Baylen et la politique de Napoléon
73 pages
Français

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Baylen et la politique de Napoléon , livre ebook

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Description

Le colonel Titeux, connu surtout dans le monde militaire par de sérieuses études historiques, vient de publier sur le général Dupont, un ouvrage qui est un vrai service rendu à l’histoire. Les documents précieux, et pour la plupart inconnus, qui en forment la majeure partie, jettent une vive lumière sur les points demeurés obscurs de cette affaire de Baylen tant et si ardemment discutée et que rien jusqu’ici n’était parvenu à éclaircir.Je laisse à ceux que cela regarde l’appréciation et le compte rendu de ce livre dont tout le côté militaire est hors de ma compétence.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346123872
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Romain de Sèze
Baylen et la politique de Napoléon
BAYLEN ET LA POLITIQUE DE NAPOLÉON
A L’OCCASION D’UN LIVRE RÉCENT
Le colonel Titeux, connu surtout dans le monde militaire par de sérieuses études historiques, vient de publier sur le général Dupont, un ouvrage qui est un vrai service rendu à l’histoire. Les documents précieux, et pour la plupart inconnus, qui en forment la majeure partie, jettent une vive lumière sur les points demeurés obscurs de cette affaire de Baylen tant et si ardemment discutée et que rien jusqu’ici n’était parvenu à éclaircir. 1
Je laisse à ceux que cela regarde l’appréciation et le compte rendu de ce livre dont tout le côté militaire est hors de ma compétence. Mais la capitulation de Baylen, ou plutôt, suivant l’expression dont je me servais à dessein, l’ affaire de Baylen ne soulèvent pas seulement des questions militaires. Nous avons la preuve aujourd’hui qu’elles n’y ont joué qu’un rôle très secondaire. C’est le prétexte dont on s’est servi pour arriver à déshonorer et à faire condamner celui qui, dans la pensée et la volonté de Napoléon, était perdu d’avance.
En réalité, c’est la politique, une politique machiavélique qui est au fond de cette affaire célèbre. Elle en est la cause et la raison d’être. Seule elle donne la clef de ce mystère demeuré longtemps impénétrable.
Si j’ai bien su lire, en effet, les documents que j’avais sous les yeux, ce n’est pas la capitulation de Baylen qui a été pour Napoléon le crime de Dupont ; c’est au contraire la violation de cette capitulation.
Cette violation qui a eu pour effets d’abord l’emprisonnement, puis la destruction presque complète d’un corps d’armée, l’empereur, pour des raisons politiques, ne voulant pas avoir à la reprocher aux Espagnols qui en étaient les vrais et seuls auteurs, a fait tous ses efforts pour en faire retomber la honte et le châtiment sur l’auteur même de la capitulation ; et comme cette dernière accusation se heurtait à l’évidence, il s’est vu réduit à donner à la capitulation dans ses lettres, dans le Moniteur, même dans une parade célèbre, en un mot par tous les moyens de publicité dont il disposait, une couleur et des proportions telles qu’elle égalât ou dépassât même en noirceur le crime de sa violation. C’était un problème des plus compliqués, puisqu’il s’agissait de demander compte à un général de la perte de douze ou quinze mille hommes en lui faisant un crime du traité auquel il n’avait consenti que pour les sauver.
Cette opposition entre le but proposé et le moyen employé déroute d’abord, et expose à de fréquentes erreurs ceux qui cherchent le mot de l’énigme. Mais quand on a lu attentivement toutes les pièces de ce grand procès, le jour se fait et la conduite de Napoléon, qui avait paru longtemps si étrange qu’elle semblait toucher à la folie, n’est plus que celle d’un politique habile dont l’ambition, pour arriver à ses fins, ne recule devant l’immoralité d’aucun moyen.
C’est précisément à cette conduite de Napoléon, relativement à la capitulation de Baylen, que je voudrais consacrer cette étude.
I
LE GÉNÉRAL DUPONT AVANT BAYLEN
Si jamais homme a pu à bon droit se plaindre des caprices du sort et de l’injustice de l’opinion, il semble bien que ce soit le général Dupont.
Brave entre les plus braves, sa carrière presque inaugurée dans une déroute se termine par une capitulation.
Homme de guerre supérieur suivant le témoignage d’un juge compétent, le général Foy, signalé par des exploits qui ne craignent la comparaison avec aucun de ceux qui ont illustré les plus vaillants parmi les généraux de la Révolution et de l’Empire, il a eu cette rare infortune de voir les plus étonnantes de ses actions d’éclat atténuées ou même passées sous silence dans l’intérêt de ceux dont il avait réparé les fautes, et lorsque, un jour, un seul jour, la fortune lui a été infidèle, de voir au contraire son malheur monstrueusement exagéré dans ses proportions, dénaturé dans ses causes et dans ses effets, attribué aux plus vils calculs d’intérêt, devenu sous ce honteux déguisement la fable de l’Europe et le scandale de la postérité, par la volonté toute-puissante du Maître, dont cet échec, en réalité secondaire auprès des désastres qui l’ont précédé et suivi, a eu, il est vrai, pour effet de mettre en évidence les lourdes fautes militaires qui ont accompagné le guet-apens de Bayonne.
Et cette légende qui, peu soucieuse de la vérité, je veux dire de la fatalité inouïe qui a causé la catastrophe de Baylen, est parvenue à en faire un crime, et à réunir ce nom sinistre, comme un stigmate ineffaçable, à un nom jusque-là glorieux entre tous, on peut dire que tout le monde, tous les partis surtout, ont contribué à la former : Napoléon d’abord, du cerveau duquel elle est sortie, armée de pied en cap, comme la Minerve antique du front de Jupiter ; puis la tourbe des courtisans, les membres de la Commission d’enquête substituée à la Haute-Cour, jugée moins sûre pour ce genre de services ; les gazettes de l’ennemi et ses historiens, dont c’était le rôle, il est vrai, mais qui par cela même et parce qu’ils avaient à justifier leur pays d’un manquement à une parole d’honneur donnée sur le champ de bataille, agrémenté de massacres dans les hôpitaux et de cruautés sans nom, étaient trop puissamment intéressés à exagérer les torts de leurs victimes, pour que leur témoignage fût recevable ; plus tard les thuriféraires de Napoléon, aux yeux desquels toute parole du grand homme, surtout à la charge d’un ministre de la Restauration, passait pour aussi sacrée, ou plutôt infiniment plus qu’aucun texte de l’Evangile ; les demi-solde qui incarnaient en lui toutes leurs rancunes ; enfin les hommes de 1830 qui en 1847, à une époque où il semble que les passions eussent pu s’apaiser et l’impartialité de l’histoire reprendre ses droits, n’ont pas craint de mettre le sceau à l’injustice de leurs prédécesseurs, en excluant le nom du général Dupont de l’Arc de Triomphe, où brille celui des victoires dont il fut le héros, et pour justifier cette iniquité, de porter contre celui qui n’était plus là pour se défendre, l’accusation la plus perfide, puisqu’elle pouvait être interprétée comme un aveu : celle d’avoir profité de son passage au ministère de la guerre pour supprimer les pièces de son dossier.
Le secret d’une injustice si générale et si persistante nous est peut-être donné par Murat dans une lettre à Napoléon auquel il rendait compte d’une visite aux corps de Moncey et de Dupont. Après avoir qualifié le premier de pétaudière il ajoutait : « Quelle différence de son corps à celui de Dupont il ne voit que le bien du soldat..... il se fait fournir et cependant personne ne crie ; il est vrai qu’il est moins courtisan.  » Moins courtisan en effet ! Bien que le sujet de cette étude ne nous permette pas de suivre le général Dupont dans toute sa carrière, nous en dirons assez pour montrer qu’il ne le fut jamais, si ce n’est peut-être du malheur.
On aime à voir ce grand calomnié de l’histoire, qui n’a vu lui aussi que des accusateurs dans ses juges, dont plusieurs étaient des amis, on aime à le voir, au début de sa carrière, s’oublier lui-même et se dévouer à la défense d’une mémoire injustement attaquée : aide de camp du général Théobald Dillon, il se trouvait à la déroute de Tournay, le 29 avril 1792, et y fut très grièvement blessé en défendant son général qui s’efforçait d’arrêter le désordre et que ses soldats massacrèrent 2 . A peine remis de sa blessure, le jeune officier apprenant que la mémoire de son infortuné général était l’objet des plus indignes calomnies, se rend à Paris, défend avec chaleur la cause du général Dillon, et obtient une pension pour sa veuve et ses enfants 3 .

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