Carpentras et le Comtat-Venaissin avant et après l annexion - Étude historique
65 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Carpentras et le Comtat-Venaissin avant et après l'annexion - Étude historique , livre ebook

-

65 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Je tiens surtout, en traitant ce sujet, à combattre de graves erreurs, assez généralement répandues sur cette partie de notre histoire locale.En parlant de la domination papale, on a prononcé les mots de servitude, oppression, hébétement, corruption et autres semblables. Il s’est trouvé des écrivains et des orateurs qui ont prétendu que le décret de l’Assemblée nationale, relatif à la réunion du Comtat à la France, n’avait été que la réponse de la France à l’appel désespéré d’un peu pie malheureux appelant un sauveur.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782346089932
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Louis Loubet
Carpentras et le Comtat-Venaissin avant et après l'annexion
Étude historique
A M. Isidore MORICELLY, négociant
 
bienfaiteur de Carpentras.
 
 
Carpentras, 17 août 1891.
 
Monsieur et très honoré compatriote,
Si Monseigneur d’Inguimbert vivait encore, c’est lui que j’aurais prié de vouloir bien accepter la dédicace de ce petit livre, où il est surtout question des personnes et des choses de notre cher Comtat.
A défaut de Mgr d’Inguimbert, ma pensée a dû naturellement se reporter sur vous, qui continuez dans un autre ordre d’idées, ses belles traditions, et que la reconnaissance publique a si bien nommé le bienfaiteur laïque de Carpentras. N’êtes-vous pas, en effet, après le saint évêque, celui de nos compatriotes qui a le plus fait pour l’honneur et la prospérité de la cité ?
D’autres pourront dire par quels prodiges d’activité, d’intelligence et d’honnêteté vous êtes arrivé à la haute situation que vous occupez dans la première ville commerciale de France. Quant à moi, qui n’ai pas l’honneur de vous connaître personnellement, ce que j’admire le plus en vous, c’est cet amour du pays natal, passionné jusqu’à l’exaltation et au sacrifice, qui vous a suivi dans toutes les épreuves de votre vie, a résisté à tout, à la bonne comme à la mauvaise fortune, et qui vous inspire chaque jour les résolutions les plus généreuses. Noble passion qu’il faut louer avec d’autant plus d’empressement, qu’elle devient de plus en plus rare, et qu’on ne la rencontre que dans les natures d’élite.
Grâce à vos libéralités, Carpentras va devenir, dans un avenir très prochain, une des villes les plus saines, les plus élégantes, les mieux dotées du midi. N’est-il pas permis d’espérer qu’une fois cette première partie de votre tâche remplie, vous songerez aux invalides du travail, et que notre ville comptera un jour au nombre dé ses monuments un de ces asiles admirables où les vieux travailleurs peuvent, après une vie de labeur et de privations, trouver un abri pour leurs derniers jours ?
De tels exemples consolent et fortifient. Ils imposent en même temps à ceux qui doivent nous survivre une dette de reconnaissance dont ils comprendront sans doute l’étendue et le caractère et qu’ils s’em. presseront d’acquitter.
Pour mon compte, je suis heureux de pouvoir vous offrir, Monsieur et très honoré compatriote, ce modeste témoignage de ma haute estime et de mes sentiments les plus distingués.
 
L. LOUBET,
Ancien magistrat.
AVANT-PROPOS
La ville de Carpentras se propose de célébrer prochainement le premier anniversaire de la réunion du Comtat à la France.
Il m’a paru intéressant de rechercher, à cette occasion, ce qu’était autrefois le Comtat, comparativement à ce qu’il est aujourd’hui. Quelles étaient les institutions politiques, administratives et judiciaires qui le régissaient ? Quel était l’état des esprits au moment de la réunion ? Quel progrès avons-nous réalisé en sociabilité, en agriculture et en industrie ?
Ce sont là tout autant de questions que je me suis posées successivement et dont j’ai voulu avoir la solution.
Certains publicistes ont émis l’avis que dans cette civilisation ancienne il n’y avait rien qui méritât d’être connu. Ils ne tarissent pas de railleries sur la sotte curiosité de ceux qui prennent plaisir à errer au milieu de ces ombres à jamais disparues ; à quoi bon d’ailleurs revenir sur ces tristes époques, où tout était despotisme et servilité ? Les hommes d’autrefois n’ont rien à apprendre aux hommes d’aujourd’hui, et c’est presque une vertu civique que d’ignorer leur histoire.
Je suis, je ne crains pas de l’avouer, au nombre de ces curieux. Il me semble qu’on doit se résigner difficilement à ignorer le passé d’une contrée à laquelle on appartient et qui a tenu honorablement sa place dans l’histoire. Quand je vois dans un musée de belles toiles ou de belles statues, je suis saisi d’un ardent désir de connaître les auteurs de ces créations, d’être fixé sur leur famille, sur leur jeunesse, sur les événements heureux ou malheureux de leur vie, en un mot, sur toutes les circonstances qui ont pu inspirer leur génie.
C’est le sentiment que j’éprouvais en commençant cette étude. Je ne l’avais d’abord entreprise que pour mon instruction personnelle et dans l’unique désir de mieux connaître le grand fait historique dont on veut perpétuer le souvenir ; mais j’ai trouvé dans cette recherche du passé une satisfaction si vive ; j’ai fait, chemin faisant, des constatations si honorables pour notre pays, que j’ai cru être agréable à mes compatriotes en leur faisant part des impressions que j’ai éprouvées,
Je n’ai nullement la prétention, je me hâte de le dire, d’écrire l’histoire de Carpentras, et encore moins celle des diverses révolutions qui ont plusieurs fois troublé notre pays. Pour un tel travail, le temps et les matériaux me manqueraient également. Une plume plus compétente a d’ailleurs accepté cette tâche, qui sera sans doute remplie avec autant de conscience que de talent.
Mon œuvre à moi est surtout une œuvre de réparation et de justice : toute mon ambition consiste à remettre en honneur quelques pages importantes de nos chroniques, à éclairer quelques points de l’histoire locale restés jusqu’ici dans l’ombre, et surtout à faire connaître à mes jeunes compatriotes les titres de leurs pères à leur reconnaissance et à leur respect.
Ce petit coin de terre qui s’appelait autrefois le Comtat-Venaissin, et dont Carpentras avait l’honneur d’être la capitale, avait une langue, des mœurs, des institutions, un esprit qui lui étaient propres et lui donnaient une physionomie particulière. Ne convenait-il pas de noter, avant qu’ils disparaissent devant l’uniformité de la civilisation moderne, ces traits épars de l’ancienne civilisation ? De tels souvenirs, destinés à faire revivre un moment des mœurs oubliées et quelques-uns des hommes éminents dont s’honore le pays, ne peuvent, ce me semble, être indifférents à personne. Les hommes dont il s’agit ont parlé la langue que nous parlons, ils ont foulé le sol que nous foulons, ils ont habité les lieux que nous habitons ; plusieurs ont laissé parmi nous des descendants pour lesquels nous professons la plus haute estime et la plus vive sympathie. Quand cette œuvre ne servirait qu’à recueillir ces échos lointains et à rendre à une génération disparue l’hommage de gratitude auquel elle a tant de droits, ne serait-ce pas assez pour absoudre l’auteur du reproche que pourront lui adresser quelques censeurs sévères :
 
Passe encore pour bâtir, mais écrire à cet âge !
 
C’est en effet à l’extrême déclin de la vie que je me permets de tracer ces lignes, et beaucoup auraient reculé à ma place. Mais n’est-ce pas le privilège de la vieillesse, — triste privilège assurément, — de pouvoir donner aux jeunes générations quelques enseignements utiles, de pouvoir leur rappeler, avec quelque autorité, ce qu’elles doivent à l’effort héroïque de ceux qui les ont précédés en ce monde ? Pour mon compte, plus j’avance en âge, plus je m’afflige de cet incroyable dédain du passé, qui semble un des vices inhérents à la France nouvelle. On oublie beaucoup trop de nos jours qu’il y a dans le legs des ancêtres tout un héritage de devoirs accomplis, de bons exemples, de grandes vertus, auquel il n’est pas permis de renoncer. Les nouvelles générations tiennent aux anciennes par des fils invisibles dont il serait puéril de contester la puissance ; elles vivent toutes, quoi qu’elles fassent, sur le fonds d’idées qu’elles ont reçu en naissant.
 
« Tout homme de trente ans qui réfléchit un peu, a dit un ingénieux écrivain 1 , s’aperçoit qu’il doit sa vie, sa santé, son bien-être, son éducation, tout ce qu’il a et tout ce qu’il est à des millions de sauveteurs obscurs, inconnus, introuvables, qui sont morts à la pe

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents