Campagne de Russie - 1812
104 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Campagne de Russie - 1812 , livre ebook

104 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Au commencement de 1812 Napoléon était maître du continent. A l’est, Poniatowski et les Polonais de Varsovie, factionnaires vigilants, montaient pour lui la garde entre la Vistule et le Niémen, et surveillaient les mouvements de la Russie ; le roi de Saxe, Jérôme roi de Westphalie, et les princes de la confédération du Rhin, tenaient en échec la Prusse et l’Autriche ; sur les côtes de la mer du Nord et de la Baltique, Davoust, le vainqueur d’Auerstædt, commandait une armée de deux cent mille Français répandus de l’Ems à la Vistule, et de Hambourg, son quartier général, faisait trembler toute l’Allemagne.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9782346124824
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alfred Assollant
Campagne de Russie
1812
INTRODUCTION
La campagne de Russie est l’épisode le plus funeste des guerres de l’empire. La grande armée y périt presque tout entière, non pas de froid, comme Napoléon l’a dit et comme on l’a répété après lui, mais de faim, de misère et de fatigue. Ceux qui revinrent en France n’étaient plus que l’ombre de cette bande héroïque qui avait parcouru en tous sens le continent européen et planté ses drapeaux sur les remparts de Cordoue et sur les tours du Kremlin.
Si l’on s’étonne que, pouvant choisir entre tant de victoires, j’aie préféré raconter un désastre qui a fait saigner longtemps le cœur de la France et répandu le deuil dans toutes les familles, il faut se souvenir que l’histoire des peuples n’est pas faite uniquement pour flatter leur orgueil, mais pour leur servir d’exemple et de leçon ; qu’on ne guérit pas les plaies de la patrie en les couvrant d’un voile, et qu’il est temps d’abandonner la légende et de dire la vérité tout entière. La gloire de nos soldats n’en souffrira pas. Même dans l’épouvantable retraite de Moscou, leur courage demeura inébranlable ; ils n’accusèrent ni l’ambition ni la témérité de leur chef, et firent respecter jusqu’au dernier jour, devant l’ennemi, le drapeau tricolore.
Napoléon seul perdra peut-être dans ce récit quelque chose de ce prestige extraordinaire que lui ont donné des historiens de parti, écrivant sous les Bourbons et contre les Bourbons ; mais il faut justifier la France du reproche d’ingratitude. Non, la patrie n’a pas été ingrate envers le vainqueur d’Arcole et de Marengo ; mais quand elle fut lasse de verser le plus pur de son sang pour faire de lui le maître du monde, elle soutint avec un courage désespéré le dernier choc de l’Europe ; et, vaincue, désarmée, saignée à blanc, placée entre son propre salut et l’empereur, elle subit la loi de l’Europe.
C’est toute l’histoire de 1814.
I
Situation de l’Europe en 1813
Au commencement de 1812 Napoléon était maître du continent. A l’est, Poniatowski et les Polonais de Varsovie, factionnaires vigilants, montaient pour lui la garde entre la Vistule et le Niémen, et surveillaient les mouvements de la Russie ; le roi de Saxe, Jérôme roi de Westphalie, et les princes de la confédération du Rhin, tenaient en échec la Prusse et l’Autriche ; sur les côtes de la mer du Nord et de la Baltique, Davoust, le vainqueur d’Auerstædt, commandait une armée de deux cent mille Français répandus de l’Ems à la Vistule, et de Hambourg, son quartier général, faisait trembler toute l’Allemagne. Au sud, Joseph, le frère aîné de Napoléon, et Murat, son beau-frère, étaient rois d’Espagne et de Naples, car l’ancien sous-lieutenant d’artillerie, devenu empereur des Français, roi d’Italie, protecteur de la confédération du Rhin et médiateur de la confédération helvétique, donnait de l’avancement à tous ceux qui l’avaient servi. Ses soldats devenaient maréchaux et ducs, ses ministres devenaient princes, et ses frères devenaient rois.
Pour lui, son ambition croissait avec sa fortune. Chaque année il reculait les limites de l’empire français : orient, occident, nord ou midi, il s’étendait dans tous les sens. Ne pouvant ôter la mer aux Anglais, ni les saisir corps à corps dans leur île comme il avait rêvé de le faire avant Trafalgar, il voulait leur fermer le continent. Par Venise et Trieste au sud, par Hambourg et Dantzig au nord, il leur interdisait tout commerce avec l’Allemagne et la Pologne. Ses douaniers, plus redoutés encore que ses soldats, couvraient tous les rivages, saisissaient partout les marchandises anglaises et les brûlaient en place publique. Acharné dans son dessein de pousser l’Angleterre à la banqueroute, il n’épargnait pas même sa propre famille. Son frère Louis, roi de Hollande, ayant favorisé la contrebande, fut forcé de donner sa démission comme un préfet ; le royaume fut découpé en départements français, et les Hollandais, que ruinait le blocus continental, reçurent pour consolation l’assurance qu’Amsterdam serait désormais la troisième ville de l’empire. (La seconde était Rome.)
Tout paraissait lui réussir, — même la trahison. Si le Portugal, conquis au pas de course par Junot, fut repris en une semaine par les Anglais, l’Espagne, ouverte de toutes parts et attaquée par surprise, était tout entière aux Français. Le roi Joseph était maître à Madrid, Suchet à Valence et à Saragosse, Mathieu Dumas à Barcelone, Soult à Séville, à Cordoue et à Badajoz. Toutes les grandes villes étaient occupées, la campagne seule restait aux guérillas, et l’assemblée des cortès n’avait que Cadix pour asile.
Qui n’aurait cru que la fin de cette terrible guerre était proche ; que les Espagnols, lassés, déposeraient les armes ; que Wellington, resté seul en Portugal, serait jeté à la mer, et que Napoléon, ne rencontrant plus aucun obstacle entre Lisbon et Dantzig, dicterait aux Anglais les conditions de la paix ?
Mais toute cette puissance était plus apparente que réelle. Au delà des frontières de l’ancienne France les peuples n’obéissaient qu’à la force, et la France elle-même était épuisée d’hommes et d’argent. Malgré les contributions levées en Autriche et en Prusse, malgré le pillage de l’Espagne et du Portugal, le budget croissait tous les ans. Il fallait payer les dépenses du gouvernement espagnol en même temps que celles du gouvernement français. Le roi Joseph, réduit aux octrois de Madrid, et aussi prodigue que s’il avait eu à sa disposition, comme Charles-Quint, les trésors des deux Indes, n’écrivait à Napoléon que pour lui demander de l’argent, se chargeant, disait-il, de créer une armée espagnole et de repousser les Anglais. De son côté, l’empereur, plus avare de ses millions que de ses conscrits, raillait amèrement l’incapacité de son frère, lui reprochait ses maîtresses, ses favoris, ses prétentions au génie militaire, et se dégoûtait tous les jours davantage de la guerre d’Espagne sans avoir le courage de la terminer par un grand effort ou d’y renoncer en faisant la paix avec les cortès.
Dès les premiers jours de 1811, un observateur attentif, vigilant, clairvoyant, le duc de Wellington, qui commandait alors l’armée anglaise en Portugal, avait remarqué cette disette d’argent qui devait bientôt chasser les Français de la Péninsule. « Ils vivent de pillage, écrivait-il à son frère le marquis de Wellesley, marchent sans paye, sans vivres et sans magasins, mettent en coupe réglée le pays et les habitants ; mais aussi chaque année ils perdent la moitié des troupes qu’ils ont mises en campagne. »
En effet, la consommation des hommes devenait effrayante. A l’ancienne armée de la république que Napoléon avait gardée presque tout entière sous les drapeaux, il ajoutait continuellement de nouvelles levées : en 1804, soixante mille hommes ; en 1805, cent quarante mille ; en 1807, cent soixante mille, dont quatre-vingt mille à prendre d’avance sur la classe de 1808, — les classes précédentes, déjà épuisées, ne pouvant plus rien donner ; en 1808, deux cent quarante mille ; en 1809, soixante-seize mille ; en 1810, cent soixante mille ; en 1811, cent vingt mille. Total : Neuf cent cinquante-six mille hommes en huit ans. De plus, la guerre durant toujours, il n’accordait de congé à personne, si ce n’est aux invalides et à quelques vieux officiers soupçonnés de sentiments républicains. Autrefois, pendant l’expédition d’Égypte, Kléber l’avait surnommé le général â

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents