De la question coloniale en 1842 - Les colonies françaises et le sucre de betterave
50 pages
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De la question coloniale en 1842 - Les colonies françaises et le sucre de betterave , livre ebook

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Description

Il y a un siècle, la France possédait en Amérique le Canada et la Louisiane, Saint-Domingue, les Guyanes depuis l’Orénoque jusqu’à l’Amazone et la plupart des Antilles ; en Afrique, l’île de France et toute la côte orientale de Madagascar ; en Asie, presque tout le littoral de l’Inde. Depuis cette époque, la faible politique de Louis XV, les désastres de la révolution française, et enfin la tendance exclusivement continentale du consulat et de l’empire, lui ont fait perdre successivement toutes ses possessions coloniales.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346113569
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Adolphe Guéroult
De la question coloniale en 1842
Les colonies françaises et le sucre de betterave
I
Déclin de la puissance coloniale de la France. — Indifférence de l’opinion
Il y a un siècle, la France possédait en Amérique le Canada et la Louisiane, Saint-Domingue, les Guyanes depuis l’Orénoque jusqu’à l’Amazone et la plupart des Antilles ; en Afrique, l’île de France et toute la côte orientale de Madagascar ; en Asie, presque tout le littoral de l’Inde. Depuis cette époque, la faible politique de Louis XV, les désastres de la révolution française, et enfin la tendance exclusivement continentale du consulat et de l’empire, lui ont fait perdre successivement toutes ses possessions coloniales. Les traités de 1815, en lui laissant la Martinique, la Guadeloupe, Bourbon, Cayenne, le Sénégal et quelques comptoirs dans l’Inde, ont réduit la France coloniale à un rôle subalterne, et tout-à-fait sans importance, à coté des magnifiques possessions de l’Angleterre et de la Hollande, et des opulents débris de l’ancienne puissance espagnole. La France ne vient plus aujourd’hui qu’au quatrième rang comme puissance coloniale, et tandis que l’Angleterre étend chaque jour ses conquêtes dans l’Inde, dans l’Océanie, sur la côte d’Afrique, et qu’elle s’assure par les armes ou par la diplomatie des plus fortes positions maritimes et commerciales du globe ; tandis que la Hollande fait fructifier sans bruit ses importantes colonies de l’archipel Indien, et fait de l’île seule de Java une rivale redoutable pour le commerce de l’Inde anglaise tout entière ; la France oublieuse de ses intérêts maritimes, de cette noble ambition de s’agrandir qui doit être la préoccupation et le besoin de toutes les civilisations fécondés, la France laisse le reste de ses possessions d’outre-mer s’éteindre misérablement sous le poids d’une législation à la fois oppressive et chancelante. Encore quelques années du même régime, et nos colonies écrasées par la partialité de la métropole pour le sucre indigène, par les préoccupations inséparables d’une régénération imminente qui devra modifier profondément l’état des personnes, la constitution de la propriété et le régime économique tout entier, nos colonies achèveront de périr, à moins qu’une guerre maritime ne les fasse passer bientôt sous la domination dé quelque puissance meilleure appréciatrice de leur importance et plus soucieuse de leur prospérité.
Comment expliquer une indifférence qui contraste si fort avec l’ardeur que déploient les autres puissances coloniales ? Serait-ce que la France est aujourd’hui une nation épuisée, vieillie, se préparant à la mort par le sommeil et l’engourdissement ? Mais à aucune époque le souci de ses intérêts matériels ne l’a plus vivement préoccupée, et depuis dix ans, au milieu des troubles et des agitations qui succèdent inévitablement aux révolutions, elle s’est appliquée à faire fructifier les ressources de son territoire continental avec tant d’ardeur et de succès, qu’il a fallu créer deux ministères nouveaux pour régler et diriger l’essor de ces puissances nouvelles, et que tous les ans une augmentation considérable de revenu atteste la fécondité de cette sage politique. Serait-ce enfin que, désabusée de toute idée d’agrandissement, contente de ses limites, modeste dans ses vœux, la France se serait vouée sans retour à cette médiocrité qui fait le bonheur du sage et qui échappe aux regards de l’envie ? Mais non ; tous les partis en France, ceux qui veulent faire revivre les traditions de l’empire ou de la république, comme ceux qui se rattachent aux souvenirs de l’ancienne monarchie, tous vivent sur des souvenirs de gloire, sur des espérances d’agrandissement ; ce qu’ils reprochent au gouvernement, c’est d’avoir laissé échapper les occasions de s’agrandir. Enfin ce besoin de ne pas se confiner humblement dans ses limites est si universellement senti, que la France vote tous les ans sans sourciller plus de quatre-vingts millions pour entretenir notre armée à Alger, et que rien ne peut la dégoûter de cette conquête, ni la marche incertaine de l’administration, ni le décousu des vues et des projets qui se succèdent sans pouvoir déposer sur le sol africain un seul germe fécond. Il y a plus ; que l’Angleterre, poursuivant cette grande et audacieuse politique qui a fondé et qui soutient sa puissance, que l’Angleterre s’empare d’Aden ou de Bushire, qu’elle occupe les île Malouines, qu’elle plante son pavillon sur le sol de la Nouvelle-Zélande, ou qu’elle négocie avec l’Espagne l’acquisition de Fernando-Po, aussitôt toute la presse s’émeut ; on s’indigne des envahissements et de l’insatiable ambition de l’Angleterre ; on somme le gouvernement français de s’opposer à ces usurpations ; comme si ces usurpations, ces conquêtes s’accomplissaient à notre détriment, comme si l’Angleterre déjouait nos projets, comme si nous avions des projets, comme s’il fallait s’en prendre à l’Angleterre de notre inertie, de notre incurie, de notre incapacité. En vérité, c’est trop de contradictions. Quoi ! loin de songer à nous agrandir, nous ne cherchons même pas à entretenir ou à conserver ce que nous possédons ; nous n’avons jamais rien essayé sérieusement à Alger que la guerre ; nous ne faisons rien de la Martinique, si admirablement située pour servir d’entrepôt au commerce français dans le golfe du Mexique ; nous ne tirons aucun parti de la baie de fort-Royal, l’une des plus belle stations militaires des Antilles, ni de la Pointe-à-Pitre, magnifique port de commerce ; l’île de Bourbon n’a que des rades foraines ; nous abandonnons aux Anglais la navigation à la vapeur sur la mer Rouge et sur les côtes de l’Abyssinie ; l’on peut, chose incroyable, partir de Bordeaux, faire le tour de l’Afrique, traverser l’immense étendue de l’océan Indien, revenir par le détroit de Magellan et suivre les côtes d’Amérique jusqu’aux Antilles, sans avoir rencontré un seul port français ; enfin, et pour combler la mesure, nous possédons à la Guyane française une colonie de cent vingt-cinq lieues de côtes, d’une profondeur inconnue, d’une fertilité incomparable, exempte de la fièvre jaune et des maladies épidémiques des Antilles, couverte de forêts magnifiques, propre à toutes les cultures des tropiques, arrosée de cours d’eau navigables, réunissant toutes les conditions géographiques d’un puissant empire, et nous y laissons végéter une population de vingt-deux mille habitants, qui livrés à eux-mêmes, sans crédit, sans industrie, sans excitation, seuls aux prises avec la végétation gigantesque et la nature absorbante des tropiques, sont obligés pour mettre leur budget en équation d’attendre chaque année de la métropole une aumône de quelques centaines de mille francs.
Comment concilier un si complet abandon de nos possessions coloniales avec ce désir d’agrandissement qui est le vœu de tous les partis, avec cet amour du gain et de la richesse qui est le trait le plus caractéristique de l’époque ? Alléguera-t-on la faiblesse et l’inertie du pouvoir ? On aura raison peut-être ; mais alors comment expliquer en présence d’une telle abdication le silence de l’opinion, la résignation des intérêts ? Il y a là évidemment quelque cause plus générale à laquelle il importe de remonter, et que nous allons tâcher de saisir et de mettre en lumière.
II
Influence des doctrines économiques de la Restauration
Bien que les événements qui frappèrent nos plus belles colonies, soit à la fin du siècle dernier, soit au commencement de celui-ci, aient eu invariablement pour cause des événements de force majeure, des guerres, des révolutions intérieures, tant de désastres accumulés avaient fini par accréditer l’opinion que la France n’est pas une puissance colonisatrice, que le génie créateur en ce genre nous est à tout jamais refusé, et que le plus sur est de nous abstenir et de nous résigner de bonne grâce. Après de grands désastres, un pareil découragement n’a rien que de très nat

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