Émancipation, transformation : le système anglais, ...
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Description

Le problème social que le gouvernement a soumis aux Chambres consiste à substituer le travail salarié de l’ouvrier libre au travail obligé de l’ouvrier esclave.La solution du problème est aussi difficile que les données en sont simples :La liberté est le but qu’il faut atteindre ; l’émancipation des noirs est la fin, la constitution du travail salarié le moyen. L’histoire apprend que la marche progressive de la civilisation a fait cesser la servitude, a conduit les peuples à la liberté civile, puis à l’émancipation politique.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346116362
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alphonse de Chazelles
Émancipation, transformation : le système anglais, le système français
Mémoire adressé à la Chambre des Députés à l'occasion du projet de loi concernant le régime des esclaves dans les colonies françaises
A M. LE PRÉSIDENT ET A MM. LES MEMBRES
 
 
DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS.
 
 
 
MESSIEURS,
 
 
Le projet de loi concernant le régime des esclaves embrasse la grande question sociale qui, de nos jours, a le plus appelé les méditations des philosophes et des législateurs.
 
Homme des colonies, choisi par l’une de nos Antilles pour en représenter les besoins et les intérêts dans la métropole, je viens apporter, sur le grave sujet qui s’offre à vos débats, mes réflexions et le tribut de mon expérience.
 
En mêlant ma voix à cette discussion solennelle, j’exprime des convictions sincères, fondées sur une longue connaissance des hommes et des choses. J’aurai atteint le but que je me suis proposé si je puis convaincre les représentants de la France que les colons veulent le progrès qui moralise, et ne se refusent qu’aux innovations dont ils comprennent le danger.
 
J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect,
 
Messieurs les députés,
 
Votre très humble et très obéissant serviteur,
 
A. CHAZELLES.
AVANT-PROPOS
La question de l’émancipation des esclaves ne peut être traitée à tous ses points de vue dans une brochure de quelques pages. Le côté philosophique n’est pas en cause. Les grands intérêts politiques et économiques, commerciaux et maritimes, qui se rattachent à la solution du problème, sont du ressort de la tribune nationale.
Le droit constitutionnel des colonies avait été réglé, limité, mais fixé, en exécution de la Charte. Le projet de loi concernant le régime des esclaves modifie, altère profondément le régime législatif de 1833, sans rétablir celui que la Charte de 1830 avait fondé. L’omnipotence n’est pas l’infaillibilité ; mais la puissance des majorités est irrécusable.
Si les colons, en présence d’une volonté plus forte que leur droit constitutionnel, ont encore le devoir d’éclairer les pouvoirs politiques de la métropole, de leur offrir le tribut des connaissances des choses de leur pays, ils n’ont pas à s’occuper de libelles dont souvent l’à-propos trahit l’origine ; ils ne peuvent empêcher que certains hommes n’éprouvent le besoin de rendre en calomnie ce qu’ils ont reçu de dédain.
De graves accusations ont été portées..... Quand elles se produisent dans les Chambres, c’est à la tribune qu’il y aurait convenance d’y répondre.
Un mot néanmoins. Les auteurs du projet de loi, les orateurs qui l’ont soutenu à la Chambre des pairs, tous ont déclaré qu’il s’agissait de consacrer le fait, de légaliser les améliorations, les progrès que les colons avaient réalisés de leur propre mouvement, et malgré la législation qu’ils tenaient de la métropole.
La justification est complète.
MÉMOIRE
..... Celui qui a étudié les faits sur les lieux, témoin des soucis de l’un et de la quiétude de l’autre, a pu comparer les tribulations du propriétaire colon et les jouissances du propriétaire métropolitain. Alors il aura compris pourquoi le Conseil colonial de la Guadeloupe disait, dans une adresse au roi, qu’ il élèverait des autels à celui qui trouverait le moyen de concilier la liberté et le travail.
PROCÈS-VERBAUX DU CONSEIL COLONIAL DE LA GUADELOUPE, nov. 1840, p. 182.

*
* *
LE PROBLÈME COLONIAL
Le problème social que le gouvernement a soumis aux Chambres 1 consiste à substituer le travail salarié de l’ouvrier libre au travail obligé de l’ouvrier esclave.
La solution du problème est aussi difficile que les données en sont simples :
La liberté est le but qu’il faut atteindre ; l’émancipation des noirs est la fin, la constitution du travail salarié le moyen.
L’histoire apprend que la marche progressive de la civilisation a fait cesser la servitude, a conduit les peuples à la liberté civile, puis à l’émancipation politique. Il n’en est plus ainsi : c’est désormais l’émancipation civile et politique qui doit mener à la civilisation.
L’application de la nouvelle théorie n’a point eu, jusqu’à ce jour, d’heureux résultats. On peut craindre que la république noire d’Haïti ne soit le spécimen des nouvelles sociétés coloniales ; mais l’expérience ne paraît encore ni complète ni concluante : elle se continuera à la Martinique, à la Guadeloupe, à la Guyane et à Bourbon, au préjudice de l’industrie, du commerce, de la navigation et de la puissance navale de la France.
L’émancipation simultanée ou graduelle détruit instantanément ou successivement tordre de choses existant. L’abolition de l’esclavage est l’un des deux termes du problème, elle n’en est pas la solution.
Abolir l’esclavage est facile : un article de loi voté par les deux Chambres y suffit. La difficulté du problème consiste à remplacer l’esclavage.
L’Angleterre a cru pouvoir suppléer au temps par la puissance. L’Angleterre s’est trompée ; elle n’a vaincu la résistance des hommes que pour aller se heurter à la nature des choses. Le bill du 28 août 1833, pour l’abolition de l’esclavage dans les colonies occidentales et à Maurice, a détruit le travail obligé de l’ouvrier esclave, sans y avoir substitué le travail salarié de l’ouvrier libre :
« Les colons n’ont pu se procurer le travail des noirs, malgré l’offre des salaires exorbitants, énormes, extravagants 2 . »
L’Angleterre n’a donc pas résolu le problème. La solution reste à trouver ; mais le problème, qui n’est qu’ardu avant, devient menaçant après l’émancipation des esclaves.
L’esclavage n’a qu’une raison d’être : la nécessité 3 .
Que le travail salarié se constitue, et l’esclavage disparaît par cela seul qu’il cesse d’être nécessaire.
Le travail salarié s’établit aussitôt que la société en accomplit les conditions.
Dès lors la voie de la transformation est indiquée. Il s’agit de l’explorer, de rechercher quelles sont les conditions indispensables à l’établissement du travail salarié, et d’en doter les : colonies.
M. le ministre des affaires étrangères disait le 4 mai 1844 à la tribune de la Chambre des députés
« Je crois qu’il importe à l’intérêt du pays d’éviter les fautes qui ont été commises. Nous profiterons de l’expérience anglaise, et nous atteindrons le but que l’Angleterre a atteint 4 . »
Quelles ont été les fautes commises et quel a été le but atteint par l’Angleterre ?
Les adversaires du régime colonial se prononcent, les uns pour l’émancipation simultanée, les autres pour l’émancipation graduelle ; ils sont tous partisans de la transformation sociale par voie d’abolition du travail esclave, ou instantanée avec l’affranchissement général, ou successive avec la manumission individuelle. L’un et l’autre mode appartiennent également au système anglais. but atteint par l’Angleterre, considéré abstractivement, est celui auquel tend toute société. Le but...., est-ce la liberté civile et politique acquise aux Africains par le bill de 1833 ? Alors nulle contestation.....
S’il s’agit de profiter de l’expérience angla

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