Trophée des plumes 2021_Parce que l amour ne court pas les rues
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Trophée des plumes 2021_Parce que l'amour ne court pas les rues , livre ebook

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Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2021
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Extrait

Parce que l’amour ne court pas les rues…
«Quelle est ta couronne d’épines, Racky?Face à cette question elle resta ». perplexe; à l’instar de mes précedentes patientes, Racky DIOP n’en comprit pas le sens… Je m’appelle Aïdara SOW, psychologue pour une ONG internationale et conseillère conjugale. Je débute toujours mes séances par cette question : quelle est ta couronne d’épines ?
Mon expérience dans ce métier m’a prouvé que derrière chaque femme blessée, brisée intérieurement et parfois même extérieurement, mais qui persiste à rester auprès de son bourreau qui n’est autre que son mari, se cache une femme qui s’est faite gardienne d’une valeur sociale ; une femme qui porte sur sa tête une couronne tissée par l’opinion publique, qui la blesse à l’image des épines. Ainsi, la couronne d’épines de certaines femmes est cette valeur sociale selon laquelle «Une femme qui divorce est un déshonneur pour sa familleou encore « », la femme valeureuse est celle qui reste dans son foyer en dépit de tout ce qu’elle peut subir ». Une couronne que je trouve particulièrement hilarante est celle qui rappelle aux femmes que « tant qu’un homme prend soin de toi, tu ne dois pas chercher à savoir ce qu’il fait dehors», résumant ainsi la relation conjugale à une relation de père-enfant où l’homme ne doit à son épouse que la satisfaction des besoins primaires et une forme de convenance morale. En résumé, porter sa couronne d’épines, c’est troquer son épanouissement personnel contre un titre d’héroïne, que dis-je, de martyr plutôt.
Je ne blâme pas mes patientes car j’ai moi aussi porté une couronne d’épines. Mon entourage a vraiment du mal à me croire sur ce point, tant je renvoie l’image de la femme forte, militante qui ne se laisse assujettir par aucun préjugé. Ce qu’ils ignorent c’est que derrière une femme forte, remplie d’une rage de vaincre ou de s’imposer, se cache bien souvent un passé douloureux, des moments difficiles, des jours sombres…
 ‘’L’amour ne court pas les rues’’, voilà comment la société m’avait convaincue de rester mariée à Hamed. J’entends encore dans mon esprit le discours éloquent de ma tante : « Ne t’attarde pas sur les baisers échangés sur les bancs publics, sur les je t’aime bradés au coin des avenues pour penser que l’amour court les rues. L’amour ne court pas les rues, même si des femmes le proposent sur le trottoir. L’amour ne court pas les rues, même si des couples se forment à chaque coin de rue. L’amour ne courra pas les rues, même si les coureurs de jupons venaient à sortir torses nus. Et toi qui as étudié en occident, tu sais qu’ils sont des millions d’abonnés sur ces sites de rencontre, lancés dans la course aux amours, justement parce que l’amour ne court pas les rues ».
Ma tante avait trouvé là une façon plutôt élégante de me dire «les hommes se font rares; qui d’autre voudra de toi avec tes deux enfants ? Si tu ne veux pas vieillir seule, abstiens-toi et supportes !Elle me fit comprendre qu’en claquant la porte ». de mon mariage, j’ouvrirai ma fenêtre à une longue vie de solitude… Les mots de ma tante avaient fait écho dans mon esprit car elle avait su toucher du doigt ma plus grande peur ; trouverais-je un autre homme qui m’acceptera moi et mes deux enfants si je venais à quitter mon mari ? Ce n’est pas monnaie courante dans mon pays. Je ne me voyais pas élever seule mes enfants ; je ne me voyais pas non plus vivre le restant de mes jours sans un conjoint avec qui partager mes rires, mes larmes, mes succès et mes projets.
Hamed mon cher mari avait beau être un irresponsable mais il était là ; il avait beau me laisser toutes les charges financières de notre foyer mais il était là; il avait beau être ivre et me rouer parfois de coups, mais il était quand même là. Je n’étais pas seule, c’était le plus important. Du moins, c’était ce que je croyais jusqu’au jour le plus sombre de ma vie… Un dimanche soir, de retour de son maquis favori, ivre comme à l’accoutumée Hamed me saisit par le bras et voulut me forcer à remplir mon devoir conjugal. L’odeur de l’alcool me repoussant j’opposai une résistance qui le mit hors de lui : d’un geste ferme, il me poussa violemment vers le canapé mais je tombai face contre terre, alors que j’étais enceinte de notre troisième enfant. A cet instant, entre sortir de ce mariage un pied devant l’autre ou sortir les deux pieds en avant, là était la question. Devant ce sang qui coulait de mes parties génitales, je me rendis compte que je venais de perdre un enfant parce qu’on m’a dit que l’amour ne court pas les rues ; un être innocent ne connaîtra jamais les rues de Thiès parce que sa mère a cru ceux qui lui disaient qu’une femme sans mari ne peut être épanouie…
-Hamed, s’il te plaît, maîtrise-toi ! Je souffre autant que toi. Et ce n’est pas dans l’avion en plein vol que nous allons déballer nos problèmes conjugaux. L’endroit n’est pas idéal. -J’en ai marre de cette vie que je t’impose. Je ne t’en voudrais pas si tu décidais de me quitter.
Ce fut la première conversation que l’on a eu depuis ce tragique évènement. Ayant été libérée de l’hôpital où j’avais séjourné pendant quelques jours, il fallait retourner en famille au Burkina car Hamed avait été convoqué par mes parents. Je l’observais chaque jour quand il venait me voir à l’hôpital. Il passait des heures à mon chevet, l’air désemparé, sans prononcer un seul mot. Je pouvais voir sur son visage la culpabilité qui le rongeait. Il ne dit pas un seul mot jusqu’à ce qu’on soit dans l’avion. Il faut parfois prendre de la hauteur face à certaines choses pour mieux y penser dit-on souvent ; les quelques mètres d’altitude avaient peut-être fait effet sur mon cher époux. Un sincère repenti était-il né de ses déboires, ou s’agissait-il encore des propos superficiels d’un ivrogne ? Seul le temps pouvait nous le dire.
Mais ce jour-là, pour la première fois depuis 3 ans je vis de nouveau de l’amour dans les yeux de Hamed.
L’ai-je pardonné après tout ce que j’ai enduré ? Etait-il possible d’aimer de nouveau après tant de souffrances ? Plusieurs ne comprendront jamais mon choix, mais je choisis de donner l’occasion à Hamed de faire de nouveau partie de ma vie, à condition qu’il se soigne, qu’il se reconstruise parce que je crois que tout homme est capable de triompher du mal qui sévit en lui.
Voyez-vous la nature est si bien disposée qu’elle a toujours pris le soin de rendre difficile d’accès les choses qui ont une grande valeur : c’est ainsi que l’or ne se trouve jamais à la surface de la terre mais au fond des océans, le diamant sous le sol, et les perles dans des coquilles. De même je crois que derrière des épreuves affligeantes et douloureuses peut se cacher une histoire en or qui avait besoin d’être polie pour révéler son éclat… Aujourd’hui je suis épanouie avec Hamed, mon Hamed. Et mon défi majeur en tant que conseillère conjugale est d’amener les femmes comme Racky DIOP à trouver en elles la force de pardonner les maris qui manifestent le désir de changer et d’offrir un meilleur conjoint à leur partenaire. Ce sentiment de confiance est difficile à rétablir mais ayant une expérience similaire à celle de ces femmes, j’arrive à les accompagner dans ce processus. Face à ces violences conjugales, à ces histoires qui ressemblent de moins en moins à des contes de fées, des interrogations naissent dans le cœur des jeunes gens : « Où est l’amour qu’on nous avait promis ? Celui qui nous grandit et nous bâtit, car jusqu’ici nous n’avons connu que celui qui détruit ! Où est cet amour qu’on nous a décrit ? Celui qui libère et affranchit, n’ayant connu que celui qui avilit ? »
Eh bien, je crois qu’il n’y a point de différence entre celui qui nous rend heureux et celui qui nous cause tant de souffrances. Je crois que cet amour qui nous mine de l’intérieur est le même qui certains jours nous illumine, pour la même raison qu’il n’y a de rose sans épines. Et tout comme une rose, cet amour fleurira si vous avez la foi de le cultiver, la patience de l’arroser et la sagesse pour bien le tenir.
Tout comme la vie, l’amour est un bel oxymore Une cohérente contradiction Qui de la logique humaine se joue Mais de la sagesse divine découle.
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