Trophée des plumes 2021: Rédemption
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Trophée des plumes 2021: Rédemption , livre ebook

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Description

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Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2021
Nombre de lectures 197
Langue Français

Extrait

Hamed est un homme très pris par son travail et son mariage en pâti. Pour ce déplacement en particulier, sa femme a décidé de l’accompagner afin de renouer les liens. Mais la tension semble s’élever entre les conjoints durant le vol :
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Hamed, s’il te plait, maîtrise-toi ! Je souffre autant que toi. Et ce n’est pas dans l’avion en plein vol que nous allons déballer nos problèmes conjugaux. L’endroit n’est pas idéal. J’en ai marre de cette vie que je t’impose. Je ne t’en voudrais pas si tu décidais de me quitter. Avant de répliquer, laisse-moi te dire une chose. Depuis que mon ami Youssouf nous a quittés, toutes mes nuits sont blanches. Son décès a bouleversé mon existence. C’est le seul frère que jamais je n’ai eu. Nous avons fait la pluie et le beau temps. Mais il a fallu qu’un jour nous ayons un malentendu. Je ne me rappelle plus lequel. C’était sûrement sans aucune raison valable. Nonobstant, cela a suffi à nous mettre en froid durant des années entières. J’ai ignoré mon frère qui pourtant partageait chaque seconde de ma vie. Quelques jours avant sa mort, il a essayé de rentrer en contact avec moi afin qu’on puisse échanger. J’avais été d’une froideur insoutenable à son égard. Une froideur que je regretterais sans doute toute ma vie. Je lui avais répondu que j’étais trop occupé pour lui accorder de mon temps. Mon frère est parti sans que je ne puisse lui dire au revoir, emporté par la COVID 19. Je n’ai même pas pu lui présenter mes excuses, je n’ai pas pu arranger les choses avec lui et je me rends compte que je fais la même chose avec toi. Je suis pratiquement absent depuis notre mariage, je t’ignore, je te néglige, je t’ai même trompé à plusieurs reprises et cela sous ton nez. Mais tu es toujours avec moi. Tu cèdes au moindre de mes caprices. Tu as tout abandonné une fois de plus pour me suivre durant ce voyage. Tu n’as plus de vie à cause de moi. Je me demande souvent quel genre de cœur tu as. Tu sais, la mort nous rappelle que nous ne sommes pas éternels et que chaque acte que nous posons a une conséquence. Elle nous rappelle que les êtres les plus chers à nos cœurs s’en iront un jour ou l’autre. Souvent, plus vite que nous ne le pensions. Je t’aime Danielle, comme jamais je n’ai aimé. Je regrette tout ce que je t’ai fait subir.
Il se tourna vers sa compagne, les yeux rouges et exorbités, pris sa main avec douceur, et lui dit : pourras-tu un jour me pardonner ? Sa compagne quant à elle, fit un profond soupir, ferma les yeux, et se tourna vers lui. Il y’eut un silence puis, elle commença :
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Avant de te connaitre, rien n’avait d’importance à mes yeux. Je voulais mourir, mieux, n’avoir jamais existé. J’ai même pensé au suicide, mais trop pieuse pour passer à l’acte. Pourtant, tout n’a pas toujours été noir. J’avais une vie heureuse avec ma famille à Solhin, un petit village dans le nord du pays, un village paisible. Mes parents étaient bergers, eux même fils et petit-fils de berger. J’avais cinq sœurs et trois frères. Comme les dents et la langue, nous étions souvent en désaccord. Mais l’amour qui nous liait était incommensurable. C’était un vendredi comme tous les autres, mon tour d’aller faire paître le pâturage. Je n’en avais aucune envie mais avais-je le choix ? Tout se passait bien jusqu’à ce que je perde de vue une brebis, la plus belle du troupeau. Celle que père aimait par-dessus tout. Je devais la retrouver si je ne voulais pas me faire démembrer. Crois-moi, il valait mieux éviter sa colère. Alors je me suis mise à sa recherche. Il commença à faire nuit. Mais je n’avais aucun intérêt à rentrer sans cette bête. J’ai fini par la retrouver, morte, dévorée par une bête sauvage. Mon Dieu ! Qu’allais-je bien pouvoir dire à père ? C’est ironique mais j’avais plus peur de la réaction de mon père que de la bête qui rôdait peut-être toujours dans les parages. Cependant, je m’étais trop éloignée du village pour rebrousser chemin. J’ai décidé alors d’allumer un feu et de passer la nuit dans cet endroit. À l’aube, je repris le chemin du village. Une grande fumée se dégageait des habitations. C’était atypique. Que se passait-il ? Je n’en avais aucune idée… Je me suis mise à courir et lorsque j’arriva, la terre cessa de tourner. Je n’entendais plus que les battements de mon cœur. Où étaient-ils tous passés ? J’avais pertinemment la réponse à cette question. Elle était sous mes yeux mais je refusais de l’admettre. Ils étaient tous morts, tous, sans exception, qui égorgés, qui criblés par balle, qui brulés. J’ai retrouvé les corps de mes frères couchés les uns à proximité des autres avec d’autres hommes. On les avait criblés de balles. La terre elle-même refusait d’absorber leur sang. Pa, Oh mon Pa chéri, je l’avais aperçu, un poignard dans la gorge. Il ne restait plus rien de nos habitations. Tout était parti en fumé, mes sœurs avec. Un bruit a attiré mon attention. C’était Ma qui m’appelait. Elle avait un couteau planté dans le ventre, ses vêtements étaient en lambeau, sa voix, à peine audible. Du sang, elle en avait beaucoup perdu. Ma me disait de m’en aller, de fuir avant qu’ils ne reviennent. Qui était-ils ? Pourquoi en voulaient-ils à mon village ? Que leur avons-nous fait ? Qu’avaient fait toutes ces personnes pour mériter de telles atrocités. Qu’avait fait ma famille ? Pa était bon envers tout le monde. Il aidait tous ceux qui frappaient à notre porte. Il leur offrait son hospitalité. Et Ma ? Si douce et si patiente, pourquoi lui planter un couteau dans le ventre ? Toutes ces
personnes, je les connaissais. Ils n’auraient jamais fait de mal à une mouche. Ma me tint par le bras et de toutes ses forces me dit : va-t’en et ne reviens plus jamais ici ! Cours sans jamais regarder en arrière. Puis, elle se coucha pour ne plus jamais se relever. Je me mis à courir parmi les cadavres brulés, démembrés, décapités, les bébés qui ne verront plus jamais la lumière du jour, les enfants qui ne pourront plus jamais sourire. J’ai couru à travers les champs, les rivières, les montagnes. J’ai couru jusqu’à ce que je ne sente plus mes membres. J’ai couru à en oublier mon existence. À seize ans, je me réveillais dans ce camp de refugié. Ton visage, tel celui d’un ange, fut le premier à me sourire. Tu étais un homme comme je n’en avait jamais vu, bien bâti, agréable à regarder mais surtout, toujours là pour moi, compréhensif et attentionné. Tu as pansé mes plaies et guéri mes blessures. Tu as comblé ce vide qui était dans mon cœur. Tu m’as tendu la main et m’as demandé de cheminer avec toi. Sans hésiter, je me suis jetée dans le grand bain. Nous nous sommes mariés malgré la réticence de ta famille. Chaque jour qui passe me rends de plus en plus attachée à toi. Comme le cannabis pour le fumeur d’herbe, je ne peux plus me passer de toi. Une journée passée sans avoir de tes nouvelles suffit pour me mener à Golgotha. Je suis collée à mon téléphone comme l’aiguille à l’aimant, guettant ainsi le moindre de tes messages, le moindre de tes posts, la moindre de tes activités sur les réseaux sociaux. Je suis désolée de t’aimer ainsi, de te faire vivre un amour aussi étouffant. Cependant, lorsqu’on a vécu une aussi grande perte que celle de toute sa famille, de toute sa communauté, je pense qu’il est légitime de se comporter ainsi. Mon pire cauchemar serait que tu ne fasses plus partie de ma vie. Quelle tourmente que ton silence, quel supplice que ton indifférence, j’ai commis l’erreur de t’aimer plus que ma dignité, plus que ma vie. Mais peut-on contrôler ses sentiments ? Peut-être serait-il temps de me défaire de toi, de te laisser cette liberté que tu as toujours voulu. Mais je suffoque même à l’idée d’y penser. Hamed, je t’ai dans la peau. Comment pourrais-je te quitter sans y laisser une partie de moi ? Partir, pour moi, ce serait arrêter de vivre.
En cet instant, il se tourna vers elle et la prit dans ses bras. Tous deux en pleurs, ils s’enlacèrent et tout le monde dans l’avion se mit à applaudir.
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