Doctrines religieuses et politiques - Seules propres à terminer ou à prévenir les révolutions et à concilier les esprits
80 pages
Français

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Doctrines religieuses et politiques - Seules propres à terminer ou à prévenir les révolutions et à concilier les esprits , livre ebook

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Description

IL est remarquable que les deux écrivains les plus opposés dans leurs opinions sur le principe et l’état des sociétés, au point que l’un semble n’avoir écrit que pour combattre l’autre, soient cependant partis de la même supposition, en reconnaissant tous deux un état de nature et un état social. Ils ont également admis que ce sont des causes fortuites et de pure convenance qui ont amené la formation des sociétés, et qu’elles ne reposent que sur des pactes et des conventions : « Ainsi, dit Hobbes, le fondement que j’ai jeté demeurant ferme, je fais voir premièrement que la condition des hommes hors de la société civile ; est ce que je nomme l’état de nature, etc.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782346103928
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
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Jacques-Charles Bailleul
Doctrines religieuses et politiques
Seules propres à terminer ou à prévenir les révolutions et à concilier les esprits
OBSERVATION PRÉLIMINAIRE
Jamais peut-être il ne fut plus nécessaire d’avoir des idées justes sur la révolution et sur le gouvernement qu’elle devait laisser après elle. Si le combat qui en est résulté a duré long-temps et dure encore ; si les choses en sont au point que la victoire paraît douteuse, au moins à certains esprits, cette prolongation de la lutte vient bien moins de la force des adversaires que de l’incertitude des doctrines. Pour les amis ainsi que pour les ennemis de la révolution, déjà quelques vérités sont consacrées comme étant incontestables, et elles ont vaincu précisément parce qu’elles sont des vérités. Mais sur des points d’une égale importance, les esprits sont encore flottans, parce que les questions ne sont pas évidemment résolues. Les massés seront entraînées d’une manière irrésistible, du moment qu’on aura rencontré l’idée juste et inattaquable. C’est pour concourir autant qu’il est en moi à ce résultat si désirable, que je publie ces Doctrines. Si elles ne sont pas un point de ralliement, parce que je n’aurais pas rencontré moi-même l’exacte vérité, elles mettront au moins sur la voie d’une discussion nouvelle, et par cela même plus près du but.
Mais que l’on y prenne garde, ce n’est pas avec des préventions, et légèrement, qu’il faut aborder ces questions ; la révolution embrasse tout l’homme, et c’est la première fois, dans le cours des siècles, qu’un aussi grand événement a eu pour objet le perfectionnement absolu de tous les rapports sociaux. Le point de vue sous lequel on a envisagé la révolution jusqu’ici a toujours été trop rétréci. J’ai cherché à le représenter dans toute son étendue, et n’y eût-il dans mon travail que cette pensée, il devrait encore être utile.
C’est dans cette persuasion que je le livre au public. Je sais que beaucoup d’esprits, très - bien intentionnés d’ailleurs, seront d’abord rebelles à la plupart de ces idées : cette considération ne m’a point arrêté. Si l’on met autant de réflexion à juger les principes développés dans mon travail que j’en ai mis à les adopter, soit que l’on serange à mon avis, ou qu’on en adopte un autre, il y a lieu de croire que la vérité sera enfin reconnue ; et la vérité, comme je n’ai cessé de le répéter, est seule la source de toute liberté et de tout bien.
Première Partie
DE L’ORDRE RELIGIEUX POLITIQUE
LIVRE PREMIER
DU CARACTÈRE ET DU PRINCIPE FONDAMENTAL DES SOCIÉTÉS HUMAINES
CHAPITRE PREMIER
Hobbes et J.-J. Rousseau, sur l’origine des sociétés humaines
IL est remarquable que les deux écrivains les plus opposés dans leurs opinions sur le principe et l’état des sociétés, au point que l’un semble n’avoir écrit que pour combattre l’autre, soient cependant partis de la même supposition, en reconnaissant tous deux un état de nature et un état social. Ils ont également admis que ce sont des causes fortuites et de pure convenance qui ont amené la formation des sociétés, et qu’elles ne reposent que sur des pactes et des conventions  : « Ainsi, dit Hobbes, le fondement que j’ai jeté demeurant ferme, je fais voir premièrement que la condition des hommes hors de la société civile ; est ce que je nomme l’état de nature, etc. »
J.-J. Rousseau, qui a fait son Contrat social, en prenant, s’ils m’est permis de m’exprimer ainsi, en prenant à revers le traité de Hobbes, admet aussi un état de nature qu’il a décrit et dont il a vanté les avantages dans son discours sur l’Inégalité des conditions. Il présente, dans le Contrat social, cet état comme premier mode de l’existence des hommes.
Hobbes condamne formellement la doctrine de quelques auteurs, qui veulent que l’homme soit né avec une certaine disposition naturelle à la «  société. Cet axiome, quoique reçu communément, ne laisse pas d’être faux, dit-il, et l’erreur vient d’une trop légère contemplation de la nature humaine. Car si les hommes se plaisent à une mutuelle société, cela n’arrive que par accident et non pas par une disposition nécessaire de la nature. » Et cet accident a son principe dans la crainte mutuelle que s’inspirent les hommes et dans le mal réciproque qu’ils se font ; ce qui les force à pactiser et à faire des conventions.
Rousseau « suppose les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui nuisent à leur conservation dans l’état de nature, l’emportent par leur résistance sur les forces que chaque individu peut employer pour se maintenir dans cet état. »
Si l’on écoute Hobbes, « les hommes ne peuvent sortir de l’état de nature s’ils ne conviennent entr’eux de céder de leurs prétentions et de leurs droits sur toutes choses... Au reste, ajoute-t-il, j’explique et je confirme ce que c’est que la nature des pactes ; comment on se fait les uns aux autres des transactions de droits », etc.
De son côté, Rousseau s’exprime en ces termes :
« L’ordre social est un droit sacré qui sert de base à tous les autres ; cependant ce droit ne vient point de la nature, il est donc fondé sur des conventions. »
Jusque-là ces deux auteurs disent la même chose et presque dans les mêmes termes ; mais cet heureux accord ne sera pas de longue durée.
Selon Hobbes, « l’état de nature est un état de guerre de tous contre tous, et durant cette guerre, il y a un droit général de tous sur toutes choses ; et l’état social est un refuge que l’homme imagine contre sa méchanceté. »
Si l’on en croit Rousseau,« dans l’état de nature l’homme est à peu près sans besoins. Il est exempt de toutes les passions qui tourmentent l’homme social ; la nécessité l’a mis dans le cas de donner à ses forces tout le développement dont elles sont susceptibles, à ses organes toute la perfection qui peut les faire concourir à sa conservation ; il n’a donc aucune raison d’être méchant ni de faire la guerre à ses semblables. Cependant si les obstacles deviennent au-dessus de ses forces, il faut bien qu’il se mette en société avec ses semblables. »
Deux aperçus aussi différens vont faire naître des conséquences qui ne seront pas moins opposées.
Rousseau pose en ces termes les bases du Contrat social, comme seul moyen de conservation. Il s’agit de la mise en commun de toutes les forces particulières.
« Cette somme de forces ne peut naître que du concours de plusieurs ; mais la force et la liberté de chaque homme étant les premiers instrumens de sa conservation, comment les engage-t-il sans se nuire et sans négliger les soins qu’il se doit ? Cette difficulté, ramenée à mon sujet, peut s’énoncer en ces termes :
Trouver une forme d’association qui défende et protége de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun, sunissant à tous, n’obéisse pourtant qu’à lui-même, et reste aussi libre qu’auparavant. »
Hobbes n’y fait pas tant de façons ; il admet comme un principe, que « le vainqueur a droit de contraindre le vaincu, et le plus fort d’obliger le plus faible, s’il n’aime mieux perdre la vie, à lui donner des assurances pour l’avenir qu’il se tiendra dans l’obéissance. »
« D’où cette condition est manifeste, que je tire en forme de corollaire des démonstrations précédentes qu’en l’ état naturel des hommes, une puissance assurée et qui ne souffre point de résistance confère le droit de régner et de commander à ceux qui ne peuvent pas résister ; de sorte que la toute-puissance possède essentiellement et immédiatement le droit de faire tout ce que bon lui semble. »
Ce qui ne l’empêche pas de dire ailleurs que les hommes s’associent, non par un instinct de la nature, mais pour l’honneur, la gloire et l’utilité qui leur en revient.
On voit

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