise. Elle y parvenait de temps en temps, quand Jojo lui tendait un verre de cidre alors qu’elle réclamait du gin. Le plus souvent quand elle se pointait avec le nez en sang, un coquard et le reste du visage ravagé d’écorchures. Le prix de la sérénité…
Dans ce genre de bled de merde, quand ton père s’est barré, que tout le monde appelle ta reum « la dinguo » et que tu n’as pas décidé d’être une jolie poupée docile qui rase les murs, il ne te reste parfois que tes poings pour faire entrer le message dans les caboches les plus récalcitrantes.
C’était tous ces souvenirs abandonnés avec plus ou moins de succès sur la route de son départ précipité qui étaient en train de remonter d’un coup. Telle une bouffée d’angoisse qui appuyait sur l’estomac de Lola et lui obstruait la gorge. Pas un bon plan de mélanger ça avec de l’alcool...
Son idée de « renouer » à petits pas avec son enfance n’était plus si géniale désormais qu’elle pataugeait dedans, surtout baignée par l’éclairage pourri du bar, les rires de gens qu’elle avait peut-être connus « à l’époque » et dont elle avait presque tout oublié, hormis les petites cruautés.
Ou alors, se dit-elle en triturant son portable, elle pouvait toujours appeler Fred pour lui expliquer en se marrant à quel point elle était conne. Il se marrerait aussi, pour la forme, pour ne pas l’embarrasser et parce qu’il la connaissait trop bien. Puis il lui dirait de ramener son cul afin qu’elle découvre enfin la maison qu’il avait achetée trois ans plus tôt et dont elle avait jusqu’ici réussi à esquiver la visite. Bah ouais, il aurait fallu revenir…
Elle hésita un long moment, retournant son vieux Nokia entre ses doigts, notant distraitement une nouvelle fêlure dans un coin de l’écran. Une de plus. Un jour, elle allait devoir le changer, ne serait-ce que pour le boulot. Les autres flics n’arrêtaient pas de gueuler qu’elle n’ouvrait jamais ses mails. En attendant, elle n’avait pas à se soucier de se prendre un savon par les gars des moyens généraux parce qu’elle avait encore bousillé un iPhone dernier cri au milieu d’une interpellation.
– Salut.
Perdue dans ses pensées, Lola n’avait même pas remarqué que quelqu’un avait posé son auguste postérieur sur le tabouret voisin. Pas assez proche pour envahir son espace personnel, mais assez pour qu’il ne puisse pas y avoir erreur sur la personne à qui était destiné cette entrée en matière.
Pas quelqu’un en fait. Quelqu’une . Une surprenante et fort jolie quelqu’une. Une peau dorée, de grands yeux bridés aux pupilles sombres, de courts cheveux teints dans une très lumineuse nuance de gris et un débardeur beaucoup trop léger pour ce début d’automne, qui découvrait des épaules rondes ainsi que des bras joliment dessinés que rehaussaient des tatouages multicolores. Des fleurs, pour la plupart. Tout un buisson aux nuances pastel, très douces, et dont il était pratiquement impossible de détourner le regard. Lola avait l’impression de voir surgir en relief un de ces dessins animés qui parlent des jours de pluie sur fond de notes jouées au piano, mais qui se terminent tout de même bien, avec une pointe de mélancolie résiduelle.
Un reste d’éducation lui rappela que dévisager son interlocutrice de la tête aux pieds n’était pas la manière la plus polie de faire connaissance, quand bien même elle n’avait pas initié la conversation.
– Salut, répondit-elle en plongeant dans le regard de l’inconnue.
La jeune femme – en tout cas plus jeune qu’elle – lui souriait. Il y avait de la lumière, de la joie et de la malice dans ce sourire. Lola y plongea tant elle avait peu l’habitude de croiser ces émotions dans sa vie quotidienne. Les couleurs et l’impression de douceur qui se dégageaient de l’inconnue lui donnaient envie de s’installer plus confortablement sur le tabouret déglingué, de commander un autre verre de vin, un blanc un peu sucré peut-être, et de laisser le temps filer sans plus se préoccuper de rien.
– Tu n’es pas du coin, nota son interlocutrice. Je ne t’ai jamais vue ici. Il n’y a pas beaucoup de touristes, alors on remarque vite les nouvelles têtes.
Du genre bavarde, hein   ? Voilà qui tombait bien. Lola n’avait jamais été très douée pour entretenir la conversation, mais comme elle n’appréciait pas non plus les silences qui s’éternisent, il était toujours agréable de rencontrer des gens disposés à taper la discute pour deux. En plus, son inconnue avait une jolie voix mélodieuse qui ponctuait ses phrases de consonnes traînantes ; de quoi conférer à sa diction des inflexions sensuelles.
– On ne peut rien te cacher, répondit Lola en tendant la main. Lola.
Armée de son plus beau sourire, l’inconnue lui serra la main. Une paume tiède, à la peau onctueuse.
– Titi. C’est comme ça que mes amis m’appellent. Et, s’il te plaît, ne me demande pas où est Gros Minet. Tu gâcherais tout alors qu’on a à peine commencé.
Tout gâcher   ?
Lola haussa un sourcil. Il était rare que les autres la surprennent. Dans son boulot, on en voyait tous les jours des vertes et des pas mûres. Pourtant…
Les gens aussi brutalement directs sans être agressifs étaient rares. Titi était-elle en train de flirter au risque de se faire envoyer bouler   ? Difficile à dire. Lola n’avait pas l’habitude d’être abordée ainsi, même pour une simple conversation dans un bar, histoire de passer le temps. Fred avait coutume de dire que son air mal embouché empêchait prétendants et prétendantes de se lancer.
La faute à son expression sévère, à ses traits trop aigus, à ses yeux d’un vert trop profond et à ses fringues davantage choisies pour leur aspect pratique sur le terrain que pour leurs qualités esthétiques. Pourtant, une fois cette première barrière franchie, ses ex-copines avaient coutume de lui dire qu’elle était jolie avec sa silhouette élancée, sa masse de cheveux châtains le plus souvent nattée et ses quelques taches de rousseur autour du nez.
Titi, elle, n’avait pas eu l’air d’hésiter avant de l’aborder. Ou alors, elle était du genre à aimer les défis. Tant mieux, parce que la chance sourit aux audacieux. En dépit de ses...

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