Desaix
88 pages
Français

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Desaix , livre ebook

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Description

Desaix appartenait à une famille noble. Il naquit le 17 août 1768, chez son aïeul maternel, au château d’Ayat, près de Riom.Pour le distinguer de son frère aîné, qui gardait le nom patronymique, on lui donna le titre d’un village dont son père était le seigneur, et, pendant toute sa jeunesse, Desaix ne fut appelé que le chevalier de Veygoux. C’est à Veygoux, au centre de l’Auvergne, que Desaix passa ses premières années.Vivre en liberté dans une contrée abrupte, rencontrer à chaque pas les traces des convulsions qu’a subies la terre aux âges primitifs du monde, entendre dans les déchirures du sol, dans les crevasses, dans les ravins ; bruire l’eau des torrents, voir se dresser devant soi et sur sa tête des rochers que les volcans en ébullition ont poussés dans les airs, et en même temps apercevoir, accrochées à leurs flancs, les tours en ruine des donjons qui, aux temps passés, maîtrisaient le pays, ces spectacles imposants durent saisir la jeune imagination de Desaix ; ils durent faire éclore en lui le sentiment des beautés de la nature, ainsi que la curiosité des monuments que les générations, en s’écoulant, ont laissés derrière elles.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346099344
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Claude Desprez
Desaix
Les révolutions font naître des hommes. Alors, les circonstances qui excitent, les passions qui fermentent, les esprits qui travaillent, tout concourt à élever natures et caractères à leur plus grande puissance.
Notre révolution de 89 est là pour le prouver. Que d’hommes dans ces temps de tourmente ont surgi ! Kléber, Hoche, Marceau et vingt autres, pour ne parler que des hommes de guerre, sont sortis de ces orages. J’ai raconté leur vie.
Aujourd’hui, à côté d’eux et au-dessus d’eux peut-être, je veux montrer Desaix.
C’est le plus parfait modèle de vertus guerrières que je puisse mettre sous les yeux des jeunes gens qu’un jour ou l’autre la France appellera à la défendre sur les champs de bataille.
 
G. DESPREZ.
CHAPITRE I er
Enfance et jeunesse de Desaix
Desaix appartenait à une famille noble. Il naquit le 17 août 1768, chez son aïeul maternel, au château d’Ayat, près de Riom.
Pour le distinguer de son frère aîné, qui gardait le nom patronymique, on lui donna le titre d’un village dont son père était le seigneur, et, pendant toute sa jeunesse, Desaix ne fut appelé que le chevalier de Veygoux.
C’est à Veygoux, au centre de l’Auvergne, que Desaix passa ses premières années.
Vivre en liberté dans une contrée abrupte, rencontrer à chaque pas les traces des convulsions qu’a subies la terre aux âges primitifs du monde, entendre dans les déchirures du sol, dans les crevasses, dans les ravins ; bruire l’eau des torrents, voir se dresser devant soi et sur sa tête des rochers que les volcans en ébullition ont poussés dans les airs, et en même temps apercevoir, accrochées à leurs flancs, les tours en ruine des donjons qui, aux temps passés, maîtrisaient le pays, ces spectacles imposants durent saisir la jeune imagination de Desaix ; ils durent faire éclore en lui le sentiment des beautés de la nature, ainsi que la curiosité des monuments que les générations, en s’écoulant, ont laissés derrière elles. Desaix garda ces goûts, et toujours, quelque part que le hasard des événements le portât, il chercha à les satisfaire.
Son père, qu’il perdit de bonne heure, ne paraît pas avoir fait d’empreinte sur lui.
Il en fut tout autrement de sa mère : c’était une femme d’un noble cœur, d’un caractère ferme, de mœurs austères ; Desaix la vénérait.
Mais c’est à sa sœur qu’il voua les sentiments les plus tendres. Elle était de quelques années plus âgée que lui. Elle l’avait, tout petit, entouré de ses soins : c’était elle qui lui avait appris à marcher, elle qui l’avait fait jouer, qui avait été la confidente de ses premières pensées, qui avait vécu de sa première vie. Aussi c’est vers elle que volontiers son esprit se reporte du milieu des camps : il lui écrit souvent ; il aime à réveiller en elle les souvenirs de leur enfance ; il lui parle du présent et l’entretient aussi de l’avenir. Puis, quand arrivent les temps difficiles, qu’elle est emprisonnée avec sa mère, comme parente d’émigrés, il la relève, la réconforte, fait des démarches, et n’a de cesse que quand il la sait libre. Et toujours, dans ses lettres, c’est le cœur qui s’adresse au cœur, c’est l’ami qui s’ouvre à l’amie. Il ne l’appelle jamais que des noms les plus caressants : ma bonne, ma charmante petite sœur ; et, à ses heures de rêve, lorsqu’il songe au repos qu’il pourra goûter alors que, les guerres terminées, la patrie indépendante jouira de la paix conquise, c’est avec elle qu’il espère finir ses jours dans leur cher Veygoux.
Desaix, ainsi que son père, ainsi que tous ses parents, devait être soldat. A huit ans, il fut admis comme boursier à l’école militaire d’Effiat, à la place de son frère aîné, qui venait d’être attaché, en qualité de cadet gentilhomme, au régiment de Beauvoisis.
Ses notes, le temps qu’il resta à Effiat, furent loin d’être toujours bonnes : c’est au point que le préfet des études du collège, le P. Rivette, était parfois embarrassé, et, un jour, s’excusait en ces termes de les envoyer à M me Desaix :
 
« Madame,
 
Vous n’aurez pas lieu d’être merveilleusement contente du présent que vous fait aujourd’hui monsieur votre fils. A l’exception de deux articles, qui sont assez bons, tout le reste ne vaut pas grand’chose. Et puis le caractère ne change pas trop en bien. Il est toujours sujet à l’emportement et à un peu d’aigreur. On a encore à faire d’autres reproches sur l’inapplication. Vous sentez, Madame, qu’il n’est pas fort agréable pour moi d’avoir un pareil compte à rendre ; mais je vous dois la vérité la plus exacte, comme je vous prie de croire aux sentiments de respect avec lesquels je suis, etc. »
 
Et en effet, le bulletin trimestriel que sa famille a conservé, dit que, pour le caractère, le jeune chevalier de Veygoux est boudeur et peu endurant ; que sa conduite est très médiocre ; qu’il travaille sans réflexion le latin et le français ; qu’il ne fait que peu de progrès en mathématiques ; que, dans l’étude du dessin, il est léger et capricieux ; qu’en général il paraît distrait aux leçons de religion. Il ne réussit qu’en allemand, en histoire et en géographie, et encore, dit le P. Rivette, c’est sans faire d’efforts.
Certes, un pareil bulletin était loin de faire pressentir l’homme d’étude, le savant, que devait plus tard révéler le général Desaix. Mais alors il n’était qu’un de ces écoliers étourdis qui traversent les classes sans écouter leurs maîtres, sauf à se former ensuite tout seuls, dans un travail d’autant plus persévérant qu’il est libre et qu’il plaît.
Déjà cependant Desaix aimait à lire. Ce qui l’attirait surtout, c’étaient les aventures, les récits de guerre ou de voyage, l’Histoire des Croisades, la Jérusalem délivrée, le Télémaque. Il s’enthousiasmait pour le chevalier d’Assas, pour Montcalm, et leur fin héroïque lui faisait verser des larmes ; il se passionnait aussi pour Duquesne, pour Duguay-Trouin, pour Jean-Bart : il aurait voulu les imiter, monter sur un vaisseau, combattre sur mer : « Il est parti la semaine dernière, écrit-il avec tristesse à sa mère, deux de mes camarades pour aller dans la marine : j’envie leur sort. »
A quinze ans, il quitta le collège et entra comme 3 e sous-lieutenant dans le régiment de Bretagne. A Grenoble d’abord, à Briançon ensuite, il employa ses loisirs de garnison à s’instruire. Il eut la bonne fortune de rencontrer à Briançon un major de place en retraite qui, par goût, faisait aux jeunes officiers un cours de topographie. Desaix s’attacha à lui, étudia dans sa compagnie et sous sa direction le massif des Alpes, parcourut les montagnes, explora les cimes, les cols, les passages, fit connaissance avec les vallées, pénétra jusqu’aux frontières de la Savoie et de l’Italie, leva des plans et rédigea des rapports. Tout en faisant ces reconnaissances au point de vue militaire, tout en se façonnant à une partie importante de la guerre, Desaix ne négligeait pas des recherches qu’il aimait : il enrichissait ses collections de botanique et de minéralogie.
Desaix passait ses congés à Veygoux, auprès de sa mère et de sa sœur. Il allait faire des visites dans les châteaux du voisinage ; il y retrouvait des parents, des amis, de jeunes officiers comme lui, et alors c’étaient des parties de chasse, de pêche, de danse, dans lesquelles il apportait la gaieté et l’entrain de sa bell

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