"Trophée des plumes 2021"/ La force d'assumer

Aida Fatim Ouattara

Description

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Sujets

• Trophée des Plumes 2021

Informations

• Publié par: ouattara.aida.fatim
• Date de parution: 16 juin 2021
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français

Extrait

Hamed, s’il teplaît, maîtrise-toi! Je souffre autant que toi. Et ce n’est pas dans l’avion en plein - vol que nous allons déballer nos problèmes conjugaux. L’endroit n’est pas idéal.

-J’en ai marre de cette vie que je t’impose. Je ne t’en voudrais passi tu décidais de me quitter.

Cette phrase d’Hamed eut raison de mon calme et je me surpris à déballer nos problèmes alors même que je lui préconisais le contraire.

-Tu en as marre et nous séparer te semble être la solution ? Et te quitter pour aller où ? Comment te quitter quand je t’ai consacré 15 années de ma vie ? 15 années avec ses moments de bonheur, mais aussi son lot de difficultés. Tu as peut être oublié ce que nous avons déjà traversé ensemble, mais moi non et un rappel te sera utile.

Te souviens-tu, comment j’aibravé mes parents pour devenir ton épouse ? L’épouse d’un homme qui ne m’acceptait pas telle quej’étais. Tu es tombé amoureux de moi, Caroline, mais pour ta famille, je ne portais pas le bon prénom. Tu finis par leur donner raison et je dus choisir entre toi et ma foi chrétienne. Jedevins donc Mariam et j’embrassai l’islam. La déception de mes parents qui ne comprenaient pas que je puisse renier ma réligion pour un homme. Je n’en avais cure, tant les sentiments que tu m’inspiraisétaient intenses. Et puis, ne dit-on 1 pas que : «Le chemin de l’amour s’appelle sacrifice» . Qui étais-je pour faire mentir le dicton?

Te souviens-tu du jour de notre cérémonie de mariage? Ce jour qui était censé être le plus beau jour de ma vie entérinala déchirure entre ma famille et moi. Ni mon père, ni ma mère ne vinrent à mon mariage. Moi qui rêvais de me voir accompagnée par mon père,je dus me contenter du tien qui n’hésitait pas à me jeterun regard malveillant du coin de l’œil. Je n’oublie pas les chuchotements de tes proches à mon passage. Dans cette marée humaine, peu de visages m’étaient bienveillants. Certaines cousines et quelques amitiés proches assistèrent au mariage, piètre consolation! Te souviens-tu des efforts colossaux que je dus faire pour plaire à ta famille, moi l’étrangère« la 2 cafri » , comme aimait me le rappeler ton père ? Je ne comprends toujours pas son aversion à mon égard, alors même que je pratique convenablement ma nouvelle réligion. C’estavant notrele ciel que ta mère soit partie peut être méchant de le dire, mais je bénis union ; des témoignages qui me reviennent, elle aurait fait de ma vie un enfer.

Heureusement que je gagnais bien ma vie et que les cadeaux peuvent acheter certaines catégories de personne. Que de cadeaux pour que tes parentsn’osent pas me parler franchement, me chasser de mon foyer. Dans mon dos, ils s’en donnaient à cœur joie, mais mon argent les obligeait à tenir leur langue en ma présence.

Durant les deux premières années de notre union,j’ai bénéficié de ton soutien infaillible, j’ai pensé que ce serait toujours le cas. Je me suis lourdement trompée. Après 3ans de mariage, point d’enfants.Les examens ne révélèrent rien d’anormal aussi bien chez toi que chez moi. Ce fut l’occasion parfaite pour ta famille, celle qui leurpermit de verser leur venin tout en gardant le bon rôle. Je me souviens encore de la venue de tante et de ses mégères de filles au cours de notre quatrième année de mariage et de son propos : « Caroline, enfin Mariam, cela 1 De Josemaria Escriva de Balaguer 2 Terme arabe à connotation péjorative désignant celui qui n’est pas croyant en islam

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fait aujourd’hui 4ans que mon merveilleux fils t’a épousé. Pendant ces quatreans, tu as profité de ses largesses, tu t’es embellit et pourtant, tu refuses de lui donner un enfant. Une femme, ce n’est ni la beauté, ni la richesse. On est véritablement femme que lorsqu’on donne la vie. Or, jusqu’à présent, ton ventre est toujours plat. Ta maison est silencieuse comme un tombeau. Je me fais vieille et la mort peut me faucher à tout instant, tâche donc de me donner un petit-fils assez vite. Les femmes courent les rues, de plus belles que toi et surtout ce sont des femmes fécondes. Rokia, Assia, vous êtes mes témoins, Mariam doit être enceinte avant la fin de cette année. Nous n’allons pas rester plus longtemps dans ce tombeau que tu appelles maison. Tout a été dit, la balle est dans ton camp. »

J’ai tant pleuré après le départ de ta tante. Ce fut une période difficile faite de questionnements 3 et d’une remise en cause profonde de mes choix. Peut? Et-être aurais-je du rester avec Yawhé toi qui t’éloignais de moi, devenant sensible à ce qui se disait sur moi. Certaines indiscrètes ne se firent pas prier pour me dire que tu voyais une autre femme, une vraie, une femme de chez toi, née avec le bon patronyme. Il était hors de question que je retourne vers mes parents, notre relation déjà fragilisée ne supporterait pas d’entendre certaines choses. Et puis, mon amour propre ne me permettait pas de leur parler de l’échec vécu au sein de mon union, ils me l’avaientbien prédit.

Finalement, je me résolus à prier et àespérer que Allah m’exauce.

Huit années plus tard, je tombais enceinte. Cette nouvelle ressouda nos liens et donna un nouveau souffle à notre mariage chancelant. Un 30 mars, Allah me fit la grâce de donner naissance à des triplés, deux filles et un garçon. On le sait, les petits enfants sont généralement facteur d’apaisement et mon cas ne fit pas exception à la règle. Un semblant d’harmonie revint entre mes parents et moi. Ils étaient heureux d’êtregrands-parents, même s’ils auraient préféré avoir Esther, Ruth et David comme petits enfants, au lieu de Aicha, Mariam et Mohamed.

Ma belle-famille dut taire définitivement son venin. Que pouvait-elle encore me reprocher ?

Pendant 5 ans, je vécus un bonheur sans nuage, jusqu’à ce samedi fatidique ou ils pénétrèrent chez nous lourdement armés. Tu aimais tellement paraitre aux yeux des autres, tu t’enorgueillis des louanges de ces vils huluberlusqui n’en voulaient qu’à ton argent. Tu avis finis par t’acoquiner avec les pires espèces de racaille, les dealers de drogue et tu avais commis la bêtise de ne pas leur payer ce que tu leur devais, la somme d’1CFA.milliard de Ce soir-là, tu fus violenté sexuellement sous nos yeux, les enfants et moi. Et, ils prirent le malin plaisir de filmer la scène pour chantage surement. L’horreur, le traumatisme, la peur, l’humiliation et tant de questionnements. Qu’avais-tu fait avec autant d’argent? Etais-ce nécessaire ? Pourquoi, pourquoi, tu nous exposais ainsi, nous ta famille, nous que tu prétendais aimer ?

Malheureusement, les questions durent attendre, j’avais un homme détruit sur les mains, des enfants traumatisés, mais je me devais d’être forte. Ne ditmon rôle était de tenir-on pas que ma famille ?

3 Nom de Dieu en hébreu

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Nous avions 2 semainespour effectuer le paiement, mes économies n’avoisinaient que les 50 millions, une goutte d’eaucomparée à ce qui nous était exigé. Ou trouver une pareille somme d’argent? Vers qui se tourner ? La solution nous parut évidente, fuir. Quitter notre pays, quitter tout ce que nous avions construit pour un ailleurs incertain. Se résigner à être les étrangers chez d’autres, ces étranges personnes qu’on affuble de tous les maux.Quitter mon boulot après tant de sacrifices consentis pour être à cette position de Directrice Juridique. Une semaine après, nous voici en plein vol fuyant avec nos enfants une mort certaine et tout ce que tu trouves à faire, c’est te plaindre et parler de séparation…

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