L’héritage d’Éva
198 pages
Français

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L’héritage d’Éva , livre ebook

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Description

Pas un jour ne passe sans qu’Éva ne pense à sa mère et à cette mise en garde qu’elle lui a adressée: «Je sais que tu trouveras un mari, mais je t’en conjure, ma fille, sois certaine de ton choix.»
Éva se sent seule et abandonnée après la perte de sa mère et de ses soeurs. Tous ses deuils la ramènent à cet anneau ancestral supposément
porte-bonheur, dont la légende n’est que pure invention à ses yeux. Éva ne veut pas croire au maléfice qui touche sa famille…
Les enfants d’Éva sont les victimes de ses mauvais choix, dictés par la rigidité de la société québécoise. Philippe, son fils, fuit la maison et brise à jamais le coeur de sa mère. Suzanne, sa fille, doit être placée au pensionnat dès l’âge de 7 ans. À l’insu de sa mère, la petite y vivra un enfer, livrée aux mains de religieuses cruelles…
Une saga de femmes qui forcent l’admiration.
Un récit bouleversant aux rebondissements à couper le souffle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 août 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782898180446
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Copyright © 2020 Suzanne Lavigne
Copyright © 2020 Éditions Monarque Inc.
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Les Éditions Monarque et le Groupe ADA ont reçu l’autorisation de Serge Lama pour la reproduction de ses paroles de l’oeuvre « Je voudrais tant que tu sois là ». Cette autorisation prend effet dans le cadre de la reproduction dans l’ouvrage intitulé « Rappelle-moi pourquoi ».
Éditeur : Simon Rousseau
Révision éditoriale : Gabriel Thériault
Révision linguistique : Amélie Hamel
Conception de la couverture : Mathieu C. Dandurand
Photos de la couverture : © Getty images
Mise en pages : Catherine Bélisle
ISBN papier : 978-2-89818-042-2
ISBN PDF numérique : 978-2-89818-043-9
ISBN ePub : 978-2-89818-044-6
Première impression : 2020
Dépôt légal : 2020
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Éditions Monarque Inc.
1471, boul. Lionel-Boulet, suite 29
Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada
www.ada-inc.com
info@ada-inc.com

Participation de la SODEC.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Rappelle-moi pourquoi / Suzanne Lavigne.
Noms : Lavigne, Suzanne, 1954- auteur. | Lavigne, Suzanne, 1954- Héritage d’Éva.
Identifiants : Canadiana 20200081551 | ISBN 9782898180422 (vol. 2)
Classification : LCC PS8623.A8355 R36 2020 | CDD C843/.6—dc23
DEUXIÈME PARTIE
L’héritage d’Éva 1954-1975
Chapitre 1
Verdun, 1954
L ’ arrivée du bébé fut source de joie et de bonheur, même pour Willie, qui trouva agréable d’avoir une fille, à tel point qu’il laissa tomber toute rancoeur. L’amour avait rapidement remplacé l’indifférence, voire le mépris qu’il témoignait à l’enfant lors de la grossesse. Les expressions de son bébé le faisaient sourire. Il aimait quand elle lui saisissait ses deux gros doigts pour se redresser. Peut-être que ses gazouillis lui rappelaient le chant des oiseaux de sa Gaspésie natale ?
Toute la famille était ravie, à l’exception de Philippe, qui s’était replié sur lui-même. Il peinait à gérer toute l’émotion que les derniers événements suscitaient en lui. D’abord, il n’acceptait pas la naissance de sa soeur. Elle n’était qu’une intruse qui avait pris toute la place auprès de sa mère. Il savait bien que cette naissance n’avait pas été désirée. Par conséquent, pourquoi ses parents devaient-ils accepter un enfant dont ils ne voulaient pas ? Ensuite, il se sentait trahi par sa mère. Elle lui avait juré qu’ils allaient partir ensemble, tous les deux, loin de l’agressivité de son père. Maintenant, il était évident que cet espoir était vain, à cause de l’arrivée de sa soeur. Même si sa mère quittait son père, la petite serait toujours entre Éva et lui.
Il se sentait laissé pour compte, car Suzanne, en tant que nourrisson, avait besoin de beaucoup de soins. Philippe finit par se dire que, contrairement à ce que sa mère lui racontait, le responsable des problèmes de la famille n’était pas son père, mais bien elle, sa mère. Elle ne tenait pas ses engagements. C’était donc normal que son père lui crie dessus ou la frappe pour qu’elle agisse comme doit le faire une vraie mère. Pire, il croyait qu’elle se servait de lui pour manipuler son père. Désormais, pouvait-il croire en sa mère ? Rire avec elle ? Rêver d’une vie meilleure, puisque, dans les faits, c’était elle la responsable du malheur de la famille ?
Dans la tête de Philippe, quelque chose s’était brisé. Pour lui, celle qui l’avait enfanté n’existait plus. Il tira un trait sur sa mère. Elle n’était plus sa maman, mais uniquement cette femme qui vivait avec eux.
Éva voyait bien que son fil s’éloignait d’elle. Mais elle se sentait impuissante à se réconcilier avec lui. Elle espérait qu’en grandissant, il s’ouvrirait de nouveau à elle. Elle profitait du fait que Philippe soit au pensionnat pour panser sa profonde blessure avec son bébé, sa petite Suzanne. Elle était devenue son rayon de soleil, celle qui lui apportait la joie de vivre. La bercer lui procurait un bonheur sans nom.
Mais la réalité rattrapa vite Éva. Le seul revenu de son mari ne suffisait plus pour nourrir sa famille. Elle trouva une gardienne pour s’occuper de la petite en semaine, et elle retourna travailler.
Un jour de janvier 1955, Willie reçut une lettre d’un de ses frères de Gaspésie.

Cher Willie ‚
Accepterais-tu de prendre ma fille Cécile en pension pour quelque temps ? Elle arriverait vers le début du mois de février .
Je te remercie à l’avance‚ Tom .
Willie et Éva acceptèrent d’héberger leur nièce. Willie alla l’accueillir à la gare. Quelle ne fut pas alors sa surprise de constater qu’elle était… enceinte… à quatorze ans !
Dès leur arrivée à la maison, Willie fit signe à Éva de porter son regard sur le ventre arrondi de Cécile. La mère de famille fut stupéfaite de voir l’état avancé de la grossesse. Willie gesticulait dans tous les sens tandis qu’il déblatérait en long et en large contre la situation. Il en voulait à son frère de ne pas lui en avoir soufflé mot dans la lettre. Cécile était enceinte de sept mois. Très vite, la jeune fille comprit que son père n’avait pas mis son oncle au courant de la situation. Mal à l’aise devant la colère de Willie, elle se tourna vers Éva à qui elle fit cette confession :
— Ma tante, je peux pas garder cet enfant ! Mes parents m’ont dit que vous étiez capables de m’aider à trouver une bonne famille pour mon bébé. Paraît que vous avez beaucoup de contacts.
Éva fut émue par le regard désemparé qu’elle lui lançait. Elle savait combien il était pénible de vivre une grossesse non désirée. Elle eut pitié.
— Écoute, Cécile, ton oncle et moi ferons tout notre possible, je te le promets. Mais en contrepartie, j’aimerais te demander de nous rendre un grand service. Pourrais-tu veiller sur notre bébé durant la journée ?
— Oh oui, ma tante ! Je me suis déjà occupée de mes petits frères. Ce sera avec grand plaisir.
Deux mois plus tard, Cécile, âgée de quatorze ans seulement, mise enceinte par un membre de sa famille, donna naissance à un petit garçon. Une semaine plus tard, des parents adoptifs vinrent le chercher à la maternité. Ce fut un moment déchirant pour cette très jeune fille. Seule une mère peut comprendre pourquoi il est si difficile de se séparer d’un enfant après l’avoir porté durant neuf mois.
L’hiver et le printemps se succédèrent. Cécile vivait toujours chez son oncle et sa tante. En journée, elle remplissait avec brio sa tâche de gardienne. Elle savait prendre soin de Suzanne comme la mère qu’elle aurait voulu être pour l’enfant qu’on lui avait arraché des bras. Éva la trouvait responsable, au point qu’elle lui confiait sa fille et se rendait au travail sans inquiétude.
Pourtant, un jour, Maureen, la voisine irlandaise, entendit Suzanne pleurer à pleins poumons. Inquiète, elle se rendit chez Éva pour voir si Cécile avait besoin d’aide. Elle eut beau frapper à la porte, personne ne répondit. Elle appela Éva au travail pour l’informer de la situation. Aussitôt, celle-ci contacta la société de taxis où travaillait Willie. On le joignit sur son CB .
Il se précipita chez lui. Cécile n’y était plus. Pire, il trouva sa fille en pleurs, baignant tristement dans son urine et ses selles. N’ayant presque aucune expérience en la matière, il la lava avec des gestes un peu empruntés et malhabiles, la langea et prit le temps de la réconforter. En fait, cela ne dura pas longtemps, car dès qu’il commença à se demander depuis combien de temps elle pleurait et pourquoi Cécile l’avait abandonnée, il eut un accès de rage - fort heureusement, il avait déjà déposé la petite dans son berceau. Dans ces moments-là, Willie était dangereux ; il ne pouvait répondre de ses actes.
— Attends que je la retrouve, la p’tite bonyenne !
Tremblante d’angoisse, Cécile s’était enfuie de la maison pour se réfugier chez une amie, la seule qu’elle avait réussi à se faire depuis son arrivée dans la métropole. Elle se cachait chez elle. Et il y avait de quoi. Après avoir été mise enceinte par un membre de sa famille, voilà que les agressions se reproduisaient.
— Mon oncle Willie m’a fait des avances, confia-t-elle à son amie. Je l’ai repoussé comme j’ai pu. Il m’a menacée. J’ai eu très peur après qu’il m’a dit que ce n’était pas fini. J’ai fui avant qu’il ne revienne à la maison. Je veux plus y retourner, tu comprends ?
Son amie lui offrit l’argent nécessaire pour prendre le train et retourner chez ses parents à Chandler. Mais avant son départ, Cécile, qui avait été très bien reçue par sa tante Éva, eut la délicatesse de lui téléphoner au travail.
— Ma tante, je tiens à te présenter mes excuses. Je suis trop mal à l’aise pour t’expliquer pourquoi, mais je peux pas rester plus longtemps chez vous. Je regrette amèrement d’avoir abandonné la petite Suzanne sans prévenir personne, mais je devais fuir, conclut-elle d’une petite voix tremblante de peur.
— Cécile… Cécile. Je t’en prie, explique-moi ce qui s’est passé. Ça te ressemble tellement pas de te conduire ainsi ! Tu te rends compte ? Tu as laissé le bébé tout seul à la maison… ! Tu imagines tout ce qui aurait pu lui arriver ? Je ne comprends pas quelle mouche t’a piquée. Pourquoi t’as agi comme ça ? J’aimerais bien le savoir, supplia Éva.
— J’ai dû partir, c’est tout… répondit Cécile avant de raccrocher.
Parce que Cécile aimait sa tante, elle n’eut pas le courage de lui avouer la vérité. Elle savait que cela créerait de graves disputes dans le couple. Éva avait eu la gentillesse de la recevoir chez elle, elle ne voulait pas la mettre dans l’embarras. Ce ne fut que quarante ans plus tard, à la

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