Causes et Conséquences des événements de juillet 1830
43 pages
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Causes et Conséquences des événements de juillet 1830 , livre ebook

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Description

On peut demander compte à la chambre des députés de ce qu’elle a fait. Comme elle discute, elle est à la merci de quiconque veut la soumettre aux règles du bon sens ; mais les révolutions n’ont pas d’autre logique que l’intérêt général, et elles n’arrivent jamais que poussées par impérieuse nécessité. Il ne faut donc pas essaye d’expliquer par le raisonnement ce qui confond la raison, manie trop commune parmi les hommes d’esprit. Les prêtres s’y entendent mieux ; ils ont dit la folie de la croix ; avec cette folie hautement avouée, ils se sont emparés de la spiritualité de la société ; puis, avec cette spiritualité, ils se sont procuré toutes les jouissances de la terre, rejetant parmi les mystères ce qu’ils sentaient bien qu’ils ne pouvaient expliquer logiquement.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346103577
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Joseph Fiévée
Causes et Conséquences des événements de juillet 1830
AVERTISSEMENT
La première intention de cette brochure a été conçue dans l’intérêt d’une défense personnelle.
Une tête naturellement réfléchissante peut être comparée à une cruche, mais seulement sous ce rapport, que lorsqu’elle est pleine, il faut la vider avant de pouvoir la remplir. Rien n’est plus commode que les journaux pour vider ses idées, et empêcher qu’elles ne deviennent fixes, ce qui est un commencement de folie.
J’ai donc beaucoup écrit dans les journaux sans signer mes articles, par conséquent avec la prévoyance qu’on m’attribuerait des articles que je n’aurais pas faits, ce qui m’était fort indifférent s’ils entraient dans des vues d’utilité générale.
Depuis le mois de novembre dernier, j’ai écrit dans le Temps, plus ou moins régulièrement ; car je n’accepte et ne fais jamais qu’une condition, savoir qu’on ne me demandera pas pourquoi j’interromps ou j’abandonne entièrement mon travail, s’il m’en prend fantaisie.
J’ai envoyé mon dernier article à ce journal le 24 juillet ; il y a été inséré le 26. Depuis je n’y ai rien adressé, ni à d’autres journaux.
A chaque grande commotion politique, j’ai besoin de temps pour la comprendre, pour en rechercher les antécédents pour essayer d’en prévoir les conséquences, afin de bien savoir quelle cause je servirais, à quelle cause je nuirais en publiant mes idées particulières. Tel est l’unique motif qui, depuis le 26 juillet, m’a empêché de coopérer à la rédaction du Temps. Ce n’est une rupture ni avec ce journal, ni avec les liaisons que j’ai pu y former. Nulle part je n’aurais trouvé plus de courage civil, ni plus de désintéressement.
A la veille du 26 juillet, un journal avait attribué à maître Fiévée un article du Temps en faveur d’un ministère de coalisation. J’aurais été bien ridicule de le désavouer au moment où une grande affaire s’engageait, lorsque les événements venaient se charger de tout arranger, indépendamment de mon désaveu comme de mon consentement. Ce qu’on appelait un ministère de coalition ne me paraissait pourtant qu’un ministère de débilitation, mot qui me convient parce qu’il est difficile de le prononcer sans avoir un peu mal au cœur. C’est comme le ministère de M. de Martignac et la politique de ceux qui l’ont secondé. Lorsqu’on me parlait des ministères qui pourraient succéder au ministère du 8 août, je me contentais de répondre, en plaisantant, que tout ministère me paraîtrait bien grand s’il s’élevait un peu plus haut que la barbe d’un capucin, et bien fort, s’il maintenait en place un bon administrateur qui serait accusé, par la congrégation, d’avoir eu un mauvais maintien à la messe.
Sérieusement, je répondais à toutes les combinaisons dont on me parlait : J’aimerais mieux la guerre civile 1 . Je ne crois pas que M. de Polignac, ni les jésuites, ni les autres ministres que les jésuites avaient pris à leur service, m’aient entendu. J’ai obtenu pour la France ce que je désirais pour elle comme une nécessité impérieuse, et je n’en suis pas coupable. On ne peut donc me mettre en jugement, ni discuter d’avance si je dois être traité comme un fou furieux, ou comme un imbécile. Si j’avais une opinion à émettre à cet égard, je serais indulgent pour les fous furieux, impitoyable pour les imbéciles ; par la prévoyance que des fous furieux ne se retrouveront de long-temps ministres, tandis que des imbéciles, c’est-à-dire des faibles qui se chargeront de diriger le pouvoir, on en trouvera tous les jours. C’est donc ceux-ci qu’il faudrait avertir par la sévérité du jugement porté contre leurs prédécesseurs.
Les raisonnements étaient épuisés ; un appel à la force était indispensable. On verra, dans mon ouvrage, que bien des choses pouvaient tourner contré nous dans la dernière et légale ressource du refus de l’impôt, indépendamment des ridicules moyens proposés par M. Cottu. Ces chances, je les avais calculées d’avance, et je disais toujours : J’aime mieux la guerre civile.
Quand des deux côtés ont fait appel à la force, la victoire fait loi. Les généraux vaincus sont seuls réduits à expliquer par quels malheureux hasards ils ont perdu la bataille. Hasard est le mot consacré. Quand ils sont vainqueurs, ils n’expliquent rien.
Comme je me place parmi les vainqueurs, je n’avais rien à dire au jour le jour ; comme je ne suis pas député, je n’ai point à refaire en paroles ce qui est accompli.
Entre une charte et la charte, il m’aurait été impossible de saisir la différence, tant je suis convaincu que la charte qu’un roi a reçue, comme condition, des vœux et des besoins de la société, n’est pas la même charte que Louis XVIII faisait semblant de croire qu’il nous avait octroyée, et que Charles X considérait sérieusement comme un péché mortel dont il devait nous délivrer, sous peine, pour lui, de damnation éternelle. Je n’aurais donc pu me mêler à cette discussion.
Je crois que toute nation fait elle-même sa langue, ses mœurs, ses arts, ses sciences, sa fortune, sa politique, sa législation, son administration, et même sa religion ; et qu’il n’y a qu’à observer et à écrire. Je n’avais donc qu’à regarder comment on écrivait. Bonaparte a servi et asservi la France ; mais comme il avait les vertus et les vices de son siècle, ce qu’il a voulu faire pour lui, il l’a fait pour nous ; ses erreurs, ses fautes mêmes ont été des causes de progrès pour la civilisation. C’est le privilége des hommes de génie. On pourrait craindre pour Louis-Philippe qu’il manquât de l’expérience pratique que donne la participation aux vices du siècle ; le siècle y suppléera.
Depuis le jour où la charte a été proclamée, il ne s’est point passé un jour que la France ne l’ait refaite ; et lorsque le ministère du 8 août interprêtait dans un sens l’article 14 et dix autres articles, l’article 14 et les dix autres articles étaient empreints dans les esprits de la manière dont ils ont été définis par la grande semaine de juillet.
Je dirais bien les motifs d’intérêt général qui, après le soin de ma défense personnelle, m’ont décidé à publier cette brochure ; mais la préface serait plus longue que l’ouvrage ; et quoi qu’il me restât encore un avantage sur les auteurs dont les ouvrages ne sont que des préfaces, je ne veux pas en profiter.
1 Il y a des personnes qui ont une telle frayeur des mots, qu’elles soutiennent que des citoyens qui se fusillent entre eux, sous des habits variés et des couleurs différentes, pour des intérêts inconciliables, ne font pas la guerre civile. Ce n’est pourtant que cela.
CHAPITRE PREMIER
De la Vieillesse des rois et des Minorités
On peut demander compte à la chambre des députés de ce qu’elle a fait. Comme elle discute, elle est à la merci de quiconque veut la soumettre aux règles du bon sens ; mais les révolutions n’ont pas d’autre logique que l’intérêt général, et elles n’arrivent jamais que poussées par impérieuse nécessité. Il ne faut donc pas essaye d’expliquer par le raisonnement ce qui confond la raison, manie trop commune parmi les hommes d’esprit. Les prêtres s’y entendent mieux ; ils ont dit la folie de la croix ; avec cette folie hautement avouée, ils se sont emparés de la spiritualité de la société ; puis, avec cette spiritualité, ils se sont procuré toutes les jouissances de la terre, rejetant parmi les mystères ce qu’ils sentaient bien qu’ils ne pouvaient expliquer logiquement. On a dit mille fois que la philosophie du dix-huitième siècle avait enlevé aux prêtres la direction de la spiritualité de la société ; cela est incontestable, si on avoue qu’avant la victoire remportée par les philosophes, le travail et l’industrie avaient appris aux peuples que les jouissances terrestres appartiennent raisonnablement à ceux qui les produisent.
C’est toujours dans l’état positif de la société qu’il faut chercher la

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