Au Laos

Ko-Noi

Description

On ne lit, dans les journaux, que des articles dithyrambiques sur ceci, sur cela, sur le Mékong, sur les routes, sur la soumission d’insoumis, sur le pays de rêve, en un mot, qu’est le Laos... pays de rêve, oui, de la fantaisie... et de la fumisterie.On a beaucoup attaqué le « Colonel » sur sa vie privée : son successeur prête-il le flanc à des critiques sur ce chapitre ? C’est ce que nous ne rechercherons pas.Ce que je voudrais savoir et faire connaître, c’est ce qu’il y a de réellement mérité dans les louanges distribuées au résident actuel.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

• Publié par: BNF - Collection XIX
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782346116218
• Langue: Français

Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Ko-Noi
Au Laos
AU LAOS
On ne lit, dans les journaux, que des articles dithyrambiques sur ceci, sur cela, sur le Mékong, sur les routes, sur la soumission d’insoumis, sur le pays de rêve, en un mot, qu’est le Laos... pays de rêve, oui, de la fantaisie... et de la fumisterie.
On a beaucoup attaqué le « Colonel » sur sa vie privée : son successeur prête-il le flanc à des critiques sur ce chapitre ? C’est ce que nous ne rechercherons pas.
Ce que je voudrais savoir et faire connaître, c’est ce qu’il y a de réellement mérité dans les louanges distribuées au résident actuel.
Une seule question est nécessaire et suffisante. Je la pose à M. Mahé et à ses encenseurs. Qu’a-t-il fait depuis son arrivée au Laos ? Du bruit, certes. Mais derrière cette réclame, quoi ? Rien. Rien. Et ce n’est pas de sa faute. On ne peut, en vérité, rien réformer ici en trois ou quatre ans. Mais pourquoi tout ce tintamarre qui voudrait faire croire que tout est devenu parfait au Laos, depuis que M. Mahé a paru ?
En 1903, on a commencé par la soumission des Bolovens. Les Bolovens, le Résident supérieur et le Commissaire savaient, à ce moment, ce qu’il en était de cette soumission. Le Gouverneur général a, depuis, été renseigné.
M. Mahé a découvert qu’il y a de l’eau dans le Mékong ? Nous verrons ce qu’il est résulté de cette découverte publiée à grand fracas, aux quatre coins du monde.
Il a inventé aussi que les Messageries fluviales assuraient un service défectueux, ne tenaient pas leurs engagements, et avaient un matériel aussi condamnable qu’elles-mêmes. Et puis ?
Il est aimé, respecté de son personnel ? Allez-y voir : du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, vous n’entendez que des récriminations.
Il a trouvé que le Laos, qui n’a pas d’échanges à l’intérieur ni, pour ainsi dire, de transactions avec l’étranger, avait besoin de la Douane pour développer son commerce. Belle trouvaille...
Il a fait une route de Savannaket à la mer. Croyez-vous ?
11 a créé des chefs de services — qui n’ont pas de services ? Après ?
Il trouve que le royaume de Luang-Prabang, autonome, riche, avec un budget spécial qui s’équilibre par de gros excédents de recettes, doit garder sont autonomie et sa richesse ? Allons donc ?...
Quelqu’un qui connaissait bien M. Mahé lui lança, un jour, devant une nombreuse et choisie assistance, cette dure apostrophe : « Vous, vous n’êtes qu’un sale arriviste ! » C’étaient là des termes peu ou trop parlementaires, mais ils sortaient d’une si jolie bouche et les convives sentaient tellement toute la vérité contenue dans ce reproche, que nul n’en parut choqué, l’« arriviste » moins que les autres.
Eh oui ! c’est un arriviste. Et tout ce que M. Mahé a fait ou voulu faire ici même, était en vue de son « soi ». Aucune question étudiée n’est appréciée si elle ne peut faire ressortir d’emblée la personnalité du maître.
Et c’est ainsi qu’on le voit se jeter précipitamment sur ce qu’il croit bon, utile à lui-même, s’en aller d’une idée à l’autre, sautant sur un dada, en tombant, pour en enfourcher un autre, sans suite, sans raisonnement, sans programme.
C’est un arriviste ; c’est aussi un agité, dangereux à la tête d’une résidence quasi indépendante et sans contrôle. Reste à savoir si c’est un bluffiste ou un convaincu ; si c’est un farceur ou un niais.
Le « Colonel » avait des défauts, de graves défauts, mais à force de l’entendre attaquer, critiquer à tous propos et hors de propos par les servants de M.