HISTOIRES A BOIRE ET A CROQUER
129 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

HISTOIRES A BOIRE ET A CROQUER , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
129 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

La Caravane des contes fait une halte dans le pays de la gourmandise où chaque peuple partage avec ses voisins de jolies histoires et de belles recettes. On découvre que la cuisine du monde recèle de nombreux secrets. Où trouver le feu nécessaire pour faire une cuisine digne de ce nom ? Comment se procurer les céréales capables de satisfaire la faim de pays entiers ? Or, il s’avère que sans l’intervention des fées et des génies, on ne saurait savourer ni le riz, ni le maïs, ni le beurre.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782373800470
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

9782910 272814 ISBN 978-2-910272-81-4
Au royaume de la gourmandise, la caravane des contes t’invite à la table des fées pour y découvrir un surprenant bouquet de saveurs d’ici et d’ailleurs. Pour t’ouvrir l’appétit, un oiseau-mouche te révélera le secret de la cuisson au feu de bois, une sirène t’invitera à savourer ses bons petits plats et Mademoiselle Eau se fera un plaisir de t’offrir à boire. Hâte-toi, car un vrai festin t’attend et il ne tient qu’à toi de goûter le cidre du diable, le sel du phénix, la douce liqueur de l’arbre à beurre, le chocolat des Borucas, le riz des étoiles et la châtaigne magique des Iroquois !
14,50 euros
Histoires à boire et à croquer
Isabelle Lafonta
Isabelle Lafonta Histoires à boire et à croquer Illustrations de Brunella Baldi
Flies France
La caravane des contes
Isabelle LAFONTA
Histoires à boire et à croquer
illustrations de Brunella BALDI
Flies France
L’oiseaumouche et le secret de la cuisine au feu de bois
conte des jivaros d’équateur oriental
À l’aube des temps, les Jivaros ignoraient l’usage du feu. Faute de mieux, ils réchauffaient leur nourriture dans le creux de leurs aisselles, faisaient tiédir les dures racines de yucca dans leurs bouches et cuisaient les œufs en les exposant aux ardents rayons du soleil. Un jour, ils apprirent avec intérêt qu’un vieil homme acariâtre, prénommé Tacquea, cuisinait sa nourriture sur un grand feu de bois, qu’il allumait en frottant deux rameaux bien secs l’un contre l’autre. Remplis d’espoir, ils allèrent aussitôt trouver le vieillard et le supplièrent de partager son savoir avec eux. Mais Tacquea, qui pour une obscure raison n’appréciait guère leur compagnie, refusa de leur révéler son secret et les jeta dehors. Furieux, les Jivaros décidèrent alors d’obtenir ce qu’ils voulaient par la ruse. Comme en ces temps lointains, ils possédaient l’étonnant pouvoir de se changer en oiseaux, les chasseurs les plus intrépides se métamorphosèrent dans la forêt et tentèrent de s’introduire sous cette forme chez le vieil obstiné. Hélas, leur stratagème fut sans effet, car le vieux bonhomme n’était pas né de la dernière pluie. Chaque matin, il laissait ingénieusement sa porte entrebâillée et scrutait le ciel d’un œil soupçonneux. Dès qu’un léger froissement de plumes se faisait entendre près du seuil, il claquait cruellement la porte sur le malheureux volatile qui tentait de s’introduire chez lui et l’écrasait contre le mur. Au fil des jours, les Jivaros finirent par perdre courage. Alors qu’ils étaient sur le point de renoncer, un jeune homme fluet se changea en oiseau-mouche et s’écria d’une voix décidée : « Laissez-moi faire ! En dépit de ma petite taille, vaille que
5
vaille, je m’emparerai du feu du vieux Tacquea ! » Et sur ces mots, il prit son envol et se posa sur la berge d’une rivière qui coulait non loin de là. Minutieusement, il trempa ses ailes dans l’onde claire et mouilla une à une toutes ses plumes. Puis, en sautillant, il s’abattit au milieu du sentier qui conduisait à la maison de leur ennemi et fit mine de grelotter de froid au point de ne pas pouvoir s’envoler. Ce soir-là, en revenant des champs,  LesJivaros cultivent  des arachides, desl’attention de la femme de Tacquea fut  piments, du manioc, attirée par le petit oiseau qui se roulait  des ignames, des bananes d’un air souffreteux dans la poussière.  et des haricots. Ils pêchent Emue par sa détresse, elle le prit dans ses le poisson àla ligne ou au harpon et chassent le gibier àmains et le ramena chez elle pour qu’il la sarbacane. Dans leur culture, puisse sécher son plumage ébouriffé.la viande de certains animaux, « Comme tu es mignon ! lui dit-elle sur le comme le tapir ou l’opossum, seuil de sa maison. Ne crains rien : je vais est taboue. La chair du toucan ou du pécari est, en revanche,t’apprivoiser et à dater d’aujourd’hui tu très appréciée. me tiendras compagnie ! » Et sur ces douces paroles, pour qu’il ne se brûle pas, elle le déposa assez loin du feu qui grésillait avec force. Peu après, l’oiseau-mouche tenta de se relever et de voler jusqu’aux flammes qui dansaient en ronflant devant lui. Mais comme ses plumes étaient encore collées par l’humidité, il piqua du bec et retomba lourdement sur le sol. Attendrie, la femme de Tacquea le releva gentiment et le plaça près de l’âtre pour qu’il ne prenne pas froid. Cette fois, l’oiseau-mouche attendit d’être parfaitement sec avant de dérober ce qu’il était venu chercher. Comme les brandons étaient trop lourds pour ses serres minuscules, il plongea hardiment sa queue au milieu du brasier, attendit qu’elle s’embrase et s’enfuit par la fenêtre.
8
Fier de son succès, il se posa sur la cime d’un arbre que les Jivaros appellent mûkunaet effleura son tronc avec les plumes de sa queue jusqu’à ce que le bois se mette à flamber. Joyeusement, il coinça ensuite un morceau d’écorce enflammée dans son bec et le déposa devant la maison la plus proche en criant à la cantonade : « Mes amis, venez vite chercher le feu. Désormais, vous pourrez griller sans peine votre viande et vous n’aurez plus jamais besoin de réchauffer votre nourriture sous vos bras ! » De son côté, fou de rage, Tacquea ne fut pas long à découvrir le larcin de l’oiseau-mouche. Amer, il accabla sa femme de reproches : « Par ta faute, grommela-t-il, j’ai perdu mon bien le plus précieux : désormais, le monde entier aura du feu ! » C’est ainsi, dit-on, que les Jivaros découvrirent comment faire du feu en frottant deux branches de cotonnier l’un contre l’autre. Et c’est à l’intelligence et au courage de l’oiseau-mouche qu’ils doivent aujourd’hui l’immense plaisir de pouvoir cuisiner facilement leur nourriture.
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents