En Atlantique - Gloires du Portugal
90 pages
Français

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En Atlantique - Gloires du Portugal , livre ebook

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Description

L’homme agité par une heureuse passion est porté naturellement à découvrir l’origine de ce qui en fait l’objet. La viticulture, dont l’avenir nous intéresse, nous attache aussi par son passé. La vigne est de tous les temps, prétend-on ; et on remonte au déluge pour le démontrer, quand on pourrait trouver la preuve suffisante dans la feuille dont s’est vêtu le père Adam.Son produit serait dû d’abord à Noé, qui en manifesta son allégresse en l’état que nous savons.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346111695
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Augustin Fournier
En Atlantique
Gloires du Portugal
LEURS MAJESTÉS LE ROI ET LA REINE DE PORTUGAL SON ALTESSE ROYALE LE PRINCE DOM LOUIS PHILIPPE
EN ATLANTIQUE
I
L’homme agité par une heureuse passion est porté naturellement à découvrir l’origine de ce qui en fait l’objet. La viticulture, dont l’avenir nous intéresse, nous attache aussi par son passé. La vigne est de tous les temps, prétend-on ; et on remonte au déluge pour le démontrer, quand on pourrait trouver la preuve suffisante dans la feuille dont s’est vêtu le père Adam.
Son produit serait dû d’abord à Noé, qui en manifesta son allégresse en l’état que nous savons. Les fameuses grappes du pays de Chanaan, que l’on portait avec de forts bâtons soutenus sur de fortes épaules, nous sont chaque année rappelées par celles aussi miraculeuses de certains vignerons ou simples propriétaires de treilles, que signalent les journaux enthousiasmés.
Sans nier l’existence de la vigne en Palestine dans des temps reculés, on peut affirmer qu’elle était inconnue à Rome longtemps après sa fondation. Salluste nous dit que l’armée romaine apporta à la métropole le goût du vin, des vases ciselés, des statues et des tableaux, à son retour d’Asie, grâce à Sylla qui combla ses soldats avec les butins des ennemis. Ce ne serait donc qu’au dernier siècle avant l’ère que la vigne fut spécialement cultivée en Italie ; que l’on en classa les produits par crus. C’est évidemment à partir de cette époque, que l’amphore ordinaire, qui précéda de sortes de vases de luxe, fut à la mode chez les Romains. On suppose que ces récipients historiques provenaient de la Grèce. Ils furent une première fois présentés à Sylla, au siège d’Athènes, par les députés de l’infortuné Archélaüs.
Quoi qu’il en soit de ce qui concerne la vigne au loin, nous pouvons affirmer plus précisément sa venue en Occident.
On sait que Domitien avait défendu la culture de la vigne surtout en Espagne et en Hongrie. Les Lusitaniens, qui caractérisent aujourd’hui le Portugal et une partie de l’Estramadure espagnole et de la province de Léon, étaient d’intelligents cultivateurs et, commandés par leur général Viriarthe, devinrent de redoutables soldats pour les Romains.
Ce vaillant Lusitanien avait fini par fonder un royaume en Espagne. Il aurait pu détruire les légions qu’il avait vaincues ; mais, désireux de voir ses soldats s’adonner à la culture inspiratrice de la paix, il fit des conditions modérées au consul Servilius Cœpion qui, après les avoir acceptées, l’attaqua contre le droit des gens et, mettant à profit l’offre de traîtres, le fit lâchement assassiner.
Sur tout le parcours du Douro, des cultures de la vigne, d’après des procédés enseignés par des Hongrois, avaient été créées. Mais les perfidies des Romains soulevèrent tous ces viticulteurs, qui devinrent de valeureux combattants pour la défense de leurs libertés. Numance, qui résista sept ans à la puissance romaine, dit assez l’énergie persévérante de ces sublimes Lusitaniens. La rigueur du cruel Scipion à leur égard leur fit abandonner leurs projets de culture, après avoir vu leur vaillante ville incendiée de leurs propres mains plutôt que de la laisser soumise au joug odieux des Romains. Ils s’éloignèrent vers les hauts rivages.
Deux cent treize ans environ après cette époque, l’affreux Domitien fit défendre dans les contrées où la culture de la vigne pouvait être favorable aux peuples apparemment soumis à Rome, de la mettre en pratique. En même temps furent chassés de la péninsule Ibéria-Lusitanienne les Asiatiques qui en enseignaient les procédés. Et il appartenait à un danubien, soldat obscur devenu empereur, au sage et modeste Probus, de se rendre aux vœux d’abord de la Hongrie, ensuite à ceux des Lusitaniens et des Ibères, en détruisant l’absurde défense du sanguinaire fantasque que fut Domitien.
Donc, la viticulture prit réellement naissance en Portugal et en Espagne 290 ans environ après J.-C. A cette époque, les Francs et les Bourguignons, auxquels on attribue les premières cultures de la vigne dans les Gaules, étaient considérés comme des barbares même par les Gaulois, qui aidèrent les Romains à les refouler dans les forêts. Il est donc plus logique de désigner l’ancien Roussillon de la France d’aujourd’hui, considéré par les Romains en dépendance ibérique, comme le berceau de la viticulture française.
Nous devons donc d’abord aux Lusitaniens, les Portugais d’aujourd’hui, la vigne, dont la culture fut octroyée à ces contrées de l’Atlantique par le grand Probus, que le crime inique de quelques-uns de ses soldats ravit au monde, qu’il méritait de gouverner.
C’est en me remémorant tout ce passé de l’antique histoire, où le pampre de Bacchus se mêle au laurier de Mars, que je retournais au Portugal pour compléter mes observations sur ses crus célèbres.
Certes, le mode de culture ne crée pas la qualité du vin, mais il la bonifie. Aussi, il serait naïf de croire que les cépages provenant de crus réputés, transportés sur d’autres terres, donneront leurs mêmes essences ; mais ils doivent être préférés à ceux de la vigne ordinaire. En France, plus que partout ailleurs, on a constaté que les ceps américains de toutes les provenances n’ont pas tous donné les mêmes résultats sous le rapport de la vigueur de la tige. Nous laisserons donc aux chercheurs infatigables leur croyance à la production, ailleurs, par exemple, qu’à Madère et Porto, de vins semblables à ceux de ces crus privilégiés, obtenus avec leurs ceps. Nous ne pourrions même obtenir en France des imitations de ces produits par la culture, pas plus que l’on ne pourrait en Portugal produire les qualités françaises avec nos vignes dans ses terres renommées. Les vins pour leurs bouquets dépendent des terroirs, du climat ; c’est un mystère de la nature propre à chaque pays producteur. La science ne pourrait analyser les causes qualifiant les crus. Elles sont multiples, et changent suivant les climats et la conformité des terres. La chimie, il est vrai, a suppléé à l’impossibilité par la sophistication. Mais elle ne peut abuser que le vulgaire dégustateur. Et c’est pour cette raison surtout qu’il serait équitable, par respect pour les dons de Dieu aussi, qu’on les préservât de la drogue avec des lois sévères ; lesquelles sont au reste exigées par l’hygiène.
J’ai parcouru les terroirs en pleine production vinicole et des terres appréciées sans doute avec motif comme réfractaires à la vigne. J’ai constaté, en effet, que sur les plateaux où le climat est fort changeant, d’après les observateurs des habitants, la culture de la vigne qui y fut toujours abandonnée, ne présenterait point les certitudes de belles réussites augurées avec les terrains des coteaux d’engageantes collines.
Le climat du Nord au Midi du Portugal jouit d’un charme incomparable. Le froid de l’hiver est presque nul et la chaleur de l’été, accablante parfois dans les villes, non loin d’elles où les vallées abondent se change en délicieuses fraîcheurs.
Malgré le grand nombre de territoires propres à toutes les exploitations agronomiques délaissées, le Portugal comprend dans ses nombreuses richesses la vigne comme l’une des plus considérables. Le vin, en effet, alimente grandement son commerce extérieur. Sa production dépasse d’une manière incalculable les besoins de la consommation. Le Portugal est la quatrième nation vinicole d’Europe ; il produit 6,300,000 hectolitres.
Evidemment tous les crus ne peuvent être comparés à ceux de Porto, mais leur grande variété offre à nos entrepôts de France tou

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