Royal contrat #1
325 pages
Français

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Royal contrat #1 , livre ebook

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Description


Un prince ténébreux.


Une jeune fille contrainte d’accepter un mariage royal arrangé.



Faux mari... mais vrai coup de cœur ?



Le jour de ses vingt-neuf ans, Alice, institutrice dans la banlieue parisienne, découvre l’existence d’un contrat passé par ses aïeuls avec la famille royale du Valdéria.


Si elle ne s’unit pas au prince Ladislas pour une durée de cinq ans, elle sera tributaire d’une somme d’argent astronomique.


N’ayant pas d’autre choix que de se marier, elle va jouer le jeu de l’épouse parfaite. Cependant, entre les exigences de la famille royale, la petite amie du prince, son père malade et son nouveau statut, Alice va avoir du mal à trouver sa place.


Surtout que son futur époux est loin de la laisser indifférente...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mars 2022
Nombre de lectures 94
EAN13 9782376528470
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Kate Owyn
Royal Contrat #1
ISBN : 978-2-37652-847-0
Titre de l'édition originale : Royal Contrat #1
Copyright © Butterfly Editions 2022
Couverture © Butterfly Editions - Depositphotos
Tous droit réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit sous n'importe quelle forme.
Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des évènements historiques, des personnes réelles ou des lieux réels cités n'ont d'autre existence que fictive. Tous les autres noms, personnages, lieux et évènements sont le produit de l'imagination de l'auteur, et toute ressemblance avec des personnes, des évènements ou des lieux existants ou ayant existé, ne peut être que fortuite.
ISBN : 978-2-37652-847-0
Dépôt Légal : mars 2022
01042022-1200-VF
Internet : www.butterfly-editions.com
contact@butterfly-editions.com
Chapitre 1
J’ignore où poser mon regard dans ce luxueux cabinet de notaire parisien : le lustre au plafond, les fauteuils Louis XVI, les dorures, les tableaux de maître (ou des copies extrêmement fidèles), la vue qui donne directement sur la Seine avec les Tuileries juste derrière ou encore les trois hommes élégants qui me font face. Je me sens honteuse de mon apparence négligée devant ces troisgentlemenaux costumes hors de prix. Monsieur Zellmann, le notaire à qui appartient l’office, le plus âgé, se charge de me présenter les deux autres hommes : messieurs Leudre et Pikess, deux avocats. Soudain, alors que je pensais recevoir aujourd’hui un héritage inopiné de ma défunte mère pour mon vingt-neuvième anniversaire, je comprends que je me suis enfoncé le doigt dans l’œil jusqu’au coude. J’ignore pourquoi je me trouve dans la plus huppée des études notariales de Paris avec deux avocats. Si, finalement, ces personnes ne m’avaient pas convoquée pour me remettre de l’argent, mais au contraire, pour m’avertir d’une nouvelle dette. Une chape de plomb me tombe sur l’estomac. Ma mère a succombé à son cancer l’année de mes huit ans et, à ce moment-là, j’ai aussi perdu mon père. Lui vit encore, pourtant il n’est plus vraiment là sans elle. Doucement, il a commencé à sombrer. À l’heure actuelle, il est dans une voie sans issue : une cirrhose alcoolique. L’unique moyen de le sauver serait une transplantation du foie. Malheureusement, il ne peut y prétendre. Il a basculé dans la boisson après la mort de Maman. Malgré sa dépendance, je n’ai jamais subi de violence, il était juste… absent. Seule, avec un père invisible et une mère morte, j’ai grandi vite, très vite, peut-être trop vite. À huit ans, j’ai appris à faire tourner une maison et jusqu’à aujourd’hui, je me suis occupée du mieux que je le pouvais de lui. Après avoir perdu son emploi en parallèle de ma propre entrée dans la vie active, sa descente aux enfers s’est accélérée. Bien que passionnant, mon métier d’institutrice en classe de maternelle ne suffit pas pour éponger les dettes colossales de ma famille et je crains qu’en décembre, la banque ne saisisse notre petite maison. Mon père n’y survivrait pas. Chacun s’installe dans l’un des fauteuils entourant le bureau de monsieur Zelmann alors que je sens la panique me gagner. De leurs attitudes à leurs vêtements, ils respirent l’élégance, le chic et un grand professionnalisme. Je ne me trouve vraiment pas dans mon environnement. Avec mon jean, mes Converses un peu passées, mon pull élimé et mes cheveux nattés dont s’échappent plusieurs mèches folles, ce monde : celui avec les fauteuils en cuir, les boiseries et les boutons de manchettes en or n’est pas mon univers. Monsieur Zelmann prend la parole : — Avant de commencer, mademoiselle Clermond, nous aurions besoin de confirmer votre identité et de vous poser quelques questions. Des questions d’ordre intime, mais vous serez en droit de refuser d’y répondre. Cependant, ces questions s’avèrent un préalable à la divulgation de l’affaire pour laquelle je vous ai appelée. D’une angoisse légère, je passe à un flip total. Ma meilleure amie, Claire, me répète que je dois me relâcher, envisager le côté positif des choses. Néanmoins, ma vie ne me réserve jamais de bonnes surprises alors, à présent, je préfère prendre les devants et immédiatement me préparer au pire. En premier lieu, je farfouille dans mon sac, une caverne d’Ali Baba transportable en quête de ma carte d’identité. Une fois retrouvée, je la tends au notaire qui ensuite la transfère à ses collègues. Ces derniers comparent avec leurs documents avant de me la remettre. Pendant ce laps de temps, monsieur Zelmann installe une caméra numérique sur pied devant moi. L’angoisse monte encore d’un cran et je me demande vraiment où je me trouve. — Pour rendre cet entretien juridiquement inattaquable, nous allons l’enregistrer, m’apprend-il avec un air presque détaché. La porte de cet immeuble doit mener à un monde parallèle, c’est impossible autrement ! Cette situation m’apparaît totalement surréaliste. Je ne suis littéralement personne. Pourquoi filmer cette entrevue ? Je mets ma timidité de côté et ose interroger le seul interlocuteur qui, pour l’instant, s’adresse à moi :
— Excusez-moi, Monsieur, mais bien que ça soit ma première visite chez un notaire, tout cela me paraît bien inhabituel, dis-je en essayant de garder une parfaite maîtrise de ma voix. Avec un sourire paternel, monsieur Zelmann m’explique : — Effectivement, Mademoiselle. Cependant, l’affaire qui nous amène ici est elle aussi très particulière. Auriez-vous l’obligeance de déclamer votre nom, prénom, votre date de naissance et l’identité de vos parents, s’il vous plaît ? Je réponds d’une voix mécanique, peu rassurée par ses arguments : — Alice Clermond, je suis née le 21 mars 1988 de Halina Lanbiski et Paul Clermond. — Mademoiselle Clermond, êtes-vous actuellement fiancée ou engagée envers un partenaire ? Je fronce les sourcils, je ne suis pas certaine de bien comprendre la formulation de la question. Saisissant mon trouble, monsieur Zelmann m’explique avec patience : — Nous ne souhaitons pas vous mettre mal à l’aise dans votre choix d’orientation sexuelle, néanmoins, nous devons savoir si vous entretenez, à l’heure actuelle, une relation suivie avec un partenaire ? — Non, je ne suis pas engagée dans une relation. Sans pouvoir m’en empêcher, je rougis comme une collégienne. Depuis le départ de mon ex, Aymeric, je ne suis sortie avec personne d’autre. Soit trois ans de célibat. — Avez-vous déjà été mariée ? — Non. — Avez-vous accouché ? — Non, répété-je dans un filet de voix. Mon malaise ne fait qu’empirer quand je surprends l’échange de regards entre les trois hommes. Puis, celui habillé en noir, monsieur Pikess, prend la parole. Sa voix se teinte d’un accent anglais. Il me tend une feuille avec un stylo. Si je n’étais pas aussi stressée, je pourrais m’ébahir devant ses magnifiques yeux verts, sa mâchoire carrée très séduisante et ses dents brillantes. D’autant plus qu’il porte très bien le costume. — Mademoiselle Clermond, commence-t-il. Le dossier qui nous amène ici est une affaire d’État et nous allons avoir besoin de l’assurance que vous saisissiez parfaitement que nous attendons de vous la plus grande discrétion jusqu’à la prise de votre décision. Si la moindre bribe d’information devait fuiter dans la presse ou tout autre média, le contrat deviendrait caduc. Impressionnée, je me contente de hocher la tête, car je n’y comprends strictement rien. Quel État ? Quel contrat ? — Connaissez-vous le Valdéria ? me demande-t-il à brûle-pourpoint. Me prend-il pour une débile ? Enfin, je dois en avoir un peu l’air avec mes cheveux trempés, mes larges lunettes noires, mes vêtements élimés et ma bouche ouverte. Le Valdéria est une monarchie constitutionnelle. La superficie du pays doit être l’équivalent d’une région comme l’Auvergne-Rhône-Alpes. Il partage ses frontières entre l’Italie, la Croatie et la Slovénie. Cet État a succédé à une province placée sous un ancien protectorat français et les de Breuilly, une famille noble, en a réclamé la souveraineté et l’indépendance au XVIIe siècle. Depuis, cette monarchie a continué son développement pour devenir l’une des dernières d’Europe avec les Grimaldi, les Windsor et autres têtes couronnées. — Bien évidemment, réponds-je laconiquement, sans faire étalage de mes vagues souvenirs sur ce pays. — Saviez-vous que l’un de vos ancêtres en était originaire ? me demande Pikess. — Non, soufflé-je, ébahie. — Votre arrière-arrière-arrière-grand-père Émile Clermond. — Bien. Je ne vois rien d’autre à ajouter. J’ignore même le nom de mon arrière-arrière-arrière-grand-père. Monsieur Pikess se rapproche de moi et vient prendre place dans le siège voisin. Comme si nous étions amis. — En 1867, votre arrière-arrière-arrière-grand-père est parti à l’aventure au Bazamlé, un État africain qui a été remplacé par le Mozambique actuel. D’après nos renseignements, il espérait pouvoir acquérir une mine de diamants, puis les exporter vers
l’Europe. Le pays se trouvait en guerre et votre arrière-arrière-arrière-grand-père a été capturé par une faction rebelle. Plus il parle, moins je comprends le rapport entre ce rendez-vous et l’histoire de l’un de mes aïeuls. Malgré mon évidente confusion, Pikess ne s’arrête pas. — Ce sont dans ces cachots qu’il a rencontré le futur roi de Valdéria Pierre-Emmanuel de Breuilly. Le prince était venu en Bazamlé pour une négociation plus ou moins officieuse d’achat d’armes à feu. Le Valdéria était, et est toujours actuellement, un énorme producteur d’armes. Cependant, les tractations entre le gouvernement officiel du pays et le prince avaient été interrompues par les rebelles. Ces derniers attendaient une coquette rançon en échange du futur roi. Plusieurs équipes de secours avaient déjà péri en essayant de le sauver. Pikess réalise une pause, un peu comme un acteur de théâtre. Ce silence rend le moment encore plus grave. Ces quelques instants me donnent la possibilité d’entendre mon cœur battre la chamade dans ma cage thoracique. Je me sens totalement dépassée par les évènements. Mon interlocuteur reprend, visiblement passionné par ce récit : — Avant de se lancer à l’assaut des mines de diamants, Émile Clermond, votre aïeul, était connu comme contrebandier notoire échappant extrêmement fréquemment aux forces de l’ordre. — Pour résumer, simplifié-je, mon arrière-arrière-arrière-grand-père se trouvait plutôt du mauvais côté de la loi. — Exactement, et surtout il possédait plusieurs cordes à son arc. Dès son arrivée dans les geôles des rebelles, il a commençé à mettre son plan d’évasion en marche. Plusieurs jours lui auront été nécessaires pour le réussir, mais Émile Clermond n’était pas un homme à se laisser abattre. Le prince Pierre-Emmanuel, devant la réactivité et l’enthousiasme du nouveau prisonnier, l'a prié de l’emmener avec lui. Au vu du soin que les soldats apportaient au traitement de ce prisonnier d’exception, votre arrière-arrière-arrière-grand-père, avec son expérience, savait que l’homme devant lui bénéficiait d’un certain statut. Le futur roi s'est présenté et Émile Clermond s'est mis à négocier le prix de la liberté du prince. Ils marchandèrent pendant plusieurs jours avant d’arriver à la rédaction finale du contrat que nous allons vous dévoiler. Des notaires de Paris et de Balmir, la capitale de Valdéria dont nous sommes aujourd’hui, monsieur Leudre et moi-même, les représentants juridiques, ont validé cet accord à leurs retours. Il reste donc parfaitement légal, totalement irréfutable. Soit tout va trop vite, soit je suis un peu lente à la comprenette, mais j’interromps son discours : — Vous voulez dire que je me trouve ici pour un contrat qui a été passé en… — 1867, répond-il avec assurance. — Et vous n’avez pas retrouvé de membres de ma famille avant ? m’étonné-je. — En réalité, les services d’État du Valdéria n’ont jamais perdu la trace de votre famille, laissez-nous vous exposer les termes du contrat. Cette fois, monsieur Leudre remplace son collègue et s’approche avec une sorte de lutin en cuir avant de l’ouvrir devant moi. Un contrat tracé à la plume sur un papier jauni par le temps m’apparaît sous les protections en plastique. L’écriture manuelle n’est ni régulière ni droite. Les feuilles sont tachées et abîmées à plusieurs endroits prouvant que ce document a été rédigé à la hâte. — Pour éviter de détériorer le contrat d’origine, nous sommes permis de réaliser une copie, m’annonce Pikess alors que Leudre s’empresse de ranger l’original. Je saisis le polycopié et les premiers mots qui me sautent au visage me rendent nerveuse : mariage et descendance. Les termes, ainsi que les phrases employées, sont désuets et avec la panique qui ne cesse de monter en moi, j’ai besoin d’explications. Ma respiration s’accélère et la tête commence à me tourner face à cet enchaînement d’informations. Visiblement inconscient de mon trouble, monsieur Pikes reprend : — Émile Clermond avait négocié une somme d’argent assez coquette en échange du sauvetage du prince, mais surtout, il voulait que le fils du prince Pierre-Emmanuel, Philippe, épouse sa fille Pascale. Ainsi de nombreuses clauses furent édifiées, où votre ancêtre et le futur roi ont chacun eu à cœur de protéger leurs intérêts et le secret de cet arrangement. Un descendant mâle, héritier du trône de Pierre-Emmanuel, et une femme, de la lignée d’Émile Clermond, voilà comment étaient désignées les parties dans ce
contrat. La descendante ne pouvait prétendre épouser le prince qu’en remplissant plusieurs conditions : demeurer célibataire à vingt-huit ans révolus et n’avoir porté aucun enfant. Si les conditions n’étaient pas remplies par les descendants immédiats en vue d’une union, la famille royale devait, dans la plus grande discrétion, verser un dédommagement en attendant que les modalités deviennent effectives sur la génération suivante. À son retour en France, votre arrière-arrière-arrière-grand-père apprendra le décès prématuré de sa fille. Son autre enfant, un fils, eut, après son mariage, deux autres fils. Vous êtes la première descendante de sexe féminin célibataire de plus de vingt-huit ans de votre lignée. — Non ! m’écrié-je, paniquée. Le seul mot que j’arrive à prononcer devant cette histoire abracadabrante. J’observe les trois hommes parfaitement stoïques et je plonge un peu plus dans l’hystérie. — Ce n’est pas possible. C’est du délire total. On est au XXIe siècle et vous me parlez d’union arrangée avec un membre de la famille royale, de descendance, de dédommagement. C’est aberrant ! Monsieur Pikess sort d’une pochette un énorme document. — Vous trouverez ici le détail de l’ensemble des sommes qui ont été versées à votre lignée par la famille royale. Pour maintenir le secret, nous avons dû faire preuve de ruse et vous verrez apparaître des prix gagnés, des maisons offertes ou encore des voyages de valeur équivalente au dédommagement. La part de votre père lui a été donnée au décès de votre mère, nous lui avons fait croire à une assurance-vie. Mon Dieu, cette somme nous a permis de survivre des années. Mon père se trouvait tellement à l’ouest à cette époque qu’il ne s’est même pas interrogé sur la provenance de cet argent. — Les clauses de ce contrat parent à toutes les éventualités, m’explique-t-il. Si vous souhaitez refuser d’épouser le prince Ladislas de Breuilly ou rester moins de cinq ans mariée avec lui, vous deviendrez redevable à l’État de Valdéria du montant indiqué en bas de page qui correspond au total des dédommagements perçus par votre famille depuis cent-cinquante ans. Mon regard s’égare dans cette colonne et le chiffre me donne le tournis. Plus de sept millions d’euros. Tellement de zéros, une somme tellement astronomique que je devrais travailler pendant cinq-cents ans minimum pour pouvoir la rembourser ! Sans pouvoir me contrôler, je me mets à hyper-ventiler. — Mademoiselle Clermond, mademoiselle Clermond, m’appelle Pikess. J’ai beau essayer de respirer, l’air n’atteint plus mes poumons. La panique m’engloutit. — Elle fait un malaise ! hurle Zelmann en s’emparant de son téléphone. — Essayez de vous calmer, m’ordonne Pikess d’un ton sec. J’aimerais bien le voir lui, cet idiot d’avocat, apprendre qu’il doit, soit épouser un parfait inconnu, soit s’acquitter d’une dette de plus de sept millions ! Malgré ses ordres, ma panique augmente et j’ignore totalement comment me calmer. Très vite, je finis par m’évanouir.
Un bruit continu et extrêmement désagréable me tire hors de mon inconscience. Lorsque j’ouvre les yeux, je m’aperçois que le cabinet huppé du notaire a laissé sa place à une chambre d’hôpital. Heureusement, je porte encore mes vêtements. Je me retrouve reliée à un moniteur cardiaque et branchée sous perfusion, j’observe la pièce autour de moi. À ma gauche, je peux voir mon sac sur une chaise avec mon manteau ainsi que mes lunettes, je soupire de soulagement. Tout d’un coup, un toussotement retentit et je m’aperçois que je ne suis pas seule. De l’autre côté de mon lit, une femme d’une soixantaine d’années me toise. Ses splendides cheveux gris sont rassemblés en un chignon sévère. Elle se tient parfaitement droite sur son siège. Elle porte un tailleur, un ensemble superbe avec le signe Chanel ainsi que de nombreux bijoux, des diamants. Je me doute, sans bénéficier d’un immense sens de la déduction, qu’elle n’est pas mon infirmière. Ses yeux bleus, semblables à l’eau d’un lagon, seraient magnifiques s’ils n’affichaient pas autant de mépris. Elle me scrute, m’examine, me regarde comme quelque chose de repoussant, répugnant resté collé à sa chaussure. — Vous êtes demeurée inconsciente deux heures, me reproche-t-elle.
Je refuse de m’excuser après la folie de cette journée, je veux juste récupérer mes affaires, puis rentrer chez moi. Je me sens stupide, ce sont les vacances scolaires et ne travaillant pas, je ne bénéficie pas du déjeuner de la cantine le midi donc je me suis contentée de manger une pomme en attendant le repas du soir qui, vu l’état actuel de mes finances, se constituera sûrement uniquement de pâtes au ketchup. Je regarde par la fenêtre et me rends compte que la lumière du jour baisse. Mon père va s’inquiéter et je préfère éviter ce type de situation, car il se mettrait à boire encore plus vite. Un bruit de langue retentit et je m’aperçois que ma « visiteuse » semble franchement agacée. — Mademoiselle Clermond, j’ai d’autres obligations bien plus importantes que de vous veiller ! En temps normal, je me considère comme la patience incarnée. L’habitude d’être entourée par de petits enfants et d’avoir à surveiller un père alcoolique, seulement après cette annonce, je n’ai ni l’envie ni la force de me montrer pédagogue, gentille et patiente. — Madame, je n’ai vraiment pas passé une bonne journée et c’est un euphémisme, croyez-moi. Donc, je vous invite à me laisser seule et à… — Votre Altesse Royale, m’interrompt-elle en se levant. Reine mère Marie-Adelaïde de Breuilly. La mère du Roi actuel, la grand-mère de mon « prétendant ». Elle me dévisage de ses yeux bleu glacé et je comprends qu’elle attend une réponse de ma part. Je déglutis tout en accusant le choc d’avoir un membre de la famille royale à mon chevet avant de formuler une question au protocole correct : — Que souhaitez-vous, Votre Altesse Royale ? lui demandé-je en mettant autant d’ironie que possible. Visiblement satisfaite, elle reprend sa place sur son siège tandis que je me redresse dans mon lit. — Je suis venue m’entretenir avec vous de l’affaire qui vous a été exposée cet après-midi. Je doute que mes avocats se soient montrés assez empathiques pour vous expliquer la situation puisque vous vous êtes évanouie ! Par hasard, je me trouvais en ville pour acquérir une œuvre d’un artiste contemporain fabuleux quand on m’a rapporté ce pénible incident. Je suis affligée que cela vous ait causé un tel choc, néanmoins, j’ai le plus grand mal à appréhender votre réaction disproportionnée. Je m’en étoufferais presque. Ma réaction disproportionnée ! — Mada…, commencé-je avant de me reprendre. Votre Altesse Royale, aujourd’hui, jour de mon anniversaire, je suis convoquée chez un notaire qui m’entretient qu’un membre parfaitement inconnu de mon arbre généalogique m’a vendue à la famille royale de Valdéria et que si je refuse de me marier, je devrais plus de sept millions d’euros à cet État ! Voilà pourquoi ma réaction a été disproportionnée selon vos propres termes, je n’ai et je n’aurai jamais cette somme ! J’ai haussé la voix au fur et à mesure de mon discours, mon hystérie dépassant largement ma timidité. Je lis le reproche dans les yeux de la Reine mère, cependant, je suis claquée, perdue et apeurée. J’aurais apprécié que l’on me laisse et que l’on m’oublie dans un coin, comme avant. — Êtes-vous stupide ? me jette-t-elle à la figure sans aucun tact. J’ai pourtant lu dans le rapport sur vous que vous étiez institutrice, vous ne pouvez donc pas vous montrer aussi demeurée ! Maintenant, elle m’insulte. Cette journée s’avère décidément pleine de surprises. — Sortez, sortez, lui hurlé-je après que ma patience a atteint ses limites. À peine ai-je prononcé ces trois mots que deux hommes en costume, revolver à la main pénètrent dans la pièce en me visant sous l’œil réprobateur de la Reine mère. — Je n’ai pas besoin de vos services, veuillez disposer, leur ordonne-t-elle d’un ton sec en secouant sa main comme si elle chassait un insecte inopportun. Les deux gardes, sans un mot, sortent et referment la porte sans bruit tandis que les yeux de la Reine mère me brûlent. Je serre mes poings sous le drap jusqu’à entailler mes paumes avec mes ongles tellement je les serre fort. — Vous n’avez aucun ordre à me donner, me réplique-t-elle d’une voix cinglante. Vous n’êtes soit pas une beauté, mais le dossier que m’a adressé notre service de renseignement vous décrit comme une personne droite, intègre, douce, loyale et intelligente. Ils ont statué que vous pourriez être une princesse. Une princesse du peuple
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